Politiques, à table ! - Élodie Jacquier-Laforge

  • il y a 5 mois
Un déjeuner partagé avec Élodie Jacquier-Laforge, vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée Démocrate de l'Isère, pour parler des PFAS, ces polluants éternels qui s'invintent jusque dans nos assiettes. Au menu également: l'"Origine info", un nouveau label pour informer les consommateurs sur l'origine des produits.



Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.

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Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:17 -Bonjour à tous et bienvenue dans "Politique à table" sur LCP,
00:20 l'émission où on parle cuisine, alimentation, agriculture,
00:24 mais aussi politique.
00:25 Cette semaine, nous recevons Elodie Jacquier-Laforge.
00:28 Bonjour. -Bonjour.
00:30 -Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:32 Avec moi, pour présenter cette émission,
00:34 Jean-Pierre Montanay. -Bonjour.
00:36 -Bonjour, Brigitte. -Bonjour.
00:38 -Vous êtes députée démocrate, modem, de l'ISER,
00:42 depuis 2017, mais vous êtes une professionnelle
00:44 de la politique, et pas seulement parce que vous avez obtenu
00:48 un DEA de sciences politiques à Assas,
00:50 plutôt parce que vous avez fait vos armes
00:52 aux côtés de Jacqueline Gourault,
00:54 l'ancienne ministre de la cohésion des territoires,
00:57 et conseil constitutionnel, et très proche de François Bayrou.
01:01 Au bout d'un mandat, vous avez fait vos classes
01:03 et vous accédez au perchoir, le Graal,
01:05 en tant que vice-présidente de l'Assemblée nationale.
01:08 Vous avez le loisir de présider les séances,
01:11 parfois animées, comme ce 7 mars 2023,
01:13 où vous avez failli tomber de l'armoire,
01:16 ou plutôt du perchoir, en découvrant les deux bras d'honneur
01:19 du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti,
01:21 au président du groupe LR, Olivier Marlex.
01:24 Il faut faire la police, au milieu de cette tambouille,
01:27 mais vous êtes une fine cuisinière,
01:29 dès qu'il s'agit de mettre l'isère à l'honneur.
01:32 -Et honorer l'isère, c'est honorer le gratin dauphinois
01:35 sans fromage, et en dessert, encore du fromage,
01:38 un Saint-Marcelin et un bleu du Vercors.
01:40 -Dans "Le Dessous des plats", bienvenue à "Origine Info",
01:43 un nouveau label pour informer les consommateurs
01:46 sur l'origine des produits transformés.
01:48 -Dans "Les pieds dans le plat",
01:50 alerte aux pifasses et polluants éternels
01:52 qui contaminent nos assiettes et nos verres.
01:55 -Et le scandale sanitaire.
01:57 -Allez, on passe à table, tout de suite,
01:59 cuisine et confidence.
02:01 ...
02:07 -Elodie Jacquier-Lafort, je vais vous poser la question
02:10 "Cache, cela valait-il de la peine d'en faire tout un fromage ?"
02:14 Vous, l'iséroise attachée aux recettes originelles
02:17 de votre terroir, vous avez tenu à nous mettre en garde
02:20 avec une certaine solennité. Je souhaite un authentique
02:23 gratin dauphinois, mais sans fromage.
02:25 C'est là que cette expression "en faire tout un fromage"
02:28 prend son sens. Cela signifie que l'on complexifie inutilement
02:32 une situation qui, à la base, ne le semblait pas.
02:35 Si vous jetez un oeil sur la recette du véritable gratin dauphinois
02:38 sur les sites de référence, marmiton, gratin-dauphinois.fr,
02:42 Cyril Lignac, ça existe, Atelier des chefs,
02:44 aucune trace de fromage dans leur recette.
02:47 Pourquoi nous marteler ? Pas de fromage !
02:49 Pour une recette qui n'en contient pas.
02:52 Personne à cette table n'a jusqu'à présent réclamé
02:54 une blanquette de veau sans fromage.
02:56 Et pourtant, j'ai fini par déceler en sous-texte
02:59 la marque de votre incessant combat contre ces cuisiniers profanes
03:03 ou incultes au choix qui osent tout,
03:05 même le gratin dauphinois au fromage.
03:07 Et surtout, ce gratin-là, c'est le savoyard,
03:09 celui de vos voisins rivaux. Un drame pour vous !
03:12 Car pas question de les confondre.
03:14 Nous sommes là, en plein cloche-merle des fourneaux
03:17 où les traditions ont un sens.
03:19 C'est plutôt réconfortant.
03:21 C'est sans doute moi qui en fais tout un fromage.
03:23 -C'est beau, Jean-Pierre.
03:25 Il fallait le préciser, qu'il n'y a pas de fromage
03:28 dans le gratin dauphinois. -C'est important.
03:30 J'aime les Savoyards et les Hauts-Savoyards.
03:33 On se fréquente. -Chacun chez soi.
03:35 -Mais si vous allez par là,
03:37 parlez de tartiflette aussi,
03:38 Hauts-Savoyards et Hauts-Savoyards,
03:41 vous parlerons de la pêla, qui est le plat d'origine.
03:44 Il faut savoir que c'est extrêmement important
03:47 qu'on respecte des choses, des traditions.
03:49 -Il y a des traditions fortes.
03:51 -Il y a des traditions qu'on peut faire évoluer,
03:54 celle du gratin dauphinois, surtout pas.
03:56 -C'est la recette authentique.
03:58 C'est une recette de famille que vous avez ?
04:00 -Alors, c'est assez facile à faire, le gratin dauphinois.
04:04 Sauf qu'il faut bien s'y prendre.
04:07 C'est un plat qui est convivial,
04:10 qui est chaleureux
04:11 et qui permet de se retrouver au sein d'une tablée.
04:15 Après, ma mère n'était pas forcément
04:18 une cuisinière hors pair.
04:20 -C'est pas une recette qui s'est transmise de mère en fils.
04:24 -Non, pas du tout.
04:25 Mais en tout cas...
04:27 -Vous le réussissez mieux qu'elle ?
04:29 -Bien évidemment !
04:30 -Quel est votre secret pour réussir le gratin dauphinois ?
04:33 -Beaucoup d'ail. -Beaucoup d'ail ?
04:35 -Oui, j'adore l'ail. -Pourquoi ?
04:37 -Vous avez la possibilité de déjà hailler le plat
04:42 et en plus, vous en rajoutez dans le plat,
04:45 c'est un peu au grand dam de ma famille,
04:47 qui est moins fan d'ail que moi,
04:49 mais je leur explique à quel point c'est bon pour la santé
04:52 et qu'en plus, ça permet de mettre en valeur...
04:55 -La pomme de terre, c'est ça ? -La pomme de terre et la crème fraîche.
04:58 -Pour la convivialité, c'est un peu moins bien...
05:01 -Mais au contraire !
05:03 -On partage l'ail. -Tout le monde en mange.
05:05 Personne ne reste en dehors.
05:07 -Aïe, aïe, aïe !
05:08 -Je sens que vous aimez les jeux de mots.
05:11 -Moi, je propose qu'on le goûte,
05:13 à gratin dauphinois,
05:14 pour voir si c'est vraiment l'authentique gratin de chez vous.
05:18 Alors...
05:22 -Allez.
05:23 -La crème fraîche.
05:25 -Même si, à mon avis,
05:26 et Jacques est là fort, je sais tout,
05:28 je vais quand même vous dire trois petites choses à savoir
05:32 pour faire un bon gratin dauphinois.
05:34 -Je vais vous le proposer. -Merci.
05:36 Vous avez raison, c'est pas très compliqué à faire,
05:39 mais parfois, on peut manger des mauvais gratins dauphinois.
05:42 Tout naturellement, ça commence par une bonne pomme de terre.
05:46 Un bon gratin, c'est une bonne pomme de terre.
05:48 Absolument à chair ferme, qui va donc supporter une cuisson longue.
05:52 Optez pour les Charlotte, les Belle de Fontenay,
05:55 Amandine, BF15, Chéri.
05:56 Je connaissais pas. Si vous avez, donc...
05:59 Euh...
06:00 Sous la main des binchs, parfaites pour la purée,
06:03 vous pouvez tenter le gratin, mais il risque de se décomposer.
06:07 Attention, après les avoir épluchés,
06:09 surtout ne pas les rincer pour garder l'amidon
06:12 et le côté fondant au gratin et un petit cremeux.
06:14 Alors, lait ou fromage ?
06:16 -Pas de fromage. -Non, lait ou crème, pardon.
06:18 -Oh ! -Lait, deux, mon capitaine.
06:20 -Non, mais là, vous voyez, c'est...
06:22 -Je répète, lait ou crème, les deux.
06:24 Mon conseil, commencez la cuisson des pommes de terre
06:27 coupées en fines rondelles dans une casserole de lait,
06:30 puis sortez les tranches de pommes de terre
06:33 quand elles sont fondantes,
06:35 les mettez dans un plat à gratin frotté à l'ail,
06:37 avec un peu de noix de muscade, et là, on couvre de crème
06:41 pendant au moins 2h à 150°.
