Un milliard de repas jetés chaque jour en 2022, selon un rapport de l'ONU publié le 27 mars 2024. Les Nations Unies dénoncent la "tragédie mondiale" du gaspillage alimentaire. 60% de ce gâchis vient des ménages. Cédric Daverio responsable de la Banque Alimentaire dans le Nord Franche-Comté était l'invité du 6/9 de France Bleu Belfort-Montbéliard.
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00:00 - 884, 82, 82, 82, on va parler gaspillage alimentaire ce matin, Marek.
00:04 - Oui c'est ça, un milliard de repas jetés chaque jour,
00:07 le chiffre donne le tournis aux associations anti-gaspillage à l'ONU.
00:11 Les Nations Unies ont dénoncé la semaine dernière la tragédie mondiale du gaspillage alimentaire
00:16 dans son rapport annuel.
00:17 Plus de la moitié de ce gâchis vient non pas des grandes surfaces et des magasins,
00:22 mais de nos frigos.
00:23 Bonjour Cédric D'Averio.
00:29 Cédric D'Averio, bonjour.
00:30 - Bonjour, bonjour Antoine.
00:32 - Je vous entends, je vous entends très bien.
00:34 Vous êtes le responsable de la banque alimentaire dans l'air urbaine Belfort-Montbéliard-Éricourt.
00:39 Un milliard de repas jetés chaque jour, c'est quoi votre réaction devant ces chiffres ?
00:44 - C'est des chiffres énormes.
00:47 Nous on essaye avec la banque alimentaire justement depuis des années de lutter contre le gaspillage
00:56 par une organisation de récupération dans les magasins de produits qui seraient bientôt plus consommables
01:05 et qu'on rend consommables en les récupérant, en les triant et en les distribuant à nos associations d'aide alimentaire.
01:12 - On va en parler justement, ce chiffre d'un milliard de repas jetés chaque jour qui vient,
01:17 dont une grande partie vient des ménages, ce sont des denrées qui pourraient vous revenir aussi finalement ?
01:21 - Pour tout ce qui est non cuisiné, oui effectivement.
01:26 Après, il serait difficile de récupérer.
01:28 Après, je pense qu'il y a un problème de sensibilisation, d'éducation à faire sur des produits déjà cuisinés
01:34 qui ne peuvent pas être récupérés.
01:36 Donc c'est en amont qu'il faudrait qu'on les récupère.
01:39 Après, c'est plus difficile.
01:41 - C'est ça. Il y a des gens aussi qui ne sont pas forcément sensibles au gaspillage, à l'anti-gaspi.
01:47 On va voir le témoignage d'Emily qui, elle, veut faire plus attention.
01:51 - Sur le gaspillage, je pense peut-être faire plus attention aux dates dans le frigo.
01:56 Ça pourrait être une chose assez facile à mettre en place.
02:00 Et puis par contre, véhiculer à toute la famille pour que tout le monde ait les mêmes priorités.
02:06 - Son problème, c'est qu'elle oublie dans son frigo.
02:09 Qu'est-ce que vous conseillez à ces gens-là, Cédric D'Averio ?
02:13 - Déjà de faire ce qu'on appelle le FIFO.
02:16 Ce qu'on apprend dans les sociétés de logistique, c'est première entrée, première sortie.
02:24 Donc si on achète des yaourts, de ne pas mettre les nouveaux yaourts ou les nouveaux produits
02:30 qu'on achète devant dans le frigo, mais de ressortir ce que font les magasins,
02:33 ce que font n'importe quel...
02:37 C'est de la logique de sortir les anciens et de les remettre devant pour les consommer en premier.
02:41 - C'est ça, on réorganise un peu son frigo.
02:43 - Ouais, ouais. Et après de se dire aussi qu'on peut aussi consommer des produits,
02:48 même s'ils sont périmés de quelques jours, c'est surtout...
02:52 Après je ne suis pas nutritionniste, je ne suis pas spécialiste là-dedans,
02:55 mais moi il m'arrive de manger des yaourts qui sont passés de 2, 3, même 4 semaines des fois.
03:02 - Alors justement, toutes les denrées ne sont pas forcément bonnes à prendre.
03:06 Si on dépasse un peu la date de péremption, ça veut dire que vous, la banque alimentaire,
03:10 vous pouvez le récupérer ou pas ? Qu'est-ce qu'on peut vous donner ?
03:13 - Alors nous, on récupère tout.
