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00:00Le Carrefour de l'Info sur Arabelle.
00:07Et dans ce Carrefour de l'Information, un sujet malheureusement toujours aussi d'actualité, le harcèlement.
00:11Et nous recevons aujourd'hui Ibrahim, cofondateur de l'ASBL TW Project. Bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Et également avec nous, Olivier, qui est également cofondateur de cette ASBL.
00:22Alors, peut-être avant de développer tout ça ensemble, si vous voulez bien,
00:26nous racontez un petit peu l'histoire de la création du team Wakanda Project
00:31et ce qui vous a, disons, motivé à lancer un petit peu cette initiative.
00:36Avant tout, bonjour à tout le monde.
00:38La TW Project a commencé en 2020.
00:43Oui.
00:44Moi, j'ai eu un accident de voiture.
00:46Après quelques temps, on est resté à la maison et on a été confiné.
00:50Il y a le corona qui est arrivé.
00:51Ça ne s'arrange rien.
00:53Ça a pris du temps.
00:54On est enfermé, moi avec ma main, donc c'était compliqué.
00:58Et à un moment, on nous a laissé un peu d'ouverture d'aller dans le parc et tout.
01:02Et à ce moment-là, je commence à m'entraîner avec d'autres personnes au parc Maximilien.
01:06J'ai rencontré d'autres personnes et c'est comme ça que ça a commencé.
01:10J'ai pris quelques vidéos, j'ai publié sur les réseaux sociaux.
01:13Et les gens me demandent, t'es coach et tout.
01:15À ce moment-là, tout le monde cherchait des choses à faire.
01:18Et c'est comme ça que c'est parti.
01:20Le lien avec le harcèlement ?
01:22Le harcèlement, ça, c'est venu après.
01:24La personne que j'ai rencontrée s'appelle Martin.
01:28Il m'a présenté une dame.
01:31Elle s'appelle Florence, on l'appelle Flo.
01:33Pour le moment, elle travaille avec nous.
01:34Elle est en France.
01:35Et elle, quand elle est arrivée, tout a changé.
01:38Elle avait beaucoup d'énergie.
01:40Elle avait des idées.
01:41Elle voulait faire beaucoup de choses.
01:43Et moi aussi, j'avais des idées.
01:44J'avais beaucoup de choses à faire.
01:45Et c'est comme ça que ça a commencé.
01:48Olivier, quelle est la mission principale de votre association et ses objectifs ?
01:54Nous, on va beaucoup dans les écoles.
01:56Justement pour en parler.
01:58Parce qu'il faut parler du harcèlement.
02:00Il ne faut pas se laisser enfermer dedans.
02:02Ça va très loin dans certains cas.
02:05Et donc nous, en fait, on va dans les écoles
02:07pour justement essayer de libérer la parole
02:10que les enfants harcelés ou même...
02:12C'est une prévention aussi.
02:13Il faut prévenir de ça.
02:15Beaucoup dans les écoles.
02:18C'est notre fer de lance.
02:20On va beaucoup faire ça.
02:22Alors, on ne l'a pas dit au début.
02:23On parle de boxe.
02:25Alors, pourquoi avoir choisi justement la boxe
02:30comme valeur fondamentale pour transmettre vos messages ?
02:34En fait, la boxe, c'est quelque chose...
02:36Déjà, les gens pensent que c'est tellement agressif.
02:38Déjà, quand il commence un combat, il se salue à la fin.
02:42Comme je disais, un petit câlin à la fin.
02:44Et c'est juste un combat.
02:46C'est juste un combat.
02:47Mais la boxe, c'est tellement accessible pour tout le monde.
02:51Et tellement qu'il y a le respect entre les deux boxeurs
02:54ou les gens qui sont...
02:56Parfois, ça dégénère chez les professionnels.
02:58Mais il y a beaucoup de respect.
03:00Et nous, on a utilisé ça pour être en contact
03:04avec ces personnes qui sont victimes d'harcèlement.
03:06Parce que moi, j'ai été victime d'harcèlement
03:08quand j'étais tout jeune.