06:42 On l'a dit et répété, oubliez le fromage,
06:45 quel qu'il soit, un gratin dauphinois
06:47 exécuté dans les règles de l'art ne comprend pas de fromage.
06:50 Si vous voulez en mettre, mettez du gruyère
06:53 plutôt que du cheddar, ça fera plutôt local.
06:55 -Parfois, il y en a un peu sur le dessus, non ?
06:58 Un peu gratiné ? -Non.
06:59 -Jamais. -En fait, si je puis me permettre,
07:02 parce que c'est toujours... -Permettez-vous.
07:05 -Pas forcément pré-cuisson,
07:06 parce que la pomme de terre est censée tenir,
07:09 mais c'est avec la crème fraîche, le temps de cuisson très long,
07:12 pas forcément très fort, qui vous permet d'avoir un fondant
07:16 vraiment sympathique. -Vous, vous les faites pas
07:18 pré-cuire dans le lait ? -Non.
07:20 -Vous les mettez crues ? -Un petit peu plus fines.
07:24 -Un petit peu plus fines. -Très fines.
07:26 -Très fines. Vous faites une couche de crème fraîche,
07:29 une petite couche de pomme de terre,
07:31 une couche de crème fraîche, vous, vous mettez de l'ail.
07:35 -Zéro lait. -Pas de lait, vous ?
07:36 -Ah, pas de lait. -Ah, pas de lait.
07:39 -C'était que pour la cuisson. -Non, mais après,
07:41 le lait s'évapore, et quand je mets mes pommes de terre,
07:44 y a plus de lait, et je remets de la crème.
07:47 Elles ont commencé à cuire, et l'intérêt,
07:49 c'est de les couper à la mandoline pour faire des tranches très fines.
07:53 -Vous faites comme ça ? Pour les avoir très fines,
07:56 mais on est pas loin d'être d'accord,
07:58 sauf sur la pré-cuisson, parce que si vous les cuisez
08:02 deux heures derrière, là, pour le coup,
08:04 il faut que la pomme de terre tienne jusqu'au bout,
08:07 et c'est extrêmement simple.
08:09 La pomme de terre, de l'ail, de la crème fraîche...
08:12 -C'est assez économique, comme plat.
08:14 -Ca permet... -Vous mettez de la noix de muscade ?
08:17 -Pas du tout. -Ah, c'est une erreur ?
08:19 -C'est pas une erreur. -Dans la recette traditionnelle,
08:22 je l'ai vu aussi. -C'est des goûts personnels.
08:25 Je suis pas fan de noix de muscade. -Ah, d'accord.
08:28 -Et après... -Vous le remplacez par rien.
08:30 -Non, par l'ail. -Par l'ail !
08:32 -Par l'ail, on a compris. -On a compris que c'était...
08:35 -Ah oui, ah oui. -Avec du poivre.
08:37 -Et quand on vous dit... -J'aime le poivre.
08:39 -On met un peu de gruyère, car vous voyez des os de gratin
08:43 qui sont un peu grillés, gratinés, on se dit que c'est le fromage.
08:46 Il faut même faire attention.
08:48 De temps en temps, mettez une couche de papier alu
08:51 pour pouvoir continuer à le faire cuire sans le noircir.
08:54 -La cuisson, vous vous disiez cuisson lente.
08:57 Pendant combien de temps vous laissez ?
08:59 -C'est ça, une heure et demie, deux heures.
09:02 Après, il faut vérifier, parce que malgré tout,
09:05 la cuisine n'est pas une science totalement exacte.
09:07 Il y a des paramètres extérieurs qui peuvent évoluer,
09:11 en fonction de votre plat, de vos pommes de terre,
09:13 de votre four, vous n'allez pas avoir le même résultat.
09:16 Quand vous en avez un qui est vraiment réussi,
09:19 vous dites "je sais exactement, maintenant, ça y est".
09:22 -Ce sera jamais comme ça la semaine d'après.
09:25 -Exactement, il faut accepter cette part d'imprévu.
09:28 -Vous avez un souvenir de gratin qui vous a complètement sidéré.
09:31 -Renversé. -Renversé.
09:33 -J'ai... Oui, bah oui ! -Vous avez un souvenir de gratin.
09:36 -On allait dans un restaurant avec mon père,
09:41 Blanche Caramel, et il faisait un gratin dauphinois.
09:45 -À tomber par terre. -Et à chaque fois.
09:47 C'est là où je suis admirative. -La répétition.
09:50 -On peut avoir la chance du débutant...
09:52 -Mais là, il était toujours réussi.
09:54 -Il était toujours réussi.
09:56 C'est vrai que c'est des bons souvenirs,
09:58 parce qu'on parle du plaisir de manger,
10:01 mais c'est aussi le partage qu'on a, les moments,
10:03 et on voit qu'autant que l'odorat, finalement, le goût,
10:06 c'est la fameuse Madeleine de Proust,
10:09 s'est associée aussi à des souvenirs,
10:11 et finalement, c'est peut-être ça aussi,
10:13 ce fameux gratin dauphinois,
10:15 c'est aussi des souvenirs d'enfance,
10:17 réconfortants, chaleureux, conviviaux,
10:21 et quand on mange un bon gratin dauphinois,
10:23 finalement, c'est...
10:25 Au moment où on le déguste... -Toute l'enfance qui revient.
10:28 -Finalement, il y a aussi toute cette histoire,
10:31 et donc c'est pas qu'un gratin.
10:33 -Et donc maintenant, vous le mangez avec vos enfants,
10:36 vous le partagez avec vos amis ?
10:37 -Maintenant, les enfants, la famille...
10:40 -Vous perdurez cette amie.
10:41 -C'est vrai que dans le moment de vie
10:44 que j'ai actuellement, deux heures de cuisson,
10:46 c'est très audacieux,
10:48 parce que ça veut dire qu'il faut s'organiser.
10:50 -Oui, mais il faut avoir la capacité,
10:52 il faut un peu survier, vous disiez,
10:54 il faut pas qu'il crame, votre gratin.
10:58 -Le papier d'alu, c'est une petite sécurité
11:00 qui permet, à la limite, à la fin,
11:02 de remettre un coup de 180, et en trois minutes...
11:05 -Vous avez moins de temps pour cuisiner,
11:07 avec vos occupations.
11:09 -C'est ça, c'est dommage, parce que finalement...
11:12 -Vous aimez ça ? -Oui, mais c'est assez...
11:14 Pour moi, c'est comme de la méditation, en fait.
11:17 -Ah oui ? -Oui, vous êtes vraiment
11:19 à 100 % sur ce que vous faites.
11:21 -On peut pas vous parler, on est accaparés par...
11:24 Quand je cuisine, on peut pas me parler.
11:26 -En fait, j'ai un peu ce problème-là,
11:28 j'ai un problème d'attention, mais à l'inverse.
11:31 Quand je suis sur un sujet, je suis pas ailleurs,
11:34 donc je n'entends plus, je suis dans mon...
11:36 C'est pour ça que je dis que c'est une sorte de méditation.
11:39 Et puis après, c'est surtout pas raté,
11:42 parce que quand vous devez nourrir toute une famille,
11:45 et que ça m'est déjà arrivé la dernière fois,
11:47 je leur ai fait un truc complètement raté,
11:50 et ils m'en parlent encore, alors que je fais pas que des trucs ratés.
11:54 -C'est là qu'on voit que c'est un métier de fou,
11:56 parce qu'on a une charge mentale,
11:58 parce qu'on doit nourrir trois enfants
12:01 qui seraient prêts à manger un mauvais gratin de filois,
12:04 mais quand on est restaurateur,
12:06 on doit faire ça tous les jours,
12:08 c'est une charge d'assurer des recettes de qualité,
12:11 des plats de qualité, c'est incroyable.
12:13 -Et il y a aussi la question des approvisionnements,
12:16 pouvoir trouver, si on a une carte qui est définie,
12:19 il faut pouvoir fournir,
12:20 il faut avoir les bons fournisseurs,
12:23 et puis dans des délais extrêmement difficiles.
12:25 -Vous avez vos petits producteurs
12:27 pour l'ail, pour les crèmes de serre,
12:30 vous allez sur votre petit marché,
12:32 comment vous faites votre marché ?
12:34 -Alors, moi, j'aime beaucoup, du coup,
12:36 le marché de Charravine,
12:38 qui est le marché... -Mondialement connu.
12:40 -Mondialement connu, c'est pas le marché...
12:43 Il y a le marché de Voiron aussi,
12:45 qui est encore plus connu, parce qu'il est encore plus gros,
12:48 mais en termes de proximité, c'est plus simple
12:51 que le marché de Charravine, mais c'est vrai que c'est le plaisir
12:55 d'aller voir avec les producteurs.
12:57 D'ailleurs, l'ancien président de la FDSEA de Liserre
13:00 vendait ses tomates au marché de Charravine,
13:03 et un jour, à La Beaucroissant, où il était un peu comme ça,
13:06 bien... Voilà. "Vous, les politiques ?"
13:09 Je dis "Oui, mais je vous connais, je vous achète des tomates."
13:12 "Vous..."
13:13 -Vous n'étiez plus politique, vous étiez simple consommatrice.
