Catherine Courage - 1992 - Episode 01

  • il y a 6 mois
DB - 29-03-2024
Transcript
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01:42 [Musique]
01:47 Ce jour là, ce premier mai 1891, je n'oublierai jamais.
01:51 Je me souviens qu'il faisait très beau, presque une journée d'été.
01:56 [Musique]
02:07 Dès 9 heures du matin, les ouvriers et les ouvrières de toutes les filatures d'alentour avaient envahi la grande place de Fourmis.
02:15 Ils venaient célébrer le premier mai, leur premier mai.
02:19 [Musique]
02:35 Oh là là, tout ce monde.
02:37 Il paraît que c'est comme ça dans tout le nord de la France.
02:40 Vous voulez dire dans toute l'Europe ? À Vienne, à Bruxelles, à Genève, partout.
02:44 La fête du travail, comme ils disent.
02:46 Veuillez retourner à votre poste, mademoiselle Catherine. Un bon fonctionnaire ne le quitte jamais.
02:51 Non, monsieur. Une bonne fonctionnaire.
02:54 Je suis une fonctionnaire, pas un. Une.
02:59 La fête du travail. Quelle idée, il ne vous manquait plus que ça.
03:03 [Musique]
03:09 Il paraît que ça vient d'Amérique.
03:11 Je vous ai dit de retourner à votre poste, mademoiselle, la fonctionnaire.
03:15 Oui, monsieur le reçonneur.
03:17 [Musique]
03:20 [Sonnerie de téléphone]
03:23 Depuis quelques mois, je travaillais à la poste de Fourmis.
03:25 J'étais téléphoniste, un métier tout nouveau à l'époque.
03:28 Ici la poste de Fourmis, j'écoute.
03:31 [Cris de la foule]
03:36 Camarades, écoutez-moi.
03:40 Camarades, aujourd'hui, 1er mai 91, est un jour de fête.
03:45 C'est notre jour de fête. A nous, les prolétaires.
03:49 [Cris de la foule]
03:50 Jour de fête, oui, mais jour de revendication.
03:53 Nous voulons les 3 8.
03:55 Premièrement, nous voulons 8 heures de travail.
03:58 [Cris de la foule]
03:59 8 heures de loisirs.
04:01 [Cris de la foule]
04:02 8 heures de sommeil.
04:04 [Cris de la foule]
04:06 Seulement, les patrons, ils ont tout essayé pour nous empêcher de manifester.
04:10 [Cris de la foule]
04:12 Alors, vous avez tous répondu par la grève.
04:15 Unité, unité, unité, unité, unité, unité, unité, unité, unité.
04:23 Et maintenant, nous allons remettre nos revendications.
04:27 [Cris de la foule]
04:29 Laissez-moi passer.
04:31 On ne passe pas, M. Coulis.
04:33 Mais laissez passer au moins les délégués salico.
04:36 [Cris de la foule]
04:40 Laissez-les passer, passez, passez.
04:42 Vous n'avez pas le droit de nous en empêcher.
04:44 [Cris de la foule]
04:46 [Cris de la foule]
04:48 [Cris de la foule]
04:53 [Sonnerie de téléphone]
04:55 Ici, la Poste de Fourmis, j'écoute.
04:56 Passez-moi la sous-préfecture, mademoiselle.
04:58 C'est toujours occupé, M. le maire.
05:00 Eh, voyons, insistez, insistez.
05:02 Je ne fais que ça, M. J'insiste.
05:04 Allô, la Poste d'Avain ?
05:08 Ah, Germaine, passe-moi le 3, s'il te plaît.
05:11 Mais enfin, puisque je te dis que c'est occupé depuis des heures.
05:14 Tous les maires de la région veulent parler avec le préfet.
05:17 Et puis, moi, j'ai que deux mains.
05:19 Et le préfet, lui, il n'a qu'un téléphone.
05:22 [Cris de la foule]
05:26 [Cris de la foule]
05:34 Ils ont arrêté des ouvriers.
05:36 Mais ces gens-là ne sont pas des ouvriers.
05:39 Ce sont des manifestants.
05:42 Retournez à votre travail.
05:44 [Cris de la foule]
05:45 Brusquement, la foule s'était tendue.
05:47 Les gens, les femmes, surtout, semblaient très excités.
05:50 Pourtant, personne ne pouvait supposer que cette belle journée de printemps allait s'achever dans le sang.
05:55 [Cris de la foule]
06:06 Les Farrakis les ont pris devant la grande filature.
06:08 Ils se battaient avec ceux qui étaient contre la grève.
06:10 [Cris de la foule]
06:36 Mon mari, pourquoi vous l'avez arrêté ?
06:40 Dites-leur que vous allez me le rendre bientôt.
06:43 C'est que t'aimerais bien l'avoir dans ton histoire, hein ?
06:45 Sûrement qu'elle fait mieux que vous autres.
06:47 En arrière ! En arrière !
06:50 Dégagez, j'ai dit !
06:52 [Cris de la foule]
07:01 [Téléphone]
07:03 Oui, j'écoute.
07:04 La mairie est libre ?
07:05 Non, la mairie n'est pas libre.
07:06 Rappelez, s'il vous plaît.
07:08 Ah, si, si, si, ils ont terminé.
07:10 Ne quittez pas, je vous le passe.
07:11 Ah, ben, c'est pas trop tôt.
07:14 Allô, monsieur le maire ?
07:15 Vous avez la préfecture ?
07:16 Non, ce n'est pas la préfecture, c'est la filature Leclerc.
07:18 Je vous ai dit que je ne voulais que le sous-préfet.
07:21 Vous entendez bien ? Personne d'autre !
07:23 Vous n'avez qu'à dire que c'est occupé, c'est tout.
07:25 Mais je n'ai pas le droit, monsieur le maire.
07:27 Si c'est libre, je dois vous le passer, moi.
07:28 Vous allez faire ce que je vous dis, oui.
07:29 Mais enfin, c'est le règlement.
07:30 J'exige que vous me passiez de sous-préfet, mademoiselle, et sur le champ.
07:34 Sinon, je me charge de vous signaler à votre direction.
07:36 Mais j'y suis pour rien, quand même.
07:38 Mademoiselle, sachez que vous commencez à m'emmerder.
07:41 Vous m'entendez ?
07:42 Vous m'emmerdez !
07:44 Eh bien, moi aussi, vous m'entendez ?
07:46 Vous m'emmerdez.
07:48 Mademoiselle Quashbur, à qui parliez-vous ?
07:51 Au maire.
07:52 Au maire de Fourmis, monsieur le receveur.
