• il y a 8 mois
Le journaliste, Geoffroy Lejeune, revient sur les propos d’Eric Dupond-Moretti : «Oui, la France est un coupe-gorge».

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Transcription
00:00 Je pense que ce commentaire est à la hauteur. Le déni dont fait preuve le ministre de la justice est à la hauteur de la gravité de ce qui s'est passé.
00:06 En fait, je vais essayer pendant toute cette chronique de traduire le ministre de la justice.
00:11 La vraie phrase qu'il aurait dû prononcer c'est "il ne devrait pas y avoir de crimes d'honneur, on ne devrait parler que de crimes d'horreur".
00:17 Ça c'est ce qu'il a voulu dire en réalité. Le problème c'est que cette phrase c'est un vœu pieux, on le sait très bien,
00:21 et on sait que malheureusement ces crimes atroces sordides existent.
00:25 On sait aussi qu'il existe des gens sur notre territoire qui commettent des crimes d'honneur,
00:30 ou en tout cas qui ont conçu dans leur schéma mentaux le crime d'honneur, avec tout ce que cette phraseologie révèle d'horrible évidemment.
00:37 Que le petit Shams Eddin est mort évidemment de ça, et ça dépend en réalité d'où est-ce qu'on met l'honneur.
00:43 En l'occurrence, les assassins de Shams Eddin mettaient l'honneur dans les conversations que leur petite sœur pouvait avoir avec lui.
00:50 Ça c'est le réel malheureusement, ça c'est le réel. Le réel c'est aussi les images de l'enterrement qu'on a vu hier,
00:55 et la phrase du ministre de la Justice est un peu éloignée du réel.
00:58 Elle permet d'ailleurs de tirer le fil en réalité de ce qui permet que les yeux dans le débat public sur ce sujet restent grand fermés.
01:04 Tout à l'heure Mathieu nous a fait l'aveuglement médiatique, qui est évidemment volontaire,
01:08 et il y a une crispation du débat en ce moment sur ces sujets-là.
01:11 Moi je vais essayer de vous décrire l'aveuglement politique. Mathieu en a un peu parlé,
01:14 mais j'ai d'autres arguments d'un grand aveuglement politique qui conduit à ce qu'on ne change jamais rien sur aucun des sujets dont on parle.
01:21 D'abord, la première des choses, la base même de cet aveuglement, c'est d'éviter qu'on utilise les bons termes,
01:27 ce qui permettrait de faire le bon diagnostic.
01:30 Éric Dupond-Moretti, je vais beaucoup m'appuyer sur ses déclarations, parce qu'il n'est pas seul, rassurez-vous,
01:34 mais il a jalonné, disons, cette histoire politique qui est pourtant récente, ça a commencé en 2020,
01:38 de quelques déclarations qui sont assez frappantes et qui ont été des très très bons exemples.
01:42 Il a dit, quand il était déjà garde des seaux, il a dit "la France n'est pas un coupe-gorge".
01:46 On se rappelle de cette phrase qui avait fait beaucoup parler, et j'ai envie de lui répondre,
01:50 si, la France est un coupe-gorge, c'est un endroit où on peut se faire couper la gorge par un couteau,
01:53 c'est ce qui est arrivé d'ailleurs au petit Thomas, à Crépol, on en a beaucoup parlé, j'y reviendrai.
01:58 Le Figaro a dit qu'il y a 120 attaques au couteau par jour, les médias types quotidiens disent "non, c'est pas vrai,
02:03 ce chiffre est complètement faux, c'est ridicule, vous pouvez pas dire ça", etc.
02:06 En attendant, c'était basé sur une étude statistique et ça a été depuis répété par d'autres spécialistes.
02:11 Et c'est aussi le cas de "La France coupe-gorge" du roman Surizer, où hier soir,
02:17 après l'intervention de Dupond-Moreti à l'Assemblée Nationale,
02:20 hier soir encore, un jeune est décédé des suites d'un coup de couteau, donc oui, la France est un coupe-gorge.
02:24 Il a aussi prononcé une phrase exceptionnelle qu'on voit d'abord dans un premier temps à Lionel Jospin,
02:27 mais qu'il a reprise à son compte, il n'y a pas d'insécurité, mais il y a un sentiment d'insécurité, ça aussi, très marquante.
02:33 "Tous les jours, tous les jours, Christine, tous les jours, on voit des faits divers de plus en plus sordides,
02:38 et surtout les chiffres parlent, puisqu'on n'arrête pas de nous expliquer que non, les chiffres ne disent pas ça,
02:43 la fameuse théorie de Mathieu sur les statistiques.
02:45 Moi, je vais vous épargner le détail, en revanche, je vous invite à aller suivre les travaux d'un statisticien
02:49 qui s'appelle Marc Vanguard, qui, sur Twitter, en ne se basant que sur des données officielles, publiques,
02:55 type l'INSEE, le ministère de l'Intérieur, etc., fait un travail exceptionnel,
02:59 et je pèse mes mots, je travaille souvent grâce à ces chiffres, et notamment...
03:03 - Marc Vanguard.
03:04 - Marc Vanguard, il est déjà très suivi, en réalité, parce qu'il fait quelque chose que, justement,
03:08 les médias qui veulent nier le réel ne font plus, et il met en perspective, il reprend les chiffres,
03:12 il les met en perspective avec des graphiques qui montrent l'augmentation, justement.
03:15 Sur le cas particulièrement de l'insécurité et de la délinquance, il a montré très récemment,
03:19 à partir des chiffres de 2023, l'explosion des tentatives d'homicides, notamment,
03:24 et des coups et blessures volontaires.
03:26 Donc, vous avez des manières statistiques, en réalité, on peut faire mentir les statistiques en permanence,
03:31 d'ailleurs, c'est une donnée très connue dans le débat public,
03:34 lui, en l'occurrence, vous les donne brutes et vous montre l'évolution année après année,
03:37 et vous pouvez toujours dire que, oui, à l'époque de la guerre des boutons, les enfants étaient très violents,
03:41 vous voyez qu'aujourd'hui, en réalité, on est dans quelque chose qui n'a aucune commune mesure.
03:45 Tout ça, donc, est précis et documenté, mais utiliser les mauvais termes pour utiliser le mauvais diagnostic,
03:52 ça peut passer par autre chose, ça peut aussi passer par le... comment dire...
03:57 l'euphémisme permanent, Emmanuel Macron, par exemple, souvenez-vous, Macron l'a évoqué tout à l'heure,
04:00 mais parlait après les émeutes...
04:02 - C'est pas Macron, c'est moi. - On nous donne une promotion, pardon, pardon, pardon.
04:05 Mathieu, en parlant d'Emmanuel Macron, a évoqué tout à l'heure cette formule qui nous avait fait sursauter,
04:10 on en avait parlé d'ailleurs à l'époque tous les deux,
04:12 après les émeutes, il parle des réseaux sociaux et des jeux vidéo,
04:15 ou encore de loisiveté, ça aussi, ça vous a marqué, bref,
04:18 alors que tous les experts sérieux, type Jérôme Fourquet et Pierre Brouchant,
04:20 vous expliquent l'insécurité par une sécession identitaire des banlieues.
04:24 Bref, c'est pas une erreur de jugement, ça s'appelle un mensonge.
04:27 (Générique)

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