13:17 -Je restais politique. -Vous étiez aussi consommatrice.
13:20 -Il s'est dit "Ah oui, en fait, oui,
13:22 "en fait, le lien, il préexiste, il y a cette confiance aussi,
13:26 "parce que quand on va acheter des produits à un producteur,
13:29 "c'est qu'on lui fait confiance."
13:31 Enfin, voilà, moi, j'adore manger, donc...
13:35 Non, mais c'est... Voilà, c'est un plaisir quotidien,
13:38 plusieurs fois par jour, donc j'ai envie de bien manger.
13:42 -Vous choisissez bien vos produits, vous achetez quoi ?
13:45 C'est forcément français, c'est local...
13:47 -Pas du tout. -Pas du tout ?
13:49 -Pas du tout, non, parce que j'adore la cuisine asiatique,
13:53 coréenne, japonaise, chinoise...
13:57 Là, j'ai été à Mayotte...
13:59 -Vous aimez la déguster ou vous lancez dans ces recettes ?
14:02 -Je peux me lancer aussi. J'aime beaucoup la cuisine marocaine,
14:05 j'aime beaucoup les épices,
14:07 et donc là, quand j'étais à Mayotte,
14:09 il y avait Mansour Kabardine,
14:11 je lui dis "Ah, c'est génial, le poutou, c'est du piment,
14:14 "ça décape." -Ah oui, fort.
14:16 -Il me dit "Mais tu manges du poutou ?"
14:18 "Ah bah oui." -En général,
14:20 ce sont vraiment les Mahorais qui en mangent,
14:22 mais pour nous, c'est trop fort. -Écoutez, tout s'est bien passé.
14:26 -C'est vrai. -C'est pour vous dire
14:28 que c'est à la fois, bien évidemment,
14:30 les produits du terroir,
14:32 parce qu'il y en a beaucoup, j'ai cette chance-là,
14:35 en Isère, on a de très, très beaux produits
14:38 qu'on va découvrir, mais c'est aussi, voilà,
14:42 cette ouverture, parce que... -Elle vous vient d'où,
14:44 cette ouverture ? C'est de l'enfance ?
14:47 Ou c'est vous qui vous-même êtes allé à la recherche
14:49 de ces cuisines ? -Alors,
14:51 je vous parle encore de mon père, c'est rigolo,
14:54 mais on allait à un restaurant à Voiron,
14:56 qui s'appelait Lachine, entre Blanche Caramel et Lachine,
14:59 donc à Lachine, on mangeait forcément...
15:01 -Asiatique, au moins, ou chinois, peut-être.
15:04 -Exactement, et ma mère allait faire le marché
15:07 le mercredi matin à Voiron
15:08 et revenait avec des nems.
15:10 -Ah. -Voilà.
15:11 Et donc, c'est le démarrage.
15:13 Après, quand j'ai fait mes études à Paris,
15:16 c'est le début de la cuisine japonaise,
15:19 j'ai absolument adoré les sushis, les makis,
15:22 toutes les vapeurs...
15:24 -Quand on est gourmande, comme vous,
15:26 ou gourmette, je sais pas comment le dire,
15:28 si on a un peu de curiosité, on a envie de goûter à tout
15:31 et on a envie, après, de faire ces recettes.
15:34 -Et après, effectivement, la cuisine coréenne,
15:36 qui est arrivée... -Oui, qui commence à...
15:39 -Et vous voyez, là, hier, j'ai mangé thaï,
15:42 j'adore aussi la nourriture thaï.
15:45 -Vous avez essayé de cuisiner thaï à la maison ?
15:47 -Oui. -Vous avez trouvé les produits ?
15:49 -Thaï, ça reste encore accessible,
15:51 c'est la cuisine japonaise la plus compliquée.
15:54 -Tout ce qui est sushis, makis...
15:56 -Votre petit marché mondialement connu,
15:58 on trouve du galanga, du basilic thaï ?
16:01 C'est ça, le problème ?
16:02 -Il y a des grandes surfaces, que je ne citerai pas,
16:05 qui s'ouvrent, quand même, aux produits...
16:07 Voilà, plus...
16:09 Plus exotiques, mais c'est sûr que...
16:12 Voilà, on trouve pas ça sur le marché de jaravine,
16:15 mais quoi que, là, il y a des traiteurs
16:19 de la Réunion qui sont présents.
16:22 Après, nous, on est très proche de l'Italie,
16:24 donc il y a aussi tous les produits...
16:27 -L'Italie, c'est votre... -Italien.
16:29 Je ne dirais pas ça, quand même,
16:30 parce qu'ils le prendraient pas forcément bien.
16:33 -Il y a une forte communauté italienne.
16:35 -A Grenoble, tous les restaurants italiens.
16:38 -Il y a la raviole, on sait d'où vient la raviole.
16:41 -Parlez-nous des spécialités iséroises,
16:43 parce qu'on a beaucoup de choses. -Des tourtes...
16:46 -Oui, après, on a aussi
16:48 tout ce qui est lié au fromage.
16:52 On en a parlé avec...
16:54 On va en parler avec le Saint-Marcelin.
16:56 Toutes les recettes qu'on peut faire aussi avec la noix,
16:59 le lien entre les deux.
17:01 -La tarte aux noix, par exemple.
17:03 -La tarte aux noix avec un peu de caramel,
17:06 c'est typique, c'est très bon,
17:08 et c'est vrai que c'est...
17:10 Quand je vous parlais de plaisir, c'est vraiment ça,
17:13 avoir conscience qu'on a un beau territoire
17:15 avec des beaux produits,
17:17 une gastronomie qui est très forte.
17:20 On a aussi beaucoup de licoristes
17:22 qui sont présents sur le territoire,
17:24 parce qu'il y a une tradition des bouilleurs de crues.
17:27 -Il y a la montagne avec des herbes.
17:29 -Exactement.
17:30 La montagne avec des herbes, tout le monde aura trouvé
17:34 de quoi vous parler.
17:35 Et c'est vrai que c'est toute cette histoire-là aussi,
17:40 cette valorisation-là,
17:41 qui fait que les rapports avec les producteurs,
17:44 avec les agriculteurs,
17:47 ils sont extrêmement importants.
17:49 C'est pour ça qu'on a conscience en Isère
17:51 qu'il faut les soutenir, qu'ils ont un vrai rôle à tenir.
17:55 On a aussi de l'élevage,
17:57 parce qu'il faut bien produire du lait,
17:59 donc avec aussi toute cette volonté
18:02 de renouer avec les racines,
18:04 de renouer avec, par exemple, la villarde.
18:08 Il y a un producteur de villardes qui est une vache assez robuste,
18:11 qui fait à la fois de la viande, du lait,
18:14 qui est sur le plateau du Vercors,
18:16 qui retrouve ses lettres de noblesse.
18:18 Là, on a des jeunes producteurs d'une trentaine d'années
18:22 qui refont vivre une association
18:25 qui relance la production.
18:26 -De traces, d'accord. -Donc, si vous voulez,
18:29 c'est à la fois le passé,
18:30 mais je crois que c'est résolument aussi tourner vers l'avenir
18:34 et d'avoir conscience que notre souveraineté alimentaire
18:38 est vraiment sur nos territoires.
18:40 Il s'agit pas de créer des barrières
18:42 et de se replier sur ça, c'est pas ça du tout.
18:45 C'est d'être fiers de ces productions-là,
18:47 de les soutenir. -C'est des grandes
18:49 ou des petites productions ?
18:51 -C'est des... Voilà, ça reste des productions familiales,
18:55 vraiment, la plupart du temps.
18:57 -Il y a une grosse agriculture de montagne.
18:59 -Une grosse agriculture de montagne.
19:01 -Des rites, la transhumance... -La transhumance.
19:04 -Cela existe encore. -Oui, et puis,
19:06 il y a des fêtes, les fameux comices agricoles.
19:09 On a, nous, la foire de Beaucroissant,
19:11 la foire la plus ancienne, la foire agricole la plus ancienne,
19:15 huit siècles d'existence, où on a...
19:17 À l'époque, c'était la fierté de venir avec ces bêtes,
19:21 de les montrer, de les vendre
19:23 et de montrer le travail qui a été fait.
19:26 Donc, il y a toute une réflexion à l'heure actuelle
19:29 justement pour redonner à cette foire
19:31 toutes ces lettres de noblesse et lui donner vraiment...
19:34 -Et là, les agriculteurs de Moscou,
19:36 ils sont en crise, en ce moment.
19:38 -Ah oui, c'est compliqué, parce qu'en plus...
19:41 Je vous parlais de la loi...
19:43 -La loi d'orientation agricole, elle leur convient
19:46 ou ils ont encore des choses à dire ?
19:48 -En fait, ils sont dans une volonté de mise en oeuvre.
19:52 Donc, la loi agricole, oui.
19:53 -Il y a des annonces, mais maintenant...
19:56 -Il y a des annonces et ils souhaitent
19:58 que les choses puissent se faire de façon concrète.
20:01 Il se pose la question aussi de l'organisation même.
20:05 Est-ce qu'on peut garder
20:07 des exploitations avec un seul agriculteur ?
20:11 Est-ce qu'il faut...