07:54 La délégation, monsieur le maire, il ne va plus attendre.
07:57 Alors, messieurs, on force l'entrée du bureau du maire ?
08:00 Approchez. Approchez donc, messieurs.
08:05 Je ne vais pas vous manger tout cru.
08:07 Monsieur le maire, ben voilà, on est venu vous voir
08:11 pour vous apporter nos dernières revendications.
08:13 Et puis, rapport à nos camarades, ils ne se sont rien fait de mal.
08:16 Et si vous les libérez, ben, tout rentrera dans l'ordre.
08:19 S'ils ne s'étaient pas battus avec les non-grévistes,
08:21 vos camarades, les gendarmes, nous ne les aurions pas...
08:23 nous ne les aurions pas coffrés, c'est leur faute.
08:25 Vous savez, ils ne se battaient pas tellement, c'est plutôt qu'ils gueulaient.
08:28 Et puis, on a peur que ça fasse du vilain, monsieur le maire.
08:30 Les autres, en vrai, ils commencent à chauffer dur, hein.
08:33 Écoutez-moi, vous vous laissez amuser par des veneurs,
08:47 des gens qui ne sont même pas d'ici,
08:49 et qui vous montrent le bourrichon,
08:51 alors que la condition de l'ouvrier s'améliore de jour en jour.
08:54 Ça, c'est pas le problème, monsieur.
08:56 Ça ne rend pas nos camarades prisonniers.
08:58 Vos camarades, ils n'avaient pas fait du mal.
09:00 Vous les libérez, monsieur le maire, et tout de suite.
09:02 Vous croyez que c'est si simple ?
09:04 Je dois d'abord parler avec le sous-préfet.
09:06 Enfin, si tout va bien, aux environs de 5 heures, peut-être.
09:10 Vous nous promettez qu'ils seront libérés à 5 heures ?
09:12 J'ai dit que... que peut-être.
09:14 Faut l'espérer.
09:15 On compte sur vous, monsieur.
09:17 Bien, tirez à ce qu'ils soient libérés, hein.
09:22 On reviendra à 5 heures.
09:24 J'ai la sous-préfecture, monsieur le maire.
09:31 Alors, passez-la moi.
09:33 Et sachez que vous ne perdez rien pour attendre.
09:36 Alors, qu'est-ce qu'il a dit, madame ?
09:39 Là, ce que le maire nous a promis.
09:40 Il a dit que nos camarades seraient tous libérés.
09:43 Attendez, il a dit pas avant 5 heures.
09:48 Un peu de patience, on ne vous demande qu'un peu de patience.
09:51 Je le répète, le maire nous a donné sa parole.
09:53 S'il ne la tient pas, il verra ce qu'il verra.
09:56 Monsieur le sous-préfet, je me permets de vous appeler car la mairie est cernée par des manifestants.
10:00 Ils sont très nerveux, j'ai peur que ça dégénère.
10:02 Il faudrait la cavalerie pour dégager tout ça.
10:04 Bien, enfin, alors, vous n'y pensez pas.
10:05 Ce que vous me demandez est absolument impossible.
10:08 Je vous fais envoyer un détachement d'infanterie dans l'après-midi.
10:13 Bravo !
10:16 Est-ce la promesse de savoir leurs camarades libérés à 5 heures ?
10:38 Ou est-ce tout simplement parce qu'il était midi et qu'ils avaient faim ?
10:42 Toujours est-il que lorsque mon travail terminait, je quittais la poste.
10:46 Et la grande place de fourmi avait retrouvé un peu de son calme habituel.
10:50 Bonjour, madame Van Pouy.
10:59 Ah, mademoiselle Catherine.
11:01 Qu'est-ce que vous dites de ce fourmi ?
11:03 Ça devrait pourtant être la fête ce 1er mai.
11:05 C'est vrai, ce n'est pas la vie qu'il faut s'annoncer.
11:08 Enfin, j'espère que ça se terminera bien.
11:11 Il est là, mon petit copain ?
11:12 Lucien, dans l'arrière-boutique, comme d'habitude.
11:14 Toujours à trafiquer après ses mécaniques.
11:17 Vous pouvez me préparer mon casse-croûte, s'il vous plaît ?
11:20 Je vous ai refait du pâté, celui que vous aimez tant.
11:22 Merci.
11:23 Bonjour, Lucien.
11:24 Mademoiselle, regardez.
11:25 Bientôt, elle va marcher à la vapeur, comme une locomotive.
11:29 Elle est belle.
11:31 Ça y est, tu l'as finie.
11:33 Oh là là, puis elle est lourde en plus.
11:37 Bravo, Lucien.
11:38 Maintenant, ils font des automobiles, comme ils disent.
11:40 Ils leur mettent des moteurs à pétrole.
11:42 Regardez, tout est écrit là-dedans.
11:44 Enfin, ils expliquent surtout le moteur d'Aimler que je vous disais l'autre jour.
11:48 Il s'agit d'un allumeur qui enflamme l'air et le pétrole qu'on a mélangé.
11:53 Et boum !
11:54 Arrête, Lucien.
11:56 Tu vois bien plus fatigue, Mademoiselle Catherine.
11:58 Non, non, non, ça m'intéresse beaucoup.
12:00 On en fera un petit ingénieur, c'est sûr.
12:02 Il faut d'abord qu'il devienne bachelier.
12:04 Il faut qu'il prenne exemple sur vous, quand j'y pense.
12:07 Une femme bachelier, on n'a jamais vu ça par ici.
12:10 Je ne le suis encore qu'à moitié.
12:12 Oh, allons, c'est comme si vous l'aviez déjà.
12:14 C'est quand le deuxième examen ?
12:16 Le deuxième bac ?
12:17 À la fin juin. J'ai plus de deux mois.
12:19 Lucien, Lucien, les soldats, ils arrivent.
12:21 Je viens, je viens, attends-moi.
12:23 J'arrive, j'arrive.
12:29 Lucien, reste là.
12:31 Attendez, ne bougez pas, je vais aller le chercher.
12:34 Avec nous, l'armée !
12:36 Lucien !
12:38 Vive l'armée !
12:40 Avec nous, l'armée !
12:42 Lucien !
12:44 Vive l'armée !
12:46 Encore un, encore un, déployez-vous autour de la place.
12:54 Ah, c'est là que tu me dis.
12:56 Avec nous, l'armée !
12:58 C'est bien qu'ils soient avec nous.
13:00 Mais c'est les soldats qui applaudissent, là.
13:02 Ben oui, c'est des gars de par ici.
