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La commune de Danjoutin devient ville ambassadrice du don d'organe ce jeudi. Le sujet reste pourtant tabou chez une partie de la population du Nord Franche-Comté.

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00:00 Tous donneurs ou pas pour le don d'organes ? On vous pose la question ce matin,
00:04 venez raconter votre expérience dès maintenant.
00:05 03 80 82 82 82, vous avez peut-être été donneur ou receveur d'organes.
00:11 Vous ou l'un de vos proches, témoignez, participez à la discussion ici avec notre invité,
00:16 l'invité d'ici matin, Alexandre Lepers.
00:17 Et nous avons même deux invités en plateau, je vais vous les présenter.
00:20 Bonjour Michel Mougin.
00:21 Bonjour.
00:22 Vous êtes greffé au niveau du cœur depuis 27 ans exactement,
00:25 vous êtes aussi le président Revivre par le sport, les greffés sportifs comptoirs,
00:29 nom de l'association que vous représentez notamment ce matin.
00:32 Vous êtes accompagné par votre épouse Isabelle Mougin.
00:34 Bonjour madame.
00:35 Bonjour.
00:36 Infirmière libérale, vous étiez il y a une dizaine d'années infirmière,
00:39 coordinatrice de prélèvement organes et tissus à l'hôpital de Belfort.
00:43 Je me tourne vers vous Michel Mougin pour commencer cet entretien.
00:46 C'est une journée importante en fait pour le sujet du don d'organes,
00:49 la commune de Donjoutin devient officiellement aujourd'hui ambassadrice du don d'organes.
00:53 Qu'est-ce qui va changer concrètement dans la commune ?
00:56 Dans la commune, tout le conseil municipal et puis les habitants sont sensibilisés en premier lieu.
01:05 Et puis tout au long des années à venir, il y aura beaucoup de communication sur le sujet.
01:13 C'est Julian qui avait demandé à ce que sa ville soit ville ambassadrice.
01:19 Julian que nous avons entendu ce matin sur France Bleu, Belfort, Montbéliard
01:22 dans un reportage ignérant à Véblanchard, il a poussé en fait pour que la commune devienne ville ambassadrice.
01:26 Voilà, la commune a tout de suite accepté puisque la commune a toujours été derrière Julian dans la difficulté.
01:35 Donc vous pensez que ce statut de ville ambassadrice n'est pas qu'honorifique,
01:38 ça peut faire bouger les mentalités sur le don d'organes ?
01:40 On incite en plus les personnes à donner leurs organes, notamment après leur mort.
01:44 Oui, c'est surtout le message quoi.
01:47 Le message "parlez-en, n'ayez pas peur, ça ne fait pas mourir".
01:52 Mais au moins quand il y a un problème, quand il y a un décès,
01:56 le gros problème c'est le décès mais ce n'est pas le don d'organes.
02:01 Si la personne ne sait exprimer de son vivant, ce ne sera pas un problème pour la famille.
02:07 On incite d'ailleurs nos auditeurs Michel Mougin pour venir témoigner au standard de France Bleu, Belfort, Montbéliard
02:12 en composant le 03 84, 22 82, 82.
02:15 S'ils ont été donneurs ou receveurs, que pensent-ils de ce sujet ?
02:18 Le contexte, on l'a dit, en tout cas en ce moment c'est plus difficile.
02:22 Il y a moins de personnes qui sont sensibles au don d'organes selon vous ou pas ?
02:27 Ce n'est pas qu'il y a moins de personnes,
02:28 mais c'est qu'il y a une loi qui a été remise en cause il y a quelques années.
02:36 Et depuis les gens en ont entendu beaucoup parler et ils pensent qu'ils sont donneurs obligatoirement.
02:43 Et du coup, ils disent "on va prélever mes organes".
02:48 Alors que non, ça n'a rien changé dans le final.
02:52 C'est-à-dire qu'en fait ils ne font rien et au moment de la mort, au moment de leur décès,
02:56 leurs proches doivent s'exprimer, donner la volonté du défunt.
03:00 Et souvent dans ce cas-là, c'est peut-être un moment un peu tardif.
03:04 Je me tourne vers vous Isabelle Mougin, donc on le disait,
03:07 vous étiez il y a une dizaine d'années infirmière coordinatrice de prélèvement organique et tissu à l'hôpital de Belfort.
03:13 Sur ce moment du don d'organes, c'est vrai que c'est peut-être difficile,
03:16 trop tard malheureusement pour les proches de s'exprimer alors qu'on vient de perdre l'être cher
03:20 et qu'il faut se prononcer sur son don d'organes ?
03:22 Absolument, c'est vrai que quand la personne ne s'était pas exprimée de sang vivant
03:27 et qu'on demande à la famille si la personne s'était opposée,
03:30 et bien la famille souvent ne sait pas quoi répondre.
03:33 Et dans le doute, parfois elle préfère refuser.
03:36 Quand on interroge la plupart des français sur le don d'organes,
03:40 ils expriment une position favorable à 80%
03:43 et pourtant cette année encore on se retrouve avec un taux de refus qui a augmenté, qui est de l'ordre de 36%.
03:48 36% un taux conséquent, qui vous inquiète pour la suite Isabelle Mougin ?
03:53 Absolument, moi je trouve que c'est très inquiétant parce que c'est vital,
03:57 parce qu'en début d'année il y avait encore plus de 20 000 personnes en attente
04:00 et que le don d'organes, ça ne change rien pour celui qui n'est plus là.