20:13 Voilà. Est-ce que les gaecs ne sont pas forcément très...
20:16 -Il faut s'agréger ou pas ? -Voilà, c'est ça.
20:19 Sur le matériel aussi, on voit les dispositifs
20:21 de mutualisation qui, en ce moment,
20:24 ne sont pas forcément dans une dynamique très forte.
20:27 Donc, c'est des réflexions qu'il faut avoir.
20:29 Quand j'ai été aux 80 ans de la noix de Grenoble,
20:32 on avait reçu la filière du Comté,
20:34 qui est une filière qui est assez exemplaire
20:37 dans la maîtrise de la valeur et de la répartition de la valeur
20:41 et comment est-ce qu'on arrive à garder, finalement,
20:44 au producteur toute la valeur qui est produite.
20:46 -C'est Marie-Christine Dalloz,
20:48 qui était à votre place la semaine dernière,
20:51 qui vous en parlait. -Ils sont venus
20:53 aux 80 ans de la noix de Grenoble.
20:55 Je crois qu'il y a des modèles qui fonctionnent,
20:58 des modèles positifs qui permettent de vraiment
21:01 donner les clés du camion, excusez-moi l'expression,
21:04 au producteur.
21:05 Et ça, il faut qu'on arrive...
21:07 C'est pour ça que le ministre a annoncé 10 millions d'euros
21:10 pour la structuration de la filière noix.
21:12 On voit qu'il y a des enjeux extrêmement précis,
21:15 et la filière noix,
21:17 c'est pas la filière Cerise,
21:20 c'est pas le Comté,
21:22 c'est pas le Reblochon.
21:23 -Vous parliez de toutes ces foires
21:26 qui sont séculaires, plusieurs fois séculaires.
21:28 On parle de la montée de la malbouffe,
21:30 mais est-ce que vous sentez, quand vous scionnez,
21:33 que les gens comme vous, ceux qui aiment manger,
21:36 sont attachés à ces histoires, à ces traditions,
21:39 à cette histoire du terroir, à ces foires ?
21:41 Il y a un engouement populaire ?
21:43 Vous trouvez que ça... -C'est partagé,
21:45 c'est d'ailleurs les discussions qu'on a avec les agriculteurs.
21:49 C'est-à-dire que parfois, il y a cet attachement,
21:52 cette volonté, et puis, quand on compare les prix,
21:55 on prend le moins cher.
21:56 -Et du coup, on se retrouve... -C'est toujours le même problème.
22:00 -C'est un vrai sujet, et c'est vrai que...
22:02 Comment est-ce qu'on arrive à faire comprendre
22:05 que, voilà, par exemple, le gratin d'eau chinoise,
22:08 c'est pas cher ? -Oui.
22:09 Et puis, le cuisiner soi-même, ça coûte parfois moins cher
22:13 que d'acheter des plats tout faits.
22:15 -On est d'accord. -C'est un message
22:17 qu'il faut faire passer. -Ca, ça renvoie, pour moi,
22:20 aussi à l'organisation aussi familiale,
22:22 et je pense que c'est important aussi
22:25 que l'équilibre des tâches,
22:26 et notamment la cuisine, soit réparti aussi mieux.
22:31 Et c'est vrai que ça prend du temps, de cuisiner.
22:34 -Ca prend du temps.
22:35 Il faut s'organiser aussi à la maison.
22:37 -Il faut s'organiser, et je pense que c'est un point aussi important
22:41 de dire que bien manger, c'est pas forcément cher.
22:44 -Alors, avec ce très bon gratin d'eau chinoise,
22:47 vous avez demandé un vin blanc de Grenoble, bien sûr.
22:51 C'est autour de Voirons, en Savoie,
22:54 4 hectares de vignes qui sont plantés là-bas.
22:56 L'appellation IGP Isère, c'est un vin bio,
23:00 qui s'appelle Métis, qui est domaine de la Buisse.
23:04 C'est un millésime 2022.
23:06 Alors, la particularité, il y a 14 cépages sur tout le domaine,
23:10 mais surtout, la particularité de ce viticulteur,
23:13 c'est qu'il a réhabilité des vieux cépages,
23:15 comme le Verdes, le Persan, l'Etrer, ou encore le Cervanin.
23:19 Ce sont des cépages que vous devez mieux connaître que moi.
23:22 Et la particularité, c'est un vin à caractère alpin.
23:25 Dites-nous ce que ça veut dire, "vin à caractère alpin".
23:28 Est-ce qu'on est dans les cimes ? -Il y a de la neige ?
23:31 -Je sais pas. Quand on déguste ce vin, je ne sais pas.
23:34 Consommez bien sûr avec modération.
23:36 En fait, si vous voulez...
23:38 Vous avez dit Savoie, c'est vraiment l'Isère.
23:40 C'est l'Isère. Non, je veux pas vous...
23:43 Faites attention, là !
23:44 -Vous êtes en train de raviver la guerre.
23:47 On a découvert que c'était des voisins.
23:49 -C'est l'Isère.
23:51 C'est l'Isère.
23:53 Un vin alpin, en fait, si vous voulez,
23:55 c'est...
23:56 On le voit aujourd'hui,
23:59 cette volonté de replanter des vignes,
24:02 parce que c'est le travail que fait ce viticulteur,
24:05 des vignes anciennes avec des cépages qui sont locaux.
24:10 Et donc, en fait, je sais pas si vous avez eu cette sensation-là ou pas,
24:14 mais quand vous le buvez,
24:17 ça ne ressemble pas à vos...
24:21 Parce qu'on boit beaucoup d'autres vins blancs.
24:23 Je laisserais citer les autres vins blancs,
24:26 mais comme le chablis, des choses beaucoup plus vives,
24:29 beaucoup plus... -Traditionnelles.
24:31 -Ou du Val-de-Loire, des choses...
24:34 Et en fait, le caractère alpin,
24:37 pour moi, en tout cas, c'est ce côté...
24:40 C'est peut-être bizarre, mais indépendant.
24:44 C'est-à-dire que ça ne ressemble à...
24:47 -À aucun autre. -A aucun autre.
24:49 -C'est unique. -C'est singulier.
24:51 Et je trouve, et moi, quand je l'ai goûté pour la première fois,
24:55 vous allez peut-être me trouver bizarre,
24:57 mais j'ai eu une émotion particulière.
24:59 Parce que, là aussi, ça fait le lien avec ce que je vous disais
25:03 aussi avant, c'est...
25:04 On a tous des souvenirs de vins qu'on goûte
25:07 et dont on se souvient.
25:08 Moi, je me souviens d'avoir goûté un Meursault une fois,
25:12 j'ai été à la renverse.
25:13 Je me suis dit "c'est incroyable".
25:15 Et j'ai eu aussi cette sensation-là en goûtant ce vin.
25:18 -Et quand ? -C'était lors d'un marché,
25:21 marché de Noël à Voiron.
25:24 C'était pas très loin de ma permanence,
25:26 donc j'ai fait un petit tour.
25:28 Et donc, voilà, ma curiosité me portant sur la découverte,
25:32 donc j'ai testé ce vin blanc et je l'ai trouvé...
25:36 -Excellent.
25:37 Et ça se marie très bien avec le gratin d'Ophéon.
25:40 -Et en plus, ça se marie très bien.
25:42 -Je n'aurais pas su mettre vos mots,
25:44 mais moi, qui ne suis pas le connaisseur,
25:47 je trouve ça le côté alpin, les cimes.
25:49 -Côté alpin.
25:50 -Si nos téléspectateurs veulent en boire,
25:52 ils peuvent le trouver dans le 11e arrondissement,
25:55 la cave à la Bastille, il en a, ce petit vin alpin.
25:58 -Oui, parce que les productions ne sont pas énormes.
26:02 Et vous pouvez aller visiter sur place,
26:06 c'est le domaine, et c'est vrai que...
26:10 Vous voyez, c'est toute une philosophie.
26:13 Donc, voilà, moi, je suis très attachée aussi
26:15 à promouvoir. -Merci de nous avoir fait découvrir.
26:18 -Juste une question, les vignes, elles sont à quelle altitude ?
26:22 Quand vous dites "alpin", elles sont très hautes ?
26:24 -Non, elles ne sont pas très hautes,
26:26 parce qu'en fait, vous qui connaissez,
26:29 quand vous regardez la vallée de Grenoble...
26:31 -A gauche, première à gauche.
26:33 -Juste après l'église. -Quand vous partez de Voirou,
26:36 en fait, la Buisse, c'est le village
26:38 qui est juste en surplomb de la vallée de Grenoble,
26:41 donc c'est très bien exposé.
26:43 Ca doit être, alors j'espère ne pas dire trop de bêtises,
26:46 mais moi, je dirais, non, 200-300 mètres, pas plus.
26:49 -D'accord, donc quand vous dites les cimes,
26:51 c'est une façon de parler. -On fera la géographie
26:54 un peu plus tard. On va voir si vous êtes vraiment incollables.
26:57 C'est le quiz. -Waouh.
26:59 -Je reprends.
27:00 -Alors, député, quand même, on peut le dire,
27:05 on ne va pas parler de Savoie et d'Isère,
27:08 mais député des Alpes, donc montagnarde,
27:10 vous êtes sans doute fan de raclette.
