• l’année dernière
- Grand témoin : Pascal Perri, économiste et auteur de « Génération farniente » (L'Archipel)

LE GRAND DÉBAT / Pas de RSA sans contrepartie ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Alors que le taux de chômage s'élève actuellement à 7,2%, le projet de loi plein emploi arrive dans l'hémicycle. Celui-ci prévoit un changement qui fait polémique : le RSA (Revenu de Solidarité Active) serait versé en échange de quinze heures d'activité hebdomadaires. Le député « Horizons et apparentés », Paul Christophe, a proposé un amendement en commission qui réduirait cette obligation à des activités durant de une à quinze heures par semaine. En parallèle, les députés Renaissance et PS, Marc Ferracci et Jérôme Guedj, ont révélé un rapport transpartisan. Leur conclusion : les baisses de charges pour les hauts salaires n'ont pas permis d'embaucher. Quelles sont alors les mesures les plus pertinentes pour atteindre le plein emploi ?

Invités :
- Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne
- Marc Ferracci, député Renaissance des Français établis hors de France
- Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT
- Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH

LE GRAND ENTRETIEN / Pascal Perri : la France allergique au travail ?
Droit à la paresse, retraite à 60 ans, "work life balance" (équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle) : voilà ce que désire la "génération farniente". Pascal Perri affirme que le désamour pour le travail n'est pas compatible avec notre système social "généreux". Pour maintenir ce modèle social, il faut une réforme globale du système économique français afin de revaloriser l'effort et l'investissement professionnel des citoyens. Dans un contexte de réforme des retraites très contestée, l'auteur avance une solution : travailler plus pour consolider une société solidaire. Faut-il blâmer "la Nouvelle Gauche" qui appellerait à la fainéantise ?

- Grand témoin : Pascal Perri, économiste et auteur de « Génération farniente » (L'Archipel)

BOURBON EXPRESS : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS
- Fanny Guinochet, journaliste économique à FranceInfo
- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 "Musique"
00:04 -Bonsoir et bienvenue.
00:06 Ravie de vous retrouver dans "Ça vous regarde".
00:08 Ce soir, sommes-nous devenus
00:10 allergiques au travail ?
00:12 C'est la thèse que vous développez.
00:14 Pascal Péry, bonsoir. -Bonsoir.
00:16 -Merci d'être notre témoin. Génération Farniente,
00:19 aux éditions de l'Archipel, vous racontez le désamour
00:22 entre les Français et le travail,
00:24 qui, selon vous, ne date pas d'hier,
00:26 mais s'est retrouvé au coeur de la bataille des retraites.
00:29 Nous en sommes désolés, vous nous le direz.
00:32 Notre grand débat, ce soir,
00:33 comment atteindre le plein emploi ?
00:35 Pour y parvenir, le gouvernement veut conditionner
00:38 le RSA des contreparties
00:41 jusqu'à 15 heures d'activité hebdomadaire
00:44 pour toucher le revenu de Solidarité active.
00:46 Est-ce la solution vers l'insertion ?
00:49 La réponse de nos invités sur ce plateau dans un instant.
00:52 Enfin, nos affranchis ce soir,
00:54 l'économie avec Fanny Guidochet,
00:56 l'international avec le grand reporter Vincent Huges
00:59 et le Bourbon Express, raconté ce soir par Elsa Mondin-Gava.
01:03 Voilà pour le menu. On y va, Pascal Péry ?
01:05 -Allons-y. -Ca vous regarde. C'est parti.
01:08 Trois lettres qui laissent présager d'un débat houleux
01:23 dans l'hémicycle, et il a commencé.
01:25 RSA pour revenu de Solidarité active,
01:28 c'est le dernier filet de sécurité offert aux plus démunis.
01:31 Le gouvernement veut conditionner son versement
01:34 à quelques heures d'activité obligatoire par semaine.
01:37 C'est la mesure phare du projet de loi dit "plein emploi",
01:40 en débat à l'Assemblée depuis hier.
01:42 Le RSA des droits et donc des devoirs.
01:44 Point d'interrogation. On en débat avec vous,
01:47 Marc Ferracci. Bonsoir. -Bonsoir.
01:49 -Vous êtes député Renaissance des Français établi en Suisse,
01:53 vous êtes économiste du travail
01:55 et ancien conseiller social à Matignon.
01:57 Bonsoir, Jérôme Guedj. -Bonsoir.
01:59 -Merci d'être avec nous, député socialiste de l'Essonne,
02:02 membre de l'ANUP, spécialiste des questions sociales
02:05 et vice-président de l'AMEX. -Exactement.
02:08 -Vous nous direz à quoi ça sert dans un tout petit instant.
02:11 Côté entreprises, bonsoir, Benoît Serre.
02:13 -Bonsoir. -Merci d'être avec nous.
02:15 Vous présidez l'association des DRH de France.
02:18 Côté salariés, Céline Berlette-Pelletti.
02:20 Bonsoir. Merci d'être avec nous.
02:22 Vous êtes secrétaire confédérale à la CGT,
02:25 Pascal Péry, évidemment, l'économiste,
02:27 l'ancien chef d'entreprise que vous êtes à toute sa part.
02:31 Dans ce débat, on commence par planter le décor.
02:33 Qu'est-ce que le RSA ? Qui le perçoit ?
02:35 Comment le gouvernement veut le réformer ?
02:38 C'est le chrono de Blaco.
02:39 Bonsoir, mon cher Stéphane.
02:43 -Bonsoir, Myriam. Bonsoir à toutes et tous.
02:46 -Alors, ce RSA, conditionné.
02:48 -Si le gouvernement s'est mis en tête de réformer le RSA,
02:53 c'est vraisemblablement parce que la Cour des comptes
02:56 lui a soufflé l'idée dans un rapport qu'elle a publié en janvier 2022.
03:00 Alors, si on peut résumer 200 pages de la Cour des comptes
03:03 en une phrase, on dirait que d'un côté,
03:06 la Cour des comptes trouve que le RSA joue son rôle
03:08 pour prémunir de la pauvreté, ceux qui en bénéficient.
03:11 En revanche, pour ce qui est de permettre
03:13 la réinsertion dans le monde du travail,
03:16 là, c'est beaucoup moins efficace.
03:18 Avec des chiffres qui étaient dans ce rapport,
03:20 80 % des bénéficiaires sont inscrits au RSA depuis moins d'un an.
03:24 Sur la période de 1 à 5 ans d'inscription,
03:26 c'est 40 % des gens, mais le chiffre qui inquiétait plus
03:29 la Cour des comptes, c'était le fait que plus d'un tiers
03:32 des bénéficiaires du RSA y sont depuis minimum 5 ans
03:35 et même la moitié de ces 35 % y sont depuis une dizaine d'années.
03:38 Donc, finalement, ça ne fait plus tellement
03:41 un tremplin vers l'emploi, ça fait plutôt trappe à pauvreté.
03:44 Le résultat, c'est que deux mois plus tard,
03:46 le candidat Macron s'est emparé de ce rapport
03:49 et s'est transformé en promesse électorale en disant
03:52 que pour bénéficier du RSA, il faudra un minimum
03:54 de 15 heures d'activité par semaine.
03:56 Vous allez débattre du fond, mais d'un point de vue politique,
04:00 il faut reconnaître que c'était plutôt bienvenue,
04:02 puisque l'idée est très populaire.
04:04 80 % des Français étaient favorables
04:06 à la promesse du candidat.
04:08 Et même à gauche, vous voyez, il y a la majorité,
04:11 que ce soit chez les insoumis, les socialistes
04:14 ou les écologistes, qui trouvent qu'après tout,
04:16 il y a des contreparties dans ce domaine,
04:19 ça ne serait pas non plus injuste.
04:21 Le résultat, c'est qu'Olivier Dussopt est assez confiant
04:24 quand il va à l'Assemblée, il assume clairement
04:26 la position du gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté.
04:30 -Il faut en finir avec le totem de l'aide contre la pauvreté
04:33 qui passe que sans contrepartie,
04:35 sur une puissance meilleure que toutes les autres,
04:38 même si en réalité, elle enferme une large partie
04:41 de ceux qui en bénéficient dans la misère.
04:43 -A gauche, on pense exactement le contraire
04:46 et on a vu le contrôle des députés Gage et Ferracci,
04:49 spécialistes des charges patronales.
04:51 En 2023, les prévisions disent que les entreprises
04:54 devraient bénéficier de 88 milliards d'allègements
04:57 sans une contrepartie particulière.
04:59 Pourquoi demander aux gens qui touchent le RSA
05:01 d'avoir des contreparties ?
05:03 Ça coûte 15 milliards, le RSA. On écoute Arthur Delaporte, PS.
05:06 -Nous, on a déposé, d'ailleurs, une note à la Fondation Jean Jaurès
05:10 où on défend l'idée d'un revenu inconditionnel
05:14 ouvert au moins de 25 ans et revalorisé,
05:17 un minimum social, un revenu d'existence.
05:19 -Bref, on a compris que c'est pas du côté de la NUPES
05:22 que le gouvernement va trouver les voies qui manquent,
05:25 comme c'est plutôt du côté de LR que se portent les regards.
05:29 La droite sénatoriale avait fixé un minimum
05:31 de 15 heures obligatoires d'activité pour bénéficier du RSA.
05:34 Il semblerait que les députés LR soient prêts à assoupir
05:37 ce critère. On écoute Philippe Juvin.
05:40 -Bien sûr, parfois, nous le savons tous,
05:42 les circonstances personnelles de l'intéressé feront
05:45 que ça ne sera pas possible. Il ne pourra pas faire les 15 heures.
05:49 Eh bien, dans ces cas-là, il fera moins, soit,
05:51 mais il ne doit jamais faire zéro.
05:54 -Bref, un petit peu de suspense sur le vote LR.
05:57 On verra bien. En tout cas, la question est posée.
05:59 Le RSA, c'est 607 euros pour une personne.
06:02 Alors, c'est un droit, mais est-ce qu'on doit le supprimer
06:05 si, en échange, on n'a pas à quitter ce devoir ?
06:08 Le débat est ouvert. -Merci beaucoup.