13:04 Ils ne sont pas comme dans la marée chaussée, toujours prêts à taper du cendres.
13:08 Tu n'as pas vu le petit Lucien ?
13:10 Non.
13:11 Ah, je le vois.
13:13 A tout à l'heure, Maria.
13:15 Monsieur, s'il vous plaît, dites-moi, c'est bien un Lebel, votre fusil ?
13:18 Oui, mon gars.
13:20 C'est le plus beau fusil du monde.
13:22 Et on m'a dit qu'à 500 mètres, on peut transpercer la paillasse d'un Prussien. C'est vrai, ça ?
13:25 Non, de trois Prussiens.
13:27 Vous n'allez pas vous en servir, au moins, hein ?
13:29 Il y a une bonne femme, là-bas.
13:31 Celle qui est devant les staminaux.
13:33 C'est ma mère.
13:35 Vous ne voyez tout de même pas tirer sur ma mère.
13:37 Oh, non.
13:39 La presse est qu'arrive !
13:49 Il y a un Lebel !
13:52 Lebel ! Lebel !
13:54 Lebel ! Lebel !
13:57 Lebel ! Lebel !
14:00 Lebel ! Lebel !
14:03 Lebel ! Lebel ! Lebel !
14:06 Lebel ! Lebel ! Lebel !
14:09 Lebel ! Lebel ! Lebel !
14:37 Lucien, viens ! Il ne faut pas rester là !
14:39 Ah ben non, pour une fois qu'il s'y passe quelque chose, infournis !
14:41 On ne sait jamais comment ça peut tourner. Viens !
14:43 Mais c'est tous des Français, ils ne vont pas se tirer dessus entre eux, quand même !
14:47 C'est ta mère qui veut qu'on rentre. Viens !
14:50 S'il te plaît, Catherine !
14:52 Lucien !
15:07 Lucien, viens là !
15:09 Attends-moi !
15:11 Lucien, reviens là !
15:13 Lucien !
15:15 Il nous faut absolument disperser cette foule.
15:21 Cela me paraît impossible, monsieur le sous-préfet.
15:24 Ils ne repartiront pas avant la libération de leur camarade.
15:26 Il n'en est pas question.
15:28 Pas question. Vous comprenez ?
15:33 Mais... c'est que je leur ai promis...
15:37 Quoi ? Qu'est-ce que vous leur avez promis ?
15:40 Qu'ils seraient libérés à 5 heures.
15:42 Monsieur le maire, sachez qu'on ne doit pas céder devant la force.
15:47 Jamais.
15:49 Excusez-moi, monsieur le sous-préfet,
15:51 mais les deux compagnies de renfort du 145e viennent d'arriver.
15:54 Oui, il faut faire évacuer la place dans les meilleurs délais, et par tous les moyens.
15:58 Il est 5 heures ! Libérez vos camarades !
16:02 Libérez vos camarades !
16:09 Libérez vos camarades !
16:25 Libérez vos camarades !
16:39 Lucien ! Tu vois ? Catherine !
16:41 Laissez-moi passer !
16:43 S'il vous plaît, je cherche un petit garçon qui vous parlait tout à l'heure !
16:46 Lucien !
16:56 Sale... sale brûle !
16:59 Libérez vos camarades !
17:05 Évacuez la place !
17:12 Dispersez-vous ! Je vous sordonne d'évacuer la place !
17:16 En position de combat !
17:18 Mon Dieu, ils vont tirer !
17:20 Enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé.
17:28 Contre nous de la tyrannie, l'étendard semblant est levé.
17:36 L'étendard semblant est levé.
17:40 Contre nous de la tyrannie, l'étendard semblant est levé.
17:54 C'est du sang qu'il nous faut !
18:01 C'est du sang qu'il nous faut !
18:10 C'est du sang qu'il nous faut !
18:18 Maître Maître, bonjour !
18:20 Bonjour !
18:23 Non mais vous êtes fous ! Vous n'allez pas tirer sur des femmes et des enfants !
18:26 Armée !
18:29 Non !
18:33 Ne tirez pas !
18:35 Reculez !
18:37 À mon commandement !
18:40 Non !
19:06 Arrêtez !
19:10 Laissez-moi passer !
19:17 Arrêtez ce camarade !
19:29 Pourquoi ? Pourquoi ?
19:35 Maria ! Maria !
19:41 Lucien ! Lucien ! Lucien !
19:46 Lucien ! Lucien !
19:53 Lucien ! Lucien !
19:58 Lucien ! Lucien !
20:03 Lucien !
20:11 Lucien !
20:13 Rose ! Rose ! Vous n'avez pas vu Lucien ?
20:16 Quel Lucien ?
20:17 Le petit de l'épicière. Grand boui !
20:19 Si si, il est là !
20:24 Lucien !
20:27 Bonjour, agent !
20:31 Un médecin !
20:33 Agent !
20:34 Vite ! Un médecin !
20:36 Il n'y a pas de médecin !
20:38 Attend ! Je vais lui faire un coup de poing !
20:49 Comme ça !
20:51 Je vais t'envers avec le pichet, les soeurs !
20:53 Allez !
20:55 Attends ! Il est trop lourd ! Il est trop lourd !
21:01 Attends ! Je reviens ! Je reviens, Lucien !
21:04 N'aie pas peur !
21:05 La Voisine Catherine !
21:07 Fille d'humain !
21:12 J'arrive !
21:16 La vie se fait travailler !
21:19 Aidez-moi, s'il vous plaît ! Aidez-moi !
21:22 Attention !
21:29 Allez !
21:30 Aidez-moi !
21:36 Oh, mon grand !
21:42 Ça va, les filles ?
21:43 Réponds-moi, Lucien ! Réponds-moi ! Parle-moi !
21:47 Courage, mon petit Lucien !
21:50 Allez ! On est bientôt arrivés !
21:54 On est bientôt arrivés !
21:56 On arrive, mon petit Lucien !
21:59 Voilà, on y est !
22:01 Ma soeur, s'il vous plaît, il faut l'aider !
22:03 Le petit garçon, sa jambe !
22:04 Allez voir à l'intérieur !
22:07 On est arrivés, mon Lucien !
22:10 On est arrivés !
22:16 Vite, aide ma soeur ! Ils partent tous ensemble !
22:19 Sauvez-le, je vous en supplie !
22:22 Sauvez-le !
22:30 Il n'est pas mort, quand même !
22:35 Oh, non !
22:44 C'est ma faute !
22:47 Emmenez-le !
22:49 Pardon, mon Lucien ! Pardon !
22:53 Je veux pas ! Je veux pas !
22:56 Pardon, mon Lucien ! Pardon !