03:10Et le sport, ça m'a aidé.
03:12Alors, est-ce qu'on pouvait nous décrire, par exemple,
03:14quelques types d'actions de sensibilisation
03:16que vous menez à travers votre ASBL ?
03:19On n'en fait pas mal.
03:21On est partout.
03:23Oui, par exemple, on va à la foire de Saint-Jacques-de-Hucluc.
03:26On est invité toutes les années.
03:28On a un petit stand et on fait des démonstrations là-bas.
03:31Des écoles viennent nous voir, des échevins, des bourgmestres.
03:35Et puis, on fait aussi des vidéos.
03:38Beaucoup sur les réseaux.
03:40Ça, c'est Ibra qui s'en occupe beaucoup.
03:43Voyons, on va partout où on peut pour en parler.
03:46Parce que, comme j'ai dit, c'est...
03:48Surtout la foire de Saint-Job.
03:50C'est vraiment un endroit où il y a beaucoup de passages.
03:53Et l'année passée, on a eu même une de mes collègues,
03:56Ludmilla, qui est venue nous rendre visite.
03:58Elle a décoré notre stand.
04:00Je la remercie aussi pour ça.
04:02Et on a beaucoup de passages.
04:04On a la Croix-Rouge qui est juste à côté.
04:06Et la plupart des gens qui viennent là,
04:08ils viennent après chez nous pour s'entraîner.
04:10Les enfants, les parents qui viennent s'entraîner avec nous.
04:12C'est vraiment un changement.
04:14Mais les écoles, c'est tout le temps.
04:16Comment se déroule un cours de boxe ?
04:18Un cours de boxe, c'est tout simple.
04:20On commence les échauffements.
04:22On prend les gants.
04:24Je montre les exercices.
04:26Et c'est parti. On commence à faire ce qu'il faut faire.
04:28Et à la fin, tout le monde a transpiré.
04:30On se dit merci, au revoir.
04:32On se voit vendredi, on se voit mercredi.
04:34C'est comme ça que ça se passe.
04:36Et tout le monde est content.
04:38On vient vers moi. On va en parler.
04:40J'essaie de détecter qu'il y a un problème ces jours-là.
04:42Parce que j'ai souvent des ados
04:44ou des parents qui ont leurs enfants qui sont victimes d'harcèlement.
04:46Ils les ont amenés juste pour ça.
04:48Ils viennent de loin.
04:50Et ça fait plaisir de voir les changements dans la vie de ces personnes.
04:52Est-ce que vous avez justement
04:54des retours
04:56des participants à ces programmes,
04:58notamment en ce qui concerne leur expérience personnelle
05:00face au harcèlement ?
05:02Et je vais poser une autre question en même temps.
05:04Faire de la boxe, ça permet aussi
05:06de se défendre lorsqu'on est harcelé ?
05:08Bien sûr.
05:10Nous, on ne fait pas ça pour que la personne...
05:12Beaucoup y pensent.
05:14Ils vont commencer à taper les gens dans la rue.
05:16Ils sont bien éduqués.
05:18On les dit, écoute,
05:20tu apprends, mais t'es pas là pour aller
05:22te battre tout le temps.
05:24Pour le moment, on n'a pas encore eu ça.
05:26Chez nous, la plus belle victoire, c'est quand même Tom.
05:28Tom, c'était un garçon qui a été harcelé.
05:30Il a rencontré Ibra.
05:32Il est venu dans nos cours.
05:34Et maintenant, Tom donne cours.
05:36Et il est très professionnel.
05:38Il aide d'autres enfants
05:40qui ont été harcelés, puisque lui-même a été harcelé.
05:42Donc il sait de quoi il parle.
05:44Il dit que la boxe lui a donné confiance en lui.
05:46C'est pas pour ça qu'il va frapper quelqu'un,
05:48mais ça lui a donné confiance et ça lui a permis
05:50d'être plus ouvert.
05:52Même les parents sont très contents.
05:54Et nous, on est très contents de lui parce qu'il continue avec nous.
05:56Et c'est ça qui est beau, en fait.
