Pour Dimitri Pavlenko, le déficit public de la France est «pratiquement une année de recettes de TVA»
Pour le journaliste Dimitri Pavlenko, la France «dépense trop». Selon lui, le déficit public de l’Hexagone est «pratiquement une année de recettes de TVA».
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00:00 Regardons un peu la note de l'INSEE pour commencer, pour savoir de quoi on parle.
00:03 Alors d'abord cette note, c'est la première évaluation des comptes nationaux de l'année écoulée.
00:08 C'est le document qu'on va transmettre à la Commission européenne
00:10 pour lui notifier notre situation comptable, c'est notre bilan comptable de l'année.
00:14 Dans les prochaines semaines, Bercy va doubler ce document
00:18 d'un autre qui s'appelle le programme de stabilité actualisé, le PSTAB comme on dit dans le jargon de Bercy.
00:24 C'est-à-dire le programme de stabilité, maintenant quand on fait des plans budgétaires sur 5 ans,
00:30 une logique un peu gosse-plan, plan quinquennal, 2023-2027 et on réajuste chaque année.
00:35 On va pouvoir dire à Bruxelles, on s'est un peu trompé sur nos prévisions de croissance,
00:40 sur nos prévisions de déficit et de dette, on réajuste mais l'objectif est inchangé.
00:44 Bruno Le Maire l'a encore répété ce matin avec un grand aplomb, il nous a dit
00:48 c'est toujours de ramener le déficit public français en 2025, en 2027, sous la barre des 3%.
00:55 On va reparler de ces fameux 3%. Alors on va regarder les chiffres, le déficit vous l'avez dit, 5,5%.
01:01 Rappelez-vous la semaine dernière on nous avait préparé à 5,6%, donc sous-entendu c'est un peu moins grave.
01:07 On a donc un écart par rapport à la prévision initiale de 4,9, un écart de 0,6 points.
01:13 Alors je vous rappelle, à force ça va finir par rentrer, un point de PIB c'est 30 milliards,
01:18 donc 0,1 point c'est 3 milliards, donc 0,6 point ça veut dire on s'est quand même planté 18 milliards d'euros dans le déficit.
01:25 C'est pas anecdotique 18 milliards, alors si on traduit ça en bon euros, 5,5% de déficit,
01:32 ça fait 154 milliards que l'État a dépensé en plus que ce qu'il a levé comme impôts.
01:39 154 milliards, voilà. C'est l'équivalent, c'est pratiquement une année de recette de TVA,
01:44 c'est un an et demi de recette de l'impôt sur le revenu. Vous voyez donc on n'est pas dans l'épaisseur du trait,
01:50 on est dans le costaud là. Alors il n'y a pas de mystère à ce déficit, c'est que, je vous l'ai dit, on dépense trop.
01:57 Et le signe de cela c'est quoi ? C'est que la croissance l'an dernier n'a été que de 1%,
02:02 alors que la dépense publique, pendant ce temps-là, elle a progressé de 3,7%.
02:08 Et encore, l'INSEE nous dit, bonne nouvelle, ça ralentit par rapport aux années précédentes,
02:13 cette croissance année après année de la dépense publique.
02:16 Alors voyons maintenant le chiffre de la dette. Donc la dette, on rappelle, c'est le stock cumulé
02:21 de tous ces déficits qu'on a depuis 50 ans. Cette année c'est un bel anniversaire,
02:25 c'est le 50e anniversaire des budgets déficitaires. Depuis 50 ans, chaque année,
02:30 l'État, comme ça, sédimente du stock de plus en plus de dettes, et donc on est à 3 101 200 000 000 d'euros
02:39 de stock de dettes, c'est-à-dire 110,6% du PIB, c'est-à-dire la richesse annuellement créée.
02:45 Il faut un an et un mois et demi aujourd'hui. Il faudrait qu'on dépense toute la richesse qu'on crée
02:51 en un an et un mois et demi. Voilà ce qu'il faudrait consacrer pour rembourser l'intégralité de notre dette.
02:56 Bon, évidemment, ça ne marche pas comme ça.
02:58 Non, c'est pas possible.
02:59 [Musique]
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