23:00 Venez, mon petit ! Vous avez fait ce que vous avez pu !
23:03 Vous ne pouvez rien de plus !
23:05 Je n'ai pas su quoi faire !
23:07 Je n'ai pas su quoi faire, ma soeur ! Vous comprenez ?
23:10 Je n'ai pas su quoi faire !
23:15 Je serai médecin !
23:17 Médecin, vous entendez ?
23:19 Médecin ! Je serai médecin !
23:22 Médecin ! Médecin !
23:45 Qui est là ?
23:47 C'est moi, madame Van Couley. C'est Catherine.
23:57 Oh ! Catherine ! Catherine !
24:02 Chut !
24:05 Venez vous asseoir. Il faut vous reposer. Allez, venez.
24:15 Monsieur Van Couley.
24:17 Justement, c'est elle, la demoiselle des postes que je vous disais tout à l'heure.
24:21 C'est elle qui l'a ramenée hier, notre pauvre petit Lucien.
24:26 Ce monsieur, c'est un journaliste de Paris.
24:32 Bonjour. Paul Grandjean, du Nouvel Éclair.
24:36 Vous disiez que ce policier voulait savoir ce que votre fils fabriquait sur la place.
24:40 Il m'a questionné, tout comme si Lucien avait été un anarchiste, alors j'ai fini par me mettre en colère.
24:48 C'est pas parce qu'on est des petits gens qu'il faut être traité comme des...
24:52 Mais quand ils l'ont amené chez les soeurs, il était vivant, oui ou non ?
24:55 Non, mais vous allez leur chichelaper ?
24:57 Vous croyez pas que ça suffit comme ça, non ?
24:59 Il faut en plus que vous veniez fouiner dans leur malheur ?
25:02 Vous êtes pire que...
25:04 Pire...
25:06 Pire que des chats-rognards !
25:08 Excusez-moi une seconde.
25:16 Mademoiselle, écoutez-moi. Je veux que vous m'écoutiez.
25:25 Je sais que cela peut vous sembler cruel, mais...
25:27 Lâchez-moi !
25:29 Vous n'êtes pas obligée de me croire, mais...
25:31 Je suis moi aussi bouleversé par le chagrin de ces pauvres gens.
25:34 On dirait pas.
25:35 Je fais mon métier, après tout.
25:36 Ah, il est bon, votre métier !
25:38 Je vais vous dire, s'il n'y avait pas des gens comme moi pour raconter ce qui s'est passé ici,
25:43 qui en entendrait parler ? Au revoir, mademoiselle !
25:45 Monsieur !
25:49 Toute la nuit, je les ai revus.
25:56 Maria Blondeau avec son visage en sang.
25:59 Mon petit Lucia avec sa jambe embouillée.
26:03 Je priais, je priais, je priais, je priais, je priais, je priais, je vous jure que je priais !
26:10 Je sais bien que la prière, ça n'arrête pas le sang qui coule, non ?
26:14 Mais si j'avais été médecin, j'aurais pu...
26:18 Vous comprenez ? J'aurais pu, si j'avais été médecin.
26:21 J'aurais pu le sauver !
26:22 Mon Dieu ! Les chantins !
26:26 N'ayez crainte, avec moi, vous ne risquez rien.
26:31 Où allons-nous ?
26:36 À mon hôtel.
26:37 À votre hôtel ?
26:38 À la brasserie de l'hôtel.
26:39 Ah !
26:41 Et tous ces gens-là, c'est des journalistes ?
26:43 Presque, oui.
26:44 Il n'y a pas l'air d'avoir beaucoup de femmes dans votre métier.
26:51 Oui, c'est vrai, il y en a très peu.
26:52 Elles tiennent les rubriques de mode et littérature en général.
26:54 Et aussi, celles des potins, mais elles ne se déplacent jamais.
26:57 Reporter, c'est un métier qui est très difficile.
27:00 Je ne sais pas si vous connaissez la chambre des affaires.
27:02 Oui, je connais.
27:03 C'est un métier très difficile.
27:04 C'est un métier très difficile.
27:05 C'est un métier très difficile.
27:06 C'est un métier très difficile.
27:07 C'est un métier très difficile.
27:08 Elles ne se déplacent jamais.
27:10 Reporter, ce n'est pas un métier pour les femmes.
27:12 Ah bon ? Parce que selon vous, c'est quoi un métier pour les femmes ?
27:14 Monsieur ?
27:15 Vous voulez une bière ?
27:16 Oui.
27:17 Deux bières.
27:18 Hein ? C'est quoi ?
27:19 Bonne, ouvrière, paysanne, employée des postes à la rigueur,
27:25 mais avocat, non, juge, non, et médecin encore moins, bien sûr.
27:30 Vous avez tort.
27:32 Les femmes médecins, il y en a quatre ou cinq jusqu'à maintenant.
27:35 La dernière qui a essayé, c'est Blanche Edwards.
27:37 Elle a même dû obtenir une autorisation spéciale pour concourir à l'internat.
27:40 C'est-à-dire, elle a dû se battre.
27:42 Eh bien, je me battrai.
27:43 Pourquoi ? Vous auriez aimé être médecin ?
27:45 Mais je serais médecin.
27:46 Vous voulez dire infirmière.
27:48 Non, pas infirmière.
27:50 Médecin, docteur.
27:53 Vous savez, pour devenir médecin, il faut passer des examens très compliqués.
27:57 Je m'en doute bien.
27:58 Hé, grand Jean, j'ai réussi à voir Paris.
28:01 Si tu veux appeler ton journal, tu peux en profiter.
28:03 J'arrive, merci.
28:04 Excusez-moi.
28:07 Je vous laisse.
28:09 Merci.
28:11 Brigadier, regardez.
28:23 Cette jeune femme là-bas, elle était sur la place hier.
28:26 Elle a même essayé de désarmer un soldat.
28:29 Je suis sûr que c'est elle.
28:32 Je confirme qu'hier sur la place, vous avez voulu désarmer un soldat.
28:34 Moi ?
28:36 Non, mais pas du tout.
28:38 Niez-vous avoir été présente sur la place hier ?
28:40 Je ne le nie pas, mais...
28:42 Vous allez nous accompagner à la gendarmerie. Allez, suivez-nous.
28:44 Mais pour quoi faire ?
28:46 Écoutez, lâchez-moi.
28:48 Mais vous me connaissez, je travaille à la poste, enfin.
28:50 Mais je n'ai rien fait.
28:51 Attends une minute.
28:52 Mais lâchez-moi, maintenant.
28:53 Arrêtez, s'il vous plaît.