05:58Et il est là aussi,
06:00à mon fils Djamal aussi. Ils sont tout le temps ensemble.
06:02Tom, moi je l'ai connu dans un parc,
06:04au Parc des Cinquante Mères, avec son père et sa mère.
06:06Et depuis ces jours-là, on est comme une famille.
06:08Ça fait quatre ans.
06:10Les retours, c'est tout le temps.
06:12Les merci, les merci. Parfois, je reçois des chocolats.
06:14C'est tout le temps, tout le temps.
06:16Vous avez parlé tout à l'heure des écoles.
06:18Est-ce que vous avez d'autres partenariats
06:20ou d'autres organisations
06:22pour étendre justement votre message
06:24et vos actions ?
06:26On a le Parascolaire Ducle.
06:28On travaille avec eux.
06:30Le vendredi, on est à Etterbeek
06:32avec les GC du Malbec. On a une fois par mois
06:34qui s'appelle le Women Warriors.
06:36Donc, on entraîne que les femmes.
06:38Donc, ils sont contents de notre travail.
06:40Et les parascolaires, c'est tous les mercredis.
06:42Ça fait déjà trois ans qu'on travaille ensemble.
06:44Alors, justement,
06:46tout cela, il faut des sous.
06:48Comment financer
06:50vos activités à travers cette ASBL ?
06:52Et comment, justement, on peut soutenir
06:54votre association ? Est-ce qu'il y a
06:56un site, un numéro de téléphone ?
06:58Est-ce que vous pouvez savoir comment on peut vous aider ?
07:00Tout est bien vu.
07:02Mais c'est vrai que financièrement, là, on se débrouille par nous-mêmes.
07:04On n'a pas de subsides.
07:06Donc, c'est toujours
07:08par le travail d'Ibra ou par
07:10une soirée spaghetti.
07:12Et donc, on arrive à monter
07:14des événements comme ça.
07:16Et voilà, c'est vraiment...
07:18On cherche des sponsors. On cherche même des gens à venir aider.
07:20Puisque voilà,
07:22on grandit. Donc, on a
07:24beaucoup de demandes. On a des projets sur le Luxembourg.
07:26On a un projet en France.
07:28Ici, bientôt, à Liège.
07:30Le mois de mai, le 20 mai, on est à Liège.
07:32C'est vraiment une grande organisation.
07:34Oui, il y a le site. Il y a l'adresse mail.
07:36Et puis, les gens peuvent
07:38prendre contact avec nous. Mais tout est bon.
07:40Il n'y a que financier.
07:42www.twproject.be
07:44C'est .com, c'est ça ?
07:46Ok.
07:48Toutes les aides sont
07:50les bienvenues. Vous parlez de
07:52Liège. Est-ce qu'il y a d'autres projets futurs
07:54pour développer davantage
07:56la Team Wakanda Project ?
07:58Oui, il y a des grands projets. Là aussi,
08:00à part ici en Belgique, on fait des choses en Afrique.
08:02On a des projets pour apporter des livres dans des écoles
08:04et tout. Faire des sortes de bibliothèques dans des écoles.
08:06J'ai déjà visité quelques écoles
08:08en Guinée qu'on a créées. Donc,
08:10on va voir la suite et tout. J'ai été en contact
08:12avec des politiciens de là-bas, le ministre
08:14du sport et Noron. Je devrais être en contact
08:16avec le ministre de l'Éducation.
08:18Donc, vous savez, c'est la politique.
08:20Il y a beaucoup de oui,
08:22mais de toute façon, on essaie. Si ça ne va pas
08:24de leur côté, nous, de notre côté, on fait notre
08:26mieux pour réaliser
08:28certains rêves.
08:30Alors, peut-être avant de nous quitter,
08:32si vous avez un message à faire
08:34passer, à vous adresser à ceux
08:36qui subissent ou ceux qui sont témoins
08:38de harcèlement, de ne pas
08:40fermer les yeux. Au contraire, de ne pas avoir peur.
08:42Ceux qui subissent, c'est
08:44d'en parler. Ça, c'est vraiment la priorité.
