• il y a 3 mois
Xerfi Canal a reçu Georges Ugeux, CEO Galileo Global Advisors, Faculté de droit de l’Université de Columbia, ancien vice-président international de la Bourse de New York, pour parler de la logomachie de l'IA.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Georges Jugeux. Bonjour. Georges Jugeux, vous êtes CEO de Galileo Global Advisors. Vous
00:15êtes professeur de finance à la Faculté de droit de l'Université Columbia. Vous êtes ancien
00:20vice-président international de la Bourse de New York. L'IA, comment voit-on le sujet de l'IA
00:27quand on est un financier comme vous Georges Jugeux ? On parle beaucoup de la question
00:31technologique etc. mais finalement on pose plus rarement la question aux financiers,
00:35la façon dont on voit l'IA. À part qu'ils investissent de l'argent et qu'ils demandent
00:39aux États d'en dépenser beaucoup. Bien sûr. L'intelligence artificielle n'est ni intelligente
00:48ni artificielle. Donc partons du point de vue que nous ne savons pas ce que c'est,
00:53parce que les dénominations qui ont été choisies sont parfaitement malheureuses. L'image
00:59que j'utilise pour essayer de faire comprendre un peu de quoi il s'agit, nous sommes dans un
01:05monde dans lequel les données importantes font l'objet de marchés etc. mais les données sont
01:13le nerf de la guerre. Alors il faut imaginer un camion qui transporte des données et tout va
01:22très bien jusqu'au moment où on est maintenant où il y a dix fois plus de données qu'il y en
01:26avait il y a cinq ans. Donc ça devient un peu lourd pour le camion. Et d'autre part c'est
01:32difficile de pouvoir traiter les données de cette manière là. Donc qu'est ce qu'on fait ? On
01:37remplace le moteur pour pouvoir donner au camion la capacité de traiter les données. On ne change
01:44pas le conducteur, on ne change pas le camion. Et donc le problème de l'intelligence artificielle
01:49c'est qu'il n'y a pas lieu de traiter le problème comme une réglementation globale parce qu'on va
01:58avoir des problèmes majeurs si c'est comme ça qu'on aborde le problème. La réalité c'est que la
02:04manière dont l'intelligence artificielle se déploie dans les soins de santé, dans la finance,
02:11dans l'éducation, dans l'industrie est totalement différente. D'autre part toutes ces industries
02:18ont leur propre réglementation. Donc créer une méga réglementation va créer des conflits entre les
02:25différentes réglementations. Donc on doit avoir beaucoup plus de modestie. On n'est pas occupé à
02:32remplacer toute la planète par des robots. Il y a quelque chose qui me gêne depuis très longtemps,
02:38une capacité de logomachie de certains joueurs dans le domaine de la technologie qui voudraient
02:48changer le monde. Donc il n'est pas question de ça. Par contre il faut vraiment réfléchir à ce que
02:55ça signifie pour l'être humain, à ce que ça signifie pour la société. Et ça ce n'est plus
03:00des problèmes de réglementation, ce sont des problèmes de politique dans le sens quelle
03:05politique veut-on, quelle société veut-on et comment va-t-on permettre l'intelligence artificielle de
03:12se déployer sans pour autant mettre en cause les valeurs fondamentales de nos sociétés.
03:18Le vrai débat. Le vrai débat et en tout cas qui n'est pas résolu par l'IA Act.
03:23L'IA Act est une bonne initiative, ça fait du bien à l'Europe, c'est une des bonnes choses qu'ils
03:29ont fait. Mais ça ne dépuce pas le sujet. Non mais vous savez on regarde toujours les choses près de
03:36chez soi et on a tendance à les critiquer. L'IA c'est fondamentalement un cadre de référence par
03:41rapport à l'intelligence artificielle. C'est pas une réglementation, c'est pas du droit, c'est pas
03:47tout ça. Donc c'est une loi de l'Europe mais elle est extraordinairement vague, extraordinairement au
03:57niveau des principes. Il y a déjà six mois la Maison Blanche a sorti un livre blanc avec les
04:03principes de l'intelligence artificielle. Les gouvernements sont dans le rôle quand ils font
04:07ça. Ils cadrent, ils donnent des éléments de référence, ils disent ce qu'il faut faire et ce,
04:13par exemple, qu'en matière de transparence, ils veulent continuer à obtenir. Et donc nous
04:20n'avons, ce n'est pas là, nous sommes au niveau de politique dans le sens policy, c'est-à-dire de
04:28ce que l'on veut faire. Ce n'est pas une réglementation dans le détail. Et d'ores et déjà,
04:33c'est très intéressant, l'intelligence artificielle n'a pas été découverte il y a deux ans. Il y a
04:41une série d'industries où on déploie les mêmes types d'algorithmes depuis dix ans. Et on a évolué
04:48et on continuera à évoluer. Donc la chose qui est importante, c'est d'arrêter de faire croire à la
04:54population que l'intelligence artificielle va les remplacer, que tout ça c'est absolument terrible,
05:00à la fois par ceux qui sont contre et par ceux qui sont pour. La réalité est beaucoup plus simple,
05:06c'est certainement une innovation financière, c'est certainement une amélioration des processus
05:13que l'on utilise en matière technologique, mais ça n'a rien de révolutionnaire.
05:17Merci à vous Jean-Gigeux.

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