06:10 -On va se replanter. Merci, Stéphane.
06:12 Vous le disiez, 607,75 euros pour une personne seule.
06:15 On va tout de suite regarder ce tableau.
06:18 Un couple avec enfant,
06:19 1 276,29 euros,
06:22 et un petit peu moins pour une mère célibataire
06:26 qui aurait deux enfants.
06:28 Marc Ferrati, il y a 2 millions d'allocataires au RSA.
06:31 On a compris que c'est très difficile.
06:33 On parle des mères isolées,
06:35 on parle aussi de situations, parfois,
06:37 où il y a une difficulté de santé,
06:40 une difficulté de dégringolade sociale,
06:42 et toutes les études de terrain en témoignent.
06:44 En quoi ce dispositif va permettre à ces personnes
06:47 de remettre un pied dans le monde professionnel ?
06:50 Et est-ce que vous avez des garanties que ça marche ?
06:53 -Moi, je veux partir de ce chiffre de 607 euros,
06:56 parce que c'est le point de départ
06:58 qui explique la philosophie du projet de loi.
07:01 Avec 607 euros, on vit pas, on survit.
07:04 Et donc, les gens qui sont en situation de bénéficier du RSA,
07:07 on doit tout faire pour les accompagner
07:09 vers une vie meilleure, une vie professionnelle meilleure,
07:13 vers un revenu plus élevé,
07:14 vers une intégration sociale qui peut passer par le travail.
07:18 Et de ce point de vue,
07:19 les chiffres de la Cour des comptes l'ont suggéré,
07:22 mais il y a beaucoup d'autres éléments qui le montrent,
07:25 on a un échec collectif depuis 1988,
07:27 depuis qu'a été créé le RMI,
07:29 depuis 2008, depuis qu'a été créé le RSA,
07:31 c'est l'accompagnement des personnes vers l'emploi
07:34 et vers une intégration sociale et professionnelle.
07:37 Vous me posez la question de savoir si ça va marcher.
07:40 On a bon espoir. Pourquoi ?
07:41 Parce que d'abord, une grande partie des bénéficiaires du RSA,
07:45 la grande majorité d'entre eux, souhaitent s'insérer,
07:48 ne trouvent pas face à eux un service,
07:50 un accompagnement, des solutions pour aller vers l'emploi
07:53 qui soit suffisamment adapté à leurs problèmes
07:56 et qui soit suffisamment efficace.
07:58 Certains ont des problèmes de formation,
08:00 certains ont des problèmes de freins périphériques,
08:03 il faut résoudre le sujet de la garde d'enfants,
08:06 avant de s'engager dans un parcours vers l'emploi.
08:09 Ca appelle des réponses personnalisées.
08:11 Ce qu'on veut faire, c'est faire en sorte
08:13 que les décisions soient prises au plus près du terrain,
08:16 avec une meilleure coordination, un meilleur dialogue.
08:19 Il faut savoir que les collectivités territoriales,
08:22 Pôle emploi, qui demain s'appellera, je l'espère, France Travail,
08:26 les missions locales, tous ces acteurs ont du mal à se parler.
08:29 Si on veut traiter les problèmes des gens de manière efficace,
08:33 il faut ce dialogue. -Avec un contrat.
08:35 Un contrat d'engagement, un donnant-donnant,
08:37 obligatoire pour les bénéficiaires. -Ce contrat existe déjà.
08:41 Ca s'appelle le contrat d'engagement réciproque.
08:43 -Vous n'êtes pas obligé de le signer.
08:45 -Le principe est qu'on devrait le signer.
08:48 La pratique est qu'une minorité de bénéficiaires du RSA
08:51 le signe aujourd'hui. -Ca, ça va changer.
08:53 -Ca va changer, on souhaite que ça change,
08:56 parce que la logique de droits et devoirs
08:58 qui sous-tend ce projet de loi, c'est une logique
09:01 dans laquelle le service public doit des solutions aux personnes,
09:05 un conseiller et un contact humain pour aller vers l'emploi,
09:08 et dans laquelle la personne doit aussi 15 à 20 heures d'activité.
09:11 J'en termine, pour ne pas être trop long,
09:13 pour dire que ce débat autour des 15-20 heures,
09:16 c'est un débat qu'on a eu pendant la campagne présidentielle.
09:19 Elisabeth Borne, ministre du Travail, le disait,
09:22 je le disais moi-même quand je discutais du programme,
09:25 on sait que certaines personnes ne sont pas capables
09:28 d'assumer 15 à 20 heures d'activité,
09:30 car elles ont des problèmes psychologiques,
09:33 des problèmes familiaux.
09:34 On veut que le système puisse tenir compte
09:37 de ces situations particulières. -Donc, il y aura des exceptions.
09:40 -Il y aura des exceptions. -Il y aura zéro heure.
09:43 -Il y aura des exceptions, et peut-être zéro heure,
09:46 mais ça, c'est aux personnes qui sont sur le terrain
09:49 d'en décider. Ca n'est, de mon point de vue,
09:51 en tout cas, je souhaite, qu'on préserve la philosophie
09:54 de ce projet de loi, qui est de laisser la décision
09:57 aux plus proches du terrain.
09:59 -Jérôme Gadd, il y a 18 départements
10:01 qui ont été expérimentés.
10:03 Apparemment, les allocataires sont mieux suivis,
10:05 parce qu'il y a des conseillers plus nombreux.
10:08 Alors, écoute, c'est ce qu'on peut regarder
10:11 dans certains reportages, à Epinal, par exemple.
10:13 Je ne sais pas s'il y a un retour d'expérience globale
10:16 de ces 18 départements, mais d'après ce que j'ai pu lire
10:19 en préparant ce débat, c'est plutôt positif.
10:22 Vous dites "chasse aux pauvres". Vous voyez ça dans ce dispositif ?
10:25 -Oui. Alors, moi, je vais m'exprimer moins en parlementaire
10:29 que je peux le faire, je viens de quitter l'hémicycle.
10:32 Une information n'a pas été précisée,
10:34 c'est que le RSA, comme le RMI, est versé par les départements.
10:38 J'ai été conseiller général, puis conseiller départemental,
10:41 j'ai siégé dans des commissions locales d'insertion,
10:44 on a mis en place un plan départemental.
10:46 Il faut tordre le coup à une idée,
10:48 mais Marc Ferracci, avec son honnêteté intellectuelle,
10:51 l'a rappelé, c'est qu'on entretient une confusion.
10:54 Les 2 millions des allocataires du RSA,
10:57 on le sait, que tous n'ont pas vocation
10:59 à l'insertion professionnelle.
11:01 -A quelle proportion ?
11:03 -Aujourd'hui, il y a 40 %... -Un pourcentage ?
11:06 -C'est extrêmement variable.
11:08 Quand j'entends Olivier Dussopt,
11:10 qui disait la semaine dernière en commission des affaires sociales,
11:13 il y a une partie non négligeable de ces allocataires
11:16 pour lesquelles ce n'est pas l'objectif
11:19 de l'insertion professionnelle de l'emploi,
11:21 parce que des problèmes de santé mentale,
11:24 des problèmes de mobilité, de logement,
11:26 très éloignés de l'emploi,
11:28 des gens pas très éloignés de la retraite
11:30 pour lesquels, malheureusement,
11:32 l'accès au marché du travail est compliqué.
11:34 Là, on est dans une stigmatisation en disant
11:37 que vous avez un minima social
11:39 qui est en dessous du seuil de pauvreté
11:41 et, en contrepartie, il faut absolument
11:43 que vous fassiez ce travail, pardon de le dire, gratuit,
11:46 parce que la réalité, ça veut dire que la contrepartie
11:49 pour les 607 euros, 15 heures...
11:51 -C'est une adopter à mettre de conduire,
11:54 parfois remplir un CV, c'est pas forcément
11:56 une activité, un travail.
11:57 -Sauf que, vous voyez, l'ambiguïté est savamment entretenue
12:01 en disant, en gros, ces feignants de pauvres,
12:03 ces assistés, il faut qu'ils aillent au boulot.
12:06 Je réponds à votre question,
12:08 parce que ça, pour moi, c'est un problème de parlementaire.
12:11 C'est qu'on légifère sur un changement significatif
12:14 alors qu'il y a une expérimentation,
12:16 et contrairement, il y a des témoignages,
12:19 mais il n'y a pas de documents consolidés
12:21 d'évaluation de ces expérimentations.
12:23 On fait une loi, il n'y a pas de documents consolidés.
12:26 Pire, dans l'étude d'impact,
12:28 c'est l'actualité du jour,
12:30 parce que j'en parlais tout à l'heure,
12:32 nous, ça fait des semaines qu'on demande,
12:34 est-ce que la sanction,
12:35 puisque Stéphane Blakoski le rappelait,
12:38 si on respecte pas le contrat d'engagement,
12:40 on va avoir une sanction, suspension du RSA ?
12:44 Problème, c'est que ça fait des années que ça existe,
12:47 il y a des sanctions du RSA.
12:49 -On va y venir, c'est subtil,
12:50 il y a une sanction suppression
12:52 et une sanction suspension,
12:54 qui est plus souple dans le texte actuel.
12:56 -Aujourd'hui, au moment où je vous parle,
12:58 quand on demandait au ministre Olivier Dussopt
13:01 quel est l'impact des sanctions qui existent depuis des années,
13:04 il nous a dit "j'ai pas de résultat".
13:06 -On a l'impression de revivre le débat sur les retraites.
13:10 -On le revit tellement que...
13:11 -C'était déjà les questions qui se posaient.
13:14 -J'ai sollicité vendredi,
13:15 avec mes responsabilités de coprésident de l'évaluation,
13:18 le directeur général de la CNAF,
13:21 pour faire des chiffres qui montrent
13:23 que les sanctions ne se traduisent pas
13:25 par un retour à l'emploi.
13:26 -Cette question du retour d'expérience.
13:28 -On légifère sur du vent.
13:30 -Les études d'impact sont légales.
13:32 -Je vais m'inscrire en faux.
13:34 -On fait circuler la parole.
13:35 -On va vous donner la parole, mais sur l'impact.
