Le carrefour de l'info - Pierre Kompany

  • il y a 5 mois
L'ancien Bourgmestre de Ganshoren Pierre Kompany a une nouvelle fois été victime de propos racistes sur les réseaux sociaux. L'occasion pour lui de nous en parler sur AraBel

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Transcript
00:00 Info sur Arabelle.
00:02 [Musique]
00:05 Bonjour, bonjour à tous.
00:06 Bienvenue dans votre carrefour de l'information.
00:08 Tout de suite, le sommaire.
00:09 Notre invité aujourd'hui, Pierre Compagny,
00:12 ancien bourgmestre à Gansor,
00:13 né député, victime une nouvelle fois de propos racistes sur les réseaux sociaux.
00:17 Pierre Compagny qui dénonce la banalisation des discours de haine.
00:21 Il sera avec nous dans quelques instants.
00:22 Ces nouveaux coups de feu tirés hier soir dans notre capitale.
00:25 Une personne a été blessée à la suite des coups de feu tirés à Anderlecht.
00:29 Les circonstances exactes de l'incident ne sont pas encore connues.
00:33 À l'international le Proche-Orient, une véritable poudrière.
00:36 L'Iran pourrait-il courir le risque d'une escalade en attaquant Israël ?
00:41 Revue de presse tout à l'heure.
00:42 Et puis en deuxième partie d'émission, comme tous les jours,
00:44 un détour par le Maghreb, notamment en Tunisie.
00:46 Le déficit, la balance énergétique se creuse.
00:49 Les ressources en énergie primaire ont enregistré une baisse de 12%
00:54 depuis le début de l'année.
00:55 Voilà pour l'essentiel du carrefour de l'info qui démarre dans quelques instants.
00:58 Le carrefour de l'info sur Arabelle.
01:01 [Musique]
01:04 – Ah voilà, je vous le disais il y a quelques instants,
01:06 Pierre Compagny, ancien bourgmestre à Gansaur,
01:08 un des députés et notre invité aujourd'hui.
01:10 Bonjour M. Compagny.
01:12 – Bonjour.
01:12 – Merci d'être avec nous sur Arabelle.
01:14 Alors, vous êtes victime une nouvelle fois de propos racistes sur les réseaux sociaux.
01:19 Et on va remonter si vous voulez bien dans le temps, un petit peu en 2022 déjà.
01:23 Le tribunal a reconnu la nature des propos racistes qui vous étaient destinés.
01:28 Ainsi que le préjudice moral qui en découle.
01:30 C'était déjà une première victoire ?
01:32 – Oui c'est vrai, c'était déjà une première victoire.
01:35 Et je pense que des victoires pareilles il en faudra encore.
01:39 Mais il faut aller loin.
01:42 – Alors pour ce jugement, c'est une reconnaissance de, vous dites,
01:46 de la gravité des insultes et des menaces reçues.
01:48 Mais surtout une victoire dans le cadre de la lutte que vous menez
01:51 depuis de nombreuses années, il faut le rappeler quand même.
01:54 – Oui tout à fait, pour ceux qui me connaissent et ceux qui me lisent assez souvent,
01:59 ils savent bien que je ne suis pas quelqu'un qui accepte
02:05 cette façon de voir la vie entre les êtres humains.
02:08 Le racisme, ça ne passe pas.
02:13 – Oui, vous avez été donc une nouvelle fois à propos de raciste sur les réseaux sociaux.
02:18 Est-ce qu'on peut avoir quelques détails ?
02:20 On ne va pas aller dans tous les détails pratico-pratiques,
02:23 mais ça a commencé quand ?
02:25 – Mais vous savez, en 2020, là il y a eu la valanche,
02:31 je ne dirais même pas des remarques racistes, c'est l'injure tout simplement, raciste.
02:39 Et quand les gens estiment que vous devez rentrer chez vous,
02:45 prenez vos enfants, repartez, allez monter dans les arbres.
02:52 Toutes ces choses-là, ça se dit par des gens qui ont été éduqués
02:57 par ceux qui n'ont pas fait attention à voir évoluer le monde.
03:03 Alors l'enfant, les jeunes ou entre eux, ou bien même les personnes âgées d'ailleurs,
03:10 c'est d'eux que viennent ces histoires-là,
03:13 en arrivent à prendre tout un pan de la société
03:18 pour l'amener dans ce qu'ils considèrent comme jeu et qui n'en est pas un.
03:24 Alors ces violences, je ne suis pas le seul à les subir, ça on le sait.
03:30 Beaucoup de ceux qui ont précédé dans ce pays en ont subi.
