Le journaliste, Dimitri Pavlenko, parle du fait que l’architecture peut être un sujet politique : «Il y a une architecture populiste».
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00:00 - Populiste ! - Mais oui ! Et il y a une architecture...
00:02 - Tu veux dire populiste ? Alors là...
00:04 - Un populisme architectural, vous appelez ça comme vous voulez.
00:06 C'est l'historien de l'architecture Jean-Louis Cohen qui l'a baptisé ainsi.
00:10 Alors d'ailleurs sans mépris, je vous lirai la définition qu'il en donne tout à l'heure.
00:14 C'est très intéressant parce que ça dit quelque chose de notre époque.
00:18 Je voudrais juste vous signer que Jean-Louis Cohen, c'est un grand monsieur,
00:21 il est mort l'an dernier, il a donné des cours au Collège de France pendant des années
00:26 sur le lien entre architecture et politique et tout ça est disponible gratuitement
00:30 sur vos plateformes de podcast. Donc si vous voulez les retrouver, c'est très facile.
00:33 Et c'est vraiment passionnant. Moi j'en ai écouté trois heures cet après-midi.
00:36 C'est un régal. - Non !
00:38 - Alors il raconte, Jean-Louis Cohen, que dans l'histoire, il y a plein de couples de bâtisseurs
00:42 et de dirigeants politiques. Michel-Ange, le pape Jules II, Louis XIV et Mansart,
00:48 Garnier, Napoléon, Albert Speer, Adolf Hitler aussi.
00:52 C'est une sorte d'architecture stalinienne. Il y a toujours eu,
00:56 quand on est chez les politiques, cette volonté d'imprimer son empreinte patrimoniale
01:01 dans le paysage du territoire qu'il gouverne.
01:05 C'est Mitterrand et la pyramide du Louvre aussi.
01:07 D'une certaine manière, c'est aussi Emmanuel Macron et la reconstruction de Notre-Dame.
01:13 L'architecture pour soit représenter les temps nouveaux, symboliser la prise du pouvoir,
01:19 ça peut être aussi restaurer ce qui est révolu, ça peut être effacer les traces du vandalisme révolutionnaire.
01:26 C'est une grande partie d'ailleurs de l'histoire du style néo qu'on a au XIXe siècle aussi.
01:30 Ce dont je vous parle, c'est la grande architecture.
01:33 Ce sont les pièces d'exception, ce sont les beaux monuments, ce sont les palais, ce sont les châteaux.
01:37 Là, en l'occurrence, ce dont on va parler, c'est plutôt l'architecture ordinaire.
01:41 C'est l'architecture résidentielle, c'est l'architecture de M. et Mme Tout-le-Monde,
01:44 c'est celle de chez moi, celle de chez vous, c'est celle de la ville d'à côté.
01:48 C'est une architecture qualifiée de populiste qu'on voit assez rarement à l'écran,
01:54 qui n'est pas beaucoup montrée, qu'on ne montre pas dans les écoles d'architecture,
01:57 ni non plus dans les revues d'architecture.
02:00 C'est quoi l'architecture populiste ?
02:02 Généralement, je ne sais pas si on a le temps, j'ai le temps un peu déroulé ?
02:05 Montrez-nous quelques images en plus parce qu'on a envie de comprendre.
02:08 On va parler plutôt des styles néo.
02:10 Par exemple, ce que vous voyez là, c'est à la Garenne-Colombe, c'est du néo-osmanien.
02:14 On reconnaît les formes osmaniennes, mais c'est nouveau,
02:18 alors on est sûrement en basse consommation, on est sûrement en double vitrage, etc.
02:23 On peut regarder la photo suivante, là on est plutôt dans ce qu'on appelle du néo-régionaliste.
02:27 Là, c'est à Villiers-sur-Marne, et donc vous voyez l'incrustation de la pierre meulière
02:31 qui est caractéristique de l'île de France.
02:33 Vous avez du néo-traditionnel.
02:35 Alors là, à nouveau du néo-osmanien, si on peut voir la photo suivante,
02:39 ça c'est la mairie du Plessis-Robinson, on est dans du néo-traditionnel en l'occurrence.
02:44 J'ai choisi volontairement la mairie du Plessis-Robinson,
02:48 parce que cette architecture néo, elle est née,
02:52 elle s'est développée dans la région d'Île-de-France, il y a des raisons particulières,
02:55 et vous avez deux territoires laboratoires.
02:57 Vous avez Val d'Europe, tout le quartier qui est autour, de Disneyland Paris,
03:01 et d'ailleurs on accole souvent à cette architecture néo
03:04 le qualificatif péjoratif d'architecture Disneyland,
03:07 architecture un peu factice, ça fait historique, mais ce n'est pas du vrai.
03:13 Et le Plessis-Robinson au sud des Hauts-de-Seine,
03:16 vous allez voir ce qui est intéressant, c'est qu'au-delà des formes,
03:19 il y a tout un discours politique derrière.
03:21 ♪ ♪ ♪
03:24 [SILENCE]