Déjà condamné pour le meurtre de sa femme Alexia Fouillot à 25 ans de prison, Jonathan Daval est jugé aujourd'hui pour dénonciation calomnieuse. Sa mère, Martine Henry, est l'invitée de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 10 avril 2024 avec Amandine Bégot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL, il est 7h43. Bonjour Martine Henry.
00:10 Bonjour.
00:12 Vous êtes la maman de Jonathan Daval, condamné à 25 ans de prison, je le rappelle, pour le meurtre de son épouse Alexia en octobre 2017.
00:18 Merci beaucoup de prendre la parole ce matin sur RTL.
00:20 Votre fils compare donc cet après-midi devant le tribunal correctionnel de Besançon.
00:24 Il y sera jugé pour dénonciation calomnieuse par la famille d'Alexia.
00:28 Je vais y revenir dans un instant, mais c'est d'abord à vous, à la mère que vous êtes que je m'adresse.
00:32 Comment allez-vous et comment vivez-vous ce drame plusieurs années après ?
00:36 Bon, ben je vais bien.
00:38 Et puis maintenant on est habitués à tous les rebonds, donc là on va encore en faire un.
00:45 Et non, je ne suis pas anxieuse.
00:48 On verra ce que ça va donner.
00:50 Sur le fond, je reviendrai après au rendez-vous d'aujourd'hui,
00:54 mais comment expliquez-vous cette affaire et surtout le geste de votre fils Jonathan ?
01:00 Cette affaire, elle était trop médiatisée.
01:05 Et puis sur le geste, ben écoutez, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
01:09 C'est pas bien ce qu'il a fait, mais maintenant c'est fait, c'est fait, on vit avec.
01:15 Avez-vous compris pourquoi Jonathan avait tué Alexia, votre belle-fille ?
01:19 C'est compliqué.
01:25 Je n'ai pas encore tout compris, mais bon, c'est compliqué.
01:34 Je ne parlerai pas de ça.
01:38 Vous n'avez pas vu arriver le drame dans ce couple ?
01:40 Ah non, pas du tout.
01:42 Non, non, j'ai pas vu.
01:45 On avait bien vu que ça n'allait pas bien, mais sans plus.
01:49 Vous comprenez qu'on soit stupéfait de ce que vous nous dites,
01:53 vous qui êtes, on l'a compris, très attentive, et à votre famille, et à votre fils ?
01:59 Oui, mais on ne s'attendait pas à un drame comme ça.
02:06 Personne ne pense à ça.
02:08 Enfin, moi, nous, on n'y a pas pensé, en tout cas.
02:10 On va en venir à l'actualité du jour, si vous le voulez bien, celle qui nous réunit ce matin.
02:14 Je rappelle brièvement les faits.
02:16 Après avoir avoué le meurtre de son épouse, Jonathan se rétracte et affirme que son beau-frère,
02:20 Grégory Gay, est le meurtrier.
02:22 Ses beaux-parents et sa belle-sœur, les complices, lui n'auraient fait que déplacer le corps.
02:26 Jonathan a finalement reconnu sa totale responsabilité.
02:29 Est-ce qu'il a bien fait, et est-ce que c'était nécessaire, Martine Henry ?
02:34 Est-ce qu'il a bien fait de faire comme il a fait ?
02:38 Écoutez, je pense que c'était en partie pour me rassurer, puisque je ne voulais pas accepter que c'était lui.
02:46 Après, c'est à lui de s'expliquer.
02:50 La famille d'Alexia réclame aujourd'hui 50 000 euros de dommages et intérêts.
02:54 Comment votre fils, que vous voyez régulièrement, aborde-t-il l'audience qui se tient aujourd'hui ?
02:59 Alors déjà, c'est 60 000, je m'excuse de vous reprendre.
03:03 On ne sait même pas s'il va être présent ou pas.
03:08 On l'a vu ce week-end, ça allait bien.
03:12 Il attendait pour venir, mais on ne sait pas s'il va être soustrait pour pouvoir être présent.
