Les ECOS, bonne ou mauvaise idée ? Les étudiants réagissent...

  • il y a 7 mois
Chaque année, un numéro du magazine est consacré au classement des CHU et spécialités les plus choisis par les internes à l’issue des ECN.

Mais cette année, le concours de fin de sixième année connait quelques différences, notamment avec l’arrivée d’une nouvelle épreuve, les ECOS. Cet oral sous forme de mise en situation est loin de faire l’unanimité chez les étudiants. Et autant dire que l'épreuve blanche qui s'est déroulée le 12 mars à échelle nationale n'a pas arrangé les choses. Problèmes organisationnels, manque de confidentialité, fuites... de nombreuses failles inquiètent les étudiants qui passeront l'examen fin mai pour de vrai.

En écho au Gros Dossier n°64, What’s up Doc est allé tendre le micro à 4 étudiants de sixième année.

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Transcription
00:00 Les ECOS, ce mot, tous les étudiants de 6e année l'ont à la bouche.
00:04 Avec la réforme du 2e cycle, le concours de fin de 6e année se déroule maintenant en deux étapes.
00:09 La première, les épreuves dématérialisées nationales,
00:12 un examen écrit que les étudiants ont passé en octobre dernier.
00:15 Et la deuxième, c'est la grande nouveauté,
00:17 c'est un examen oral que les étudiants passeront en mai prochain.
00:20 Alors il s'agit des ECOS, les examens cliniques objectifs structurés.
00:24 L'épreuve compte pour 30% de la note finale qui classera l'étudiant pour son choix de spécialité.
00:29 Alors l'objectif avec ces ECOS, c'est d'évaluer les compétences et le savoir-être de l'étudiant
00:34 par une série de mise en situation de 8 minutes.
00:36 A la mi-mars, les étudiants ont passé les ECOS blancs, une répétition générale qui divise.
00:41 Alors ces ECOS, bonnes ou mauvaises idées, les étudiants nous parlent de leurs ressentis.
00:46 [Musique]
00:49 [Bruit de clavier]
00:58 Moi je ne ferais que neurochirurgie.
01:00 Moi j'aimerais faire de l'allergologie.
01:01 Moi j'aimerais bien faire de l'oncologie.
01:03 Soit je graphique quelques places avec ces ECOS et peut-être que je pourrais apprendre le gynéco-médical.
01:08 Soit sinon je ferais médecine générale et j'essaierais de me spécialiser.
01:10 [Bruit de clavier]
01:13 Finalement c'est des questions de cours.
01:14 C'est rien de plus qu'un DP à l'oral avec la subjectivité d'un examinateur extérieur
01:20 qui n'est pas forcément concentré du tout.
01:22 Et je pense qu'on nous demande de faire un exercice que même des médecins plus diplômés
01:25 n'arriveraient pas à faire en 7 minutes sous contrainte d'examen.
01:28 Après ça ressemble aux consultations actuelles de 7 minutes chez son médecin traitant
01:31 qu'on voit tous les 6 mois.
01:32 Donc je pense qu'on nous forme bien.
01:33 La première station déjà, on n'avait pas accès à un chronomètre.
01:36 Et quand j'ai eu le chronomètre, il était décalé d'une minute.
01:38 Donc je n'ai pas pu conclure une consultation.
01:40 Dans ma deuxième épreuve, j'ai eu aussi un problème de chronomètre.
01:43 Et dans ma troisième épreuve, j'ai eu aussi un problème de chronomètre.
01:45 Pour cette épreuve, je n'avais pas non plus de stylo accessible.
01:47 Donc l'un des juges a dû me donner son stylo en soupirant.
01:51 Ça m'a un peu fait peur sur la partie de notes qui est subjective,
01:54 qui vaut quand même 5 points sur 15.
01:56 J'ai pu constater moi-même 2 voire 3 manières de faire fuiter les sujets au cours de ces examens.
02:02 Nous on a de la chance d'être dans une fac qui nous prépare bien,
02:04 qui nous avait déjà fait passer plein d'écoses.