27:12 -Non.
27:13 -Mais je suis un peu fan de tout.
27:16 -Ah, fan de tout. C'est très pratique pour notre émission.
27:19 Seriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
27:22 La légende dit que la raclette est née
27:25 aux alentours du XIIe siècle, lorsqu'un berger des Alpes
27:28 avait vu fondre son fromage placé trop près du feu de cheminée.
27:31 Vraie légende ou fausse légende ?
27:33 -Alors, j'en ai aucune idée, mais je dirais que c'est faux.
27:36 -Non, c'est vrai. -Ah, bah mince, alors !
27:39 -Il avait laissé son fromage, et puis ça a gratiné,
27:42 et c'est bon. -Et c'est bon.
27:43 Le premier appareil à raclette en France est apparu en 1930.
27:48 -Je dirais faux. -Oui, faux.
27:50 -C'est plutôt 50, non ?
27:52 -75. -75 ?
27:53 -75. -Ah, j'ai peut-être
27:54 un modèle d'origine. -75, c'est là que la raclette
27:58 s'est un peu démocratisée, que les boîtes
28:00 qui faisaient des appareils électroménagers
28:03 ont se sont dit "On va faire un appareil à raclette".
28:06 -J'aurais pensé que c'était plutôt...
28:08 -Le fromage à la raclette de Savoie
28:10 a obtenu une IGP en 2017.
28:13 -Je dirais que c'est faux aussi. -C'est vrai.
28:18 -Ah, bah oui, je suis nul. -On a tendance à penser
28:21 que c'est des fromages bas de gamme,
28:23 mais ce sont des fromages qui sont à reconnaître
28:25 et qui ont des reconnaissances.
28:27 Les Français consomment en moyenne 10 kilos de fromage à raclette
28:32 par an et par foyer.
28:33 10 kilos. -10 kilos ?
28:35 -Ben, mon foyer, oui, donc je vais dire oui.
28:37 Rires -Non.
28:39 -Mais tout le monde est pas comme vous.
28:41 -C'est pour ça que je vous ai dit "un kilo".
28:43 La raclette n'est pas encore rentrée.
28:45 -Un kilo de raclette ? -On en mange
28:47 dans deux départements, mais sur la Canebière,
28:50 on mange pas de raclette.
28:51 Ca fait baisser la moyenne. Un kilo.
28:54 -J'ai plein d'amis qui font des raclettes
28:56 parce que ça les remet dans l'ambiance.
28:59 -En Angleterre, c'est plutôt 10 kilos.
29:01 -Il faut faire la moyenne par département.
29:03 Je pense que j'aurai bon. La fki veut pas se tromper.
29:06 -Deuxième quiz, vous allez vous rattraper.
29:09 -J'espère. -On dit souvent
29:10 que la France est l'autre pays des pâtes.
29:13 Lysère, grâce au dauphiné, a ses ravioles.
29:15 Quelles sont les régions d'origine de ces pâtes françaises ?
29:18 Pas facile.
29:20 -Les régions d'origine de ces pâtes françaises.
29:22 On va se concentrer. -On va vous donner des pâtes.
29:25 -Les Lausans. Est-ce que ça vient des Antilles,
29:28 d'Alsace, de Savoie ou d'Auvergne ?
29:30 -Les Lausans, je connais même pas.
29:32 -C'est la honte, hein ?
29:34 -Non, non, parce que moi non plus.
29:36 Rires
29:37 -Les petites pâtes de ? -Je dirais Alsace.
29:41 Mais vraiment au pif. -Auvergne.
29:43 -Les Lausans. -Les Dombrés.
29:45 Est-ce que ça vient des Antilles, d'Alsace ou de Savoie ?
29:49 Je connais pas non plus.
29:50 Je suis nulle en quiz.
29:52 Alors, au pif aussi, je dirais...
29:55 -Les Dombrés.
29:56 C'est un nom quand même un peu...
29:58 -Allez, Dombrés, aidez-moi.
30:00 Dombrés, ça fait quoi ? -Un peu exotique.
30:02 -Les Antilles ? -Ouais !
30:04 -Tout ça sans tricher.
30:05 Rires
30:07 -Les Nudels.
30:08 -Nudels. -Nudels, ça fait l'Al...
30:11 C'est l'Alsace, je pense.
30:13 C'est ça, c'est deux.
30:14 -Et alors, là, du coup, les Tahérins, c'est la Savoie.
30:17 -C'est pas si mal. -Merci, monsieur.
30:20 -Vous connaissez les Tahérins ? -C'est de Savoie.
30:22 -Non, c'est de Savoie. -En fait, c'est ça.
30:25 Je veux pas dire, mais entre vos deux quiz,
30:27 j'ai bien senti qu'il y avait un tropisme savoyard.
30:30 J'en parlerai à ma collègue Marina Ferrari.
30:33 -On a confondu la Savoie et l'Isère.
30:35 -Faute de goût.
30:36 C'est souvent autour de la table que se nouent les meilleures histoires,
30:40 que se fait aussi la petite et la grande histoire,
30:43 et c'est la brève de comptoir.
30:45 Bois de la bouche
30:47 ...
30:49 -On vous a demandé, le dit Jacky Laforge,
30:51 de vous rappeler peut-être d'un souvenir politique
30:54 autour d'un repas.
30:55 Pouvez-vous nous raconter une petite anecdote ?
30:58 -Alors, c'est assez difficile,
31:00 parce que, je vous ai expliqué, vu le nombre de repas
31:03 que je prends et que j'apprécie...
31:06 -Il y en aurait trop ?
31:08 -Il y en aurait trop. Non, après, c'est...
31:11 Les repas... J'ai envie de vous dire
31:14 celui peut-être qui m'a le plus marquée.
31:19 Vous avez dit, j'ai eu la chance de faire mes classes politiques
31:23 avec Jacqueline Gourault.
31:25 C'est finalement les repas
31:28 qu'on a pu partager durant toutes ces années de collaboration.
31:33 On partage ce plaisir avec elle,
31:38 et c'est plutôt sur cette...
31:41 Voilà, ce plaisir que j'ai eu pendant des années
31:46 à partager ces repas du midi...
31:50 -Elle est du Loire-et-Cher.
31:51 Vous avez changé vos recettes régionales.
31:54 -Elle m'a fait découvrir la tartatin.
31:56 Elle, elle a des asperges, absolument.
31:59 Là, en plus, c'est la saison, c'est un vrai bonheur.
32:02 Elle me rapportait des kilos d'asperges
32:04 produits en Loire-et-Cher. -On faisait un peu de troc.
32:08 -On va parler maintenant de l'origine des produits alimentaires.
32:12 Vous allez voir que les logos sont parfois trompeurs.
32:15 C'est le dessous des plats.
32:17 -Brigitte, je dis stop à la mayonnaise
32:24 qui n'affiche pas le pays d'où vient l'huile ou la confiture,
32:28 qui n'indique pas l'origine de ces fraises.
32:30 -Pour plus de transparence, Olivier Agrégoire,
32:33 ministre délégué à la consommation,
32:35 souhaite lancer un nouvel indicateur
32:37 pour repérer la provenance des produits semi-transformés
32:40 ou transformés, "info-origine", c'est son nom,
32:43 sur le modèle du Nutri-Score, déjà familier des consommateurs.
32:47 Explication Clément Perreault et Elzeard Legonidec.
32:50 -Au supermarché, pas toujours facile
32:54 de connaître précisément l'origine des produits que l'on achète.
32:58 Surtout quand les emballages jouent en plus sur l'ambiguïté.
33:02 -Quand on vous annonce l'origine de France,
33:05 il y a le petit logo où on voit le chou, ici.
33:07 Voilà.
33:08 "Mise en oeuvre, 32 % de viande d'origine Union européenne."
33:12 Apparemment, il n'y a que le chou.
33:14 C'est trompeur. On vous met un petit drapeau français
33:17 sur le facing, et tout n'est pas français à l'intérieur.
33:20 Il faut lire l'étiquette.
33:22 -Pétrie en France.
33:23 C'est bon.
33:24 Farine d'origine de l'Union européenne.
33:28 -OK.
33:29 -En fait, ça vient pas forcément de la France.
33:31 -OK.
33:32 -Un peu dans l'esprit du Nutri-Score,
33:35 qui classe sur les emballages la valeur nutritive des produits,
33:38 un nouveau logo va faire son apparition
33:40 d'ici l'été dans les rayons.
33:42 Sa mission, nous informer sur la provenance
33:45 des ingrédients utilisés pour composer
33:47 un produit transformé ou semi-transformé.
33:50 Les derniers arbitrages sont en cours
33:52 au ministère de la Consommation,
33:54 mais il pourrait s'appeler "Info-origine-ingrédients"
33:57 et ressembler à cela.
33:59 En prenant en compte les provenances
34:01 de toutes les composantes du produit,
34:03 ce camembert fait apparaître à gauche
34:05 ce qui ne vient pas de l'Union européenne,
34:07 à droite, ce qui en vient,
34:09 et pour ce qui vient d'Europe,
34:11 la précision sur le pays majoritaire
34:13 et sur la part réelle de "Made in France".