03:20 Mais vous, personnellement, en tant que mère, vous souhaitez qu'il soit présent, qu'il continue d'assumer tout cela ?
03:26 Il faut qu'il assume, oui, c'est ce qu'il va faire.
03:29 Mais c'est son choix, à lui. Il a voulu venir.
03:32 Moi, je ne suis pas contre toutes ses décisions.
03:36 C'est son choix, à lui. Donc, il veut venir, il vient.
03:39 Il aurait voulu rester et puis faire en visio.
03:42 C'était son choix aussi. Moi, je ne vais pas contre son choix.
03:45 Bien sûr. Et est-ce que...
03:47 S'il vient physiquement, ça veut dire qu'il va devoir, une nouvelle fois, affronter le regard de sa belle-famille.
03:52 Est-ce que ça l'inquiète ?
03:55 Je ne pense pas que ça l'inquiète.
03:58 Je pense qu'il en a peut-être besoin.
04:01 Je ne suis pas dans sa tête, mais moi, je l'ai senti bien.
04:04 Vous n'êtes pas dans sa tête, mais vous échangez avec lui.
04:08 Et j'imagine que vous êtes une mère, vous vous demandez dans quel état il se trouve.
04:13 Quand vous le rencontrez, que vous dites-vous, tous les deux ?
04:19 Quand on se rencontre, quand on va se voir, on parle de tout, mais on ne parle pas spécialement de l'affaire.
04:26 On parle de tout, du dehors, il veut savoir ce qui se passe dehors, si toute la famille va bien, même les voisins.
04:34 Mais on ne parle pas de l'affaire.
04:37 Donc vous parlez de votre vie quotidienne, c'est ça ?
04:39 Voilà, oui.
04:41 Qu'est-ce que vous lui racontez ?
04:44 Ah, ça, c'est une autre chose à nous.
04:49 C'est le dernier procès d'aval, normalement. Est-ce que c'est un soulagement pour vous ?
04:54 Ah, j'espère que c'est le dernier procès.
04:57 Oui, ça, ça sera un soulagement.
05:00 Et après, qu'on reste tranquille, chacun de notre côté, qu'on fasse la succession, que tout ça soit fini.
05:08 Parce que c'est long, c'est épuisant, on voudrait que ça s'arrête.
05:13 Vous en rêvez parfois ? Enfin, vous en cauchemardez parfois ?
05:17 Non.
05:18 C'était au début, mais non.
05:20 Non, ça, ça ne me travaille plus du tout.
05:23 On veut simplement que ça s'arrête, parce que c'est vrai que procès sur procès, c'est épuisant.
05:29 Votre équilibre personnel a été menacé par cette affaire ?
05:33 Pas du tout.
05:35 Non, ça a été très bien.
05:38 Je ne suis pas embêtée par les personnes, tout le monde dit bonjour.
05:43 Non, non, tout va très bien.
05:45 Vous comprenez que les mensonges de votre fils ont fait du mal et choqué ceux qui nous écoutent, et évidemment la famille d'Alexia ?
05:51 Ah ben ça, je comprends très bien, oui, oui.
05:55 Il aurait fallu éviter tout ça, mais ce qui est fait est fait, on ne changera plus rien.
06:02 Mais ça, je comprends que ça choque.
06:04 Comment en est-on arrivé là ?
06:07 Comment en est-on arrivé là ? Je ne peux pas vous le dire.
06:11 Mais c'est une question que vous vous posez ?
06:13 Non.
06:15 En tant que mère et en tant que belle-mère ?
06:17 Je ne me pose plus de questions.
06:19 Oui, je pense à la pauvre Alexia, c'est sûr.
06:24 Si on avait pu éviter ça, je vous assure qu'on l'aurait fait.
06:29 Dans votre livre publié il y a un an et demi, vous évoquez le fait que certains de ces mensonges, je parle de ceux de Jonathan,
06:36 étaient sans doute proférés pour vous protéger. Expliquez-nous.
06:40 C'est tout à fait ça, parce que comme je ne voulais pas, pour moi ce n'était pas lui, je ne voulais pas l'admettre.