03:33 Moi je sais bien que j'ai vu une pancarte collée à la maison, allouée,
03:40 on dit "pas de chien, pas d'italien", qu'est-ce que cela veut dire ?
03:49 Une maison allouée, pas de chien, pas d'italien.
03:52 Mais là, ça date. Aujourd'hui on n'en parlerait plus.
03:56 On n'en parlerait plus d'ailleurs.
03:57 – Ça fait me penser aussi à une anecdote dans les années 80,
03:59 je me souviens dans les bistrots de quartier,
04:01 avant de rentrer il y avait des pancartes "interdits aux chiens et aux arabes" aussi.
04:05 – Voilà, et je crois que vous êtes bien placé
04:08 pour sentir ce que ça vous donne comme choc.
04:10 Et ce choc, d'autres l'ont vécu, mais il ne faut pas que ça continue.
04:15 – Alors en 2022, après la décision du tribunal,
04:18 vous avez déclaré que vous êtes convaincu que cette décision fera date
04:21 et qu'elle sera le déclencheur d'une préoccupation plus forte
04:24 en ce qui concerne le racisme.
04:26 Pensez-vous que c'est encore le cas aujourd'hui ?
04:28 Est-ce qu'on a progressé sur ce dossier ?
04:30 – Non, non, le dossier patine toujours.
04:32 Mais ici, c'est parce que dans mon cas,
04:37 j'ai eu quand même le soutien des miens, politiquement,
04:44 dont Mme Céline Frémault qui est la chef de groupe chez nous, chez les engagés.
04:50 Et puis j'ai eu une avocate qui était convaincue du bien fondé de cette plainte.
04:59 Et c'est ainsi qu'on en est arrivé à un résultat,
05:01 mais un résultat qui prend du temps.
05:04 – C'est une exception qui confirme la règle ?
05:06 Pensez qu'il y a pas mal d'autres personnes
05:08 qui n'osent pas frapper à la porte et aller plus loin ?
05:11 – Ces personnes sont nombreuses.
05:13 Le temps leur manque,
05:16 la possibilité d'être avec des gens déterminés
05:20 qui peuvent les amener vers une solution.
05:23 Et puis il ne faut pas se leurrer, il faut payer.
05:27 – Oui, ça coûte cher.
05:29 – On ne peut pas partir quand on n'a pas une conviction
05:33 et une capacité de résister autant que ce genre de choses peuvent poser.
05:38 – Il y a aussi toute la lourdeur administrative et judiciaire qui décourage.
05:42 – Tout à fait, surtout quand on est mal guidé, mal guillonné.
05:47 Mais ici dans mon cas, je me retrouve avec une avocate
05:52 qui fut présidente des droits de l'homme en Belgique.
05:55 Donc elle sait de quoi elle parle.
05:57 Elle en a déjà vu et entendu plus que mon histoire à moi.
06:03 Et j'ai une cheffe de groupe, Céline Frémaux,
06:06 qui n'a pas le moindre égard pour ces gens qui se comportent,
06:16 je ne dirais pas comme des animaux, parce que, attention, attention, le mot,
06:21 mais qui se comportent comme des gens qui ne vivent pas sur cette planète.
06:24 – D'accord, vous dénoncez la banalisation des discours de NCF,
06:29 donc toujours et encore l'une de vos principales priorités.
06:32 – C'est l'une de mes principales priorités,
06:34 et d'ailleurs j'en fais cause dans ma fondation.
06:39 – On en parlera tout à l'heure.
06:42 – Mais pour moi, cette banalisation, qui d'ailleurs est très amplifiée actuellement
06:50 par l'existence des réseaux sociaux,
06:53 alors cette banalisation, pour moi, il faut absolument qu'on arrive à l'endiguer.
07:00 – Alors vous dites aussi, je lis, qu'il faudrait une juridiction spécifique
07:04 pour poursuivre les auteurs des actes racistes sur les réseaux sociaux,
07:08 justement vous en avez parlé, explications peut-être ?
07:10 – Oui, il faut qu'on prenne ces cas comme des cas graves,
07:16 comme il s'en passe dans la société.
07:18 Et moi je suis convaincu qu'il faut faire une juridiction spécifique
07:25 pour arriver à en découdre avec ces gens qui se prennent pour ceux qui ne le sont pas.
07:34 Et pour ce faire, il faut qu'on arrive à institutionnaliser la juridiction
07:42 en ce qui concerne ce genre de cas.
07:45 Et qu'on pense punir comme dans les cas réels de la vie,
07:52 parce que ces gens font souvent une atteinte aussi à la vie.