08:46Il faut en parler. Ceux qui
08:48sont témoins, d'intervenir
08:50ou de prévenir une personne.
08:52Ça dépend, parce qu'on peut être harcelé aussi au travail,
08:54on peut être à l'école, ça peut être un peu partout.
08:56Et c'est pour ça que, comme nous, on avait fait
08:58la boxe, et je vais un peu vous expliquer pourquoi,
09:00c'est que le boxeur, en fait, sur le ring, il est tout seul.
09:02Il se prend des coups, il perd,
09:04il gagne, il est seul.
09:06Mais en fait, il n'est pas seul, parce qu'il a un coach.
09:08Donc, ici, ça peut être les parents, ça peut être
09:10un éducateur, ça peut être la police. La police,
09:12par exemple, nous, on a travaillé avec la
09:14team school de Huc. C'est
09:16une nouvelle L qui est faite à la police
09:18pour venir si
09:20vous êtes harcelé. Donc, il ne faut pas avoir peur
09:22d'en parler. Et,
09:24comme je vous dis, la boxe, c'était vraiment ça.
09:26Il y a beaucoup de valeur en boxe, comme il a
09:28dit Ibra. Il se salue
09:30avant, et il dit un câlin,
09:32mais je dis moi, congratulé
09:34à la fin. Donc, ils ont vraiment...
09:36Encore
09:38un dernier mot, Ibrahim ?
09:40Un dernier mot, franchement, moi, c'est
09:42remercier toutes ces personnes qui nous aident tous les jours
09:44et tout. On a notre collègue Khalid,
09:46Minoui, lui, franchement,
09:48il est là pour nous. Il y a
09:50Sarah Bittereste, il y a
09:52Flo, il y a Florence,
09:54il y a Chantal, il y a
09:56plusieurs personnes qui nous aident et tout. Je vais oublier
09:58d'autres personnes, mais je salue tous mes
10:00collègues de la Maison Communale du Huc.
10:02À chaque fois qu'il y a un événement, ils viennent
10:04nous soutenir et merci à eux.
10:06Voilà, le message est passé.
10:08Merci Ibrahim, merci Olivier.
10:10Je rappelle que vous êtes
10:12cofondateur de l'ASBL
10:14TW Project.
10:16Merci d'avoir été avec nous.
10:18On se retrouve dans quelques instants pour la suite
10:20de votre carrefour de l'information.
10:22On parlera de toute autre chose,
10:24notamment un IFTAR multiconfessionnel
10:26ce dimanche, à tout de suite.
10:28... sur Arabelle.
10:30...
10:32Et on enchaîne
10:34tout de suite avec cet événement
10:36IFTAR à l'église, organisé
10:38dans le cadre de Molenbeek for Brussels
10:402030, avec plusieurs ASBL
10:42molémécoises, et l'idée c'est de rassembler
10:44différentes communautés religieuses
10:46à l'église Saint-Jean-Baptiste
10:48de Molenbeek. Avec nous pour nous en parler, nous avons
10:50le plaisir d'avoir avec nous Malika Seyssi
10:52qui est coordinatrice de projet
10:54socio-culturel, ou VK,
10:56une ASBL molémécoise. Bonjour.
10:58Bonjour M. Tallère, merci pour l'invitation.
11:00Avec plaisir. Alors, une première question avant d'être
11:02en train d'aller dans le détail. Comment est née un petit peu
11:04cette idée d'organiser un IFTAR
11:06dans une église, et en fait,
11:08quel message vous souhaitez transmettre
11:10à travers cet événement ?
11:12Oui, c'est assez
11:14symbolique, et puis c'est avant tout
11:16une cérémonie universelle
11:18qui rapproche les gens
11:20et qui donne un autre cadre que
11:22de le faire dans d'autres salles,
11:24dans d'autres infrastructures.
11:26L'église est un lieu de culte,
11:28comme tant d'autres,
11:30et là, c'est aussi
11:32dans le projet interreligieux
11:34et aussi justement
11:36dans le cadre du vivre ensemble,
11:38en fait, et de respecter
11:40tous les cultes et aussi
11:42tous les citoyens et citoyennes qui en soi
11:44ne pratiquent pas, sont la bienvenue.