13:38 D'abord, sur le retour d'expérience.
13:40 Les expérimentations, ça a été dit,
13:42 n'ont pas vocation à décider
13:44 si on va mettre en oeuvre le dispositif ou pas.
13:47 Elles sont destinées à collecter les bonnes pratiques,
13:50 à ne pas faire de mal, et à inspirer la mise en oeuvre
13:53 sur l'ensemble du territoire du dispositif.
13:55 C'est comme ça que ça fonctionne,
13:57 et c'est comme ça qu'on ira plus vite vers de l'efficacité.
14:00 Maintenant, sur les sanctions.
14:02 Vous savez, moi, je suis universitaire de profession,
14:05 j'aime bien qu'on documente les choses.
14:07 Je suis toujours très attentif,
14:09 d'ailleurs, on l'a été ensemble, sur un autre rapport,
14:12 à la question de l'impact des mesures.
14:15 Des articles scientifiques qui ont évalué l'effet des sanctions
14:18 sur le retour à l'emploi, il y en a des dizaines.
14:21 Je vous invite, par exemple, à lire un article de synthèse
14:24 dans la Revue française d'économie,
14:26 par trois chercheurs, Sidney Blasco, François Fontaine,
14:29 Franck Mallerbet, qui fait une synthèse de ces choses-là
14:32 et qui explique, avec des évaluations contrafactuelles,
14:35 et pas simplement avec les statistiques
14:37 que vous avez demandées aux autorités.
14:40 -L'existence même de sanctions incite
14:42 au retour à l'emploi ? -Si vous observez
14:44 que quelqu'un retourne à l'emploi après une sanction,
14:47 parce que la personne qui a été sanctionnée
14:50 a peut-être des caractéristiques différentes
14:52 de celles des personnes qui ne l'ont pas été.
14:55 Il faut des travaux académiques pour contrôler ces problèmes,
14:58 ce qu'on appelle des biais.
15:00 C'est à ces travaux-là que je me réfère
15:02 quand je dis que les sanctions marchent.
15:04 -Je me tourne vers l'entreprise.
15:06 Benoît Serre, on a dit tout à l'heure,
15:08 et c'était bien que ce soit partagé,
15:10 que tous les allocataires ne sont pas forcément
15:13 en capacité de retrouver le chemin de la vie professionnelle.
15:17 Il faut encore que les entreprises,
15:19 pour ceux qui le veulent, ceux qui le peuvent,
15:21 les embauchent.
15:22 Dans quel secteur vous voyez ça ?
15:24 Pensez-vous que les entreprises vont jouer le jeu ?
15:27 -Elles jouent le jeu, car elles ont énormément développé
15:30 leur politique d'insertion depuis longtemps,
15:33 pas forcément à l'égard des bénéficiaires du RSA,
15:36 mais sur d'autres populations éloignées de l'emploi.
15:39 Il faut reconnaître que, même si c'est...
15:41 Le travail avec les lycées professionnels,
15:44 sur l'alternance de bas niveau...
15:46 C'est une insertion.
15:47 Ce que j'ai vu et entendu,
15:48 après la décision ou pas, c'est un problème politique,
15:51 vu de l'entreprise, ce qui est phare,
15:53 c'est les chiffres de Blascozky.
15:55 Quand vous pensez qu'il y a 35 % des gens
15:58 qui sont au RSA depuis des années,
16:00 dans ces 35 %, ils ne sont pas tous avec des problèmes mentaux.
16:03 On a un vrai sujet, c'est pour ça qu'on met un peu d'espoir
16:07 dans France Travail et les réformes des services publics
16:10 car on le vit tous les jours.
16:12 Dans une entreprise, il y a 2 millions de personnes,
16:15 et on a des problèmes de recrutement tous les matins,
16:18 même sur des postes à faible niveau de qualification.
16:21 C'est pas le sujet. Il y a quelque chose qui ne marche pas.
16:24 C'est vrai que, quand on est dans les territoires,
16:27 vous l'avez très bien dit,
16:29 la coordination entre Pôle emploi, l'APEC pour les cadres,
16:32 les commissions locales d'insertion...
16:35 -C'est l'usine à gaz ? -C'est les entreprises
16:37 qui s'y retrouvent.
16:38 -Vous passez par où ? -On se débrouille.
16:41 On se débrouille par les systèmes de raison,
16:43 par des cabinets d'intérim,
16:45 c'est la 1re porte vers l'emploi.
16:47 C'est un vrai sujet.
16:48 Je dis pas que le sujet n'est pas traité.
16:50 C'est un sujet à traiter d'urgence car ces gens-là
16:53 sont éloignés de l'emploi et des réseaux et des systèmes.
16:56 On a encore plus de mal, et je crains que...
16:59 J'accuse personne de Pôle emploi.
17:01 Il y a un point important,
17:02 c'est qu'il y a une partie qui n'est plus accessible à l'emploi
17:06 pour des raisons personnelles, de santé, de famille,
17:09 ceux-là relèvent de la solidarité nationale.
17:12 Et d'autres doivent être traités en priorité
17:14 et surtout avoir un critère.
17:16 On le fait en entreprise.
17:17 Comment fait-on pour éviter que quelqu'un soit pendant 2, 3 ans
17:21 décroché de la vie réelle ?
17:22 Le raccroché, l'entreprise ne sait pas le faire.
17:25 Les systèmes de Pôle emploi ont beaucoup de mal à le faire.
17:28 -Côté entreprise, on attend ce projet de loi avec impatience.
17:32 Côté syndicat, est-ce que ça va dans le bon sens,
17:34 cette idée d'un donnant-donnant,
17:36 sachant qu'il y a aussi un système de sanctions ?
17:39 Si vous ne jouez pas le jeu du contrat d'engagement,
17:42 on peut vous suspendre au bout de combien de temps ?
17:45 De trois mois ?
17:46 -Non, on peut suspendre dès lors que les obligations
17:49 ne sont pas remplies.
17:51 -Rapidement.
17:52 -Quelles sont les conséquences ?
17:54 -Ce sera un algorithme.
17:55 -On va y venir dans le détail aux sanctions
17:58 pour comprendre comment elles peuvent être effectives.
18:01 Comment on regarde le dispositif ?
18:03 -De manière très négative, forcément,
18:05 parce que là, on mélange tout.
18:07 On a l'impression que le RSA, c'est un revenu.
18:09 On est bien d'accord, c'est une aide sociale,
18:12 vous l'avez dit, et c'est une indemnité.
18:14 Donc, normalement, c'est simplement
18:18 pour, en effet, éviter que des personnes vivent avec rien.
18:22 -On vous fait un décent de leur demander quelque chose ?
18:25 -Avec rien, parce que, déjà, je ne sais pas si vous pouvez
18:28 vous en rendre compte, mais vivre avec 600 euros,
18:31 c'est très compliqué.
18:32 Vous êtes en dessous du seuil de pauvreté.
18:35 -C'est ce que dit la Chine.
18:36 -Les chiffres le disent.
18:38 C'est 40 % des personnes qui bénéficient du RSA
18:41 qui sont à Pôle emploi en recherche d'emploi.
18:43 Les 60 % restants, c'est des personnes
18:45 qui ne sont pour l'instant pas, en tout cas,
18:48 en capacité, justement, de travailler.
18:50 Il faut le prendre en compte.
18:52 Quand vous parlez de la Cour des comptes,
18:54 qui a dit qu'il n'y avait pas de retour d'emploi
18:57 pour les bénéficiaires du RSA,
18:59 il faudrait lire la suite du rapport,
19:01 ils donnent des indications.
19:03 Le fait qu'il n'y ait pas suffisamment d'accompagnement
19:06 pour le retour à l'emploi, qui dit accompagnement,
19:09 c'est pas d'obliger les gens à travailler
19:12 sur des secteurs pour lesquels ils ne seraient pas qualifiés,
19:15 c'est justement les aider à pouvoir retourner vers l'emploi
19:19 pour qui ce serait possible,
19:20 parce qu'en effet, il y a des personnes
19:22 en situation de handicap, il y a des personnes,
19:25 et beaucoup, des personnes qui sont âgées
19:27 et qui ne peuvent plus travailler non plus,
19:30 des personnes qui ont besoin pour se réinsérer.
19:33 -On arrive à la question de l'accompagnement.
19:35 Qu'est-ce que c'est, cet accompagnement ?
19:38 -Si aujourd'hui, on dit que le RSA, c'est en contrepartie d'un travail,
19:42 ce n'est plus une aide sociale, ce n'est plus une indemnité,
19:45 il faut qu'il y ait un vrai revenu,
19:47 une personne qui cotise aussi, parce qu'il n'y a pas de cotisation,
19:51 et c'est une très bonne opération pour le patronat,
19:54 parce que là, franchement, c'est du travail gratos.
19:56 -On voit bien les arguments.
19:58 J'aimerais bien vous entendre là-dessus.
20:01 -Non, normalement, et ça va coûter cher à l'Etat.
20:04 Les caisses sont vides, on va y venir.
20:06 C'est quand même dans les départements,
20:08 des travailleurs sociaux qu'il va falloir recruter
20:11 pour être au plus près, faire du sur-mesure.
20:13 -Ce qui coûte le plus cher, c'est le non-emploi, finalement.
20:17 C'est les 70 milliards d'euros chaque année d'assistance sociale.
20:21 Je fais écho à ce qu'indique Mme Verzeletti,
20:24 la différence entre l'assurance et l'assistance,
20:27 c'est que dans l'assurance, la retraite ou l'assurance maladie,
20:31 c'est droit.
20:32 Ceux qui n'ont plus de travail ne produisent plus de droit
20:35 et ayant épuisé leur droit au chômage,
20:37 vivent de l'assistance.
20:39 Vous voyez en quoi c'est dangereux, aujourd'hui.
20:42 Vous avez eu la gentillesse de rappeler
20:44 que j'ai dirigé des entreprises industrielles
20:46 et j'ai cherché à employer des gens
20:48 qui étaient hors de l'emploi pendant très longtemps.
20:51 C'est très compliqué. C'est un problème complexe.