34:16 Un effort de transparence
34:18 qui semble plutôt apprécié des consommateurs.
34:21 -On passe un temps fou dans les supermarchés
34:23 à lire les étiquettes.
34:25 Si on veut consommer France,
34:27 on passe trop de temps à lire les mentions sur les boîtes.
34:30 -Je pense qu'en tant que consommateur,
34:32 on doit penser à deux choses.
34:34 Premièrement, d'où ça vient ?
34:36 Et deuxièmement, en quelle saison on doit le manger ?
34:39 -Derrière cette initiative,
34:40 un groupement d'une soixantaine de marques alimentaires françaises.
34:44 Dans un premier temps,
34:46 cet affichage se fera sur base de volontariat.
34:48 -Le pari qu'on fait, c'est que si les entreprises comprennent
34:52 qu'elles ont plus à gagner à afficher l'origine
34:54 et qu'elles vont améliorer l'affichage de l'origine
34:57 qu'à ne rien faire, elles vont bouger
34:59 et on va pouvoir améliorer la visibilité pour les consommateurs.
35:03 A court terme, c'est des efforts pour soutenir les agriculteurs.
35:06 Je vois pas qui pourrait dire non.
35:08 -Pas le gouvernement, en tout cas.
35:10 La ministre déléguée à la consommation,
35:13 Olivia Grégoire, se dit prête à rendre cet affichage obligatoire,
35:16 mais la France ne peut pas prendre seule cette décision.
35:20 Cela doit passer par le règlement européen de la consommation,
35:23 qui doit être révisé l'année prochaine.
35:25 -J'imagine que vous aussi, La Fine Fourchette,
35:28 vous perdez un temps fou à essayer de recenser
35:31 et d'identifier la provenance des ingrédients.
35:33 Pour vous, il y a urgence à établir un tel label
35:37 pour l'origine des produits, semi-transformés,
35:40 car ça existe déjà sur d'autres produits.
35:42 -Oui, parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui,
35:45 et ça a été très bien dit dans le reportage,
35:47 finalement, le consommateur, il fait un choix
35:50 qui n'est pas éclairé.
35:51 Et même en pensant... -C'est même un peu trompeur.
35:54 -Oui, parfois, c'est... -Limite.
35:56 -Plus que limite.
35:57 Et certains, d'ailleurs, se font sanctionner,
35:59 puisqu'il y a cette obligation de traçabilité.
36:02 Ca a été déjà mis en oeuvre pour les fruits, les légumes, la viande.
36:06 Les choses sont dans une dynamique,
36:08 et je pense qu'il faut aller au-delà de cette dynamique
36:11 uniquement sur les produits bruts et aller plus loin.
36:14 Ca me paraît important.
36:16 Je vous parlais tout à l'heure de la souveraineté alimentaire.
36:19 Si on veut justement pouvoir soutenir nos producteurs,
36:23 il s'agit pas de faire du repli sur soi, là non plus,
36:26 mais c'est aussi un gage de sécurité,
36:29 un gage de qualité.
36:30 C'est aussi montrer à quel point, finalement,
36:34 il y a dégoût et qu'il faut pouvoir avoir,
36:38 vous voyez, plusieurs sortes d'ingrédients
36:43 qui puissent vraiment être fléchés jusqu'à l'origine.
36:48 Et qu'après, il peut y avoir des produits
36:51 qu'on ne trouve pas sur notre sol,
36:54 et bien, à ce moment-là, effectivement,
36:57 si on parle de vanille ou de choses comme ça,
37:00 et encore, on peut trouver de la vanille en France,
37:03 mais c'est d'arriver à vraiment donner l'information.
37:08 Après, le consommateur fait son choix.
37:10 -Vous pensez que toutes les marques vont s'y mettre ?
37:13 C'est comme le Nutri-Store.
37:14 -Aujourd'hui, c'est ça.
37:16 Aujourd'hui, c'est volontaire.
37:18 -Est-ce que vous pensez que, d'office,
37:20 les marques vont jouer le jeu
37:22 pour éclairer le client ou pas ?
37:26 -Alors, on voit que, finalement,
37:29 c'est la fameuse appellation "consom-acteur".
37:32 -Oui.
37:33 -Donc, à partir du moment où vous en avez certains
37:37 qui se lancent ou qu'en tout cas, l'attente sociétale...
37:40 Excusez-moi. L'attente sociétale est forte.
37:43 Là, effectivement, je pense qu'après,
37:45 ça crée aussi une dynamique et une émulation.
37:48 On le voit sur des produits...
37:52 L'exemple qui m'avait marquée, à l'époque,
37:55 c'était les œufs.
37:56 Les œufs en batterie ou des poules de plein air.
37:59 Et vous avez eu tout un débat sur l'interdiction.
38:03 D'ailleurs, on l'a eu même dans l'hémicycle.
38:06 Finalement, c'est les citoyens qui ont fait changer les choses.
38:09 -Ils ont découvert qu'il y avait des numéros sur les œufs
38:12 et maintenant, ils font le tri eux-mêmes.
38:14 -Ils font le tri eux-mêmes.
38:16 Alors, c'est vrai que ça reste dans des fourchettes de prix
38:20 qui restent quand même accessibles.
38:22 Parce qu'effectivement, même s'il y a un écart de prix
38:25 qui est conséquent, il n'est pas insurmontable,
38:28 puisque ça reste quand même assez accessible, les œufs.
38:31 Mais on voit que si on étend cette logique-là,
38:36 on voit parfaitement qu'à partir du moment
38:39 où vous avez la possibilité d'avoir de l'information,
38:42 je pense que c'est de nature à créer une dynamique.
38:45 Après, aujourd'hui, c'est sur la base du volontarisme.
38:49 Il faut voir aussi comment les personnes,
38:51 les industriels et le secteur agroalimentaire
38:55 s'emparent de ce sujet.
38:58 -Quand on voit le Nutri-Score, ils étaient pas très chauds,
39:01 et ils s'y mettent de plus en plus.
39:03 Il y a de plus en plus de paquets d'emballages.
39:06 Jouer la transparente, c'est envoyer un signal fort aux consommateurs.
39:10 -Ca oblige aussi les marques à s'adapter
39:12 et à peut-être changer leur recette.
39:14 -C'est exactement ce que j'allais vous dire.
39:16 Peut-être qu'au démarrage, ils se disent,
39:19 "Bon, la transparence, on va peut-être un peu adapter."
39:24 Ils adaptent leur recette
39:26 pour pouvoir, effectivement...
39:28 -Pour le consommateur. -Une meilleure note.
39:30 Après, ils l'affichent.
39:32 On voit bien que c'est assez vertueux comme dispositif.
39:35 Après, sur l'origine,
39:37 je pense qu'il y a un certain nombre de nos concitoyens
39:40 qui pensent acheter français.
39:42 Et en fait... -Il y a beaucoup de logos.
39:46 On se perd un peu, je sais pas vous,
39:48 mais il y a un certain nombre d'appelés de la société.
39:51 -C'est important d'avoir des logos.
39:53 Après, il y a celles qu'on connaît,
39:56 et qui sont toutes les IGP, les AOC.
39:58 On sait que c'est des signes de qualité, de confiance.
40:02 En plus, il y a une charte très forte...
40:04 -Il y a un maquis.
40:06 -Il y a un maquis qui peut faire que trop de logos tuent le logo.
40:09 Quand on parle du bio, on dit que les logos ont un peu tué
40:13 le logo bio, qui est un peu caché, camouflé,
40:15 derrière tous ces logos.
40:17 -Il faut pas surcharger les étiquettes.
40:19 C'est pourquoi je trouve que l'idée du QR code,
40:22 c'est une bonne idée, parce que du coup,
40:25 il y a des marques, là aussi,
40:26 qui se lancent dans ces dispositifs-là.
40:29 La dernière fois, c'était un vêtement.
40:31 J'ai acheté un vêtement, il y avait un QR code.
40:34 -Mais quelle fibre s'était faite ?
40:36 -Et donc, c'était indiqué,
40:39 "Le tissu vient de tel pays,
40:42 "ça a été tissé à tel endroit,
40:44 "ça a été assemblé à tel endroit."
40:46 Donc, finalement, on voit bien que c'est possible,
40:50 et que, en tout cas, moi, j'ai été...
40:53 -Vous préconisez ça pour tous les produits alimentaires.
40:56 -C'est simple. Et puis après,
40:58 oui, ça prend un peu de temps au démarrage,
41:00 mais je me souviens,
41:02 quand j'étais dans les rayons des supermarchés
41:04 avec mon application Youka,
41:06 les gens venaient me voir, "Vous faites quoi ?"
41:08 "C'est quoi, comme application ?"
41:10 Et ça a très bien fonctionné.
41:12 -Qui n'a pas son Youka, maintenant.
41:14 -Ah oui. On va passer aux pifasses.
41:17 Est-ce que vous connaissez les pifasses ?
41:20 Ces polluants éternels dont la diffusion sera bientôt limitée
41:23 grâce aux parlementaires.
41:25 On en parle et on met les pieds dans le plat.
