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Thomas Sotto reçoit Marc Ferracci, député des Français de l’étranger et vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale.



Le déficit public français a atteint 5,5% du PIB en 2023, soit bien plus que les 4,9% initialement prévus par le gouvernement. « La situation est sérieuse », a reconnu Gabriel Attal mercredi 28 mars 2024 dans le JT de TF1. Invité des 4 vérités, Marc Ferracci, député des Français de l’étranger et Vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, tente d’expliquer cette dette abyssale. « La situation n’a pas dérapé » juge celui qui reconnaît pour autant des « responsabilités partagées ». Simplement, les dépenses ont été « plus importantes que prévu » et « très difficiles à anticiper ». Il tient tout de même à rassurer : pour l’instant, la capacité de la France à emprunter sur les marchés étrangers reste intacte.
Le gouvernement est à la recherche de solutions pour rendre l’économie meilleure. Le Premier ministre a notamment déclaré souhaiter « désmicardiser la France ». Une formule qui signifie sa volonté d’aider « beaucoup de français bloqués au niveau du smic », explique Marc Ferracci. Un des leviers pour cela serait, par exemple, de donner aux entreprises les moyens de baisser le coût du travail, en faisant diminuer les charges patronales payées actuellement. « Si l’on veut vraiment aider les gens à rehausser leurs salaires, il faut aussi leur permettre d’accéder à la formation professionnelle plus aisément qu’aujourd’hui […] en augmentant leurs comptes CPF », juge également l’homme politique.


Vers une réforme de l'assurance chômage ?


« Le travail doit payer mieux que l’inactivité » a aussi déclaré le Premier ministre dans sa prise de parole mercredi 27 mars 2024. Parallèlement, les bénéfices du CAC 40 ont dégagé 146,2 milliards d'euros en 2023. Alors, pourquoi cibler les chômeurs ? Évoquant la réforme de l’assurance chômage citée par Gabriel Attal, le vice-président du groupe Renaissance jure que « le sujet n’est pas les gens, mais les règles ». Questionné sur sa favorabilité à la réduction des droits des chômeurs 18 à 12 mois, il assure que la priorité serait, selon lui, plutôt de « toucher aux critères d’éligibilité », en réduisant la période travaillée qui donne la possibilité d’ouvrir l’accès aux indemnités. « Tant que les tensions existent toujours sur le marché du travail, il faut les résoudre », martèle-t-il.
Dans son essai La voie française, Bruno Le Maire a employé le terme « TVA sociale ». Une mesure chère à la droite, qui signifie que notamment que le ministre de l’Économie entend transférer certaines cotisations sociales vers la TVA. Marc Ferracci parle d’un « sujet très profond », qui est à considérer avec sérieux. Cette piste réclame selon lui un nouveau mandat politique, c’est-à-dire qu’elle se « décide et se discute dans le cadre d’une élection présidentielle ».

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Transcription
00:00 [Générique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Marc Ferracci.
00:04 Bonjour.
00:04 Visiblement le Premier ministre Gabriel Attal a choisi la ligne dure comme le titre le monde aujourd'hui pour faire des économies et en particulier sur le chômage.
00:11 On va y venir. Mais quand même avant, Axel de Tardy en parlait. Les indicateurs sont très mauvais, le chiffre du déficit est épouvantable, la dette est abyssale.
00:18 La situation est sérieuse, a reconnu Gabriel Attal hier soir chez nos confrères de TF1. Le gouvernement peut-il faire comme si tout ça n'était pas de sa faute ?
00:26 Il y a des responsabilités qui sont forcément partagées quand il y a une situation comme celle-là. Qu'est-ce qui s'est passé au fond ?
00:33 Les dépenses n'ont pas dérapé. On a un déficit qui est plus important que prévu parce que les recettes ont été moins importantes que prévu.
00:39 Ça c'est parfois difficile à anticiper. Vous avez par exemple des recettes comme les frais de notaire qui ont été moins dynamiques parce que le marché de l'immobilier va moins bien que l'on pouvait l'anticiper.
00:48 Vous avez des sociétés qui ont été obligées de passer ce qu'on appelle des provisions parce que leurs résultats sont moins importants et donc on a eu moins de recettes d'impôts sur les sociétés.