20:54 C'est pas un problème technique, c'est d'abord un problème humain.
20:57 Il s'agit de resocialiser une population
21:00 qui est à l'aise avec la société.
21:02 Lui apprendre à être à l'heure,
21:03 respecter les 3 8 quand on fait les 3 8.
21:06 Mais les principaux problèmes s'agissant du RSA,
21:09 c'est qu'en effet, on constate qu'après quelques années de RSA,
21:12 une population importante en France
21:14 ne retourne pas vers l'emploi.
21:16 Et donc, il y a une espèce d'assignation permanente au RSA
21:20 qui est évidemment très stigmatisante.
21:23 Ce qui est stigmatisant, c'est pas de demander une contrepartie,
21:26 c'est de vivre au RSA.
21:28 On connaît point par point les freins à l'emploi.
21:30 C'est le logement, la question des transports,
21:33 et c'est surtout, surtout la question de la formation.
21:36 Pour travailler dans le monde d'aujourd'hui,
21:38 il faut savoir faire quelque chose.
21:40 On dépense 30 milliards d'euros chaque année
21:43 en matière de formation.
21:44 Est-ce qu'on est pas capables d'orienter une partie de cet argent
21:48 vers des formations,
21:49 je termine, des formations qui seraient des formations qualifiantes,
21:53 en n'oubliant pas que, là aussi, expérience de chef d'entreprise,
21:56 l'échelon pertinent, c'est la proximité,
21:59 et l'outil essentiel, c'est la simplicité.
22:02 -Justement, donnez-nous, au fond, le modèle parfait.
22:05 Si on est à quelle échelle, à quelle micro-échelle,
22:09 qui accompagne, comment cette personne,
22:11 ne serait-ce que l'accompagnateur est formé,
22:14 combien sont recrutés, qu'est-ce qui se dit,
22:16 qu'est-ce qui se fait, très concrètement, de proximité ?
22:19 -Il y a plusieurs questions.
22:21 D'abord, la question de l'échelle de la maille territoriale.
22:24 La maille territoriale doit être la plus fine possible,
22:27 c'est le bassin d'emploi.
22:29 Ca peut être la métropole, une intercommunalité,
22:32 mais c'est une maille dans laquelle les besoins,
22:34 qui sont exprimés par les entreprises,
22:37 peuvent rencontrer les personnes qui sont en recherche d'emploi.
22:40 La philosophie de ce projet de loi,
22:42 c'est ce que prévoit ce projet de loi,
22:44 c'est qu'à cette maille très fine, on partage les informations,
22:48 qu'on fasse un diagnostic qui soit efficace
22:50 et harmonisé sur les freins.
22:52 -Vous avez dit qu'il y a des problèmes de formation,
22:55 mais pas tous. Parfois, la formation à laquelle
22:58 les gens ont besoin d'accéder, c'est une formation de remise à niveau,
23:01 parce qu'ils ont passé deux ou trois ans,
23:04 parfois c'est une formation longue et qualifiante,
23:07 parfois, ils sont employables auprès des entreprises...
23:10 -Très concrètement, l'Etat embauche combien de personnes
23:13 pour faire ce travail d'accompagnement ?
23:15 -Je serais très heureux d'avoir la réponse,
23:18 car ça fait partie des choses sur lesquelles on a zéro information.
23:22 C'est le service public de l'emploi et de l'insertion.
23:25 En France, le ratio personnel à Pôle emploi
23:28 et personnes accompagnées, il est deux fois inférieur
23:30 à ce qu'il y a en Grande-Bretagne et en Allemagne.
23:33 On fait souvent de la comparaison avec nos voisins européens.
23:37 Les ministres n'ont pu nous dire le nombre de personnels
23:40 qu'on va recruter dans les départements,
23:42 à Pôle emploi, que vous récoltez, mais pas un moyen supplémentaire.
23:46 -Je ne vais pas répondre à la place des ministres.
23:49 Il y a effectivement 40 % seulement des bénéficiaires du RSA
23:52 qui sont aujourd'hui inscrits à Pôle emploi.
23:55 Les 60 % qui restent ne sont pas des gens inemployables,
23:58 qui sont loin de l'emploi.
24:00 Ils sont accompagnés par les conseils départementaux
24:03 et par les travailleurs sociaux,
24:04 et qui, parfois, dans certains départements,
24:07 bénéficient d'un accompagnement de grande qualité.
24:10 J'ai visité les structures conjointes
24:12 du département et de Pôle emploi dans le Nord.
24:15 Je peux vous assurer que ça fonctionne très bien.
24:17 Il y a une très bonne progénité sur le territoire.
24:20 Demain, non pas 40, mais 100 % des bénéficiaires du RSA
24:23 sont inscrits à Pôle emploi.
24:25 Pour tenter de répondre à Jérôme Guedj,
24:27 l'ambition qu'on se donne, c'est que le taux d'accompagnement,
24:31 ou le nombre de conseillers qui traitent aujourd'hui
24:34 des demandeurs d'emploi, eh bien, ça méliore.
24:37 Ça méliore, alors même que la montée en charge...
24:39 -Vous m'en voyez pas beaucoup. -Il n'y a pas de budget.
24:42 -En revanche, il y a des repères.
24:45 La montée en charge va se faire de manière progressive.
24:48 Il y a un repère donné par le rapport de préfiguration
24:51 qui a été rédigé par Thibault Guillouis,
24:53 qui établit des fourchettes.
24:55 -Le haut commissaire à l'emploi. -Et qui donne une idée
24:58 de ce que sera en régime de croisière,
25:00 c'est-à-dire, lorsque l'on aura atteint
25:02 ses 100 % d'inscriptions, les besoins.
25:05 Donc, moi, je vais pas répondre sur ce que sont,
25:07 à travers des tableaux Excel, les besoins région par région.
25:11 -Ce sera de l'ordre budgétaire ?
25:13 -Avec les lois de finances, on aura les coûts ?
25:15 -Il y aura des moyens dans le projet de loi de finances.
25:18 -Voilà. -Il manifestait
25:20 devant l'Assemblée. -Céline Verzeletti.
25:22 -Vous l'avez dit, de toute manière,
25:24 ça va être un projet de loi
25:27 qui remet en vigueur, donc, une politique d'austérité.
25:32 Si, si, le projet de loi des finances,
25:34 ça sera moins de budget,
25:37 notamment pour tous les secteurs du social.
25:41 Donc, c'est bien ces professionnels du social
25:43 qui devraient être beaucoup plus en nombre, justement,
25:47 pour accompagner ces personnes-là.
25:49 Vous l'avez dit, en plus,
25:51 certaines personnes au RSA sont très bien accompagnées,
25:54 elles ont besoin d'un accompagnement.
25:56 Ces personnes-là, si vous les obligez demain à travailler,
25:59 sinon, elles perdront le bénéfice de ce RSA,
26:02 elles ne seront plus accompagnées,
26:04 elles seront obligées de travailler dans des secteurs
26:07 très difficiles, parce qu'on voit bien l'objectif.
26:10 -C'est l'objectif. Moi, je pense que la philosophie,
26:13 en tout cas, de cette réforme, elle est très nauséabonde,
26:16 parce que ça veut dire, d'une part,
26:18 que les personnes qui seraient au RSA,
26:20 ce sont des personnes qui ne veulent pas travailler,
26:23 et on va les mettre au travail,
26:25 parce que ça suffit de donner de l'argent à des gens
26:28 qui ne veulent pas travailler.
26:30 -C'est pas exactement ce qu'a dit Marc Ferrati.
26:32 -C'est souvent cassé par le milieu du travail.
26:35 C'est pour ça qu'ils ne peuvent plus travailler.
26:38 Personne dans la majorité présidentielle,
26:40 personne au gouvernement ne considère,
26:42 et je reprends le terme qui a été utilisé par Jérôme Gage,
26:46 que je trouve assez blessant,
26:47 les gens qui sont au RSA comme des feignants.
26:50 Personne. -Si on les oblige,
26:52 ils iront travailler. -Ca, c'est votre interprétation.
26:55 -C'est une bataille de mots,
26:56 mais derrière, il y a des choses très concrètes.
26:59 -Jérôme Gage... -J'ai lu...
27:01 -Les gens qui sont inemployables,
27:03 hormis ceux qui ont des problèmes trop lourds.
27:06 -Vous citiez tout à l'heure Thibault Gulli,
27:08 le commissaire à l'emploi.
27:10 Il estime le coût de cette mesure à l'échelle nationale
27:13 entre 2,3 à 2,7 milliards d'euros. Ca vaut le coup ?
27:16 -Sauf que nous, on a fait un chiffrage
27:18 et que si on veut vraiment atteindre
27:20 les objectifs identifiés,
27:22 on est plus proche de 10 milliards d'euros.
27:24 Vraiment. Il faut avoir un service public d'accompagnement.
27:27 Je vous invite à lire une étude publiée
27:30 par mon ami Arthur Delaporte à la Fondation Jean Jaurès.
27:33 On est plus proche en montée en régime
27:35 de ce chiffre-là.
27:36 Deuxième chose, j'en profite,
27:38 puisque vous dites qu'on atteindra des taux améliorés
27:41 dans 3, 4, 5 ans. Est-ce qu'au moins,
27:43 dans l'intervalle, on n'applique pas les sanctions ?
27:46 Il risque de ne pas y avoir d'accompagnement
27:48 à hauteur suffisante et par contre, des sanctions...
27:51 -Non. -Si on s'y prépare...
27:53 -On peut dire un mot sur les sanctions.
27:55 -Je termine sur un point, le plus important.
27:58 Le vrai problème du RSA, c'est quoi, aujourd'hui ?
28:01 C'est le non-recours.
28:02 Il y a 30 % des Français qui auraient droit au RSA.
28:05 Pour des raisons compliquées...
28:07 -Avec la solidarité à la source, ça change pas ?
28:09 -Pour l'instant, j'attends de voir la solidarité à la source.
28:13 -C'est dans les caisses. -C'est dans les tiroirs.
28:15 Par contre, je vois, toute la semaine dernière,
28:18 avec les amendements, que ce sont des procédures
28:21 dématérialisées. -Vous avez des doutes.
