Migration : "Nous avons fait office de pompiers et d'architectes", selon Margaritis Schinas

  • il y a 6 mois
L'Union Européenne ne risque-t-elle pas de voir sa politique migratoire sanctionnée dans les urnes, lors des élections européennes du mois de juin ?
Ce sera l'objet du débat avec Margaritis Schinas, vice-président de la Commission Européenne, dans the Global Conversation
Transcript
00:00 L'Union européenne a-t-elle fait le bon choix au sujet de l'un des dossiers les plus clivants qui soit, à savoir la politique migratoire ?
00:07 Et comment cela peut-il interférer avec les prochaines élections européennes en juin ?
00:11 Pour en parler, nous sommes aujourd'hui avec Margaritis Skinas, vice-président de la Commission européenne, dans ce nouveau numéro de The Global Conversation.
00:19 [Applaudissements]
00:31 Monsieur le vice-président, merci d'être avec nous.
00:34 Nous allons d'abord évoquer l'un des dossiers les plus épineux qui soit pour l'UE, à savoir la politique migratoire.
00:40 Lorsque vous êtes devenu commissaire en 2019, cette question constituait déjà un enjeu majeur.
00:46 Depuis, cette crise a pris une nouvelle ampleur en raison des conflits qui ont émergé et de l'invasion de l'Ukraine.
00:53 Comment envisagez-vous les politiques migratoires actuelles de l'UE compte tenu des récents accords signés avec l'Egypte et la Tunisie ?
01:00 Pensez-vous que ce type d'accords va se multiplier ?
01:06 Au cours du cycle politique actuel sur les questions migratoires, nous avons dû à la fois faire office de pompiers et d'architectes pour trouver des solutions.
01:18 Nous avons joué le rôle de pompiers pour faire face aux nombreuses crises, tant à nos frontières extérieures qu'à l'intérieur de l'Union,
01:26 pour gérer l'urgence de crise en crise, d'incident en incident, de navire en navire.
01:31 Et j'ose affirmer que dans la plupart des cas, nous avons réussi à gérer les nombreuses urgences sur la question migratoire.
01:38 De plus, pour la première fois, après des décennies d'échecs, nous sommes parvenus à un accord majeur au sein de l'Union avec le nouveau pacte européen sur la migration et l'asile.
01:47 Depuis le 20 décembre dernier, l'Europe dispose enfin d'une politique migratoire globale,
01:54 avec une vue d'ensemble qui démarre avant nos frontières, avec les pays d'origine et de transit, j'évoquerai bientôt l'Egypte,
02:01 puis avec un contrôle plus fédéralisé de nos frontières extérieures et enfin une mise en œuvre de la solidarité.
02:10 En ce qui concerne le volet extérieur de la politique migratoire, nous avons investi beaucoup de temps et d'énergie,
02:17 et nombre de mes collègues, notamment le président du Conseil européen Charles Michel, nous ont beaucoup aidé.
02:22 Nous avons tenté d'instaurer des partenariats avec les 25 pays d'origine et de transit qui comptent le plus en matière de flux migratoires.
02:30 Nous ne pourrons jamais gérer l'aspect intérieur si nous ne sommes pas capables de le faire vis-à-vis de l'extérieur.
02:37 Et je pense qu'aujourd'hui, compte tenu de l'accord historique signé avec l'Egypte,
02:41 qui s'inscrit dans la droite ligne de nos déclarations vis-à-vis de la Turquie, après l'accord signé avec la Tunisie,
02:47 nous avons désormais une trame d'accords de partenariat avec les principaux pays concernés dans ce dossier,
02:54 et qui nous aideront sans nul doute à améliorer la gestion des flux migratoires dans une logique de coopération.
03:01 Et en ce qui concerne les élections, la politique en matière d'immigration a toujours été l'un des sujets les plus clivants qu'il soit,
03:07 aussi bien au niveau national qu'à l'échelle européenne.
03:10 Ces dernières années, nous avons observé un basculement de la part des différents gouvernements européens, c'est une réalité.
03:15 Redoutez-vous une éventuelle polarisation du centre vers la droite à l'issue des élections européennes de juin ?
03:21 Tout d'abord, je pense que nous pouvons être fiers de l'Union européenne sur le plan collectif, car nous constituons une union de démocratie.
03:30 Ces élections sont une bonne chose pour nous. C'est la raison pour laquelle les gens nous envient.
03:35 C'est ce qui nous vaut une admiration dans le monde entier. C'est grâce à la tenue d'élections libres et ouvertes.
03:41 Les élections européennes constituent d'ailleurs le deuxième processus électoral le plus important de la planète, après les élections en Inde.
03:48 Donc, non, je ne suis pas particulièrement inquiet.