00:56 Tout ça est un peu plus difficile à anticiper mais il faut quand même noter que les dépenses de l'État sont maintenues et concrètement elles n'ont pas dérapé.
01:03 Maintenant, effectivement…
01:04 Alors on se console mais le tableau général n'est quand même pas brillant.
01:06 Oui mais il y a quand même un élément qu'il faut avoir en tête et qui est quand même rassurant. C'est que la capacité de la France à emprunter sur les marchés financiers, pour l'instant, elle ne se dégrade pas.
01:16 C'est-à-dire que tout le monde nous prête parce que…
01:18 On verra ça dans quelques semaines. Dans quelques semaines quand les agences de notation vont dire qu'on ne dégrade pas.
01:22 On voit quand même que quand on se compare par exemple à l'Allemagne, notre capacité à emprunter de l'argent ne se dégrade pas.
01:27 Ça veut dire quoi au fond ? Ça veut dire que les marchés financiers, ceux qui nous prêtent, sont conscients qu'on a toujours la capacité à rembourser notre dette.
01:34 Maintenant, pour répondre à votre question, évidemment qu'il y a une responsabilité à agir.
01:37 À agir à la fois pour créer de nouvelles recettes et ça pour ça il faut créer des emplois mais aussi pour maîtriser les dépenses.
01:44 Alors on y vient. Gabriel Attal le dit et le répète, il veut dé-smicardiser la France. C'est une très jolie formule mais ça veut dire quoi dé-smicardiser la France ?
01:50 Ça veut dire qu'aujourd'hui vous avez beaucoup de salariés français qui sont bloqués au niveau du SMIC, c'est-à-dire dont le salaire ne progresse pas.
01:57 Alors il y a beaucoup de raisons à ça mais la principale raison c'est qu'on a un système avec des exonérations de charges patronales,
02:03 c'est-à-dire de l'argent qui est donné aux entreprises pour baisser le coût du travail mais aussi la prime d'activité,
02:08 de l'argent qui est donné aux salariés pour compléter leurs revenus et ce système fait que pour augmenter un salarié,
02:14 pour que sur son compte en banque il y ait 100 euros de plus, on a besoin pour l'employeur de verser l'équivalent de 400 euros.
02:22 Ça c'est un vrai problème et il y a aujourd'hui une réflexion qui est menée par deux économistes pour essayer d'apporter des solutions à ça.
02:28 Mais pardon, si on veut dé-smicardiser la France, c'est pas aussi et surtout parce qu'il y a trop de SMICards.
02:32 Aujourd'hui en proportion du nombre de salariés dans le pays, il y a deux fois plus de SMICards qu'il y a 15 ans, deux fois plus.
02:37 Ça fait sept ans que vous êtes au pouvoir, vous n'y êtes pas pour rien.
02:40 Non, alors là je veux me masquer un petit peu en faux contre cette analyse.
02:43 Pourquoi est-ce qu'il y a beaucoup de SMICards ? Parce que le SMIC a augmenté rapidement et c'est une bonne nouvelle.
02:48 Le SMIC a augmenté rapidement parce qu'il est indexé sur l'inflation, il y a eu beaucoup d'inflation donc le SMIC a été revalorisé.
02:53 Il a rattrapé un certain nombre de salariés qui étaient en bas des grises salariales.
02:57 1400, on n'est pas en bas en moyenne.
02:58 Voilà, il a rattrapé beaucoup de salariés et donc il y a aujourd'hui 3 millions de salariés qui sont au SMIC, c'est beaucoup.
03:03 Mais moi je veux dire un truc, c'est que si on veut véritablement élever les gens et leur permettre d'accéder à de meilleurs emplois et à de meilleurs salaires,
03:11 à un moment il faut les aider, notamment à accéder à la formation professionnelle de manière plus aisée qu'aujourd'hui.
03:16 Il faut par exemple mettre plus d'argent sur le compte personnel de formation des salariés les moins qualifiés.
03:20 Il faut faire en sorte qu'on négocie dans les entreprises sur la formation professionnelle.
03:24 Donc la dé-SMICardisation, ce n'est pas simplement un sujet d'exonération de primes d'activité,
03:29 c'est aussi comment on renforce le pouvoir de négociation des salariés pour obtenir de meilleurs salaires.
03:33 Le Premier ministre l'a dit clairement hier soir, il veut une réforme globale de l'assurance chômage.
