L’Europe n’a aucune raison d’être défaitiste [Georges Ugeux]

  • il y a 5 mois
Xerfi Canal a reçu Georges Ugeux, CEO Galileo Global Advisors, Faculté de droit de l’Université de Columbia, ancien vice-président international de la Bourse de New York, pour parler de l'Europe.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00 Bonjour Georges Jugeux.
00:10 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:11 Georges Jugeux, vous êtes CEO de Galileo Global Advisors, vous êtes professeur de
00:15 finance à l'Université Columbia, vous êtes ancien vice-président international
00:21 de la Bourse de New York.
00:22 L'Europe, Georges Jugeux, l'Europe aujourd'hui, on a un peu l'impression qu'elle est mal
00:27 en point, qu'elle ne va pas très bien.
00:30 On craint beaucoup des élections à venir aussi, enfin on sent qu'un peu partout ça
00:34 va mal.
00:35 Et là vous nous prenez un revers, vous nous dites mais en fait l'Europe n'a aucune
00:39 raison d'être défaitiste, il faut être optimiste.
00:41 Absolument.
00:42 Ce qui est assez intéressant quand on vit aux Etats-Unis, c'est que vous allez voir
00:50 la télévision vous dire il y a des élections cette année-ci, il y a l'élection américaine,
00:55 il y a l'élection anglaise, il y a l'élection russe, elle ne parle même pas de l'élection
01:01 européenne.
01:02 Je crois que l'Europe a d'abord et avant tout un énorme problème d'image.
01:06 Elle est incapable de se vendre, elle est incapable de faire connaître à tous ceux qui devraient
01:15 le savoir ce qu'elle réalise alors que l'Europe est pour le moment dans une situation
01:22 dans laquelle elle réalise pas mal de choses.
01:24 Vous savez, c'est assez facile de déblatérer l'Europe vue de l'extérieur et malheureusement
01:35 ça a des conséquences.
01:36 Et les conséquences c'est que les investissements en Europe ne sont pas du tout à la hauteur
01:43 de ce qui se fait en Asie ou aux Etats-Unis.
01:46 Donc il y a une première chose, c'est que l'Europe doit essayer de se vendre et de
01:54 se faire connaître.
01:55 Parce que l'Europe a fait beaucoup de bonnes choses.
01:57 Ce qui s'est fait dans le domaine de l'environnement, ce qui s'est fait… enfin nous sommes quand
02:01 même en avance sur l'environnement.
02:02 L'Europe est beaucoup plus réglementaire, elle est beaucoup plus défenseur du particulier,
02:15 défenseur du consommateur, etc.
02:17 Vous savez, nos amis de Google, ça leur a coûté très cher d'avoir essayé d'enfreindre
02:22 les règles européennes.
02:23 Donc quelque part ça n'amuse pas vraiment les Américains.
02:27 Et quand on a créé une réglementation de transparence, les Américains ont dit « oui
02:35 ça c'est pour les Européens » et puis ils n'ont pas très bien compris.
02:37 Ils ne se sont pas rendu compte que Citibank quand elle est en Europe, pour ses activités
02:44 européennes, doit être transparente.
02:46 Et donc les règles européennes se sont en fait établies comme la référence à travers
02:53 le monde.
02:54 Et donc c'est très intéressant de voir que finalement l'impact de l'Europe, et
03:01 je dirais même en Asie, l'impact de l'Europe est beaucoup plus fort qu'on ne le croit.
03:06 La réglementation en matière d'assurance, qu'on appelle « Solvency II », c'est
03:12 traduite sous forme de « CIROS » en Chine, parce que les entreprises d'assurance chinoise
03:19 voulaient opérer en Europe.
03:20 Et elles ont adopté la réglementation européenne parce qu'il n'y a pas de réglementation
03:24 américaine.
03:25 Et donc il y a des forces en Europe, il y a des qualités en Europe, mais on est dans
03:34 une situation où nous avons une véritable crise de confiance.
03:39 Véritable crise de confiance.
03:42 Vous dites aussi qu'il y a un sursaut militaire, c'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a une
03:49 prise de conscience de la place de l'Europe dans le contexte géopolitique, et une idée
03:54 très importante, c'est qu'il n'est pas possible de sortir de l'alliance avec
04:01 l'ami américain, mais il faut rééquilibrer la relation.
04:04 Tout à fait, mais regardez ce qui s'est passé à travers tout ce qui s'est passé
04:09 en Ukraine, regardez ce qui se passe au niveau des budgets militaires de tous les pays de
04:13 l'Europe.
04:14 Nous avons été, soyons clairs, nous avons laissé les Américains tout faire.
04:20 Maintenant que nous nous rendons compte ce que nous savions, c'est que quand on change
04:24 de gouvernement en Europe, subitement les États-Unis peuvent disparaître, on se rend
04:28 compte qu'on a besoin de prendre en charge notre propre destinée.
04:32 Il ne s'agit pas de faire contre les États-Unis ou sans les États-Unis, mais il s'agit
04:36 d'avoir un poids suffisant.
04:38 L'Europe doit prendre sa part à être le gendarme du monde aussi.
04:42 Absolument, et en tout cas son propre gendarme.
04:45 Et en tout cas son propre gendarme.
04:46 Merci Jean Juju.
04:47 Avec plaisir.
04:48 Merci à vous.
04:50 Merci à vous.
04:52 [Musique]

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