Football et dépression : la parole se libère

  • il y a 5 mois
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Transcript
00:00 Je voulais juste jouer au football,
00:02 je voulais juste jouer,
00:04 je voulais juste faire de tout pour mon club et pour ma famille.
00:08 J'ai vu mon père,
00:24 qui a voulu me faire un rêve,
00:28 et qui a voulu me laisser partir.
00:32 C'était fou, j'avais juste disputé la Coupe du Monde,
00:35 c'était mon haut.
00:37 J'étais à mon limite,
00:42 je ne vais pas dire mort,
00:48 mais j'étais dans une dépression.
00:52 C'est là.
00:54 En fait, je ne m'en suis pas rendu compte moi-même,
01:21 mais j'ai rencontré des personnes autour de moi
01:24 qui m'ont dit "Flo, parle avec quelqu'un,
01:26 dis-lui ce que tu ressens, etc."
01:28 Et au fil de la conversation,
01:30 à un moment donné, j'ai éclaté en sanglots,
01:32 je me suis mis à pleurer, etc.
01:34 Et cette dame m'a dit à un moment donné
01:36 "Vous savez que ce que vous faites, monsieur,
01:38 c'est un stade bas,
01:40 mais vous êtes déjà à un stade de la dépression."
01:42 Florian Thauvin a pu comprendre,
01:44 c'est en allant chercher de l'aide auprès d'une psychologue.
01:47 Une initiative personnelle,
01:49 contrastant avec un certain tabou existant,
01:52 il y a encore quelques temps.
01:54 Dans le milieu du football, comme ils ne parlent pas de ces questions-là,
01:56 qu'ils en ont honte, qu'ils sont mal,
01:59 avec cette idée qu'ils puissent être fragiles,
02:02 rejetés, exclus,
02:04 ils ont des capacités à tolérer la souffrance,
02:07 qu'elle soit physique, mais aussi psychologique,
02:10 ce qui est hors du commun aussi.
02:12 Du coup, on ne peut pas savoir que d'autres
02:14 partagent aussi ces moments de souffrance,
02:17 ces questionnements, ces doutes,
02:19 ces moments de détresse.
02:21 Donc ils le découvrent souvent, enfin, ici, oui.
02:25 Certains ont fait le choix du sacrifice.
02:28 Il y a un an, Raphaël Varane, pas encore trentenaire,
02:32 décide d'arrêter sa carrière internationale.
02:35 J'ai tout donné, tout donné,
02:37 physiquement, psychologiquement,
02:39 mais le très très haut niveau, c'est une machine à laver.
02:42 On joue tout le temps, tout le temps, tout le temps,
02:44 on ne s'arrête jamais.
02:45 Et en ce moment, j'ai l'impression un peu d'étouffer
02:49 le joueur qui est en train de bouffer l'homme.
02:52 Une certaine maturité pour prévenir l'un des dangers du haut niveau.
02:56 Quand il y a quelques mois,
02:58 Alexis Bekka Bekka menaçait d'en finir avec sa vie.
03:02 Un événement marquant pour la Ligue 1,
03:05 ayant lancé le débat sur la santé mentale des joueurs.
03:09 On passe d'un extrême à l'autre.
03:12 Il y a quelques années encore, on ne parlait pas du tout de santé mentale.
03:15 Aujourd'hui, il y a un fait qui aurait pu être dramatique à Nice.
03:18 Et voilà, c'est comme si on se réveillait,
03:20 alors que ça fait, moi, plus de 15 ans que j'essaie d'alerter.
03:24 Donc qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on anticipe ?
03:26 Ou est-ce qu'on se retrouve devant un fait accompli ?
03:28 Depuis plusieurs années,
03:30 le Stade brestois fait appel à Thomas Samuth
03:32 pour venir en soutien aux joueurs.
03:34 Là, c'est la salle où j'accueille les joueurs.
03:37 C'est notre bulle à nous, avec les joueurs.
03:40 La santé mentale, quand je suis arrivé dans le milieu du foot,
03:43 on n'en parlait pas.
03:44 Ce qu'on voulait, c'était plus des joueurs performants.
03:47 Et on ne faisait pas forcément le lien entre le bien-être et la performance.
03:50 Donc à partir du moment où on arrive à associer les deux
03:53 et que les dirigeants comprennent l'intérêt,
03:56 ça fait germer aussi les idées de pourquoi pas
03:59 faire intégrer des préparateurs mentaux,
04:01 des psychologues aussi, au sein des structures professionnelles.
04:05 C'est quelque chose de confidentiel entre eux.
04:10 L'intérêt, c'est aussi de libérer un peu la parole.
04:12 Et c'est vrai que des fois, quand on est joueur,
04:14 et je l'ai été, il y a peut-être des choses
04:16 qu'on n'a pas forcément envie de dire à son coach
04:18 parce qu'on a l'impression qu'on va peut-être être jugé.
04:20 D'après une étude, en France,
04:22 environ 40% des joueurs professionnels
04:25 ont connu des épisodes dépressifs au cours de leur carrière.