28:54 Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
28:56 Pourquoi emmenez-vous cette jeune fille ?
28:58 Pour l'interroger à la gendarmerie.
28:59 Et vous avez un mandat de l'amener ?
29:01 Non.
29:02 Mais qui êtes-vous ?
29:03 Je suis Paul Grandjean, de Nouvelle-Éclair.
29:05 Et vous n'avez pas le droit d'emmener cette jeune fille sans mandat.
29:07 Écoutez-moi !
29:08 Regardez, regardez bien comment, dans un pays libre et républicain,
29:11 on arrête arbitrairement d'honnêtes citoyens.
29:13 Et dites-le, écrivez-le dans vos articles.
29:15 Il faut absolument que la France entière le sache.
29:17 Je crois qu'on ferait bien de s'en aller.
29:19 Au revoir, messieurs.
29:21 Je vous présente...
29:27 Catherine.
29:29 Catherine comment ?
29:30 Quashbeur.
29:31 Comment ?
29:32 Quashbeur.
29:33 Quash... Quash quoi ?
29:34 Quashbeur.
29:35 Ah.
29:36 Montez.
29:38 Mais...
29:39 J'ai l'honneur de vous présenter Catherine Qua... Qua... Quash quoi ?
29:43 Cou... Courage !
29:45 Cette jeune femme a traversé la mitraille
29:47 pour sauver des enfants sauvagement assassinés par les militaires.
29:50 Applaudissez-la !
29:52 Applaudissez !
29:54 Catherine Courage !
29:57 Mon train.
29:58 Il part dans quelques minutes.
30:00 Au revoir Catherine.
30:06 A bientôt.
30:10 A bientôt.
30:12 Mademoiselle Quashbeur.
30:37 Oui, monsieur le receveur.
30:38 Quelqu'un a téléphoné de la mairie
30:41 et a demandé qui était de service le matin du 1er mai.
30:44 Bah oui, c'était moi.
30:45 Et vous vous souvenez de ce que vous avez osé dire à monsieur le maire ?
30:48 Bien sûr, la même chose que lui.
30:50 C'est-à-dire ?
30:52 C'est-à-dire qu'il m'emmerdait.
30:54 Bien entendu, je vais être obligé de faire un rapport à monsieur le directeur départemental.
30:59 Ah, j'oubliais. Ce matin, il y a eu un appel téléphonique pour vous.
31:02 Une certaine madame Van...
31:04 Van... Attendez une seconde.
31:07 Alice Van Melen, comme la bière.
31:10 C'est elle qui la fabrique, la bière Van Melen.
31:12 Vous voulez dire son mari ?
31:14 Non, il est mort. C'est elle qui dirige l'usine.
31:16 Une femme ?
31:17 Bon, qu'est-ce qu'elle voulait ?
31:18 Elle vous demande d'aller la voir à Lille.
31:20 Il paraît qu'il s'agit d'une affaire de famille.
31:22 Je me permets de vous rappeler que les communications personnelles sont interdites.
31:26 Oui, monsieur le receveur.
31:28 Vous êtes un peu de ma famille, toutes les deux.
31:31 Alors, j'ai pensé à toi, Catherine.
31:33 Ah bon ?
31:34 Oui. Dans deux mois, tu seras bachelière.
31:36 Tu ne vas quand même pas finir tes jours derrière un téléphone.
31:40 Tu es intelligente, courageuse.
31:43 Tu pourrais venir avec moi après tes examens.
31:45 Pour quoi faire ?
31:46 Tu seras mon adjointe. J'ai de plus en plus de travail.
31:49 Et Anguette, tu sais, une femme patronne, les hommes ne l'ont pas encore admise.
31:54 Et moi ? Vous croyez qu'ils m'admettront ?
31:56 Toi, ils te respecteront.
31:58 Des femmes bachelières, il en a si peu.
32:00 Catherine, ce qu'Alice te propose là, c'est inespéré.
32:03 C'est l'occasion.
32:04 Je sais, maman.
32:05 Je suis très touchée, mais je ne peux pas.
32:08 Pourquoi ?
32:09 Je veux devenir médecin.
32:13 Médecin ?
32:14 Doctoresse, si tu préfères.
32:15 Mais tu es folle, ma pauvre petite.
32:17 Tu sais ce que ça coûte, des études de médecine ?
32:19 Je travaillerai.
32:20 Mais tu ne pourras pas, tu n'auras pas le temps.
32:22 Ce n'est pas un métier de femme.
32:23 Mais vous êtes bien patronne, vous.
32:25 Ça n'a rien à voir.
32:27 Moi, c'est à cause de l'héritage, du testament de mon mari.
32:30 Il y a quand même deux ou trois femmes qui ont réussi.
32:32 Parce que leurs parents étaient médecins.
32:35 Et aussi qu'elles avaient de l'argent.
32:36 L'argent ! L'argent ! L'argent ! L'argent !
32:39 Ecoute-moi, Catherine.
32:41 Tu vas te calmer.
32:43 Tu vas prendre le temps de réfléchir.
32:45 N'est-ce pas, Maria ?
32:47 Oui, oui, bien sûr.
32:48 Tout ça, et si soudain, elle ne se rend pas bien compte ?
32:51 Maman, je ne suis plus une gamine.
32:52 Tu es bien peur que si.
32:54 Madame Van Molen, je vous remercie pour votre proposition.
32:58 Mais c'est non.
33:00 Tu es bien sûre de toi.
33:01 Oui, Madame.
33:02 J'espère que tu n'auras rien à regretter.
33:05 Ça va être l'heure de mon train.
33:09 Tu viens, maman.
33:12 Catherine !
33:13 N'insiste pas, je t'en prie.
33:15 Je t'en prie, n'insiste pas, maman.
33:17 Au revoir, Madame.
33:21 Elle finira bien par renoncer à cette idée.
33:25 Ça m'étonnerait.
33:27 Je la connais bien, vous savez.
33:30 Les voyageurs pour Orchie, Valenciennes, Saint-Amand, Tourmis, en voiture.
33:40 Tu es sûre d'avoir bien réfléchi ?
33:42 Oui.
33:43 Tu sais, une occasion comme ça, tu la retrouveras jamais.
33:46 Sois raisonnable.
33:48 Et toi, tu as toujours été raisonnable ?
33:50 Attention au départ.
33:53 Catherine !
33:54 S'il te plaît.
33:55 N'insiste pas, maman, je t'en prie.
33:57 On se fait du mal pour rien.
33:59 Oui, Catherine.
34:01 Parce que tu m'as gâchée de la vie.