11:46C'est pour M. et Mme tout le monde,
11:48mais c'est surtout une cérémonie,
11:50un lieu sacré, pour un moment sacré
11:52dans les valeurs universelles avant tout.
11:54Alors pourquoi avoir choisi justement l'église
11:56Saint-Jean-Baptiste comme lieu pour l'IFTAR ?
11:58Parce que l'église Saint-Jean-Baptiste,
12:00elle est belle, elle est lumineuse,
12:02elle est bien placée,
12:04elle est placée aussi en plein centre
12:06du marché du jeudi
12:08qui est le centre social,
12:10le centre
12:12de plein de bons ingrédients
12:14qui font le bonheur
12:16de tous,
12:18de toutes et chacun.
12:20Et en même temps,
12:22c'est une église, c'est un patrimoine,
12:24c'est un lieu de culte,
12:26c'est un lieu qui n'est pas fortement
12:28visité non plus,
12:30donc c'est donné une opportunité
12:32et un message quand même fort
12:34de l'universalité
12:38et l'amour aussi
12:40du partage.
12:42J'ai vu qu'il y avait pas mal de partenaires,
12:44quels sont les principaux partenaires
12:46impliqués dans l'organisation de cet événement ?
12:48Il y en a beaucoup, il y a les uns les autres,
12:50il y a Dar El Hamal, il y a la maison des cultures,
12:52il y a le foyer,
12:54il y a...
12:56C'est un peu dur
12:58quand on les cite et qu'on oublie quelqu'un.
13:00Oui, la liste est bien longue,
13:02mais l'un est plus important.
13:04Il y a aussi des personnes,
13:06qui sont des bénévoles et qu'on a parfois tendance
13:08à laisser dans l'ombre et qui, eux, sont les moteurs
13:10de notre société,
13:12le moteur de ce projet également,
13:14parce qu'on a besoin de mains fortes,
13:16on a besoin de bénévoles,
13:18et j'ai même envie de dire que c'est à travers eux
13:20que ce projet grandit.
13:22Alors justement, quelle a été la réaction
13:24de la communauté locale à Molenbeek
13:26face à cette initiative dans une église ?
13:28Aujourd'hui,
13:30on n'est plus dans les années 90,
13:32c'était un peu compliqué pour changer les mentalités,
13:34pour ne pas faire d'amalgame entre religion,
13:36culture et tradition.
13:38Il y avait une peur dans les années 90,
13:40mais dans les années 90, vous allez me dire,
13:42tout le monde cherche un peu sa place,
13:44son identité. Aujourd'hui, vous savez,
13:46quand c'est l'heure, c'est l'heure, avant c'est plus l'heure,
13:48et après c'est trop tard. Là, on a l'impression
13:50que c'est maintenant qu'on a besoin de faire passer un message
13:52et qu'on est prêt, que les citoyens,
13:54la population locale, les mêmes nationales,
13:56sont prêtes, dans le sens où,
13:58quand vous savez, les médias en parallèle
14:00nous parlent de guerre,
14:02nous parlent de tout ce qui est très pessimiste,
14:04un nuage gris sur Molenbeek,
14:06on n'en veut pas. Et ce sont des activités
14:08comme ça, des projets comme ça, qui démontrent
14:10la volonté de faire changer le monde
14:12quand ils tournent par an, et surtout,
14:14pour donner l'espoir aux gens
14:16qu'il y a moyen de
14:18vivre ensemble, de se tenir la main
14:20et de se soutenir dans des moments difficiles.
14:22Il y a deux dates sombres
14:24dans notre histoire récente, 2015-2016,
14:26justement, en quoi cet état
14:28peut contribuer à lutter contre
14:30la stigmatisation dans un
14:32quartier, dans une commune, pardon,
14:34comme Molenbeek.