03:52 Ce qui compte, c'est que les Européens aillent voter et qu'ils donnent leur avis sur ce qui marche et ce qui ne marche pas.
04:01 Je ne pense pas qu'ils faillent en tirer des conclusions hâtives en prédisant une victoire des extrêmes ou de l'extrême droite,
04:08 qui viendrait paralyser tout le système.
04:12 Certes, 24% des Néerlandais ont voté pour Geert Wilders, mais 76% ne l'ont pas fait.
04:20 Et il ne sera pas Premier ministre des Pays-Bas.
04:24 Et si vous regardez de plus près en Pologne, ce n'est pas la droite populiste qui a gagné, c'est Donald Tusk et ses alliés modérés.
04:32 À Rome, je ne vois pas Giorgia Meloni comme un catalyseur des poutinophiles extrêmes.
04:38 Je la vois comme un barrage à l'extrême droite et aux amis de Poutine.
04:43 Il faut donc attendre un peu. Ne tirons pas de conclusions hâtives.
04:47 Nous avons encore deux mois pour aviser. Attendons de voir ce qui se passe.
04:53 Il reste en effet deux mois, mais envisagez-vous que votre groupe politique puisse sceller une alliance avec l'extrême droite
04:59 et où se situe selon vous la ligne rouge à ne pas franchir pour votre groupe en termes d'alliance ?
05:05 Je suis ici en ma qualité de vice-président de la Commission européenne.
05:11 Je ne brigue pas le poste de Manfred Weber, mais je peux donner mon avis personnel sur l'évolution de la situation.
05:17 Je pense que le PPE sera au cœur d'une large coalition de forces pro-européennes modérées, comme cela a toujours été le cas.
05:25 Pour l'instant, je ne vois pas le PPE de Kyriakos Mitsotakis, par exemple, nouer une alliance avec l'extrême droite.
05:31 Cela n'arrivera pas.
05:35 Kyriakos Mitsotakis et Jean-Claude Juncker sont ceux qui ont appelé à ce qu'Orban quitte le PPE, je vous le rappelle.
05:41 Je le conçois donc comme un parti au cœur d'un nouveau système d'alliance au sein du Parlement européen.
05:47 Nous pouvons travailler ensemble sur certains dossiers, comme nous l'avons déjà fait pour le pacte migratoire, avec une grande partie des conservateurs et réformistes européens de l'ECR.
05:55 Giorgia Meloni et les eurodéputés italiens de Fratelli d'Italia ont largement soutenu notre pacte avec les libéraux, le centre droit et les socialistes.
06:03 Voilà la manière dont je vois le centre de gravité du Parlement européen.
06:07 Je pense que le Parlement européen est un des grands objectifs de la République.
06:11 Je pense que le Parlement européen est un des grands objectifs de la République.
06:17 Enfin, envisagez-vous de faire plus d'efforts pour inciter les jeunes européens à se rendre aux urnes et à aller voter en juin, en particulier pour ceux dont ce sera la toute première élection ?
06:23 Enfin, envisagez-vous de faire plus d'efforts pour inciter les jeunes européens à se rendre aux urnes et à aller voter en juin, en particulier pour ceux dont ce sera la toute première élection ?
06:29 Enfin, envisagez-vous de faire plus d'efforts pour inciter les jeunes européens à se rendre aux urnes et à aller voter en juin, en particulier pour ceux dont ce sera la toute première élection ?
06:35 Absolument. Regardez ce qui s'est passé lors du référendum sur le Brexit.
06:41 Nous avions de nombreuses figures pro-européennes inspirantes au Royaume-Uni, mais le camp du oui n'a pas réussi à les mobiliser.
06:49 Et c'est une erreur que nous avons payée chère. Ne commettons pas la même lors des prochaines élections européennes.
06:57 Il y a tant de leaders dans le domaine du sport, de la culture, des arts, de la philosophie et de la création.
07:09 Le monde entier nous en vit en matière de football. Dans tous les domaines, nous excellons.
07:17 Et la plupart de ces personnes sont des Européens convaincus. Ils travaillent en dehors des frontières. Ils ont une notoriété internationale.
07:25 Pourquoi ne s'adresserait-il pas aux jeunes européens et pour leur dire d'aller voter ?
07:31 Je pense que c'est une option à laquelle les gouvernements devraient réfléchir. Je le fais ici, à Bruxelles.
07:37 Je ne pense pas que les commissaires européens soient les bonnes personnes pour parler aux jeunes et les inciter à voter.
07:45 Il est même probable que cela produise l'effet inverse.
07:48 Mais je profite de l'inauguration des nouveaux bureaux d'Euronews pour lancer un appel à ceux qui donnent l'exemple, qui incarnent des modèles.
07:55 Ce sont les figures dont nous avons besoin.
07:58 [Générique]

Recommandée