34:03 Tu vas partir sans moi.
34:06 C'est pour toi que je suis là.
34:08 C'est toi, maman, je t'en supplie, c'est toi.
34:10 Catherine, tu m'écris, moi.
34:15 [Musique]
34:17 [Musique]
34:45 Messieurs-dames.
34:47 Mademoiselle.
34:57 Je voudrais une communication avec Paris.
35:00 C'est pour le journal de Nouvelle-Éclair dont le numéro de téléphone est le 12 34.
35:04 1, 2, 3, 4.
35:05 Tout de suite, monsieur.
35:07 Allô, Paris ? Passe-moi le 12 34, s'il te plaît.
35:14 Vous avez Paris.
35:16 Merci.
35:18 Mademoiselle Quashburn, vous avez votre enregistre des communications ?
35:23 Bien sûr, monsieur.
35:25 Je te vois là.
35:28 Bien sûr.
35:30 Tout est rentré dans l'ordre,
35:32 tout nous paraît calme dans cette gentille petite ville.
35:35 Cela dit, il règne un étrange climat de colère, de peur et surtout d'accablement.
35:44 Allô ?
35:46 Allô ?
35:48 Je viens d'être coupé, mademoiselle.
35:51 Bonjour, monsieur.
35:53 Vous voulez bien rétablir la ligne, s'il vous plaît ?
35:55 Eh bien, qu'attendez-vous ? Monsieur vous demande de rétablir sa ligne.
35:59 Oui, bien sûr, monsieur.
36:01 Allô, Paris ?
36:05 Le 12 34.
36:06 Vous allez pouvoir me renseigner, monsieur.
36:08 Je ne connais pas bien cette ville et je dois sortir avec une jeune personne.
36:11 Alors, si vous aviez la gentillesse de m'indiquer un endroit agréable et pas trop sinistre.
36:16 Cher monsieur, à Fourmis, je ne vois guère que l'Eldorado.
36:20 C'est très bien, c'est même très très bien l'Eldorado.
36:23 Et cet Eldorado est ouvert à 19h ?
36:26 Parce que c'est l'heure de mon rendez-vous.
36:28 Oh, ne vous inquiétez pas, ça ouvre très tôt, à partir de 17h.
36:32 Ah, vous avez parait.
36:34 Il fait fureur à Paris.
36:36 Il est maintenant à Fourmis,
36:38 mesdames et messieurs, le French Concorde.
36:41 Mais dites-moi, c'est le Moulin Rouge, ici.
36:54 Ça doit être quand même mieux à Paris.
36:56 Enfin, on n'est qu'à Fourmis.
36:59 Ne dites rien contre Fourmis, je l'aime.
37:02 Ce n'est pas vrai.
37:03 Si, et vous savez pourquoi ?
37:05 Non.
37:07 Parce que Fourmis possède une chose exceptionnelle.
37:10 Ah oui ? Quoi donc ?
37:12 Sa postelle.
37:14 Pardon pour l'autre jour.
37:20 Mais pourquoi vous excusez-vous ?
37:22 Je vous ai un peu enguerlandé.
37:24 C'était normal, vous étiez encore sous le choc.
37:27 En tout cas, c'est gentil d'avoir accepté mon invitation.
37:29 Je n'aurais pas dû, j'ai beaucoup de travail.
37:31 Je passe mon bac dans dix jours.
37:33 Votre baccalauréat ?
37:35 Oui, bien sûr.
37:36 Vous étudiez quand ?
37:37 Tout le temps.
37:38 Au bureau de poste, dans ma chambre, dans mon lit.
37:42 Partout.
37:44 Et vous, vous êtes venu pour le procès ?
37:47 Oui.
37:48 Enfin, non.
37:50 Je suis surtout venu pour vous voir.
37:52 À Catherine Courage.
37:54 Taisez-vous, c'est ridicule, ce nom.
37:57 C'est scandaleux, ce jugement.
38:02 Six ans de prison pour Cullin et un an pour la fague.
38:05 Ce sont deux provocateurs, tout de même.
38:07 Mais enfin, qui a tiré sur la foule ?
38:09 Qui a tué neuf personnes ?
38:11 Qui a tué le petit Lucien ? Ce n'est pas eux, quand même.
38:13 D'accord, mais qui a excité la foule à amener la populace à se déchaîner et à attaquer nos troupes ?
38:18 La populace ?
38:20 Se déchaîner, vous parlez comme ça, vous ?
38:22 Vous ne disiez pas ça dans votre journal.
38:24 Si vous croyez que j'écris forcément tout ce que je pense.
38:27 Vous êtes jeune, Catherine, vous verrez.
38:30 Non, pas vous.
38:31 Pas ces mots-là.
38:32 Je connais trop la chanson.
38:34 Mais enfin, pourquoi êtes-vous toujours sur vos gardes, petite demoiselle ?
38:37 Tout ne va pas si mal pour vous.
38:39 Et je suis sûr d'une chose, vous allez l'avoir, ce baccalauréat.
38:42 C'est que c'est très dur, toute seule, vous savez.
38:44 Très dur.
38:46 Vous voulez danser ?
38:56 Oui.
38:59 Je vous en prie.
39:00 Vous voulez toujours faire votre médecine ?
39:19 Oui, bien sûr.
39:20 Alors, venez à Paris.
39:22 À Paris, pourquoi faire ?
39:26 Vous voyez des pièges partout, n'est-ce pas ?
39:28 Simplement pour poursuivre vos études.
39:31 Ce serait plus facile à Paris.
39:32 Et je pourrais vous aider.
39:34 Pardonnez-moi, je suis...
39:36 Je suis...
39:38 Vous êtes ?
39:39 Je suis fatiguée.
39:41 Je voudrais rentrer.
39:47 On finit la valse, puis on s'en va.
39:49 On s'en va.
39:50 Paul, je voulais vous dire, je ne veux rien devoir à personne.
40:09 De quoi vous parlez ?
40:12 Je veux dire que si j'accepte votre aide à Paris,
40:15 il faudra bien vous donner quelque chose en retour.
40:19 Et je n'aurai rien d'autre à vous donner...
40:21 Rien d'autre à vous donner que...
40:24 Que moi.
40:28 C'est peut-être ce que vous souhaitez.
40:33 Et vous ?
40:37 Je crois que je le souhaite aussi.
40:41 Mais je serai à vous le jour où j'aurai décidé.
40:43 Et ce ne serait pas pour vous remercier.
40:46 Ce serait parce que je l'aurais voulu.
40:50 Entrez.
40:51 Vous êtes le premier à venir.