41:27 Musique rythmée
41:29 ...
41:32 -Les pifasses sont des composés chimiques
41:34 très persistants, qui entraînent une pollution de l'eau,
41:37 de l'air, des sols et des sédiments.
41:39 Près de Lyon, à Pierre-Biennit, se trouve l'usine chimique Arkema,
41:43 à l'origine de ces polluants éternels.
41:45 Là-bas, les cultures sont contaminées
41:48 et les habitants encouragés à ne pas les consommer.
41:51 Maïté Frémont et Raphaël Lisanbar ont suivi
41:53 le député démocrate de la circonscription,
41:56 Cyril Isaac-Sibyl.
41:57 -C'est des courgettes, là.
41:58 Puis là, la salade, les salades.
42:00 -A première vue, l'apparence de ces laitues
42:03 a l'air tout à fait classique.
42:05 Pourtant, depuis des décennies,
42:07 des pifasses contaminent tous les légumes cultivés
42:10 dans ce potager, situé au pied d'une usine chimique.
42:13 L'Etat recommande de ne plus rien consommer ici.
42:16 -Là, moi, le jardin, je ne marcherai pas.
42:18 Moi, je continue à manger et puis à...
42:21 Vous savez, regardez, on est pollués.
42:23 On est pollués, hein ?
42:24 S'ils nous ont pollués, on est pollués.
42:27 On est pollués depuis la naissance, en quelque sorte.
42:29 -A 80 ans, pas question de lâcher son potager.
42:33 Le député de la circonscription s'est déplacé
42:36 pour savoir comment les recommandations sanitaires
42:40 étaient perçues par les habitants.
42:42 -En tant que riverain, tout ce qu'on voit,
42:44 c'est qu'il y a deux ans, le scandale est révélé.
42:47 Il y a entre 150 et 200 000 personnes
42:49 dans le sud du Lyonnais qui boivent de l'eau
42:52 au-delà des normes.
42:55 -Je suis d'accord.
42:56 Les normes, comme je le disais,
42:58 c'est les normes de Hotspot,
42:59 ce n'est pas des normes d'acceptabilité.
43:02 -Comme disait monsieur, ça fait quoi ?
43:04 Vous disiez que ça fait 80 ans que vous êtes là ?
43:07 -Je suis comme lui. Il n'est plus jeune comme moi.
43:10 -Et vous mangez les légumes depuis ?
43:12 -Depuis le début.
43:13 -La question, c'est de savoir ce qui est tolérable.
43:16 C'est ça, je pense, c'est ça qui est important.
43:19 Pour ça, on a besoin de savoir.
43:21 -Soyez honnête. Pour un vivant,
43:22 vous en avez combien de morts à son âge ?
43:25 -Non, mais il y a un moment...
43:27 -Je ne peux pas vous répondre.
43:28 Sans doute.
43:30 -L'eau du robinet, également polluée,
43:33 est fortement déconseillée.
43:35 Cet habitant, contaminé, profite de la venue du député
43:38 pour lui montrer sa prise de sang.
43:40 -Comment ça se fait que j'ai des doses pareilles ?
43:43 -Vous avez mangé des oeufs ? -Oui, trois ans.
43:46 -Il faut rappeler que c'est des oeufs de votre propre...
43:49 -De vos poules.
43:50 -De mes poules.
43:51 -C'est les plus naturels, sauf qu'ils sont bourrés de tes fesses.
43:55 -Jusqu'où ces polluants éternels ont envahi les aliments
43:58 que nous consommons.
44:00 Les oeufs des poulaillers sont également à proscrire
44:03 à Pierre-Bénit.
44:04 Aujourd'hui, considérés comme la ville
44:06 la plus contaminée en France.
44:09 -Alors, Elodie, j'ai vu ce reportage.
44:14 On le voit que dans la vallée de la Chimie,
44:16 au sud de Lyon, le groupe Arkema
44:18 contamine à peu près tous les alentours.
44:20 Est-ce qu'il faut aller jusqu'à fermer l'usine ?
44:24 -En tout cas, il faut absolument empêcher les rejets
44:29 dans le milieu naturel.
44:31 Mon collègue Cyril Issac-Sibyl, qui a rendu un rapport,
44:36 qui a travaillé sur le sujet,
44:39 dans ses préconisations,
44:40 en dehors, par rapport à votre question,
44:43 de fermer cette usine,
44:45 empêcher tous les rejets dans le milieu naturel.
44:48 -Est-ce qu'on voit que ça part dans l'eau, dans l'air ?
44:51 -Dans l'eau, dans l'air.
44:53 On voit à quel point c'est toxique.
44:55 Et que, vous l'avez indiqué,
44:57 c'est ce qu'on appelle un polluant éternel.
44:59 -Un polluant éternel. -Il ne se dégrade pas.
45:02 -Il ne se dégrade jamais.
45:04 -Donc, c'est une question sanitaire, environnementale majeure.
45:08 On voit que les parlementaires et mon collègue Cyril Issac-Sibyl
45:12 se sont vraiment saisis du sujet.
45:14 On a eu aussi le vote de la proposition de loi écologiste
45:18 qu'on a... -C'est vous qui dirigez
45:20 la séance ce jour-là. -Tout à fait.
45:22 -La loi a été votée pour limiter les péphaces,
45:25 mais pas les interdire.
45:27 Pourquoi on ne peut pas aller plus loin ?
45:29 -En fait, le but, si vous voulez,
45:31 vous l'avez mentionné,
45:33 il y a un règlement en cours au niveau européen,
45:36 et il s'agit d'inclure les péphaces dans les matières dangereuses.
45:40 C'est pour ça qu'il y a une interdiction,
45:43 mais avec des dates, donc 2026 et 2030,
45:47 pour, justement, permettre de remplacer...
45:51 Parce qu'il y a quand même des propriétés spécifiques
45:55 aux péphaces, notamment sur le caractère antiadhésif.
45:59 Il est utilisé dans beaucoup d'équipements de protection,
46:02 notamment les pompiers ont des tenues
46:05 qui sont protégées de cette façon-là.
46:08 Donc il s'agit à la fois d'adapter...
46:11 Et de trouver des usages...
46:14 Des remplacements, finalement, de ces molécules
46:17 par d'autres molécules. -Il y a du travail.
46:20 -Il y a du RSO qui est sur le coup. -Bien sûr, mais d'ailleurs...
46:23 -Il faut trouver des substituts. -Il faut cesser les rejets.
46:28 C'est la recommandation de mon collègue.
46:30 Il faut recenser tous les sites,
46:32 vous parlez de Pierre Bénit,
46:34 mais il faut qu'on ait cette vision globale
46:37 et qu'on ait une filière
46:39 qui soit consacrée au traitement de ces péphaces,
46:42 parce que c'est bien d'arrêter, effectivement, la diffusion,
46:46 mais il faut aussi qu'on soit en capacité
46:49 de nettoyer les sites qui ont été touchés
46:52 et qu'on puisse les nettoyer de ces polluants-là.
46:55 -Vous avez voté la loi,
46:57 mais vous avez exclu tout ce qui est antiadhésif,
47:00 les poêles, par exemple.
47:01 On dit que le lobby industriel,
47:03 et notamment Seb, qui avait manifesté
47:06 devant l'Assemblée nationale,
47:07 a influencé le vote des députés.
47:10 Est-ce que c'est vrai ?
47:12 -En tout cas, ça a été...
47:14 Il y a eu une manifestation.
47:16 Là, on ne peut pas...
47:17 -Vous disiez qu'il y avait 3 000 emplois à la clé.
47:20 -On ne peut pas nier.
47:21 Le rapporteur a saisi le déontologue
47:24 de l'Assemblée nationale
47:25 en rapport avec ce qui s'était passé avec Phyteis
47:29 sur les...
47:31 ...pesticides, excusez-moi.
47:35 Donc, on voit que les choses vont être traitées.
47:38 D'ailleurs, Phyteis avait été sanctionné
47:40 par la présidente de l'Assemblée nationale.
47:43 Le bilan va être fait.
47:45 Là, c'est la première lecture.
47:47 Donc, le travail...
47:48 -Vous pensez que le texte peut évoluer ?
47:50 -En tout cas...
47:51 -Il peut intégrer les usages de cuisine.
47:54 -Vu que la...
47:55 En plus, on avait un amendement,
47:57 puisque le groupe Modem par la voix de Cyril Isaac-Sibylle,
48:00 avait un amendement pour dire qu'on les interdit
48:03 à une échelle de 2030.
48:05 Il y avait cette volonté de les supprimer aussi,
48:08 en laissant la possibilité pour les fabricants
48:10 de trouver des dispositifs.
48:12 Je sais qu'on ne peut pas faire forcément
48:15 de comparaison avec le bisphénol A,
48:17 parce que c'est une molécule unique.
48:19 Mais à partir du moment où le sujet du bisphénol A
48:23 est sorti dans le grand public, la presse,
48:26 là aussi, notamment pour les biberons,
48:29 on a vu tout de suite des producteurs
48:32 présenter des biberons sans bisphénol A.
48:35 Donc, on peut aussi tout à fait penser
48:38 que les producteurs vont s'adapter
48:40 et vont proposer des poêles sans PFAS.
