Comment lutter contre l'épuisement parental?
Un questionnaire permet de mesurer l'état de l'épuisement parental et ainsi d'alerter. Entre 10 et 30% des parents seraient touchés par ce surmenage. Des stratagèmes existent pour y remédier.
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00:00 Le mercredi, soit on garde les enfants, certains sont quand même à l'école.
00:03 Et on a décidé de parler ce matin de l'épuisement parental avec Johanna.
00:07 L'épuisement parental, alors il n'y a pas de consensus dans les études,
00:11 mais on serait entre 10 et 20 % chez les parents à ressentir un épuisement parental.
00:16 70 % de maman, 30 % de papa, je suis obligée de le dire.
00:21 On ne rit pas Lorraine, on a dit qu'on ne riait pas, d'accord ?
00:23 Voilà, alors l'épuisement parental, ce n'est pas une maladie, ce n'est pas un trouble,
00:27 on n'est pas dans la maladie, c'est un état de stress et de surmenage chronique, dépassé,
00:32 mais qui peut avoir des conséquences sur la santé physique et la santé mentale.
00:36 D'un côté, le parent subit une accumulation de stresseurs,
00:41 c'est-à-dire le manque de sommeil, les crises des enfants,
00:44 le couple qui est parfois un peu mis à mal, le travail à gérer, la lourdeur du quotidien.
00:50 Et de l'autre, il y a un manque de ressources, par exemple demander de l'aide,
00:53 pouvoir parler de ses difficultés et puis surtout, vous savez, cette fameuse rupture,
00:59 cette fameuse disillusion entre le fantasme des enfants en bas âge, de la petite famille
01:05 et puis la réalité qui est parfois un petit peu dure et acerbe.
01:09 La cause de tout ça, est-ce que c'est le déséquilibre que tu évoquais au tout début,
01:14 70 %, 30 %, c'est ça le déséquilibre des tâches quotidiennes
01:21 et de la répartition entre les hommes et les femmes ?
01:24 C'est un des facteurs, tu as raison Christophe, mais ça c'est quelque chose qui peut se discuter dans le couple.
01:29 Je pense qu'il y a les femmes qui se mettent beaucoup de charges sur les épaules.
01:32 Il y a une difficulté aussi parfois à déléguer.
01:34 C'est pas toujours vrai ça.
01:37 C'est pas toujours vrai mais bon, je pense que ça peut se discuter.
01:40 Franchement, est-ce que les hommes en font moins que les femmes encore aujourd'hui, malgré tout ce qu'on raconte ?
01:44 C'est un autre débat. Moi je trouve que c'est un petit peu évolué quand même,
01:47 mais on a un petit peu comme ça ce syndrome de la mère parfaite, la wonder woman,
01:52 on prend sur soi, on prend sur soi.
01:53 Surtout que c'est un modèle que certains essayent de remettre.
01:55 Ce sont des injonctions aussi qu'on lance aux femmes, c'est ce que dit Johanna.
01:59 C'est pas seulement le fait de s'occuper des enfants, c'est le fait qu'on demande aux femmes d'être des bonnes mères,
02:04 d'être des excellentes travailleuses, d'être toujours une femme à 100 % et d'être une mère à 100 %.
02:12 Je pense qu'on demande beaucoup aux femmes, c'est pas seulement les enfants, elles doivent gérer tout ça.
02:18 On demande beaucoup aux femmes, les hommes demandent beaucoup aux femmes ?
02:21 La société demande beaucoup aux femmes en fait.
02:23 Je pense aussi que c'est cet épuisement qui s'abat sur les épaules aussi des femmes,
02:27 c'est pas seulement un épuisement parental.
02:29 Comme une forme de responsabilité, Johanna.
02:31 Oui, mais t'as tout à fait raison.
02:32 Et cette charge mentale, elle se manifeste en gros par quatre dimensions qui sont mesurées par un test.
02:37 C'est un test pour mesurer notre état d'épuisement parental qui s'appelle le Parental Burnout Assessment.