14:36Effectivement, on a vécu les attentats
14:38de Paris, de Bruxelles,
14:40et ça a été un état de guerre,
14:42une forme de guerre, où nous avons
14:44arrêté de vivre. C'était une mort psychologique
14:46où les gens se regardaient avec beaucoup de peur,
14:48et heureusement, des organisations,
14:50des institutions et des personnes
14:52comme des citoyens engagés,
14:54ils ont compris
14:56qu'il fallait aller en contre-courant
14:58de ce pessimisme et de cet état
15:00de guerre, pour déjà
15:02informer les gens, sensibiliser,
15:04que de rester dans un silence
15:06muet, qui fait plus de dégâts.
15:08Et à côté de ça, bien sûr,
15:10il y a la situation du Corona,
15:12qui nous a freinées
15:14toutes et tous
15:16à ce qu'on ne soit pas actifs.
15:18Mais nous, nous avons compris quelque chose.
15:20Nous avons compris que
15:22dans des moments aussi difficiles,
15:24il faut plus de
15:26communication, plus d'engagement, plus de
15:28projets conciliants, et c'est ça
15:30notre force. Parce qu'être victime
15:32et tomber dans la victimisation, c'est
15:34une ignorance qui peut nous nuire.
15:36Et donc,
15:38et surtout aussi impliquer
15:40et éveiller et réveiller les politiques
15:42en facilitant
15:44l'accès, en donnant les moyens,
15:46en croyant dans des projets
15:48comme ça, et d'être présent
15:50activement dans tous les sens du terme.
15:52Alors Malika, c'est ici, autre chose,
15:54quel lien vous faites entre cet événement
15:56et la candidature de Molenbee comme
15:58capitale européenne de la culture
16:002030 ? On en parle beaucoup.
16:02Oui, on en parle beaucoup et on va en parler davantage les jours à venir
16:04dans le sens qu'elle mérite.
16:06Elle mérite, c'est une commune
16:08très généreuse, c'est une commune
16:10très vivante, c'est une commune transit.
16:12Tout le monde,
16:14même en y passant,
16:16acquit quelque chose
16:18de fort dans cette commune.
16:20C'est une commune exemplaire dans le sens que
16:22avec des institutions comme le
16:24Wartekapoon, comme la Maison des Cultures,
16:26qui sont
16:28un petit peu les pôles, les piliers
16:30de la culture à Molenbee,
16:32l'académie aussi à côté, l'académie de dessin,
16:34l'académie de musique,
16:36plein plein d'autres associations
16:38qui
16:40vont promouvoir
16:42le fait de vouloir et de mériter
16:44aussi qu'on soit la commune
16:46de la culture
16:482030, la capitale,
16:50parce qu'elle mérite surtout,
16:52elle a été stigmatisée,
16:54elle a été victime
16:56aussi, il y avait aussi
16:58beaucoup de dénonciations calomnieuses
17:00sur cette commune, mais cette commune,
17:02elle est richissime, cette commune avance,
17:04elle ne stagne pas.
17:06Alors on va revenir à l'Iftar,
17:08il y a le mot sadaqa, le mot sadaqa
17:10qui est mis en avant dans ce projet,
17:12pourquoi cette notion est centrale d'après vous ?
17:14Justement, le mot sadaqa
17:16est lié à tout ce que je viens de dire,
17:18c'est une commune fructueuse, c'est une commune
17:20généreuse, c'est une commune où tout le monde
17:22peut manger
17:24à volonté, c'est une commune solidaire,
17:26je ne sais pas si vous avez vu, mais les fils,
17:28les colis alimentaires qui ont commencé à Moulimbek,
17:30aussi dans le cadre du Corona,
17:32en fait, je n'ai pas l'impression,
17:34j'y vis, donc, en tant que
17:36femme, en tant que mère,
17:38en tant que pionnière
17:40à Moulimbek, et je constate
17:42qu'il y a une grande générosité, une abondance
17:44à ce niveau-là, mais aussi,
17:46il y a une écoute, et
17:48le mot sadaqa, je pense que c'est
17:50un mot universel, c'est un mot
17:52qu'on retrouvera certainement dans le dictionnaire français
17:54parce que, il est
17:56là, tout le temps dans la pratique,
17:58Ramadan ou hors Ramadan,
18:00le mot sadaqa, il est là, le mot sadaqa
18:02veut tout simplement dire, et c'est un mot qui est retrouvé
18:04dans différentes aussi
18:06langues, et qui veut dire
18:08l'abondance, la donation,
18:10et justement,
18:12le mot abondance, c'est que
18:14à Moulimbek, on a compris qu'avec un grain
18:16de riz, ou un grain de couscous,
18:18on peut faire nourrir des familles et des familles entières,
18:20et ça au quotidien.