07:57 – Alors la multiplication des actes racistes sur les réseaux sociaux
08:03 depuis ces dernières semaines, c'est une coïncidence ou pas
08:07 lorsqu'on voit à l'horizon les prochaines élections ?
08:11 – Les élections peuvent être une bonne raison, un déclencheur de ce genre de choses.
08:16 Pourquoi ? Parce que les gens qui n'ont pas la capacité de s'exprimer correctement,
08:23 dire correctement ce qu'ils pensent, ils prennent les raccourcis.
08:27 Et ils croient qu'ils vont bloquer un politicien, bloquer quelqu'un dans son élan,
08:33 mais je crois que ce sont des erreurs, parce qu'après avoir fait tout ça,
08:38 les élections sont ce qu'elles sont, les électeurs et électrices sont ce qu'ils sont,
08:44 ce qu'elles sont, ils donnent la voix à qui ils estiment être à même de les représenter.
08:53 Ils préfèrent quelqu'un et pas l'autre, ça c'est de leur droit.
08:56 Ils préfèrent tel discours et pas l'autre, c'est toujours de leur droit.
09:02 Alors les gens qui insultent, souvent n'ont pas gain de cause.
09:08 – Vous avez parlé des réseaux sociaux, est-ce qu'on peut imaginer des gardes fous,
09:11 justement sur la toile pour freiner ces discours de haine et de violence ?
09:16 – Les gardes fous existent, mais l'application n'est pas suffisante,
09:25 ou alors il y a un manque de moyens. – Ou de volonté.
09:29 – Ou de volonté aussi, parce que les gardes fous, la cybercriminalité,
09:36 j'en passe, mais tout ça, ça existe.
09:40 Est-ce que les gens s'y adressent quand il y a un problème ?
09:45 Je n'en donne que pour exemple, lorsque vous avez quelqu'un qui vous écrit du n'importe quoi,
09:53 et que vous lui dites tout simplement que vous allez porter ça à la police,
09:58 de cybercriminalité, très souvent son message disparaît.
10:05 Donc… – Donc, il y a quand même une crainte.
10:09 Ces gens-là ne se comportent pas comme sur un terrain conquis, sur d'eux-mêmes,
10:15 il suffit qu'ils aient une petite remarque, ils se rétractent.
10:20 Ça veut dire qu'ils ont quand même peur de la loi.
10:23 – Encore eux ?
10:25 – Malgré leur cuirasse qu'ils veulent se donner,
10:29 quand ils entendent que la loi peut les approcher, ils en ont peur.
10:35 – Ils font mâche arrière.
10:36 Alors vous avez, Pierre Compagny, évoqué la fondation,
10:40 vous l'avez lancée, une fondation qui porte votre nom.
10:43 Peut-être nous présenter cette fondation aussi,
10:45 un peu nous parler de ses objectifs.
10:47 – Oui, cette fondation est basée sur trois thématiques.
10:54 Une thématique, climat.
10:58 Et cette thématique a été développée surtout grâce à mon obtention
11:08 de docteur honoris causa par la VUB et le Parlement bruxellois.
11:17 En ce moment-là, j'ai exprimé ce que j'avais déjà pensé
11:23 cinq ans avant, que j'avais même proposé au Parlement à un moment.
11:27 Et là, j'ai fait le projet.
11:30 Et j'ai eu directement des adhérents, des scientifiques de la VUB.
11:35 Alors, deuxième thématique, ce sont les droits humains.
11:40 Les droits humains dont on vient de parler.
11:43 Et dans ces droits humains, je me suis associé
11:50 avec l'université Saint-Louis du CEL,
11:56 parce qu'ils ont une spécialité dans les droits humains
12:01 qui est respecté à travers l'Europe.
12:04 Et de ce fait, nous nous sommes associés à une université au Congo,
12:11 mais pas à Kinshasa, à Kinshasa, tout le monde y va.
12:14 Nous sommes associés à une université au Congo,
12:19 l'université Kassavubu à Bomar, vers l'embouchure du fleuve Congo.
12:25 Et on travaille alternativement, selon les années,
12:33 pour accorder, j'accorde un prix à la fondation.
12:38 Et l'étudiant de la Belgique va au Congo une semaine,
12:44 faire un séminaire avec ses équivalents.
12:47 Celui du Congo, l'année après, vient aussi ici faire un séminaire.
12:51 Ça, c'est déjà un pas.
12:54 Alors, il y a les sports.
12:56 Les sports, on peut tourner autour du pot comme on veut.