28:23 -Il faut passer par une connexion Internet
28:26 pour pouvoir remplir les demandes,
28:28 alors qu'on est face à des publics qui, pour partie,
28:31 habitent dans des zones blanches,
28:33 soit ils sont touchés par ce qu'on appelle l'électronisme...
28:36 -Il y a plus que 2 millions de personnes
28:39 qui devraient toucher le RSA. -C'est la Cour des comptes.
28:42 -Je voudrais qu'on garde du temps pour votre rapport.
28:45 Marc Ferracci, un mot d'explication sur les sanctions ?
28:48 Sur les sanctions, qu'est-ce qui existe ?
28:50 -Qu'est-ce qui existe, aujourd'hui ?
28:52 Quand vous ne respectez pas vos engagements
28:55 et que vous avez signé ce contrat d'engagement,
28:57 dont on parlait, en tant que bénéficiaire du RSA,
29:00 vous pouvez avoir votre allocation supprimée.
29:03 Mais quand vous venez dans une logique de parcours
29:06 et que vous respectez vos engagements,
29:08 vous ne récupérez pas le RSA. C'est très dur.
29:10 C'est extrêmement dur, parce que 607 euros, c'est pas beaucoup,
29:14 mais si on vous la supprime, c'est extrêmement violent.
29:17 J'assume ce terme-là.
29:18 Ce que l'on introduit dans ce texte,
29:20 c'est une autre sanction, plus modérée, plus graduelle,
29:24 qu'on appelle la sanction suspension,
29:26 qui consiste à suspendre l'allocation,
29:28 mais à permettre aux personnes qui, ensuite,
29:31 après quelques semaines ou quelques mois,
29:33 satisfont de nouveau leurs obligations,
29:35 de récupérer une partie du RSA.
29:38 Ca, c'est un élément qui doit permettre
29:40 d'être plus incitatif et de remobiliser les personnes,
29:43 de les inciter à rentrer dans les 15-20 heures d'actif.
29:46 -On pourra rétroactivement récupérer son manque à gagner de RSA.
29:50 -Ce que fait ce texte en matière de sanctions...
29:53 -C'est quelle proportion de sanctions ?
29:55 -Ce qu'on fait... -Il existe depuis 10 ans,
29:58 depuis 2000... -Justement.
29:59 -Il n'y a que 2 % de sanctions. -Pourquoi il y en a si peu ?
30:02 -Il n'y a que 2 % de sanctions.
30:04 -C'est parce que ces sanctions sont extrêmement dures,
30:07 pour les raisons que je viens d'indiquer,
30:10 et je comprends les travailleurs sociaux...
30:12 -Il y a beaucoup de questions en suspens.
30:14 Le débat commence dans l'hémicycle.
30:16 On va le suivre, évidemment, sur LCP,
30:19 et dès qu'on aura des réponses, on essaiera de les expliquer.
30:22 Il en reste peu de temps. Je voulais qu'on dise un mot.
30:25 Vous allez voir, c'est possible de mettre d'accord
30:28 avec un sujet qu'a priori tout oppose.
30:30 Justement, on s'interrogeait sur l'objectif du gouvernement
30:34 avec cette mesure, c'est le plein emploi,
30:36 atteindre donc les 5 % de chômage.
30:38 Aujourd'hui, on est à un peu plus de 7, d'ici 2027,
30:41 et pour cela, il faut prendre des mesures efficaces.
30:44 A vous lire, messieurs les députés, ce n'est pas toujours le cas,
30:48 puisque votre rapport montre que les baisses de charges
30:51 pour les hauts salaires n'ont pas permis d'embaucher.
30:54 Explication avec Baptiste Garguichartier.
30:56 Il vous reste une poignée de secondes pour expliquer tout ça.
31:00 Regardez.
31:01 -Première question.
31:06 Qui est concerné ?
31:08 Les entreprises qui rémunèrent les salariés
31:11 entre 2,5 et 3,5 SMIC,
31:13 car plus le salaire est élevé, moins l'exonération semble efficace.
31:18 Autrement dit, alléger le coût du travail
31:20 sur les plus hauts salaires
31:22 ne permet pas de soutenir efficacement l'emploi
31:25 ni la compétitivité des entreprises.
31:28 Alors, quel serait l'objectif d'une telle mesure ?
31:31 A l'heure où l'exécutif se dit en quête d'économies budgétaires,
31:36 la suppression de cette exonération
31:39 rapporterait près d'1,5 milliard d'euros à l'Etat,
31:42 selon le dernier rapport.
31:43 Une mesure mise en place sous le quinquennat de François Hollande
31:47 pour soutenir la compétitivité et l'emploi,
31:50 un échec, dit que cite ces deux parlementaires,
31:52 qui plaident pour sa suppression,
31:54 malgré l'avis contraire de la majorité.
31:56 -Nous sommes l'un des pays champions
31:58 des prélèvements obligatoires.
32:00 Après tous les efforts qu'Emmanuel Macron a consentis
32:03 pour réduire la voilure, nous devons poursuivre
32:06 cette politique de baisse des prélèvements obligatoires.
32:09 -Mais si les exonérations sont supprimées,
32:12 quelles seraient les compensations ?
32:14 La suppression du dispositif est l'objet d'une ligne de grète.
32:17 Chaque élu joue sa propre partition.
32:19 Marc Ferracci propose une baisse des prélèvements
32:22 sur les entreprises en renforçant les exonérations
32:25 sur les bas salaires, mesure décriée par Jérôme Gage,
32:28 plus enclin à conditionner les allègements,
32:31 à des contreparties sociales ou environnementales
32:34 de la part des entreprises.
32:35 Pour l'heure nulle, c'est encore si cette offensive
32:38 parlementaire sera prise en compte par la majorité.
32:41 Les débats ne sont pas renvoyés au calende grec,
32:44 ils auront bien lieu dès le mois prochain.
32:46 -T'en vois 100.
32:47 -Marc Ferracci, on est certains, aujourd'hui,
32:50 que ces dispositifs de baisse de charges patronales
32:53 n'ont pas créé un seul emploi ?
32:55 -Non, il y a un faisceau d'indices très probant,
32:58 très convergent, avec beaucoup d'études,
33:00 qui disent la même chose, à savoir qu'à ces niveaux de salaire,
33:04 alléger le coût du travail est moins efficace
33:06 et quasi inefficace en matière de création d'emplois
33:09 que lorsque vous baissez le coût du travail autour du SMIC.
33:12 On en est d'accord, je crois, avec Jérôme Gage.
33:15 Et effectivement, si on devait supprimer
33:17 ce milliard et demi d'exonération sur les hauts salaires,
33:20 eh bien, moi, je suis partisan,
33:22 non pas de l'utiliser à notre faim en termes de dépenses,
33:27 mais de baisser de manière plus efficace
33:30 la fiscalité ou les charges sur les entreprises.
33:33 Vous avez parlé des charges sociales sur les bas salaires,
33:36 mais je serais ouvert à ce qu'on aille plus vite et plus loin
33:39 sur la baisse des impôts de production.
33:41 -On ne remet pas en cause la politique de l'offre,
33:44 la baisse du coût du travail.
33:45 Les gens de la règle, y compris dans la majorité,
33:48 sont un peu sceptiques, mais je veux poser la question
33:51 de l'efficacité de la dépense publique.
33:53 Aller vers le plein emploi, c'est s'assurer
33:55 que chaque euro dépensé pour l'emploi est efficace.
33:58 -D'abord, bonne nouvelle, on a été capables d'être d'accord
34:01 au moins sur cette proposition sur le milliard et demi.
34:04 Mais derrière ça, c'est une question...
34:07 On a beaucoup entendu parler de pognon de dingue.
34:09 Il y a 80 milliards d'euros d'exonération de cotisations sociales.
34:13 On a parlé de ça dans les dix dernières années.
34:16 Or, on les évalue très peu.
34:17 Nous, on a fait un sort à une partie d'entre elles.
34:20 Je souhaite qu'on se pose la question, pas de la totalité,
34:23 il y en a certaines qui sont efficaces,
34:26 mais il y a probablement, et les économistes
34:28 qu'on a auditionnés, 25 milliards sur ces 80 milliards d'euros
34:32 dont on ne sait pas si c'est efficace.
34:34 -Vous le disiez quand vous frondiez
34:36 vos partis socialistes. -C'était il y a dix ans.
34:39 J'avais des doutes sur le CICE et sur son impact,
34:42 sur la création de l'emploi et même sur la compétitivité.
34:45 Toutes les entreprises ne sont pas soumises à la concurrence.
34:48 La bonne nouvelle, c'est qu'on a mis un pied dans la porte
34:51 avec Marc Ferracci.
34:52 -Avec quel espoir d'aboutir ? -On va voir.
34:55 Je vais déposer un amendement, Marc aussi,
34:57 et on va essayer de prendre par la tête,
35:00 nos collègues, en leur disant,
35:01 au moment où la ressource publique est rare,
35:04 dans le budget de la Sécurité sociale,
35:06 ça peut être alloué à d'autres priorités.
35:09 -Vous me pressez dans les lauréats.
35:11 -Le débat sur le RSA. On fait des contreparties.
35:14 Un chef d'entreprise remplit une fois par an
35:16 un dossier de deux pages pour avoir les exonérations,
35:19 alors qu'un allocataire du RSA, c'est quatre fois par an
35:22 et doit justifier ses revenus.
35:24 Si on pouvait traiter avec la même exigence
35:26 les chefs d'entreprise,
35:28 je pense que ce serait une preuve d'égalité.
35:30 -D'un mot sur ce rapport ?
35:32 -Nous sommes favorables à la suppression
35:34 de toutes les exonérations des cotisations sociales.
35:37 C'est cadeau pour le patronat, au détriment des salariés,
35:40 puisqu'après, aux salariés, qu'est-ce qu'on dit ?
35:43 Réforme des retraites,
35:45 les caisses de Sécurité sociale sont vidées.
35:47 -Vous allez devoir travailler. -C'est toujours ça de pris.
35:50 Vous disiez que ça ne crée pas d'emplois.
35:53 -C'est intéressant. Je partage le constat.