02:42 C'est un auto-questionnaire de 24 questions qui mesure l'épuisement physique-émotionnel lié aux soins qu'on doit porter à l'enfant et à la famille,
02:51 la distanciation affective envers l'enfant, c'est-à-dire quand on n'arrive plus à avoir de l'empathie, de l'écoute, du soin du corps, de la réassurance,
02:59 la saturation et la perte de plaisir, c'est vraiment le côté "je fais les choses en pilotage automatique"
03:04 et le phénomène de contraste, de rupture entre la femme ou l'homme, le parent qu'on est devenu, et la personne qu'on était avant de devenir parent.
03:12 Alors je vous pose quelques questions qui sont dans ce test-là.
03:14 Je suis tellement fatiguée par mon rôle de parent que j'ai l'impression que dormir ne suffit pas.
03:18 Faut répondre jamais, quelques fois par mois, quelques fois par semaine ou tous les jours.
03:22 J'ai le sentiment de ne plus me reconnaître en tant que parent.
03:25 Papa, maman, ça vous parle ?
03:27 J'ai l'impression de m'occuper de mes enfants en pilotage automatique.
03:31 J'ai l'impression qu'en dehors des routines, trajet, coucher, repas, je n'arrive plus à m'investir auprès de mes enfants.
03:39 Donc 24 questions comme ça.
03:41 Mais il y a s'occuper de soi aussi, j'imagine.
03:43 Dans les 24 questions, on a aussi des questions sur soi, sur son épanouissement personnel, sur la qualité de son sommeil, la régulation de ses humeurs.
03:50 On répond aux questions et au-delà d'un certain seuil, on peut considérer qu'on est en épuisement
03:55 et que là vraiment la charge mentale commence à peser et qu'il faut tirer la sonnette d'alarme.
04:00 Si le diagnostic est posé, on fait quoi ?
04:02 Et pitié ne me dit pas de lâcher prise.
04:04 Non.
04:06 Alors je vais le dire autrement.
04:08 Oui parce qu'elle a raison.
04:10 On l'entend beaucoup, il faut apprendre à lâcher prise.
04:13 Mais ça revient un petit peu à ce que disait Lorraine aussi, c'est qu'à un moment donné, on ne peut pas tout faire.
04:18 Alors moi pour vous, j'ai trouvé un petit stratagème, on l'appelle les 3 C.
04:22 3 C, travailler sur sa culpabilité.
04:24 On n'est pas seul à vivre l'épuisement parental, on n'est pas des surhommes.
04:30 C'est difficile, il faut aussi parfois pouvoir l'assumer.
04:33 Il y a un petit décalage, un petit gap entre ce qu'on s'imaginait d'être parent de jeune enfant et la réalité.
04:38 C'est comme ça, on assume.
04:40 Donc la culpabilité, faire un travail dessus.
04:42 Ensuite, mettre la lumière sur les causes.
04:44 Donc la rupture avec ce fameux fantasme, la personnalité des enfants, qui n'est pas toujours facile,
04:49 la personnalité des parents et la capacité à s'adapter.
04:52 La situation par exemple de famille monoparentale.
04:54 Et puis l'âge de l'enfant.
04:56 C'est aussi une étape, c'est temporaire.
04:58 Quand ils sont petits, c'est plus difficile.
05:00 Et enfin, choisir ses combats.
05:01 On ne peut pas se battre sur tous les fronts.
05:03 Parfois on ne peut pas faire le ménage, s'occuper des enfants, performer au travail, performer dans son couple.
05:07 - Aller boire un coup avec ses copains.
05:09 - Exactement.
05:10 - C'est aussi un combat.
05:12 - On lâche sur certaines tâches et on se concentre sur d'autres.
05:15 Les 3 C, culpabilité, les causes et on choisit ses combats.
05:18 - D'accord.
05:19 - Si on le fait, on le fait.
05:21 - On demande de l'aide.
05:22 - On demande de l'aide.
05:23 Je pense aussi qu'il y a un manque de relais dans la société.
05:26 Aujourd'hui, on dit toujours qu'il faut tout un village pour élever un enfant.
05:29 Et je pense aujourd'hui qu'il ne faut pas hésiter à faire appel, même à ses voisins.
05:35 Un cercle élargi, pas seulement à tout le monde qui n'a pas la chance d'avoir ses parents.