13:01 Qui peut empêcher les enfants de jouer ?
13:04 Même le droit de l'enfance reconnaît
13:09 que les parents doivent s'occuper des jeux des enfants.
13:16 – Je pense que vous êtes à la bonne école pour ça.
13:19 – Oui, ça c'est vrai, ça c'est très vrai.
13:22 D'ailleurs, de ce fait, c'est que Vincent,
13:25 en dehors du fait que moi j'ai accompagné mes enfants,
13:27 mais c'est que Vincent a créé ici en Belgique,
13:31 aujourd'hui il y a plus de 1500 enfants dans le club BX.
13:37 Et lui, il doit s'arracher chaque fois les cheveux.
13:40 Mais les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas beaucoup de cheveux.
13:42 – Oui, mais Vincent non plus.
13:44 – Et de ce fait, il faut chaque fois trouver des sponsors.
13:49 Et j'ajouterais quand même quelque chose,
13:51 parce que parfois les gens ont tendance à dire très vite
13:55 du mal de ceux qui réussissent.
13:58 Sachez quand même que quand il était joueur à Manchester City,
14:02 et ce n'était pas lui tout seul,
14:04 tous les autres joueurs ont bénéficié pour les actions sociales.
14:09 Tous les clubs veulent des actions sociales.
14:11 Et c'était 100 000 pounds, donc plus de 100 000 euros
14:18 chaque année versés par Manchester City
14:22 pour entretenir le club de Vincent.
14:25 Et quitte à ce qu'il se fasse des sponsors,
14:27 parce que 1500 enfants, les 100 000 ça passe vite.
14:33 Donc vous voyez, ça c'est tout mon enveloppe de l'existence.
14:37 Et maintenant, vous pouvez le dire aux uns et aux autres
14:41 que je m'occupe de la question climat,
14:46 je m'occupe de la question des droits humains,
14:50 et que je m'occupe, comme d'habitude,
14:52 ça vous l'avez déjà dit, du sport.
14:55 – Et quels que soient les propos racistes sur les réseaux sociaux,
14:58 vous ne changerez pas d'un iota votre ligne de conduite,
15:00 on l'a compris, Pierre, un compagnie, le temps passe très vite.
15:04 Peut-être à présent, pour revenir justement à notre thématique de base,
15:07 un message, un mot de la fin, un conseil justement
15:11 à donner à toutes celles et ceux qui sont victimes justement de propos racistes,
15:15 notamment sur les réseaux sociaux,
15:17 pour ne pas baisser les bras et défendre leurs droits.
15:22 – Il est vrai que si je devais commencer, je commencerais par mon avocate.
15:27 Elle, elle peut leur donner d'autres adresses utiles,
15:30 parce que j'aurai des difficultés à donner précisément de bonnes adresses.
15:36 Et je crois que celui qui est discriminé,
15:40 parce que c'est une discrimination,
15:42 celui qui est discriminé doit en parler,
15:46 doit faire un effort pour en arriver à une solution acceptable.
15:53 Si on n'en parle pas et qu'on dit "baf, on laisse passer", c'est banal,
15:58 si on laisse passer 2 fois, 10 fois, 20 fois,
16:02 alors qu'on ne soit pas étonné que par la suite,
16:05 lorsqu'il y a quelqu'un qui soulève ce problème
16:07 et qui va droit vers la justice,
16:10 qu'on ne soit pas étonné de voir que cela a un certain impact.
16:17 Quand bien même le résultat en justice ne sera pas rapide,
16:23 ce qui est le cas,
16:25 et quand bien même le résultat en justice
16:31 pourra ne pas satisfaire l'intéressé,
16:33 mais quand on l'a fait, on l'a fait.
16:37 – Voilà, c'était "Ne jamais baisser les bras en substance",
16:40 la conclusion de Pierre Compagny, ancien bourgmestre de Gansaur-Rhin et député.
16:45 Merci en tout cas d'avoir été avec nous sur Arabelle.
16:47 – Mais je ferai remarquer quand même que,
16:49 j'ai parlé du sport mais je le fais avec l'association Friendly Foot,
16:53 depuis très longtemps.
16:55 – Oui, je t'en prie.
16:56 – Qui donne des entraînements gratuits aux enfants de Gansaur-Rhin,
17:00 démunis du moins par rapport aux abonnements,
17:03 depuis au moins plus de 10 ans.
17:05 – Voilà, le message est passé, merci Pierre Compagny,
17:08 on se retrouve dans quelques instants pour la deuxième partie de votre Carrefour de l'Info.