L'invité du jour : aliments transformés, un affichage clair et transparent s'impose !

  • il y a 5 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 [Musique]
00:04 – André Androt. – Bonjour.
00:06 – Alors vous êtes chargé de mission agriculture-alimentation,
00:08 à l'UFC Que choisir,
00:10 quelle est la règle quant à l'origine de nos aliments aujourd'hui ?
00:15 Et pourquoi vous, vous vous êtes intéressé à ce sujet ?
00:18 – La règle des dictages, ça dépend.
00:20 Si c'est des produits bruts, comme des fruits, des légumes,
00:24 de la viande fraîche ou du poisson,
00:26 là, il y a l'indication obligatoire du pays précis d'origine.
00:29 – D'accord.
00:30 – Et puis en revanche, si le produit est un petit peu transformé,
00:32 il n'y a plus aucune obligation.
00:34 Et en fait, c'est en fonction du volontariat de l'industriel
00:38 qui peut ou qui peut ne donner aucune information
00:40 sur l'origine des différents ingrédients.
00:42 – Bon, alors justement, l'UFC Que choisir a réalisé une enquête
00:46 sur l'origine d'un échantillon d'aliments transformés,
00:50 transformés, ça veut dire industriel, pour être clair.
00:52 – Tout à fait.
00:53 – D'accord. Qu'est-ce que ça donne alors ?
00:54 – Ce n'est pas très bon.
00:55 Parce que sur la totalité des ingrédients qu'on a analysé,
00:58 c'est un échantillon de 250 produits,
01:01 ça fait au total 480 ingrédients différents,
01:05 on a 69% des ingrédients où il y a une opacité,
01:09 soit dans la moitié des cas, aucune information sur l'origine,
01:12 soit une information très floue du genre origine UEE ou non UEE.
01:16 – Voilà, l'Union Européenne.
01:17 – Oui, c'est assez large.
01:18 – On ne sait pas ce que c'est.
01:20 – Bon, alors comment on explique de telles disparités
01:23 entre les différents industriels d'ailleurs ?
01:25 – En fait, pour nous, ce qu'on voit tout d'abord,
01:28 c'est que c'est une politique de marque,
01:30 parce que quand on regarde dans des mêmes rayons,
01:34 par exemple si on va sur le rayon des produits,
01:36 des platous préparés, des platous préparés frais,
01:39 on voit que certains industriels, comme Marie,
01:42 sont en capacité de nous donner, j'aurais une information assez précise,
01:45 avec par exemple l'indication du pays précis des ingrédients
01:48 pour 8 ingrédients sur 10.
01:49 – C'est intéressant ce tableau-là, regardez-le bien,
01:53 quand c'est vert, quand c'est beaucoup vert,
01:55 ça veut dire que c'est un bon élève, et quand c'est beaucoup noir,
02:01 avec des noms très connus, Marie, on connaît tous,
02:05 et puis casse-grain, en plein milieu, là en bas, ça va pas là.
02:09 – Il faut en citer un troisième, William.
02:11 – Et donc vous voyez que pour…
02:13 – Pour des produits très similaires, alors un troisième,
02:16 prenons Fleury-Michon pour le coup,
02:18 donc sur des produits très similaires à ceux de Marie,
02:20 donc il va nous donner l'information uniquement précise
02:23 sur un ingrédient sur 5, ou au parler de Bonduelle qui est capable…
02:26 – Mais qu'est-ce qui les gêne au fond ?
02:29 Ça vient des endroits bizarres, c'est pas sain,
02:32 il y a des OGM là-dedans qui se baladent, je sais pas,
02:34 moi des bactéries qui se baignent, c'est curieux.
02:38 – La véritable raison, c'est encore et toujours le prix,
02:42 et donc les marges des industriels.
02:44 Il faut savoir que nous sommes dans une situation d'inflation galopante,
02:48 qui est très dure pour les consommateurs, il faut le rappeler,
02:50 et la grande distribution a mis une pression très forte
02:52 sur les industriels pour diminuer leur prix.
02:54 Mais certains industriels se sont dit "on va quand même pas trop diminuer nos marges,
02:58 donc on va aller chercher les ingrédients, là ils sont le moins chers".
03:00 Et là où ils sont le moins chers, c'est pas en France,
03:02 par exemple sur la volaille, la volaille la moins chère,
03:05 ça va être par exemple au Brésil ou en Thaïlande.
03:07 Sauf qu'on n'a pas forcément les mêmes qualités…
03:09 – Quoi, je mange un poulet brésilien un dimanche à midi ?
03:12 – Dans certains cas, certainement.
03:14 – C'est pour ça qu'il est maigrelé là, le pot.
03:18 – Oui, juste pour rebondir, véritablement ça s'inscrit dans une stratégie industrielle,
03:22 William, de fabrication du prix.
03:23 C'est-à-dire qu'en effet, l'industriel, ce qu'il n'aime pas trop à dire,
03:26 c'est que s'il commence à s'engager sur une origine,
03:28 il n'a plus la flexibilité de changer de fournisseur au dernier moment
03:31 pour fabriquer son prix, ou même parfois de changer de site industriel.
03:35 Parce que l'ensemble des marques qui sont ici citées,
03:37 parfois, ont plusieurs sites industriels.
03:39 Un qui peut se situer en Pologne, l'autre en Italie…
03:41 – Oui, mais la règle apparemment, c'est…
03:43 Le poulet en question dont nous venons de parler,
03:45 c'est soit il vient du Brésil, soit il vient du Japon.
