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00:00 Il y a 30 ans, presque jour pour jour, le début de l'apocalypse au Rwanda, de l'un des pires
00:07 génocides du XXe siècle, celui des Tutsis déclenchés le lendemain de l'attentat contre
00:12 l'avion du président Hutu, Juvénal Abiyarimana.
00:15 800 000 à 1 million de Tutsis massacrés par des milices mais aussi par de simples citoyens,
00:21 comme on dit dans une frénésie de haine raciste entre avril et juillet 1994.
00:26 Le pays s'apprête à commémorer l'horreur.
00:29 On vous retrouve à Kigali, Clément Diroma, vous êtes notre correspondant au Rwanda.
00:34 Bonjour Clément.
00:35 C'est tout un pays qui s'apprête à vivre collectivement quelque chose d'extraordinairement
00:41 puissant.
00:42 Bonjour Pauline, oui tout à fait, c'est une période très forte pour les Rwandais,
00:48 on l'appelle Kwi Buka ou "se souvenir" en langue locale qu'il n'y a à Rwanda.
00:52 Et en fait, il s'agit de 100 jours de commémorations qui débuteront par une semaine de deuil très
00:57 bientôt, une semaine pendant laquelle il y aura des grands événements, de grandes
01:00 cérémonies un peu partout au Rwanda.
01:03 Et cette semaine sera suivie de 100 jours d'hommage national aux victimes, c'est-à-dire
01:08 que les survivants, les fils, filles, les petits-fils, petites-filles des victimes se
01:13 rendront dans les 170 sites mémoriaux à travers le pays où sont enterrés des centaines
01:19 de milliers de corps pour rendre hommage à ces personnes tombées lors du génocide
01:23 contre les Tutsis qui a fait entre 800 000 et 1 million de morts au total.
01:27 Alors il y a aussi évidemment des règles très précises, en tout cas pour la première
01:31 semaine de deuil, puisque toutes les musiques ne sont pas les bienvenues.
01:35 Par exemple, il y a des musiques commémoratives qui doivent être jouées un peu partout dans
01:39 le pays, des musiques qui abordent les massacres, mais qui parlent aussi de la reconstruction
01:44 du pays.
01:45 Et enfin, une règle très importante, le gouvernement tente, ou en tout cas incite
01:48 les entreprises à laisser un maximum de temps aux Rwandais et aux Rwandaises, c'est-à-dire
01:53 alors laisser des journées de libre ou des demi-journées sans travail pour qu'ils
01:58 puissent bien réfléchir aux massacres ou aux 30 ans qui les séparent du génocide.
02:02 Clément, pourquoi est-ce que ce palier d'une certaine façon des 30 ans est si important ?
02:08 Alors 30 ans, ça peut sembler assez court d'un point de vue européen évidemment,
02:15 mais au Rwanda, 65% de la population a moins de 30 ans, c'est plus de la majorité des
02:20 Rwandais et Rwandaises, et donc tous n'ont pas connu les massacres.
02:23 Alors évidemment, leurs familles en ont parlé pour la majorité, et certains ont appris
02:29 certains massacres à l'école, mais il s'agit d'un événement très important
02:33 pour le gouvernement puisque cela permet, ce kwi-buka, cette période de souvenirs,
02:38 permet de remettre dans l'esprit de tous les Rwandais ce génocide et de leur rappeler
02:43 ce qu'il s'est passé exactement.
02:44 Alors pour le gouvernement, il ne s'agit pas que de souvenir, il s'agit aussi de montrer
02:48 au monde que le pays s'est relevé puisque le gouvernement rwandais a invité de nombreuses
02:54 personnalités.
02:55 On attend notamment Bill Clinton, l'ancien président américain qui était au pouvoir
03:00 en 1994 lors du génocide.
03:02 On attend aussi le ministre des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné.
03:07 Et donc à travers ces invitations, à travers ces grands événements pour les 30 ans, le
03:12 Rwanda veut montrer qu'il s'est relevé depuis le génocide, qu'en 30 ans, le pays
03:17 s'est bien reconstruit.
03:18 Clément, Andy Roma depuis Kigali, merci beaucoup Clément.