04:05 La personne est morte, elle n'a plus besoin de ses organes
04:09 et par contre il y a beaucoup de gens qui attendent, qui ont besoin de ses organes pour continuer.
04:13 On a posé la question à Isabelle Mougin, nos auditrices et auditeurs aussi sur Facebook ce matin.
04:17 Êtes-vous donneur d'organes, oui ou non et pourquoi ?
04:19 Réponse de Christelle, une auditrice qui nous a écrit sur Facebook.
04:22 Je suis donneuse d'organes depuis 1991.
04:24 Mon frère a eu besoin d'une transplantation cardiaque à ce moment.
04:27 Cette épreuve m'a fait comprendre l'importance du don pour les malades.
04:31 Je me retourne vers vous Michel Mougin, greffé du cœur depuis 27 ans.
04:35 Il faut malheureusement en arriver à ces épreuves pour prendre conscience que le don d'organes c'est important.
04:40 Oui, je pense qu'effectivement toutes les personnes qui sont touchées directement ou indirectement,
04:45 qui ont une personne dans leur famille, sont beaucoup plus sensibles.
04:50 Mais on a 5 fois plus de risques de devenir un jour receveur d'organes que de donner ses organes.
04:59 Donner ses organes, ça peut sauver 5 vies.
05:04 Comment on explique ces oppositions à ce don d'organes selon vous Michel Mougin ?
05:11 On pourrait dire que la situation est facile, mais en fait non, au final c'est compliqué.
05:14 On le répète pour les donneurs d'organes.
05:17 En général, les personnes sont d'accord, mais elles ne l'expriment pas à leurs proches.
05:24 Donc comme c'est les proches qui doivent prendre, enfin pas prendre la décision,
05:28 mais qui doivent rapporter la décision de la personne,
05:31 s'ils n'en ont pas parlé, dans le doute, ils vont dire non.
05:36 Heureusement, il y en a qui disent oui, mais c'est une responsabilité pour ceux qui restent.
05:42 On le disait, donc anticiper au maximum la discussion du don d'organes.
05:47 C'est ce que nous disait aussi ce matin, je vous propose de la réécouter, Aurélie,
05:50 la maman de Julian, qui a témoigné, donc Julian on l'a dit, ce jeune garçon,
05:53 qui a poussé l'initiative de Don Joutin à devenir ville ambassadrice du don d'organes.
05:59 Il a reçu un nouveau cœur grâce au don d'organes, écoutons le témoignage d'Aurélie.
06:02 Il faut vraiment en parler, parce que quand on arrive à ça, on ne sait pas comment réagir.
06:06 Moi, quand on m'a dit il faut une grève, je me suis dit, mais c'est quoi ça ?
06:11 Parce qu'on n'en a jamais parlé, donc c'est très compliqué.
06:14 Je me souviendrai toujours ce 2 juillet, où on m'a réveillée à 2h du matin pour me dire,
06:19 on a un cœur, on a toujours cette pensée particulière pour la personne morte,
06:24 mais aussi pour la famille, qui a su donner leur avis positif pour la grève.
06:29 Ce n'est pas rien, donc c'est très important.
06:30 Je vous relance après ce témoignage, Michel Mougin, peut-être pour pousser,
06:34 faire évoluer les mentalités, il faut notamment parler de votre implication,
06:38 action de l'association Revivre par le sport, les greffés sportifs comptoirs.
06:41 Comment vous vous engagez concrètement, vous parlez aux gens en faveur du don d'organes ?
06:46 - On a monté, on a produit un spectacle d'une troupe professionnelle dans les écoles l'année dernière,
06:57 on a touché plus de 1000 enfants, et on pense que les enfants, c'est l'avenir,
07:04 et qu'ils peuvent en discuter avec les parents, parce que souvent, les parents ou les grands-parents,
07:10 ils n'ont pas envie de parler de ça.
07:12 - C'est un sujet d'aventure encore, chez les générations un peu plus avancées ?
07:15 - Oui, et surtout, les personnes d'un certain âge pensent que ça ne les concerne plus,
07:22 alors que la moyenne pour le prélèvement, c'est 58 ans et quelques.
07:29 Ça veut dire qu'on prélève de plus en plus de personnes âgées,
07:33 et on greffe aussi des personnes de plus en plus...
07:38 - C'est un paradoxe encore une nouvelle fois, les personnes un peu plus âgées ont besoin du don d'organes,
07:43 mais il faut passer par les plus jeunes.
07:45 Ça marche, ça fonctionne, vous avez des résultats concrets, des illustrations concrètes dans le Nord-Franche-Comté ?
07:50 - Oui, on a des...
07:57 - 5 !
07:59 - Ce n'est pas encore pour vous ?
08:01 - Oui...
08:02 - Ça va progressivement, en tout cas on sent que ça avance,
08:04 c'est le dernier message qu'on passera ce matin, passer par la jeunesse,
08:08 pour parler du don d'organes.
08:09 Merci beaucoup M. Michel Mougin, président de l'association Revivre par le sport,
08:14 les greffes et sportifs comptoirs.
08:15 Je vous remercie aussi Isabelle Mougin, firmaire libérale et donc anciennement coordinatrice
08:19 de prélèvements organes et tissus à l'hôpital de Belfort.
08:22 Merci beaucoup à vous deux.
08:23 - Merci.
08:24 - Et l'invité d'ici matin, c'est au podcast sur l'application ici, par France Bleu et France Télé.

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