06:45 À chaque fois qu'il voulait me dire quelque chose, je lui dis "tais-toi, ce n'est pas toi".
06:48 Et je pense qu'il a voulu dire ça en se disant "bon, mes parents seront contents, ce ne sera pas moi".
06:56 Mais bon, ce n'était pas la bonne chose à faire.
06:59 Vous serez présente à l'audience aujourd'hui ?
07:02 Tout à fait, oui.
07:04 Où trouvez-vous la force ?
07:05 Si il est là, qu'il voit qu'on est là, ça peut l'aider.
07:11 Où trouvez-vous la force de vous imposer ce qui va être forcément un nouveau moment extrêmement pénible ?
07:16 Je n'ai pas la force, c'est déjà l'amour pour mon fils, comme tous mes enfants.
07:24 Non, il faut être présent pour lui.
07:29 Vous êtes une mère éprouvée, mais ce sont bien entendu les fouillots, les parents d'Alexia qui ont perdu leur fille.
07:35 Avez-vous quelque chose à leur dire ce matin ?
07:39 Comme j'ai toujours dit, on pense bien à eux quand même, mais je n'ai pas les mots.
07:51 Ils vivent quelque chose de très dur, ça je le comprends.
07:57 C'est tout.
07:59 Vous n'avez jamais lâché votre fils dans une famille de 7 enfants.
08:03 A-t-il tenté de vous expliquer pourquoi il avait tué Alexia ?
08:10 Moi, je ne veux pas en parler.
08:14 Donc là, votre réponse c'est que cet échange a bien eu lieu entre vous,
08:18 mais que vous ne souhaitez pas en parler publiquement.
08:21 Oui, ça va remonter des choses, je ne veux pas.
08:25 Vous allez voir votre fils tous les 15 jours en prison.
08:29 Comment vivez-vous ces moments ? L'attente, l'appel, les autres familles, et puis le regard des autres ?
08:36 Le regard des autres, ça ne m'importe plus.
08:39 De toute façon, là-bas, on est tous pour quelque chose.
08:43 Et non, moi je parle à tout le monde, tout va très bien,
08:47 et puis on est content quand on le voit, ça c'est sûr, on se serre dans nos bras, on se fait des bisous.
08:53 Non, non, mais moi je ne m'inquiète pas du tout pour le regard des autres.
08:57 Moi je suis bien dans ma tête, c'est le principal.
09:01 C'est d'ailleurs troublant parce qu'il y a chez vous une sorte de doux mélange entre une forme d'équilibre
09:05 et une volonté de ne pas vouloir remuer tout ça encore.
09:09 Votre fils est incarcéré à Anzheim dans le Bahrain, c'est la prison des tueurs en série.
09:15 Il côtoie Francis Ohm, Guy Georges.
09:17 Lors de votre dernière interview sur RTL, vous nous aviez expliqué qu'il était en quelque sorte ami avec Guy Georges,
09:22 que les deux hommes s'entendaient bien. C'est toujours le cas ?
09:26 Tout à fait, parce que bon, amis c'est amis entre parenthèses,
09:30 mais qu'est-ce que vous voulez dans une prison ? Il faut bien qu'ils se parlent entre eux,
09:34 sinon ils vont parler à qui ? Au mur ?
09:37 Non, ils s'entendent très bien, tout le monde s'entend,
09:41 sinon il vaut mieux, c'est pour le respect de chacun de l'autre,
09:45 et puis que tout aille bien, sinon vous savez, ça dérape vite en prison.
09:51 De quoi lui parlez-vous quand vous allez le voir ? Tout sauf de l'affaire j'imagine ?
09:55 De tout et de rien, oui. De tout. Du temps, mais de tout.
10:02 Avant de nous séparer Martine Henry, voulez-vous nous dire une dernière chose, peut-être pour la famille d'Alexia ?
10:10 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ils ont de la peine, bon, on a de la peine aussi, mais je n'en dirai pas plus.
10:18 Merci beaucoup.
10:19 [SILENCE]