03:36 On est d'accord que les chômeurs sont rarement des rentiers dans la vie.
03:39 On ne choisit pas d'être chômeur, on ne vit pas bien, on n'est pas à l'aise, on a du mal à nourrir sa famille.
03:43 Est-ce qu'il faut faire des économies sur le dos des plus précaires ?
03:46 Est-ce qu'il ne faut pas mieux aller chercher l'argent où il est ?
03:48 Là je recite encore Axel de Tardy avec les bénéfices du CAC 40 dont il parlait.
03:51 Évidemment il faut se réjouir que nos entreprises et nos grandes entreprises fonctionnent bien.
03:54 Mais là est-ce qu'on ne se trompe pas de cible ? Pourquoi cibler les chômeurs ?
03:58 Je pense qu'il faut avoir ce débat, vous l'avez évoqué, sur les super profits,
04:01 avec toute la prudence, toute la nuance qu'impose et Axel de Tardy dans sa chronique a bien posé les termes de ce débat.
04:07 Sur l'assurance chômage, on ne fait pas des réformes de l'assurance chômage pour faire des économies.
04:11 Moi je crois profondément qu'on fait des réformes de l'assurance chômage si on les fait,
04:14 pour créer des emplois, pour faire en sorte d'améliorer le retour à l'emploi.
04:17 On a toujours aujourd'hui des entreprises qui ont des problèmes de recrutement.
04:20 Elles sont très fortes ces problèmes de recrutement, ils sont équivalents à ce qu'on vivait avant la crise du Covid.
04:26 Donc à un moment ou à un autre, il faut s'attaquer à ce problème.
04:29 Le sujet ce n'est pas les gens. Il n'y a aucun chômeur qui est content d'être au chômage.
04:33 Est-ce que vous êtes favorable à la réduction de la durée d'indemnisation de 18 mois à 12 mois, oui ou non ?
04:37 Le sujet ce sont les règles.
04:38 Excusez-moi, je crois que vous n'avez pas entendu ma question.
04:40 Je suis plus favorable, je réponds à votre question, je suis plus favorable à ce qu'on s'intéresse à
04:44 aux conditions d'ouverture de droit, c'est-à-dire combien de mois on a besoin de travailler pour se trouver un droit à l'assurance chômage.
04:49 Aujourd'hui, en France, on a besoin de travailler 6 mois sur les 24 derniers.
04:52 En Allemagne, pour vous donner un ordre de comparaison, c'est 12 mois sur les 24 derniers.
04:56 Et en plus, en Allemagne, quand on travaille un jour, on a droit à un demi-jour d'indemnisation.
04:59 Donc vous dites que c'est ça qu'il faut durcir, c'est le nombre de, la période de temps qu'on a travaillé pour avoir droit à des indemnisés.
05:05 Ça me paraît plus pertinent aujourd'hui, d'abord parce que ça a des effets plus rapides.
05:08 Vous dites qu'il ne faut pas toucher à la durée de l'indemnisation.
05:11 Alors, je dis que la priorité serait de toucher aux critères de l'éligibilité.
05:14 Après, si le gouvernement veut toucher à la durée, il aura l'occasion de le faire.
05:18 Mais moi, la priorité pour moi, c'est l'éligibilité. Pourquoi ?
05:21 Parce que l'éligibilité, c'est-à-dire le nombre de mois que vous avez besoin de travailler,
05:24 c'est au fond dire à des gens, aujourd'hui vous travaillez 6 mois pour avoir un droit, demain ce sera peut-être 8, 9.
05:29 On s'adresse à des gens qui sont par nature employables, puisqu'ils sont en emploi.
05:33 Et donc, il y a une mesure de justice ici, il y a aussi une mesure d'efficacité parce que
05:37 toucher à l'éligibilité, c'est avoir des effets plus rapides sur le retour à l'emploi.
05:41 Or, j'insiste encore sur ce point, le sujet, c'est de créer les conditions d'un retour à l'emploi,
05:46 d'une résolution des problèmes de recrutement des entreprises, et pas directement de faire des économies dans mon esprit.
05:52 On entend que vous n'êtes pas favorable à cette réduction de 18 à 12 mois d'indemnisation.
05:55 Je n'ai pas tout à fait dit ça. J'ai dit qu'il y avait une priorité, c'était l'éligibilité.