40:57 Vous êtes le premier à venir.
40:59 Vous êtes le premier à venir.
41:01 Vous êtes le premier à venir.
41:03 Vous êtes le premier à venir.
41:05 Vous êtes le premier à venir.
41:07 Vous êtes le premier à venir.
41:09 Vous êtes le premier à venir.
41:11 Vous êtes le premier à venir.
41:13 Vous êtes le premier à venir.
41:15 Vous êtes le premier à venir.
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41:19 Vous êtes le premier à venir.
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41:43 Vous êtes le premier à venir.
41:45 Vous êtes le premier à venir.
41:47 Vous êtes le premier à venir.
41:48 Vous êtes le premier à venir.
41:50 Vous êtes le premier à venir.
41:52 Vous êtes le premier à venir.
41:54 Vous êtes le premier à venir.
41:56 Vous êtes le premier à venir.
41:58 Vous êtes le premier à venir.
42:00 Vous êtes le premier à venir.
42:02 Vous êtes le premier à venir.
42:04 Vous êtes le premier à venir.
42:06 Vous êtes le premier à venir.
42:08 Vous êtes le premier à venir.
42:10 Vous êtes le premier à venir.
42:12 Vous êtes le premier à venir.
42:14 Vous êtes le premier à venir.
42:17 Tous les candidats sont là, M. le Président.
42:19 Épreuve de sens naturel, Mlle Quacheverd.
42:22 Bonjour, Monsieur.
42:31 Veuillez, Mademoiselle,
42:34 faire l'inventaire des muscles de la face humaine.
42:38 Les muscles de la face sont
42:42 la peau névrose crânienne,
42:46 le transverse du nez,
42:47 le petit et le grand zygomatique,
42:50 Il vous en manque.
42:53 le releveur superficiel,
42:55 le masséterre,
42:58 Il y en a encore qui manque.
43:00 le releveur profond et le pyramidal.
43:04 Je suis désolé, il y en a toujours un qui manque.
43:07 Vous avez oublié l'orbiculaire des lèvres,
43:10 celui qui, à l'instant même,
43:12 vous fait rester bouche bée, Mademoiselle.
43:14 La candidate.
43:16 Épreuve de philosophie.
43:25 Et si vous me parliez d'Antiochus d'Ascalon ?
43:30 Vous prétendez avoir étudié la philosophie,
43:35 et vous n'avez jamais entendu parler d'Antiochus d'Ascalon ?
43:39 Pourtant, c'est le fondateur de l'éclectisme.
43:44 Mais cela ne vous passionne probablement pas, Mademoiselle.
43:47 Très bien, essayons de passer à autre chose.
43:50 Qui a lancé à l'homme
43:53 l'invitation de chercher à s'immortaliser autant qu'il est possible ?
43:56 Je note que cette invitation n'était pas lancée à une femme.
44:00 Aristote.
44:04 Qu'est-ce que vous dites ?
44:06 C'est une invitation lancée par Aristote.
44:08 Évidemment, pourquoi hésiter ?
44:11 Bien, voyons, chez un autre penseur, Épicure.
44:15 Vous connaissez Épicure ?
44:17 Mieux qu'Antiochus d'Ascalon.
44:20 Je connais au moins sa maxime.
44:22 Le plaisir du ventre est le principe et la racine de tout bien.
44:26 Du ventre ou du bas-ventre ?
44:28 Épreuve d'histoire.
44:40 Mademoiselle, parlez-moi des batailles livrées par l'armée du Nord
44:42 durant l'année 1871.
44:45 Ces premières batailles ont débuté à la fin de 1870.
44:50 Le général Féderb, ayant formé une armée forte d'environ 55 000 hommes...
44:55 Je croyais vous avoir demandé de parler des batailles de l'année 1871 et non 70.
44:59 En 1871, la première bataille eut lieu à Bapeaume, le 3 janvier.
45:04 Qui fut vainqueur ?
45:06 Féderb.
45:09 Le combat au corps à corps...
45:10 - Quelle fut la bataille suivante ? - Saint-Quentin.
45:12 Féderb voulait délivrer Paris assiégé par les Prussiens.
45:15 Le combat principal eut lieu le 18...
45:18 - Mars, si je ne m'abuse. - Janvier.
45:21 L'armée française fut vaincue, après plusieurs jours de lutte,
45:25 par une température de moins 20 degrés.
45:28 Elle avait perdu plus de 10 000 prisonniers.
45:30 Mademoiselle, je vois que vous connaissez sur le bout des doigts l'histoire de nos batailles,
45:34 mais je remarque avec tristesse
45:37 que vous êtes surtout un batavant en ce qui concerne nos défaites.
45:39 C'est à Saint-Quentin que mon père a été tué, monsieur.
45:42 Dans l'armée du général Féderb, justement.
45:45 Baccalauréat de l'enseignement secondaire,
45:55 session de juillet 1891,
45:59 sont admis par ordre de mérite
46:02 Boulet-François, Monchamin-Gustave,
46:06 Lamyran, Augustin, Montoy, Jules,
46:08 Détombe, Ferdinand, Notre-Albert,
46:11 Cordonnier, René, Noulier, André,
46:13 Bulin, Armand, Dutilleul, Eloi,
46:16 Quash, Beurre, Catherine.
46:19 Bravo !
46:21 Comment vous avez fait pour me trouver ?
46:31 Enfantin, j'ai demandé aux correspondants Lillois du Nouvel-Éclair
46:35 d'un candidat convoqué à l'oral.
46:36 Vous oubliez que j'ai des relations dans chaque ville.
46:38 Et si j'avais échoué ?
46:40 Je vous aurais consommé.
46:42 Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
46:45 Je sais pas.
46:47 On va fêter ça ?
46:48 Oui.
46:49 On va fêter ça.
46:50 Figurez-vous que la semaine dernière j'étais à Madrid pour mon journal
47:11 et il m'était réveillé une aventure extraordinaire.
47:14 C'est ça ?
47:15 Catherine, Catherine !
47:25 Vous ne m'écoutez plus.
47:27 Non, c'est vrai.
47:29 Mais c'est la première fois.
47:30 La première fois que quoi ?
47:32 Que je viens dans un endroit pareil.
47:34 C'est tellement beau, Paul.
47:36 Mangez, ça va être froid.
47:43 Le philosophie vous a interrogé sur quoi ?
47:44 Antiochus d'Ascalon.
47:46 Qui ça ?
47:48 Comment ?
47:51 Vous ne connaissez pas Antiochus d'Ascalon ?
47:53 Comment peut-on se permettre d'ignorer Antiochus d'Ascalon ?