18:22Autre chose, cet événement
18:24a affiché complet en seulement
18:263 petits jours, comment expliquer cet engouement
18:28rapide ? Oui, en 24
18:30heures, ça a été complet, 400 personnes,
18:32et je vous assure que le téléphone
18:34n'arrête pas de sonner, et qu'on nous supplie encore
18:36d'ouvrir les portes, on aurait aimé que
18:38l'espace, la sécurité, l'infrastructure
18:40puissent accueillir un tas de gens.
18:42Comment je l'explique ?
18:44Je l'explique, ça ne m'étonne pas.
18:46Ça ne m'étonne pas.
18:48Les iftars,
18:50il y en a partout, comme des champignons,
18:52ça pousse partout, et c'est nécessaire.
18:54Les gens ont besoin de ça.
18:56Et vous avez parlé
18:58des attentats, je me souviens que
19:00l'initiative du Wartekapun,
19:02pendant l'attentat,
19:04était lumière sur Moulimbek,
19:06sur la place
19:08communale, il y avait 3000 personnes
19:10pour allumer une bougie.
19:12Alors comment on explique ça ? On explique ça qu'il y a
19:14ce besoin tactile
19:16d'être ensemble, de se toucher,
19:18de s'aimer, de partager,
19:20d'avoir un moment de fraternité,
19:22d'avoir ce tableau moulimbécois à l'église,
19:24un tableau qui représente,
19:26j'ai envie de dire, le dernier repas du Christ.
19:28Alors c'est moi, musulmane, femme voilée,
19:30qui en parle, mais c'est ce
19:32symbolisme de ne pas manger
19:34seul. Le message à Moulimbek, c'est ne mange pas
19:36tout seul.
19:38Encore une question, Malika, c'est ici,
19:40et je voudrais que vous me répondiez honnêtement,
19:42est-ce que vous avez rencontré des défis, des oppositions,
19:44le fait de mettre un iftar dans une église ?
19:46Je vais vous répondre
19:48honnêtement, il y a
19:50oui, aussi,
19:52des musulmans
19:54qui ont cette peur de rentrer dans cette église
19:56en pensant et en
19:58péché, donc je suis très claire.
20:00Alors je dénonce ceci,
20:02en ne voulant pas
20:04condamner ce
20:06genre de réaction, on les dénonce
20:08pour pouvoir y travailler,
20:10changer les mentalités, c'est à partir du
20:12fait d'y travailler avec le respect même
20:14de la personne qui le pense, pour pouvoir
20:16tout doucement décortiquer
20:18ce point de vue,
20:20et prouver que loin de là,
20:22que la religion musulmane,
20:24le fait de rentrer dans une église
20:26est approuvé et n'est pas un obstacle
20:28pour l'émancipation de la personne dans sa spiritualité.
20:30Mais il faut le faire avec le respect
20:32et pas de rejet.
20:34Dénoncer
20:36ou apporter
20:38une difficulté n'est pas
20:40égal à un conflit.
20:42Alors, pour aller plus loin,
20:44pour se projeter vers l'avenir,
20:46est-ce que cet événement a vocation d'être
20:48disons, reconduit ou élargi
20:50dans les années à venir par exemple ?
20:52On peut imaginer un événement d'une ampleur
20:54plus importante ?
20:56Bien évidemment, et en connaissance de cause,
20:58ça fait plus de 30 ans que je travaille
21:00à Molumbé, que je suis voisine de l'église,
21:02le centre culturel flamand de Vardcapone
21:04est voisin avec le Parvis.