05:58 En tout cas, ce n'est pas votre préférence.
05:59 Ce n'est pas ma préférence, exactement.
06:00 Cela dit, si c'est vers cette piste qu'on va, est-ce qu'il n'y a pas une petite embrouille quand même ?
06:05 Parce qu'il y a quelques mois encore, vous nous expliquiez, Olivier Dussopt, à l'époque ministre du Travail,
06:08 expliquait ici, on va mettre en place des règles qui sont très simples.
06:11 Quand le marché se durcit, on assouplira.
06:14 Et quand le chômage dégrade, et bien là, ça range, on durcira.
06:19 Sauf que là, depuis plusieurs mois, le chômage, il remonte.
06:22 Je connais bien ces règles, j'étais rapporteur de la loi qui a mis en place ce dispositif.
06:26 Dire deux choses. D'abord, il y a toujours des problèmes, comme vous l'indiquez, de tensions sur le marché du travail.
06:31 Ils n'ont pas disparu.
06:32 Et le taux de chômage est un indicateur qui donne des éléments sur la situation du marché du travail.
06:36 Mais il faut résoudre les tensions.
06:38 Ensuite, la loi dit effectivement qu'on impose ce qu'on appelle la contracyclicité,
06:42 c'est-à-dire quand le chômage diminue, on diminue la durée d'indemnisation.
06:45 Mais la loi dit aussi autre chose.
06:47 La loi dit que quand la situation financière de l'assurance chômage, c'est-à-dire de l'Unidix, se dégrade,
06:51 le gouvernement est fondé à changer les règles, ou en tout cas à demander aux partenaires sociaux de changer les règles.
06:57 On est exactement dans cette situation-là.
06:59 L'excédent de l'Unidix, qui était prévu à 4 milliards d'euros, va finalement être d'un milliard.
07:03 Et donc on a une différence entre la trajectoire financière qui était prévue et celle qu'on constate.
07:07 Et donc dans ce contexte, effectivement, il y a une potentialité pour le gouvernement d'envoyer ce qu'on appelle
07:13 un nouveau document de cadrage aux partenaires sociaux pour qu'ils négocient de nouvelles règles.
07:16 Bruno Le Maire a prononcé un mot qui n'a pas porté chance aux précédents gouvernements qui l'ont employé,
07:20 la TVA sociale. Baisser les charges, mais créer une TVA sociale. Est-ce que c'est une bonne idée ?
07:26 Est-ce que vous y êtes favorable ?
07:27 Le constat, c'est quoi ? C'est qu'on finance notre protection sociale en prêlevant beaucoup sur le travail.
07:32 On a des cotisations sociales qui, au niveau du SMIC, sans les exonérations, représentent plus de 40 points,
07:36 40 % sur le travail. Donc effectivement, ça peut générer des difficultés à créer des emplois.
07:41 Maintenant, ce sujet, il est très profond. Comment on finance notre modèle social ?
07:45 Sur de la TVA, sur de l'ACSG, sur des cotisations comme aujourd'hui ?
07:48 C'est une piste ou pas ? Parce qu'on arrive au bout. C'est une piste, la TVA sociale ou pas ?
07:50 Je pense que c'est une piste qui réclame un nouveau mandat politique.
07:53 C'est-à-dire que c'est une piste qui se décide et qui se discute, dans le cadre d'une élection présidentielle, par exemple.
07:58 Donc ce n'est pas une piste pour tout de suite. Une toute dernière question.
08:01 Votre tête de liste européenne, Valérie Ayé, est en… Non, ce n'est pas celle-là, ma dernière question, d'ailleurs.
08:04 La question concerne les rumeurs alimentées tantôt par Le Château, tantôt par Matignon,
08:09 qui laissent entendre que ce ne serait plus tout à fait la lune de miel entre le chef de l'État et son Premier ministre.
08:13 Vous êtes un intime du chef de l'État. Je vous pose la question ou vous prenez votre joker tout de suite ?
08:17 Non, vous pouvez me poser la question. Moi, je considère que leur relation est très fluide.
08:21 Je discute avec leurs équipes dont la relation est également très très fluide.
08:26 Je pense que vous avez utilisé le bon terme. Ce sont des rumeurs.
08:28 Merci beaucoup à vous, Marc Ferrassi, d'être venu dans les 4V. Bonne journée.
08:31 Merci à vous.

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