03:48 Mais c'est rarement chez nous, c'est ça qui nous inquiète, nous, les consommateurs.
03:51 – C'est ce qui se développe, parce que, alors que la France
03:55 était, il y a encore quelques années, un produit qui était largement excédentaire
03:58 sur la plupart des productions agricoles,
04:00 on commence à voir des importations très significatives,
04:03 par exemple pour les ingrédients qui sont mis en œuvre par l'industrie agroalimentaire,
04:07 c'est de l'ordre de 35% sur le bœuf, et on pense, on estime que c'est plus de la moitié,
04:12 largement plus de la moitié pour la volaille.
04:14 Donc, il y a un impact direct, tout d'abord, sur le côté socio-économique,
04:19 donc au niveau de la pérennité, de l'élevage,
04:22 mais aussi des agriculteurs en France, qui sont mis sous pression.
04:25 Ça, c'est… On parlait, vous parliez tout à l'heure, de la crise agricole.
04:28 C'est une des raisons, indubitablement, quand vous êtes face à des prix de matières premières
04:33 qui sont extrêmement bas, beaucoup plus bas,
04:34 comment peuvent s'aligner avec ces prix très bas les agriculteurs ?
04:37 Mais il y a des questions, excusez-moi,
04:39 il y a des questions également qui sont environnementales.
04:41 Quand vous avez du poulet qui vient du Brésil, le voyage, c'est du bilan carbone.
04:46 Et puis, les conditions de culture aussi des OGM avec lesquelles il va être nourri,
04:50 c'est aussi un impact environnemental et aussi sanitaire,
04:53 puisqu'on n'a pas les mêmes conditions de fabrication sanitaire
04:57 dans l'Union européenne et hors de l'Union européenne.
04:59 – Oui, mais ça ne va pas s'arranger. C'est de pire en pire, là.
05:03 – C'est bien la crête que nous avons.
05:04 C'est pour ça que, nous, ce que nous proposons et ce que nous demandons,
05:07 c'est qu'on donne l'information au consommateur,
05:10 et donc un outil pour faire un choix éclairé.
05:11 Regardez, si on voit au niveau du rayon viande et volailles fraîches,
05:16 je rappelle, il y a depuis longue date cette obligation
05:19 d'indiquer l'origine précise du pays.
05:20 Vous allez voir que les consommateurs sont finalement très responsables
05:23 parce que vous n'allez pas avoir d'origine exotique qui vienne d'ailleurs,
05:27 c'est essentiellement de l'origine de France.
05:28 Donc, ça veut dire que lorsque vous donnez cette information,
05:30 les consommateurs choisissent.
05:32 Et donc, c'est pour ça que nous demandons qu'au niveau des produits industriels,
05:37 on ait la même obligation d'indiquer les ingrédients.
05:40 – Justement, comme vous le savez probablement, vous, professionnel,
05:43 le ministre Olivier Grégoire,
05:45 elle planche sur un nouvel affichage sur les emballages.
05:48 Alors, de quoi il s'agit exactement et qu'est-ce que vous en pensez ?
05:51 – Alors, par rapport aux informations qu'on voit de temps en temps,
05:54 c'est-à-dire on va monter en épingle l'origine, par exemple,
05:57 de la viande de bœuf dans des raviolis,
05:59 la viande de bœuf, c'est de l'ordre de 10-15%.
06:01 Par contre, on ne saura pas où est l'origine, par exemple,
06:04 du blé utilisé pour les pâtes.
06:06 Eh bien là, Olivier Grégoire propose d'aller plus loin
06:09 et d'indiquer l'origine de tous les ingrédients.
06:11 Donc c'est beaucoup plus intéressant sur le principe.
06:14 Et puis, de le présenter sur un format facile à lire.
06:17 Vous ne savez pas la petite mention dans la liste des ingrédients ?
06:19 – La petite mention "lisible" en bas ? – Voilà, comme ça.
06:21 L'idée, on propose, ça serait par exemple sous la forme d'un camembert,
06:25 vous savez, une sorte de graphique assez compréhensible du point de vue visuel,
06:29 avec quand même un petit problème.
06:30 C'est que les industriels ne veulent pas d'une information obligatoire
06:34 ou à la limite, pourquoi pas, une information sur Internet.
06:36 – Ils font ce que le gouvernement leur demandera peut-être,
06:39 et les consommateurs avec, et vous qui les défendez.
06:42 – Et c'est pour ça que, pour nous, pour que ça ait un véritable impact,
06:45 non seulement sur la transparence et l'information des consommateurs,
06:48 le choix éclairé, mais aussi sur les politiques d'approvisionnement
06:50 de l'industrie agréglementaire, il faut que ça soit obligatoire.
06:53 – Et il ne faudrait pas, William, que cette transparence ait un coût sur le produit.
06:57 Parce qu'à la fin… – Eh bien, il ne manquait plus que ça.
07:00 – Ça peut avoir un peu de répercuter sur nos prix.
07:02 – Bon, il ne faut pas lâcher. – Non, rien.
07:04 – Allez, bonne chance. Et revenez nous voir si jamais ça ne marche pas.
07:08 – On l'hésitezra pas.
07:09 – On invitera la ministre d'ailleurs, pour dire si elle a réussi.
07:12 Bon, merci beaucoup.
07:13 [Musique]

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