35:55 En revanche, la réallocation, peut-être un peu de production,
35:58 si on pouvait aller plus vite, ce serait pas mal,
36:01 mais surtout pour tous les salaires autour du SMIC,
36:04 il y a une moyenne de surcoût des charges patronales
36:07 pour les PME qui fait qu'ils n'augmentent pas les gens.
36:10 Il y a un vrai travail à faire pour redescendre
36:13 autour des impérils du SMIC, mais je comprends.
36:15 Après, c'est pas une affaire de cadeau ou pas au patronat,
36:18 c'est pas la question.
36:20 Je pense qu'effectivement, ce type d'aide
36:22 ne motive pas ou n'influence pas notre capacité
36:25 de recruter ce type de profil.
36:26 En revanche, l'écart brut net et le fait qu'il y ait un effet de seuil
36:30 sur le SMIC jouent défavorablement
36:32 sur les augmentations de la France.
36:34 -On voulait parler de ce rapport,
36:36 parce qu'une fois n'est pas coutume,
36:38 deux députés que la famille politique oppose
36:41 sont d'accord, on verra.
36:43 Même les DRH sont d'accord, et même la CGT.
36:45 -Les syndicats qu'on a auditionnés sont d'accord.
36:48 -C'est dire. Voilà.
36:49 Rendez-vous au projet de loi de finances.
36:52 Vous restez avec moi. Merci à vous d'être venu débattre
36:55 sur LCP pour votre expertise sur le fond des sujets.
36:58 Pascal Péry, vous restez avec moi.
37:00 Les partis pris de nos affranchis.
37:02 Ce soir, Fanny Guinochet va se pencher
37:04 sur la voiture électrique à 100 euros par mois,
37:07 promise par Emmanuel Macron.
37:09 Le regard de Vincent Huges sur le retour forcé
37:12 des troupes françaises au Niger.
37:14 Et dans Bourbon Express, de quoi nous parlez-vous ?
37:16 -Du bureau de l'Assemblée, la plus haute instance.
37:19 Statu quo ou nouveau vote ? Je garde le suspense.
37:22 -A tout de suite, les amis.
37:24 Mais d'abord, connaissez-vous la génération Farniente ?
37:29 Pascal Péry, c'est l'objet de votre livre
37:31 aux éditions de l'Archipel.
37:33 Une allergie au travail qui gagnerait la jeunesse
37:36 et même au-delà et qui menacerait notre modèle social
37:39 à prendre très au sérieux, selon vous.
37:41 On voit cela dans l'invitation de Baptiste Gargui-Chartier.
37:44 On en parle avec vous juste après.
37:47 -Si on vous invite, Pascal Péry,
37:51 c'est pour le coup de gueule que vous poussez contre la paresse.
37:54 Illustration dans votre dernier ouvrage,
37:57 "Génération Farniente".
37:59 Un essai polémique qui aborde le désamour du travail
38:02 de toute une génération.
38:03 Vous y apportez un point de vue économique, historique et social.
38:07 -Il faut dire aux Français qui choisissent plutôt l'assistanat,
38:10 plutôt l'assurance sociale,
38:13 telle qu'elle est aujourd'hui distribuée en France,
38:16 on va leur dire, vous devez désormais préférer le travail.
38:19 Ca, ce serait une vraie révolution.
38:21 -Pascal Péry, vous êtes journaliste,
38:24 écrivain et chef d'entreprise.
38:27 Votre ouvrage le plus marquant,
38:29 sans doute celui sur le pouvoir d'achat,
38:31 mais dans votre dernier essai,
38:33 vous proposez une réforme du système économique.
38:37 -Si on veut conserver le modèle qui est le nôtre,
38:39 il faudra travailler plus en quantité, en qualité.
38:42 Retenez une idée simple,
38:44 le travail, c'est le seul capital de ceux qui n'ont pas de capital.
38:48 Il faut donc le préserver.
38:50 -Dans votre ligne de mire,
38:52 travaillez plus pour une société solidaire.
38:55 Votre thèse s'appuie sur des statistiques.
38:57 Vous comparez la France à ses voisins,
39:00 comme l'Italie, l'Allemagne ou encore les pays nordiques.
39:03 Puis, vous revenez sur des faits marquants
39:06 qui ont façonné notre rapport au travail.
39:08 D'abord, mai 68,
39:10 la crise sanitaire
39:12 ou encore la réforme des retraites.
39:15 Votre récit prend ensuite une dimension plus politique.
39:21 Lorsque vous critiquez la gauche actuelle
39:23 et sa position relative au travail,
39:25 discours que vous jugez irresponsables.
39:28 -Il faut travailler moins
39:31 pour travailler douce et mieux.
39:34 -Où est-ce qu'on en est ?
39:35 Où est l'endroit à la paresse ? Où est l'endroit à la retraite ?
39:39 -La gauche d'aujourd'hui milite, dans certains cas,
39:42 pour la disparition du travail, dites-vous.
39:45 Pascal Péry, vous dites que la France est confrontée
39:48 à un vaste mouvement d'allergies au travail.
39:50 Alors, une question,
39:52 comment guérir cette allergie ?
39:54 -Hm, hm, hm. -Réponse.
39:56 -C'est une bonne question. D'abord, la formation,
39:59 la question de la formation qu'on a évoquée.
40:02 Beaucoup de gens sont hors du travail
40:04 parce qu'ils n'ont pas la bonne formation.
40:06 Beaucoup de gens ont de mauvais revenus,
40:08 des revenus insuffisants, parce qu'ils n'ont pas de formation.
40:12 Je crois que tout commence à l'école.
40:14 Au fond, l'emploi, c'est l'étage supérieur de l'étage éducation.
40:18 -Vous êtes sévère avec notre système éducatif.
40:20 Vous parlez d'école, du travail, mâché.
40:22 -Oui, et je pense que le goût de l'effort
40:25 ne s'apprend plus. Il y a des responsabilités partagées.
40:28 Je rencontre des professeurs un peu désespérés,
40:31 des parents qui se comportent un peu comme des consommateurs.
40:34 Quand j'étais jeune,
40:35 quand l'instituteur notait une mauvaise remarque
40:40 sur le carnet de notes,
40:41 mes parents m'en parlaient pour me dire
40:43 que c'est lui qui a raison.
40:45 Aujourd'hui, quand ça se produit de la même façon,
40:48 on n'a pas le droit de l'engueuler.
40:50 C'est inacceptable.
40:51 Il faut respecter le savoir, les connaissances.
40:54 Et puis, c'est vrai qu'il y a un fonds général dans la société.
40:58 Peut-être que la société du XXe siècle
41:00 a été structurée autour du travail,
41:02 que le temps de loisir, le temps de famille
41:05 s'articulait d'abord autour du temps professionnel.
41:08 Il y a une génération de jeunes qui faut écouter,
41:10 avec des compétences, des appétences différentes,
41:13 qui considèrent que le cocon familial,
41:16 la vie personnelle, c'est le centre de la vie
41:18 et qu'au fond, le travail est un élément satellite.
41:21 -Mais vous pensez vraiment ça ? -Ah oui.
41:23 -C'est générationnel ? -Non.
41:25 -Uniquement parce que c'est une chose
41:27 de ne pas vouloir travailler plus longtemps,
41:30 et ça, le rejet était massif dans la réforme des retraites.
41:33 Aucune réforme des retraites n'est populaire.
41:36 Mais c'est une autre de considérer qu'on veut vite aller se reposer,
41:40 on veut vite en finir et que le travail rend malheureux.
41:43 C'est notre cas, en France ?
41:45 -Je crois pas que le travail rende malheureux,
41:47 c'est un discours politique, mais je constate qu'il y a
41:50 une génération Netflix Deliveroo,
41:52 qui a élu le canapé comme le centre du monde
41:55 et qui est extrêmement passive.
41:57 En quelques minutes, c'est compliqué d'en parler.
41:59 Il y a l'école, il y a l'irruption du digital dans la vie,
42:03 qui fabrique plutôt des individus passifs
42:05 que des individus actifs.
42:07 Il y a un fond de l'air politique.
42:09 On a entendu Jean-Luc Mélenchon
42:11 qui nous dit qu'il faut travailler moins,
42:13 qu'il faut travailler tous, mais on a l'expérience
42:16 des 35 heures, le chômage a massivement augmenté en France,
42:19 il suffit de constater que les statistiques le disent,
42:22 pour le croire, le chômage a massivement augmenté
42:26 après la réforme des 35 heures.
42:28 La réduction du temps de travail... -Il diminue, aujourd'hui.
42:31 -Absolument, la réduction du temps de travail
42:34 n'a pas créé d'emplois en France.
42:36 Je crois qu'il faut travailler sur les qualifications
42:39 et ne pas oublier un principe fondamental
42:41 qui est le coeur de ma réflexion.
42:43 La France a fait un choix historique,
42:45 qui est de faire financer son modèle social par le travail.
42:49 -Par les actifs. -Par les actifs.
42:51 C'est la quantité de travail dans la société
42:54 et la qualité du travail, donc la productivité,
42:57 qui finance le modèle social qui est le nôtre.
43:00 -Moins d'actifs, moins de services.
43:02 -Si nous avions le taux d'emploi des Allemands
43:05 ou celui des Danois, nous aurions, en France,
43:08 et ça réglerait une partie des problèmes
43:10 que j'évoquais tout à l'heure,
43:12 100 milliards d'euros de recettes publiques supplémentaires.
43:16 Vous vous rendez compte ?
43:17 Si tout le monde se met à travailler,
43:19 si la quantité de travail est suffisante,
43:22 une grande partie de nos problèmes, y compris budgétaires,
43:25 sont réglés. -C'est intéressant.
43:27 Vous dites que c'est culturel, qu'on aurait presque perdu
43:30 le sens de l'intérêt collectif, de l'intérêt commun.
43:33 -Oui, mais... -Si travailler plus
43:35 nous permettrait véritablement de beaucoup mieux vivre,
43:39 il y a quelque chose qui est fondamentalement
43:42 individualiste et retranché sur soi, chez nous.
43:45 -C'est vrai. Tout ça traduit une société d'égoïste.