02:06 Alors autant la logistique était à saluer, nous on est vraiment une très grosse promo,
02:09 donc j'ai trouvé que c'était chouette qu'il n'y ait pas eu plus de couacs.
02:13 Mais c'est vrai que c'était plutôt sur certains choix éditoriaux qui ont été faits,
02:17 sur le fait qu'il y a des tiers personnes qui doivent répondre à nos questions.
02:21 Il y a eu énormément de variations inter-étudiants, ça a été beaucoup remonté.
02:25 Il y a eu aussi des histoires de sujets qui ont été entendues avant les épreuves,
02:28 donc on peut se poser la question de la confidentialité.
02:31 Je pense que les écoses sont un apport énorme à la pédagogie médicale.
02:37 C'est la première fois qu'on parle d'évaluer des compétences d'un médecin,
02:40 de savoir-être, qui est primordial.
02:43 Le problème qu'on a avec les écoses en France actuellement,
02:46 et qui fait que ça parle beaucoup,
02:48 c'est que les écoses sont utilisées en France à but de classer des gens.
02:51 Et le problème c'est que quand on passe d'un examen à un classement,
02:53 il faut pouvoir assurer l'égalité des chances.
02:55 A l'heure actuelle, et au vu de l'examen de la semaine dernière,
02:58 l'égalité des chances n'est pas assurée.
03:00 Dans l'ancienne version du concours, qui était uniquement anonyme,
03:03 au moins on avait l'assurance que tout le monde avait le même sujet,
03:05 au même moment, dans les mêmes conditions.
03:07 Le problème aussi étant qu'on n'a aucune assurance
03:10 que tous les problèmes qui ont été soulevés seront résolus d'ici le mois de mai.
03:14 Avec la nouvelle réforme, il y a beaucoup de gens qui préfèrent redoubler
03:17 plutôt que de passer les nouveaux concours.
03:19 Moi, sur le fond, déjà sur l'idée d'introduire des écoses,
03:22 je fais peut-être partie de la minorité qui trouve que c'est plutôt une bonne idée.
03:24 Je trouve que c'est très agréable aussi d'être préparée en tant que professionnelle de santé.
03:29 Je vois que cette année qui est très longue, on en a tous un peu marre.
03:32 C'est tout de même plus facile, paradoxalement, de réviser son programme
03:36 en se posant des questions très concrètes du genre
03:39 "un patient arrive avec tel symptôme, qu'est-ce que je fais comme interrogatoire ?"
03:42 Moi, j'ai l'impression que c'est un peu la vraie vie de médecin qui commence
03:45 et ça me permet de continuer de me motiver pour réviser.
03:47 Sur la forme, il y a des choses à dire.
03:49 Aujourd'hui, les écoses, ça soulève pas mal de questions dans la réalisation pratique.
03:53 La plupart du temps, on demande à un acteur de jouer le rôle d'un patient,
03:56 d'un professionnel de santé.
03:58 Alors d'une part, il y a le risque de suite.
04:00 C'est des gens qui ont trois semaines avant les sujets des oraux
04:05 sans qu'il y ait eu d'enquête approfondie pour les embaucher,
04:09 pour savoir si réellement il n'y avait pas de lien amical, professionnel, familial
04:12 avec d'autres étudiants qui pourraient le passer.
04:15 D'autre part, c'est des acteurs à qui on va demander pendant 3-4 heures d'affilée
04:20 de livrer la même prestation, de livrer les mêmes informations.
04:22 Et c'est quelque chose que je sais compliquer.
04:24 Je pense que l'idée était pas mauvaise, dans le sens où il y a beaucoup de systèmes
04:27 qui fonctionnent avec des évaluations sur la pratique,
04:30 puisque la médecine c'est aussi beaucoup de pratiques,
04:32 il y a une base de théories à savoir, mais c'est énormément de pratiques aussi.
04:34 Après, je pense qu'ils auraient pu le faire différemment,
04:37 déjà parce qu'en France, on n'a pas le budget qu'ont les États-Unis,
