« La Minute parents », des capsules vidéo courtes et pratico-pratiques sur les questions qui touchent le quotidien d’une famille. Notre expert, Bruno Humbeeck (UMons), pédopsychologue, chercheur et auteur d’une quarantaine de livres sur l’éducation et la famille, donnera quelques clés simples et efficaces sur une problématique précise : comment gérer les devoirs, le harcèlement à l’école, les rivalités dans la fratrie, la charge mentale des parents, les transformations de l’adolescent, les colères d’un enfant ou les problèmes de sommeil chez son enfant…
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00:00 Un grand-parent, ce n'est pas un bon baby-sitter, il n'est pas fait pour ça.
00:02 Les grands-parents dans nos sociétés, ils ont vraiment un rôle essentiel à jouer
00:11 et il faut être très attentif au rôle qu'on veut leur donner.
00:13 Le problème, c'est qu'un grand-parent, ce n'est pas un bon baby-sitter,
00:15 il n'est pas fait pour ça.
00:16 C'est quelqu'un qui va participer à ce qu'on appelle de la co-éducation,
00:19 c'est-à-dire qu'il va éduquer avec nous nos enfants
00:21 parce qu'il y aura des temps d'éducation.
00:23 Nos sociétés sont organisées d'une manière telle que plus personne
00:26 ne peut éduquer seul full-time.
00:29 On va généralement avoir besoin de partenaires éducatifs
00:32 qui, de temps en temps, prennent le relais et vont mettre en place une éducation
00:36 qui va devoir devenir homogène avec la nôtre et s'harmoniser.
00:39 Pas une éducation qui doit être strictement la même.
00:42 Parfois, on a cette difficulté lorsque les grands-parents
00:45 sont amenés à reproduire exactement le modèle qui est privilégié par les parents.
00:49 Ce n'est pas du tout nécessaire, c'est même souhaitable que ça se fasse autrement
00:52 parce que l'enfant va changer de territoire.
00:54 Tu vas chez papi et mamie maintenant, les règles vont changer.
00:57 À la maison, tu ne peux pas sauter sur les fauteuils.
00:59 Chez papi et mamie, on peut.
01:00 L'enfant doit apprendre que les règles changent d'un territoire à l'autre,
01:03 que les mécanismes éducatifs, par exemple, plus de tolérance avec les écrans,
01:08 quand on va chez papi et mamie, des manières d'être différentes,
01:10 il faut accepter que deux éducations peuvent s'harmoniser pour le faire.
01:14 Il faut éviter de considérer qu'une éducation est valable et que l'autre ne l'est pas.
01:17 Et c'est important que les grands-parents gardent leur liberté éducative
01:20 par rapport à ces différents mécanismes.
01:25 Tenir compte tout simplement de ce qu'un grand-parent a comme disponibilité.
01:29 Le gros problème dans l'utilisation des grands-parents,
01:31 c'est un rapport au temps qui est différent.
01:33 Les parents hyper pressés, des grands-parents qui sont censés avoir du temps
01:36 et qui sont censés ne pas avoir de temps pour eux.
01:38 Il y a un phénomène qu'on connaît bien actuellement
01:40 qui s'appelle le phénomène des chics oufs.
01:41 C'est-à-dire que les grands-parents, au moment où on leur dit
01:43 "tu peux prendre des petits yeux", "ah oui chics, vas-y tu nous les mets".
01:46 Et puis le grand-parent qui trop souvent veut trop bien faire
01:49 et donc au lieu de s'occuper de l'enfant, se préoccupe de lui en permanence,
01:52 eh bien il se sent étouffé dans le temps qui a été donné pour ses petits-enfants.
01:56 Et au moment où il les restitue, c'est ouf.
01:58 Donc c'était chic et puis ouf.
02:00 Et ça, effectivement, il faut pouvoir se le dire.
02:02 Il faut qu'un grand-parent puisse dire,
02:03 parce que trop souvent on entend des parents dire "on a besoin de temps pour nous"
02:06 et on oublie que les grands-parents peut-être aussi ont besoin de temps pour eux.
02:10 Eh bien on doit, par rapport à ce mécanisme-là,
02:12 autoriser des grands-parents à dire "non, on a besoin de temps pour nous"
02:14 sans le vivre mal en tant que parent.
02:17 Temporalité sans-enfant, c'est-à-dire le fait de se retrouver entre adultes,
02:20 eh bien ça doit être autorisé chez le parent comme chez le grand-parent
02:24 qui n'est pas un baby-sitter constamment disponible.
02:27 On sait qu'il y a un droit de visite, par exemple,
02:31 ou un droit qui est préservé chez les grands-parents
02:34 d'avoir un lien, un contact avec ses petits-enfants.
02:37 Dans les cas extrêmes, il peut être activé d'un point de vue juridique,
02:40 mais il faut toujours éviter, effectivement,
02:42 de faire reproduire sur le petit-enfant les conflits,
02:46 les tensions que l'on a dans la relation avec ses propres enfants.
02:48 On a affaire à une relation nouvelle et on constate très souvent
02:51 que des grands-parents qui auraient, par exemple,
02:53 sur le plan éducatif, été relativement froid, distant avec leurs enfants,
02:57 rattrapent le coup avec leurs petits-enfants.
02:59 C'est comme une forme d'éducation de la seconde chance
03:02 et il faut laisser faire cette éducation de la seconde chance
03:04 parce que souvent, ça atténue les difficultés qu'on a
03:08 dans la relation parentale avec ses propres enfants.
03:11 Et le parent qui constate que ses propres parents
03:13 ont, par rapport aux petits-enfants, une attitude plus positive
03:16 que par rapport à eux-mêmes, doivent considérer
03:18 que c'est un phénomène normal et ne pas le reprocher à leurs parents.
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