43:48 Bien sûr, le sens de la solidarité, c'est un petit peu perdu.
43:52 Heureusement, d'ailleurs, qu'il y a encore
43:54 une vraie sécurité sociale, des institutions sociales en France,
43:58 parce que c'est ce qui permet de verser les retraites,
44:01 de soigner les gens dans de bonnes conditions,
44:03 d'amender les politiques de l'enfance.
44:06 -Les enfants sont attachés. -Le reportage, le petit résumé,
44:09 était très bien, parce que moi, je pense que le fait générateur,
44:14 c'est l'échec de la réindustrialisation du pays.
44:18 C'est le milieu des années 80.
44:19 Il y a deux écoles au Parti socialiste,
44:22 le Parti socialiste qui gouverne,
44:24 François Mitterrand est président,
44:26 il y a l'école Edith Cresson qui dit que la désindustrialisation
44:29 n'est pas une fatalité, il faut réinvestir.
44:32 -On garde les cerveaux, mais on délocalise les bras.
44:35 -On garde le parti, mais on conserve de l'industrie en France.
44:38 Et puis, l'autre école qui l'emportera,
44:40 celle de Martine Aubry, qui dit, après tout,
44:43 les pertes industrielles, c'est le produit de la mondialisation,
44:47 on va imaginer une économie de service,
44:50 du temps libre, etc.
44:52 Ca nous a menés dans le mur, ça, car les Allemands,
44:55 nos voisins, ont choisi d'investir massivement,
44:57 non pas dans la retraite à 52 ans, ce qu'on a fait,
45:00 dans la sidérurgie, dans le textile,
45:03 dans la modernisation de l'outil de travail,
45:05 c'est une des raisons pour lesquelles l'Allemagne reste
45:08 un pays industriel, on s'est désindustrialisés
45:11 et on a fini par considérer qu'il était normal
45:13 de ne plus travailler à 52 ans.
45:15 Comment voulez-vous que dans une société,
45:18 les gens aient envie de travailler quand on leur envoie des signaux ?
45:22 -Vous êtes très dur avec la gauche, en particulier,
45:25 vous parliez du fond de l'air. -Oui, la droite a beaucoup mieux.
45:28 -Les slogans contre la réforme des retraites
45:31 ont changé, on a retrouvé quelques-uns,
45:33 "Métro, boulot, tombeau", "La retraite, on s'en fout,
45:36 "on veut pas bosser du tout", "Boss, consomme, crève",
45:40 "Droit à la paresse", on en voit quelques-uns.
45:42 Pour vous, la gauche radicale, aujourd'hui,
45:46 est la première responsable.
45:48 On entendait Sandrine Rousseau.
45:50 Est-ce que vous ne lui donnez pas trop d'importance ?
45:53 -Je crois pas. -Dans l'opinion,
45:54 elle a qualifié de dangereuse.
45:56 -Je crois qu'elle a un impact culturel fort.
45:59 Les changements d'opinion, la production de l'opinion,
46:02 ça répond souvent à des logiques minoritaires.
46:05 Il faut 5 % de gens très convaincus pour faire une révolution.
46:08 Les autres suivent, en général.
46:10 Non, je crois qu'on a une gauche, aujourd'hui,
46:13 qui, sur la base d'un rapport de Terra Nova,
46:15 au début des années 2010, disait que la classe ouvrière
46:19 est perdue, la classe ouvrière a été pervertie par le capital,
46:22 les nouveaux révolutionnaires sont dans les cités,
46:25 dans les banlieues, c'est les luttes intersectionnelles.
46:29 C'est un rapport qui dit, comme Sandrine Rousseau,
46:32 je n'ai pas inventé une bonne sieste pour remplacer le capitalisme,
46:35 ou qui dit, oui, ni loi, ni travail.
46:37 Au moment de la loi El Khomri, ni loi, ni travail.
46:40 Donc, ça, ça a un impact, évidemment.
46:43 Et comme en France, on a une politique
46:45 extrêmement généreuse, comme on sort d'une période
46:48 d'argent magique, ça alimente cette idée
46:50 qu'au fond, le non-travail est possible,
46:53 qu'on a totalement décorrélé le principe du travail
46:56 et le principe des revenus du travail.
46:58 -Vous reprenez la formule de Sylvain Tesson,
47:01 qui dit que la France est un paradis
47:03 peuplé de gens qui se croient en enfer.
47:06 Cette idée que la France est un enfer social,
47:08 vous avez vraiment le sentiment qu'elle est majoritaire
47:12 dans le pays ? -Ecoutez, madame Verzellity,
47:14 tout à l'heure, on veut faire la poche des pauvres.
47:17 -La CFDT est le syndicat majoritaire, pas la CGT.
47:20 -Parfait. Mais est-ce que c'est ce qu'on entend ?
47:23 On vit dans une société d'opinion,
47:25 c'est pas vous qui me direz le contraire.
47:27 L'opinion est déterminante,
47:29 elle produit une espèce de récit collectif,
47:31 mais la voix de la majorité n'est pas entendue.
47:34 Elle est très peu entendue. On entend beaucoup
47:36 des voix rétractaires. -Elles s'expriment
47:39 dans les urnes. -Heureusement.
47:40 Mais là, on ne parle pas d'élection,
47:42 on parle du fond idéologique dans la société.
47:46 En effet, il y a une surreprésentation
47:48 de cette parole qui remet en cause les grands équilibres,
47:51 qui oublie de rappeler que le travail produit
47:54 la protection sociale, qui voudrait
47:56 désigner une partie du pays
48:01 comme le principal responsable des malheurs collectifs,
48:05 les riches, de façon générale...
48:07 -Une raison d'espérer, quand même.
48:09 Pour terminer, Pascal Péry. -Ecoutez...
48:11 -Et de faire en sorte qu'on retrouve ce goût
48:14 de l'effort et du travail pour le bien commun de tous.
48:17 -On vit dans un pays formidable.
48:19 On est assuré,
48:21 l'assurance sociale, de la naissance à la mort.
48:24 L'Etat et les organismes sociaux couvrent les aléas de la vie.
48:28 Ca, il faut le protéger.
48:30 Et la meilleure façon de le protéger,
48:33 c'est de travailler. -Allez, tous au boulot !
48:36 Contre la génération Farniante,
48:38 c'est-à-dire aux éditions de l'Archipel.
48:40 Vous restez avec moi, Pascal Péry.
48:42 C'est l'heure des parties prises de nos affranchis.
48:45 Ils vont vous faire réagir. On les accueille.
48:48 Fanny Guinochet, de France Info, pour l'économie.
48:51 L'international, avec le grand reporter Vincent Huges.
48:54 Bienvenue à vous. Ravie de vous retrouver.
48:56 On commence, vous le savez, par Bourbon Express,
48:59 comme chaque soir. L'histoire du jour,
49:01 à l'Assemblée nationale, nous est racontée par Elsa Mondingava.
49:05 -Bonsoir. Cette histoire, je vais commencer par la fin.
49:08 Tout ça pour ça. Ca fait pas envie,
49:10 mais je vous promets, c'est intéressant.
49:12 L'acteur principal de cette histoire,
49:14 c'est le bureau de l'Assemblée.
49:16 Le bureau, c'est la plus haute instance.
49:19 Ici, c'est celle qui prend toutes les décisions importantes.
49:22 De 22 membres, regardez la présidente de l'Assemblée,
49:25 six vice-présidents, trois casters, 12 secrétaires.
49:28 Ce bureau a été élu il y a un an.
49:30 Il est reconduit quasi automatiquement,
49:32 normalement, sauf que ça ne vous a pas échappé,
49:35 on n'est pas dans une Assemblée normale.
49:37 On s'attendait à quelques péripéties.
49:39 -Ce sont les écologistes qui ont voulu remettre en cause
49:43 la composition de cette instance si stratégique.
49:45 -Exactement, à cause des vice-présidents.
49:48 Pas de tous les vice-présidents.
49:50 On en parle de la porte de vice-président RN.
49:52 Pour les écologistes, il fallait provoquer un nouveau vote.
49:56 Ils n'acceptent pas que des postes clés
49:58 puissent appartenir au parti de Marine Le Pen.
50:01 Dans la majorité, certains avaient voté pour ses vice-présidents,
50:04 mais avaient fait état de certains remords,
50:07 avaient qualifié d'erreur ce choix fait il y a un an.
50:10 -Pourtant, ce sont ces mêmes écologistes
50:12 qui, alors que cette réunion s'est tenue il y a quelques heures,
50:16 n'ont pas demandé de renouvellement de ce bureau.
50:19 On parle de l'unanimité des groupes.
50:21 Ce que l'on savait déjà, c'est que les groupes de la majorité
50:24 poussaient pour ce statu quo.
50:26 La présidente de l'Assemblée s'était exprimée en ce sens.
50:29 Elisabeth Borne, présente à la réunion intergroupe,
50:32 avait redit qu'on ne peut pas exclure les extrêmes
50:35 de nos institutions.
50:36 Les écologistes n'ont pas demandé de nouveau vote
50:39 au grand désarroi de leur présidente.
50:41 -On a pu que prendre acte,
50:43 que constater que les mêmes votes donnaient les mêmes résultats.
50:46 Donc, reconduire à un vote, ça serait, finalement,
50:49 commencer un vote dont on connaît déjà l'issue.
50:52 On a pu que prendre acte de ce refus
50:54 de la majorité et de revenir sur ce que nous considérons
50:57 une faute originelle, c'est-à-dire d'avoir porté leur voix
51:00 sur des vice-présidents du RN.
51:02 -La vérité est un peu plus compliquée.
51:04 Les écologistes avaient organisé une consultation en interne
51:08 et la majorité des députés étaient pour le statu quo,
51:11 non pas qu'ils se satisfassent de la présence de vice-présidents RN,
51:15 mais parce qu'ils se sont rendus compte
51:17 qu'ils y avaient trop de risques, trop à perdre,
51:20 la nuppes avait trop à perdre,
51:21 et ouvrir la boîte de Pandeur sur des nouveaux votes,
51:24 c'était risquer de se retrouver encore moins bien servi.