04:39 par exemple, pour ce genre d'épreuves.
04:41 On s'est mobilisés de manière massive pour rendre les échos validants
04:47 ou au moins neutraliser la décision de mettre des échos classements
04:51 jusqu'à ce qu'on ait prouvé que l'égalité des chances pouvait être assurée, tout simplement.
04:56 La Belgique aussi qui a un système qui fonctionne sur l'oral,
04:59 c'est des oraux centrés sur les différentes spés qu'on vise,
05:02 où on ne présente que certaines spés.
05:04 Et ils sont aussi beaucoup évalués en stage,
05:06 et non pas sur une note de stage qui porterait préjudice à certains,
05:09 mais sur un portfolio où ils évaluent leurs différents stages.
05:12 Et je pense qu'on aurait pu mieux s'inspirer de ces systèmes-là.
05:14 J'ai l'impression, surtout avec le parcours que j'avance,
05:19 que là c'est une perte de temps, et qu'ils n'assument pas le fait
05:22 qu'on est juste là pour pallier un manque de personnel.
05:24 Cette année, ce n'est ni des stages qu'on a souhaités,
05:26 ni des stages en lien avec la spé qu'on voudrait.
05:28 Et donc globalement, j'ai l'impression de perdre mon année.
05:30 Sur des études qui vont mal réussir à se projeter avec envie dans un système qui meurt,
05:34 c'est hyper compliqué et difficile moralement, je trouve.
05:37 On nous avait promis une sixième année où on pouvait se concentrer sur nos stages,
05:41 et faire des stages pour finalement découvrir les spécialités
05:43 et savoir vraiment ce qu'on veut faire.
05:45 Et finalement, on se retrouve plutôt dans l'inverse,
05:47 à essayer de trouver des stages pour s'améliorer sur les points où on est mauvais,
05:52 sans avoir aucune prétention de vouloir se faire ces spécialités plus tard.
05:56 Ou alors des stages où on sait qu'on n'a pas une charge de travail clinique énorme,
06:00 et on va avoir le temps de réviser à côté.
06:02 Il y a tout de même un tiers de la note qui est en jeu, c'est énorme,
06:04 ça peut vraiment faire changer les déclassements,
06:06 ça peut permettre à certains d'avoir des spés et à d'autres de les perdre.
06:08 Et comme tout n'est pas encore parfaitement bouclé,
06:10 puisqu'on sent que le CNG avance un peu au fur et à mesure,
06:13 c'est forcément très anxiogène.
06:15 On est à la fois censés être à plein temps à l'hôpital,
06:17 et en même temps on est des externes,
06:19 on n'est pas vraiment des internes mais on nous demande de prendre plusieurs responsabilités.
06:22 On révise un concours, parce qu'au final ça reste un concours,
06:25 donc c'est un oral, mais en même temps c'est comme l'écrit,
06:27 c'est tout de même énormément de connaissances théoriques.
06:29 Et c'est aussi un peu fatigant parce qu'on a toujours l'impression d'être ceux qui râlent,
06:32 et donc d'ennuyer tout le monde,
06:34 alors que dans les faits il y a tout de même pas mal de questions
06:36 qui sont légitimes à être posées.
06:38 Face aux multiples problèmes remontés par les étudiants,
06:41 l'ANEMF, l'Association Nationale des Étudiants en Médecine de France,
06:44 a alerté sur le fiasco en prévision lors d'un communiqué de presse.
06:48 Il demande des ajustements, des mesures concrètes
06:50 pour assurer le bon déroulement de l'épreuve en mai prochain.
06:53 La Conférence Nationale des Doyens, quant à elle,
06:55 estime que l'examen test a rempli ses objectifs,
06:58 malgré quelques dysfonctionnements.
07:00 Alors rendez-vous en mai prochain pour le résultat.
07:02 D'ici là, des mesures pourraient être annoncées pour améliorer cette situation,
07:05 c'est du moins ce qu'espèrent les étudiants.
07:07 [Musique]

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