03:16 Après on a plusieurs catégories de produits, mais les produits frais,
03:20 on n'a malheureusement pas le droit de les distribuer une fois qu'ils sont...
03:24 La DLC est dépassée, donc la date limite de consommation.
03:27 Donc même les yaourts, la viande, si c'est périmé, on n'a pas le droit de les passer.
03:32 Donc les magasins, ils savent, ils ne nous donnent pas de produits périmés.
03:36 Ils nous donnent des produits à qui il reste un jour, deux jours, trois jours de date.
03:40 Par contre, sur tout ce qui est pâtes, boîtes de conserve et tout,
03:43 on peut les consommer encore des semaines, des mois après, sans aucun souci.
03:48 - Il est 8h moins 10, vous écoutez France Bleu, Belleforme, Aurélia,
03:52 un milliard de repas jetés chaque jour selon l'ONU.
03:55 Est-ce que ça vous choque ? Est-ce que ça vous arrive de jeter de la nourriture ?
03:59 Marek, écoutons le témoignage de Jocelyne qui habite en Joutet,
04:02 qui vient de nous appeler au 03 84 82 82 82. Bonjour Jocelyne.
04:07 - Oui bonjour, s'il te plaît, Slip.
04:09 - Oui, disons que je ne vête pratiquement rien parce que je n'ai pas été élevée comme ça.
04:17 On avait une éducation de ne pas gaspiller la nourriture.
04:21 Et ça reste parce que c'est cher, il n'y a plus de gens qui manquent,
04:27 qui n'ont pas d'argent pour manger, pour se nourrir.
04:31 Il faut penser à tout ça. Et puis c'est facile de ne pas gaspiller,
04:36 même le pain ne donne pas de gaspillage, on peut faire beaucoup de choses.
04:39 On peut faire de la chapelure, on peut faire des petits croutons pour la soupe,
04:43 on peut faire beaucoup de choses.
04:45 - En fait, si on a bien compris, Jocelyne, vous cuisinez les restes pour jeter le moins possible.
04:49 - Oui, tout à fait. Un riz de poteau feu, par exemple,
04:54 je fais une autre recette, je fais des flaschnakas, par exemple.
04:57 - Merci Jocelyne pour ce témoignage.
04:59 Effectivement, il y a plein de solutions. On peut recuisiner les restes.
05:05 On peut aussi donner à la banque alimentaire, par exemple.
05:09 Une question, Cédric d'Averio, est-ce que le problème du gaspillage,
05:13 ce n'est pas ces packs qu'on retrouve dans les supermarchés ?
05:16 Plus de produits vendus en Inde dont on ne fait rien,
05:19 avec des dates de péremption qui sont plus courtes.
05:23 - Peut-être aussi. Après, c'est un avis personnel, je n'en sais pas plus.
05:29 Peut-être qu'aussi les gros volumes, les choses comme ça,
05:31 ça incite les gens à acheter en grand nombre moins cher.
05:34 Et ensuite se dire qu'ils ont payé un petit peu moins cher,
05:41 ce n'est pas grave si on en jette un petit peu.
05:42 Là, c'est vraiment juste un avis personnel.
05:44 Je n'ai pas la science infuse pour dire exactement ce qui se passe,
05:50 mais peut-être que c'est ça aussi. Peut-être que ça joue.
05:52 - On a entendu le témoignage de Jocelyne d'en jouter,
05:55 qu'on remercie évidemment de nous avoir rappelé,
05:57 qui, elle, fait en sorte de garder le plus possible.
06:01 Vous auriez besoin des dons, des particuliers, de plus en plus ?
06:05 - Nous, on est preneur de tout.
06:08 On a régulièrement des gens qui viennent chez nous à la banque alimentaire
06:12 nous déposer des boîtes de conserve, des pâtes, des fruits et légumes
06:17 qu'ils ont en trop, des excédents de leur jardin.
06:22 On a régulièrement des gens qui passent chez nous comme ça,
06:26 nous faire des dons.
06:27 Mais oui, nous, on est preneur de tout, de toute façon.
06:30 - Merci beaucoup Cédric d'Averriaux d'avoir été avec nous.
06:34 Vous êtes le responsable de la banque alimentaire dans l'air urbain
06:36 de Belfort, Montbéliard et Réco.
06:38 - À Montbéliard, oui.
06:39 - À Montbéliard. On vous souhaite une bonne journée.
06:41 - Oui. OK, bonne journée à vous.
06:43 Et cet entretien est à retrouver sur l'application ici par France Bleu et France 3.