51:27 Voilà pourquoi le 2 octobre, ce même bureau sera reconduit.
51:31 -Merci pour toutes ces informations coulisses
51:33 de la vie du Palais Bourbon-Express.
51:35 C'est tous les soirs, vous le savez, dans cette émission.
51:39 Fanny, on va revenir sur une promesse présidentielle,
51:42 la voiture à 100 euros, la voiture électrique,
51:45 bien sûr, à 100 euros par mois,
51:46 c'est le fameux leasing d'Emmanuel Macron.
51:49 Comment ça va marcher, exactement ?
51:51 -Alors, sur le papier, c'est assez simple,
51:53 c'est ce que dit Emmanuel Macron.
51:55 L'idée, c'est donc d'avoir une voiture électrique,
51:58 moins polluante, pour 100 euros par mois.
52:01 Ca n'est pas une prime, mais vous pourrez bénéficier
52:04 de cette voiture électrique sans avoir un apport
52:07 à mettre au départ.
52:09 Et normalement, eh bien, c'est une promesse présidentielle
52:14 qui date déjà de quelques mois,
52:16 mais qui devrait voir le jour prochainement,
52:18 c'est ce qu'a dit Emmanuel Macron,
52:20 parce qu'on en sait un peu plus sur l'agenda.
52:23 On va pouvoir faire les premières réservations
52:26 dès le mois de novembre pour des premières livraisons
52:29 en début d'année.
52:30 Attention, cette voiture électrique ne s'adressera
52:33 qu'aux ménages les moins fortunés, les plus modestes.
52:36 L'idée, c'est de les aider, de les accompagner
52:38 dans la transition écologique.
52:40 On ne sait pas, en revanche, sur quels critères
52:43 qui sera riche considéré, pas riche, etc.
52:46 -A quels seront les seuils ?
52:47 -On ne sait pas non plus encore
52:49 quels véhicules entreront dans le dispositif,
52:52 si c'est une mini-berline, une voiture familiale.
52:55 C'est le flou.
52:56 -En attendant de connaître les modèles
52:58 et les niveaux de revenus concernés,
53:00 on sait que ce seront des voitures "made in France"
53:03 ou fabriquées en Europe.
53:05 -La volonté d'Emmanuel Macron, c'est de ne pas subventionner
53:08 des voitures chinoises, asiatiques,
53:10 parce que quand vous faites un leasing à 100 euros,
53:13 c'est beaucoup plus cher.
53:15 L'Etat va la prendre en charge, c'est une forme de subvention.
53:18 Pas question de subventionner des voitures chinoises.
53:21 Ce sont surtout celles-ci qui sont visées,
53:24 parce qu'on sait que les Chinois sont extrêmement offensifs
53:27 sur la voiture électrique.
53:28 -C'est une bonne nouvelle pour le climat.
53:31 -C'est une bonne nouvelle.
53:32 L'idée, sur le papier, est séduisante.
53:35 On se dit que c'est une bonne idée,
53:37 sauf qu'il faut voir la réalisation.
53:39 Pour l'instant, ça reste encore très flou.
53:42 Il faut voir comment cette mesure va se concrétiser.
53:47 Surtout qu'évidemment, il y a l'achat de la voiture,
53:50 la location de la voiture,
53:51 mais il faudra aussi payer l'électricité.
53:54 Bref, ça fait beaucoup d'inconnus.
53:57 Est-ce que les ménages concernés,
53:59 est-ce qu'il y en aura beaucoup, déjà,
54:01 vont se convertir à la voiture électrique en location ?
54:05 C'est pas sûr.
54:06 Autant vous dire que cette promesse risque d'être déceptive.
54:10 -Vous y croyez, d'un mot ? Pascal Péry ?
54:13 -Je suis pas convaincu par la voiture électrique, d'une part.
54:16 -En général ? -De façon générale.
54:18 -Ah, d'accord. -Je voudrais un bilan complet.
54:21 -Vous pensez que ça pollue ?
54:23 -De l'extraction jusqu'à la disparition, le recyclage.
54:27 Mais la voiture électrique,
54:28 c'est les 5 premiers déciles du revenu,
54:31 donc c'est des gens dont le revenu est inférieur à 22 000 euros par an,
54:35 à peu près. La question que pose Fanny est la bonne.
54:38 Quelle voiture sera éligible ?
54:40 On sait que la petite Dacia, une voiture française,
54:43 est fabriquée en Chine, donc exclue.
54:45 La petite MG, ancienne marque anglaise,
54:47 reprise par les Chinois, qui était éligible à la prime à 100 euros,
54:51 est exclue. Quelle voiture
54:53 à mettre entre les mains de ses conducteurs ?
54:55 -On va attendre encore quelques jours
54:57 pour avoir ces réponses attendues.
54:59 On termine avec vous, Vincent.
55:01 C'est au détour d'une intervention à la télévision
55:04 qu'Emmanuel Macron a annoncé le retour imminent
55:07 de l'ambassadeur de France à Niamey,
55:09 et celui à la fin de l'année des 1 500 militaires français
55:12 déployés au Niger.
55:14 -Ainsi s'achève piteusement un bras de fer voué à l'échec.
55:17 Paris, invoqué à bon droit les préceptes du droit international,
55:21 soutient au président élu Mohamed Bazoum, allié loyal
55:24 délogé fin juillet par un carteron de galonnées insatiables ou amères,
55:28 refus de traiter avec une jeune par essence illégitime.
55:31 Postulat aussi noble que vain,
55:33 pour peu qu'on les mesure à l'aune du principe de réalité.
55:36 L'ambassadeur de France à Niamey,
55:38 a été pris en otage par les poutchistes nigériens.
55:41 Mais ce chef de mission chevronné, Sylvain Hité,
55:44 fut autant l'otage de l'entêtement d'Emmanuel Macron
55:47 que celui des poutchistes.
55:48 Tous mes interlocuteurs, diplomates africains,
55:51 vieux routiers du Quai d'Orsay, militaires,
55:53 vétérans du renseignement, m'ont confessé la perplexité
55:57 que leur inspirait l'obstination présidentielle,
56:00 notamment parce qu'elle perpétuait un abcès de fixation
56:03 de nature à intensifier le ressentiment antifrançais,
56:06 le souverainisme des badernes sahéliennes,
56:08 un triomphe romain à vil prix, tout ça pour ça, bis.
56:12 -Pourquoi cette obstination, comme vous dites, inutile ?
56:15 -Outre Lubrice et Liséen, deux facteurs éclairent cette impasse.
56:19 La France misait à tort sur une intervention militaire
56:22 de la CDAO, l'instance ouest-africaine,
56:24 censée rétablir Bazoum sur son trône républicain.
56:27 Ensuite, elle a sous-estimé son propre isolement,
56:30 aggravé par la posture équivoque des Etats-Unis,
56:33 enclin à l'évidence, à transiger avec la jeune.
56:35 L'ancienne puissance coloniale, rêvée d'une réduction
56:38 de voilure graduelle et ordonnée de son dispositif militaire,
56:42 baisse des effectifs, emprunte au sol à moindrie,
56:44 visibilité réduite. L'échec du combat engagé
56:47 contre le djihadisme et la cascade de coups d'Etat
56:50 survenus au Mali, au Burkina Faso, au Niger,
56:53 ont enrayé cette mécanique du désengagement voulu.
56:55 On est passé à la débâcle subie. -C'est la fin de ce dispositif.
56:59 Que va-t-il devenir ? -En 1960,
57:01 à l'orée des indépendances, on recensait 30 000 soldats français
57:05 sur le continent noir. Dans l'espace sahélien,
57:07 ils étaient environ 5 000 à l'apogée de l'opération Barkhane.
57:10 Aux termes du retrait, des 1 500 déployés au Niger,
57:13 un peu plus de 4 000 dispersés sur 5 points d'ancrage,
57:16 d'ouest en est, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Gabon,
57:20 1 000 au Tchad et 1 500 à Djibouti, balcon sur la mer Rouge.
57:23 Autant de contingents à appeler à décliner au fil des ans.
57:26 Une certitude, dans un contexte propice
57:29 à la liquidation des arriérés coloniaux,
57:31 l'hypothèse d'une fermeture définitive des bases permanentes
57:34 finit les ingérences sur la terre de nos ancêtres,
57:37 cléron les poutchistes nigériens.
57:39 Ils omettent de préciser que la terre sacrée des aïeux
57:42 est aussi gorgée du sang des villageois massacrés
57:45 par les porte-flingues du djihad.
57:47 Tous les rapports l'attestent. Au Mali, au Faso, au Niger,
57:50 les poutchistes ne font pas mieux, loin sans faux,
57:53 que leurs prédécesseurs civils, ni sur le front sécuritaire,
57:56 ni en termes de gouvernance. Tôt ou tard,
57:58 l'illusion lyrique, quasi messianique,
58:01 qu'incarne l'officier réputé intègre et patriote,
58:04 le président de la République,
58:05 le président de la République,
58:07 le président de la République,
58:09 le président de la République,
58:11 le président de la République,
58:13 le président de la République,
58:15 le président de la République,
58:16 le président de la République,
58:18 le président de la République,
58:20 le président de la République,
58:22 le président de la République,
58:24 le président de la République,
58:26 le président de la République,
58:28 le président de la République,
58:30 le président de la République,
58:32 le président de la République,
58:34 le président de la République,
58:36 le président de la République,
58:38 le président de la République,
58:40 le président de la République,
58:42 le président de la République,
58:44 le président de la République,
58:45 le président de la République,
58:47 le président de la République,
58:50 le président de la République,
58:52 le président de la République,
58:54 le président de la République,
58:56 le président de la République,
58:58 le président de la République,
59:00 le président de la République,
59:02 le président de la République,
59:04 le président de la République,
59:06 le président de la République,
59:08 le président de la République,
59:11 le président de la République,
59:13 le président de la République,
59:15 le président de la République,
59:17 le président de la République,
59:19 le président de la République,
59:22 le président de la République,
59:24 le président de la République,
59:26 le président de la République,
59:28 [Générique de fin]
59:30 [Bruit de démarrage]

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