47:56 Vous aurez zéro, M. Grandjean.
47:58 Allez vite, vite, le candidat suivant.
48:00 J'ai une proposition à vous faire, Catherine.
48:07 Ah oui ?
48:09 J'ai parlé avec mon rédacteur en chef.
48:10 J'ai parlé de vous.
48:12 Et il est prêt à vous engager au journal.
48:13 C'est pas vrai.
48:15 C'est merveilleux, Paul.
48:17 Comme ça, je vais pouvoir payer mes études.
48:19 Ne vous emballez pas, vous ne m'avez pas bien compris.
48:21 Il s'agit d'un emploi à plein temps.
48:24 Il s'agit d'un vrai métier.
48:26 Vous aideriez les journalistes à préparer leur voyage
48:29 en leur cherchant de la documentation.
48:31 C'est très intéressant
48:33 et très vivant comme métier, je vous assure.
48:35 Je veux être médecin, c'est tout.
48:37 Mais vous savez aussi ce qu'a dit le professeur Charcot, Catherine.
48:40 Il a dit que la femme médecin ne sera jamais qu'une exception dans notre pays.
48:44 Eh bien, je serai une exception.
48:46 Une exception qui aura perdu les plus belles années de sa vie, oui ?
48:49 Non, Paul.
48:51 Je ne vais pas les perdre.
48:53 Vous entendez ? Je ne vais pas les perdre.
48:55 Je vais gagner, Paul.
48:57 Je veux gagner.
48:59 À quoi bon gagner
49:03 si vous ne pouvez pas profiter de votre succès ?
49:05 Qu'est-ce que vous en savez ?
49:08 Vous êtes bien comme tous les autres.
49:09 Je vous déçois, n'est-ce pas ?
49:13 Non, mais je ne veux pas qu'on décide pour moi.
49:16 Paul.
49:29 Oui ?
49:31 Vous vous souvenez, l'autre jour,
49:33 à Fourmis, en sortant de la maison,
49:36 à Fourmis, en sortant de l'El Dorado ?
49:37 Je vous avais dit que...
49:41 que le jour où...
49:43 où je voudrais, enfin...
49:46 m'y voudrir en tous les deux, je...
49:49 je serai... je serai à vous.
49:55 Voulez-vous de moi, Paul ?
49:58 Vous êtes sûre de vous, Catherine ?
50:01 Oui.
50:05 Sûre, sûre ?
50:06 Oui.
50:09 Tu es belle.
50:31 Tu es si belle.
50:32 Tu es si belle.
50:37 J'avais tellement envie de toi.
50:40 Paul.
50:46 Paul, je me suis trompée.
50:48 Tu ne peux pas ?
50:50 Je ne peux pas.
50:51 Tu as peur ?
50:53 Oui.
50:56 C'est la première fois ?
51:00 Oui.
51:01 Je te demande pardon.
51:06 Je te demande pardon.
51:07 Pourquoi tu me demandes pardon ?
51:09 Parce que...
51:11 parce que j'ai cru être prête.
51:14 J'ai cru être prête, Paul.
51:17 Mais je ne suis pas du tout, ah non.
51:18 Ah non, ah non, ah non.
51:20 Je ne suis pas prête du tout.
51:22 Tu veux qu'on attende un peu ?
51:24 Non.
51:26 Je peux faire monter du champagne ?
51:27 Ça te détendrait. Tu veux ?
51:29 On dirait que vous avez l'habitude.
51:30 Si tu veux insinuer que ce n'est pas la première fois pour moi, tu as tout à fait raison.
51:34 J'ai 35 ans, figure-toi.
51:36 Ce n'est pas une raison pour me forcer à...
51:38 Comment ça, je t'ai forcée ?
51:40 Mais c'est toi qui en a parlé.
51:42 J'étais inconsciente, c'est tout.
51:44 Moi, je croyais qu'il suffisait d'aimer pour...
51:45 Mais non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai du tout.
51:47 Vous me faites tourner la tête, je ne sais plus où je suis.
51:49 Ma petite fourmi.
51:53 Alors, calme-toi.
51:58 Je te promets...
51:59 Vous me promettez de me laisser sortir ?
52:01 Non.
52:03 Enfin, pas tout de suite.
52:05 Allez, viens.
52:09 Approche.
52:11 C'est vrai que je vous aime, Paul.
52:27 Faut me croire.
52:28 Faut me croire, je vous aime, Paul.
52:30 Je vous aime.
52:33 Je vous aime.
52:35 Catherine.
52:38 Je vous aime.
52:40 Ne fais pas l'enfant.
52:42 Je vous aime, faut me croire.
52:43 Catherine !
52:48 Ouvre cette porte !
52:50 Non mais, tu es complètement folle !
52:52 Folle ?
52:53 Folle ?
52:56 Catherine !
52:57 Catherine !
52:59 Catherine !
53:01 Catherine !
53:03 Catherine !
53:05 Catherine !
53:07 Catherine !
53:09 Catherine !
53:11 Catherine !
53:13 Catherine !
53:15 Catherine !
53:16 Catherine !
53:18 Catherine !
53:20 Catherine !
53:22 Catherine !
53:24 Catherine !
53:26 Catherine !
53:28 Catherine !
53:30 Catherine !
53:32 Catherine !
53:34 Catherine !
53:36 Catherine !
53:38 Catherine !
53:39 Catherine !
53:41 Catherine !
53:43 Catherine !
53:45 Catherine !
53:47 Catherine !
53:49 Catherine !
53:51 Catherine !
53:53 Catherine !
53:55 Catherine !
53:57 Catherine !
53:59 Catherine !
54:01 Catherine !
54:03 Catherine !
54:06 Catherine !
54:07 Catherine !
54:09 Catherine !
54:11 Catherine !
54:13 Catherine !
54:15 Catherine !
54:17 Catherine !
54:19 Catherine !
54:21 Catherine !
54:23 Catherine !
54:25 Catherine !
54:27 Catherine !
54:29 Catherine !
54:31 Catherine !
54:33 Catherine !
54:35 Catherine !
54:36 Catherine !
54:38 Catherine !
54:40 Catherine !
54:42 Catherine !
54:44 Catherine !
54:46 Catherine !
54:48 Catherine !
54:50 Catherine !
54:52 Catherine !
54:54 Catherine !
54:56 Catherine !
54:58 Catherine !
55:00 Catherine !
55:02 Catherine !
55:04 Catherine !
55:05 Catherine !
55:07 Catherine !
55:09 Catherine !
55:11 Catherine !
55:13 Catherine !
55:15 Catherine !

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