48:42 A mon sens, c'est aussi, là,
48:44 les citoyens qui ont eu une marge de manoeuvre
48:47 dans leur achat.
48:49 -Pour revenir sur le reportage,
48:51 ce que j'ai du mal à comprendre,
48:52 c'est qu'un supermarché ne peut plus vendre à yaourt
48:55 qu'à dépasser la date d'opération d'un jour,
48:58 et là, on a des courgettes, des salades, de l'eau, des poissons,
49:02 des oeufs qui sont contaminés,
49:04 et il n'y a aucune interdiction arrêtée préfectorale
49:07 pour dire non, mais pas question de toucher à ces aliments.
49:10 -Il ne fallait pas les consommer. -C'est tout.
49:13 Ils déconseillent, mais ils n'interdisent pas.
49:15 -Parce qu'en fait, quand je vous disais
49:18 que le bisphénol A, c'est une molécule unique,
49:21 les PFAS, là, on rentre dans un débat d'experts.
49:23 -Il y a plusieurs. -Ce que disait d'ailleurs
49:26 Cyril Izax-Bilde, c'est qu'il y a plusieurs types de PFAS,
49:30 dont certains seraient très nocifs,
49:32 et dont d'autres ne le seraient pas.
49:34 Donc, pour répondre à votre question,
49:36 je pense qu'il y a un principe de précaution
49:39 qui est donné par le préfet en disant,
49:41 voilà, ne consommez pas, mais que, matériellement,
49:44 on n'est pas l'arsenal juridique qui permet de justifier...
49:47 Parce que, admettons que ce soit interdit,
49:50 les producteurs vont dire, "Non, mais mes produits...
49:53 "Sur quel fondement vous interdisez les choses ?"
49:56 -Ils ont leurs analyses de sang.
49:58 Il y a des taux, ils ont fait des mesures
50:00 sur les aliments, l'eau, les poissons, avec des taux...
50:03 -Je ne défends pas les PFAS.
50:05 -Non, mais... -Là, on dirait
50:07 que je défends les PFAS, mais ce n'est pas du tout.
50:09 -Non, là, je m'abasais sur le reportage
50:12 et sur le ressenti de ces gens qui ont l'impression
50:14 d'avoir des supersalades, parce qu'ils disent,
50:17 "Je ne les achète pas au supermarché, je les fais moi-même."
50:21 -Et elles sont contaminées.
50:22 -Oui, parce qu'en fait, là, on voit bien
50:25 qu'on ne maîtrise pas encore, et c'est d'ailleurs pour ça
50:28 que ce travail est fait là, c'est sur la toxicité.
50:31 On a aujourd'hui connaissance de PFAS toxiques.
50:36 -Ils ne sont pas tous toxiques. -Ils ne sont pas tous toxiques.
50:39 Moi, je ne peux pas... Voilà, je n'ai pas...
50:41 -On va les livrer. -Voilà, j'ai suivi les débats.
50:44 Même les scientifiques, aujourd'hui, doivent trouver
50:47 aussi un consensus. C'est 4 500 molécules différentes.
50:52 C'est pas 4 500, c'est 4 500,
50:55 donc c'est pas tous les PFAS, en fait.
50:57 Donc, vous pouvez dire aux gens,
50:59 "Par mesure de précaution, ne les consommez pas",
51:02 parce qu'aujourd'hui, on ne peut pas vous dire
51:05 quel est le niveau de toxicité.
51:07 En fait, la difficulté, à mon sens, elle est là,
51:09 mais il y a quand même une alerte.
51:11 -La recherche de toxicité. -Il y a une alerte très forte
51:15 en disant aux gens, "Ne consommez pas ces produits-là",
51:18 car aujourd'hui, on n'est pas en capacité de vous dire
51:21 que vous n'aurez pas de difficultés plus tard.
51:23 -On a fini, on va donc passer au dessert,
51:26 au fromage. -Enfin !
51:27 -C'est mignon.
51:32 Avec vous, c'est tout fromage.
51:34 Gratin au finnois sans fromage, fromage au dessert,
51:37 à la place d'un bon gâteau, on a droit à un Saint-Marcelin
51:40 et un bleu du Vercors, deux fromages emblématiques.
51:43 -Il est coulant. -Il est coulant.
51:45 Je resterai un peu sur ce bleu du Vercors.
51:48 J'ai une petite anecdote dont la fabrication
51:50 a été relancée au début du siècle.
51:52 C'est l'une des rares AOP françaises
51:55 fabriquées au coeur d'un parc naturel, régional.
51:58 Ca demande des explications de...
52:00 de vous, locale.
52:02 -Ah !
52:03 -Non, mais c'est...
52:04 Je viens en plus d'être...
52:06 Je suis venue avec ma petite confrérie du bleu du Vercors.
52:09 -Inthronisée. -J'ai été inthronisée
52:11 en début d'année,
52:13 parce que j'avais fait une soirée isère à l'Assemblée,
52:16 où j'avais invité tous les producteurs.
52:18 -C'est quoi, ce petit santon ?
52:20 -C'est... -La confrérie du bleu du Vercors ?
52:22 -C'est la confrérie du bleu du Vercors.
52:25 -Excellent. -Ils m'ont fait un cadeau.
52:27 Je ne connais pas la valeur du cadeau,
52:29 mais c'est moins de 150 euros, je tiens à le dire.
52:32 -On peut l'accepter.
52:33 Le déontologue sera sur le voilà.
52:35 -Vous savez que c'est des questions sur lesquelles je travaille.
52:39 C'est important de le préciser.
52:41 Et oui, effectivement, ils ont redéveloppé cette appellation.
52:44 -C'est un vieux fromage qui est tombé dans l'oubli.
52:47 -C'est ça. Il y a eu cette volonté aussi.
52:49 Après, le Saint-Marcelin, l'IGP, elle a 10 ans.
52:52 -Oui. -Donc, on voit aussi...
52:54 C'est pour ça que je vous disais, être tournée vers la vie.
52:57 -2013, l'IGP, je crois. -Oui.
52:59 Alors, là, c'est les 10 ans.
53:01 Effectivement, ça a été lancé en 2014,
53:03 et il y a toute une série de fêtes, d'invitations
53:05 pour mettre en valeur le fromage.
53:07 Et donc, on voit bien, finalement...
53:09 Voilà, c'est toute cette histoire, tout ce lien,
53:12 le terroir,
53:14 mais aussi projeté vers l'avenir
53:17 et vers le partage de ces beaux produits.
53:21 Et c'est extrêmement important, et moi, j'y suis extrêmement attachée,
53:25 parce que ça me semble vraiment, finalement, un lien.
53:29 C'est un lien entre les générations,
53:31 c'est un lien entre les territoires.
53:33 On est fiers de la production locale,
53:35 mais on mange aussi de Reblochon.
53:37 -On transmet, en tout cas. -On transmet,
53:39 et on a du plaisir.
53:41 C'est extrêmement important dans l'alimentation.
53:44 -Pendant ce temps-là,
53:45 pendant qu'on les déguste,
53:47 on va écouter la musique que vous avez choisie.
53:49 Musique douce
53:51 ...
53:57 -Des roses de cristal
54:00 ...
54:01 Criss et Thessamolis
54:04 ...
54:05 Mon amour sans rival
54:08 ...
54:10 Murmure des dégâts...
54:11 -On va parler, quand même ?
54:13 -Dites-nous quelle chanson vous avez choisie.
54:16 C'est "Zaôte sa gazant". -Oui.
54:18 -Pourquoi vous avez choisi cette chanson-là ?
54:21 -Parce que je l'ai dans la tête depuis un mois.
54:24 -Ah oui ?
54:25 Vous l'écoutez très souvent ? -Très souvent.
54:28 Je l'écoute dans le train, entre Paris et l'Isère,
54:32 parce que je suis très admirative, moi,
54:35 de ces jeunes femmes qui chantent, qui écrivent,
54:39 qui dansent, qui font des tournées, qui ont pas 30 ans.
54:43 Donc je suis très admirative.
54:46 Et la chanson en elle-même, "Brigitte Fontaine"...
54:49 -Qui ont des voix un peu similaires, d'ailleurs.
54:51 -Oui. -Un peu.
54:53 Et puis, même les paroles de la chanson,
54:55 "La vie est belle". -La vie est belle.
54:58 -Elle a peut-être chanté pour les chiots, alors ?
55:01 Si vous faites un peu de... -Je crois qu'elle n'a pas été choisie.
55:04 -Je crois que ça n'était pas totalement...
55:07 -Merci, Elodie Jacquie-Laforte, d'avoir accepté
55:10 de partager ce "Politique à table" avec nous.
55:12 Merci de nous avoir apporté ce magnifique bleu du Vercors.
55:16 -Il est bon. -Et cette charpeuse,
55:18 et ces noix, et de nous avoir fait découvrir
55:20 votre terroir, votre lysère. -C'était un plaisir.
55:23 -Merci à vous de nous avoir suivis.
55:25 On se retrouve la semaine prochaine
55:27 pour un nouveau numéro de "Politique à table".
55:30 ...
55:45 [SILENCE]

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