21:06Et comme vous savez, on a commencé déjà
21:08dans les années 90 à travailler sur cet aspect.
21:10On était des petits iftars qui ont grandi.
21:12Aujourd'hui, on ne sait même plus répondre à la demande.
21:14D'autant plus qu'il y a aussi beaucoup de gens qui sont isolés.
21:16Et quand on dit iftar,
21:18on ne mange pas seul.
21:20Il faut être entouré
21:22et manger avec ses proches,
21:24et manger de manière conviviale et en communauté.
21:26Donc bien sûr que ça va grandir.
21:28On le voit, on le sent bien.
21:30De là où on vient, où on est aujourd'hui,
21:32bien sûr que ça va grandir.
21:34Et j'espère pouvoir,
21:36qu'on puisse répondre encore plus large,
21:38encore plus grand. Et à Molumbé, avec les défis,
21:40ça ne nous fait pas peur.
21:42Alors justement, en quoi des initiatives comme celle-ci
21:44peuvent-elles, disons, inspirer
21:46d'autres villes chez nous en Belgique
21:48ou pourquoi pas dans d'autres pays européens ?
21:50Bien sûr, les iftars,
21:52c'est devenu des projets locaux,
21:54des projets nationaux,
21:56et aussi internationaux.
21:58Et je n'aime pas le terme faire des ponts,
22:00parce que quand on parle de pont,
22:02il y a encore la rive gauche et la rive droite,
22:04et on constate qu'on est en parallèle.
22:06Il faudrait même, vous savez, laisser couler
22:08les iftars, qu'il puisse y avoir
22:10des plateformes tellement grandes,
22:12jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de barrières,
22:14et plus de contraintes,
22:16et que ça devienne
22:18une banalité,
22:20que ça fasse partie du calendrier,
22:22que ça fasse partie de nos vies.
22:24Avant de quitter, peut-être encore une toute dernière question,
22:26si vous voulez bien,
22:28un message à faire passer, peut-être pour une,
22:30disons, une cohabitation harmonieuse
22:32entre les différentes traditions religieuses ?
22:34Oui, en fait, c'est très simple.
22:36Je crois qu'il faut retourner
22:38dans l'histoire, et la plus belle des histoires
22:40est la plus récente, avant de partir même,
22:42de parler de l'histoire de l'Andalousie
22:44ou des berceaux des civilisations,
22:46pour ne pas s'étaler là-dessus.
22:48Prenons l'exemple de nos parents,
22:50qui sont venus ici,
22:52en Belgique,
22:54en étant très ouverts,
22:56en ayant leur propre sac à dos
22:58avec leur tradition, leur culture,
23:00et leur religion, mais à côté de ça,
23:02ils avaient compris qu'il y a un autre acquis
23:04pour remplir leur sac,
23:06pour remplir le verre à moitié plein,
23:08c'est de découvrir ce qui vit,
23:10de ce qu'on ne connaît pas,
23:12c'est d'apprendre à vivre avec l'autre qu'on ne connaît pas,
23:14et surtout de vivre avec ses voisins,
23:16et d'être solidaires,
23:18et de partager, et de vivre ensemble dans sa diversité.
23:20Nos parents nous ont appris
23:22à ouvrir nos portes,
23:24on doit continuer à ouvrir nos portes.
23:26La diversité commence chez soi,
23:28et que nos enfants
23:30et que les prochaines générations
23:32puissent le vivre au quotidien,
23:34et que ça devienne une valérité,
23:36et plus un effort, et plus un défi, et plus un combat.
23:38Voilà, c'était la conclusion de Malika Seissi,
23:40je rappelle que vous êtes coordinatrice
23:42de projets socioculturels
23:44au VK, à Molenbeek,
23:46de cet Iftar Pas Comme Les Autres
23:48organisé dans une église, merci beaucoup.
23:50Merci infiniment.
23:52Avec plaisir, on se retrouve dans quelques instants pour la dernière ligne droite
23:54de votre Carrefour de l'information, à tout de suite.