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00:00 Sud Radio Regarde Femmes, Michel Viannesse.
00:04 Bonjour Michel.
00:05 Bonjour Jean-Marie.
00:06 Présidente de l'organisation non gouvernementale Regarde Femmes.
00:10 Michel, vous revenez sur le fait que le Sénégal s'est donné démocratiquement un nouveau président.
00:16 Bassirou Dioumaïfahi, c'est son nom.
00:18 Mais vous avez relevé une autre information et elle est d'importance en Afrique.
00:22 C'est un président qui assume ouvertement sa polygamie.
00:27 Oui, la polygamie est appréciée, ça ne va pas vous étonner, par beaucoup d'hommes.
00:31 Mais de nombreuses femmes demeurent, je dirais, méfiantes.
00:35 Alors quant au jeune président, il montre clairement qu'il est partisan d'une culture traditionnelle au service des hommes.
00:44 Et on est en plein relativisme culturel, donc ce racisme qui empêche justement les femmes d'avoir accès aux droits humains universels.
00:51 Je rappelle que le rapport de la Commission de l'ONU pour les droits humains en 2022, où le Sénégal participait à cette commission,
01:01 la polygamie est considérée comme une discrimination vis-à-vis des femmes et qu'elle doit être éradiquée.
01:08 Mais toute la dénonciation de la polygamie est ancestrale, puisque en wolof, la langue du Sénégal,
01:15 la coépouse est désignée par "wuj", qui veut dire "rival".
01:19 Donc ce n'est pas une question occidentale, on voit bien que c'est partout.
01:24 Et lorsqu'il y a trois ans, nous en avions parlé d'ailleurs, j'avais participé à la formation des candidats aux législatives au Niger.
01:31 Lorsque nous leur demandions quelles seraient leurs premières actions une fois élus,
01:36 toutes répondaient "faire interdire la polygamie".
01:39 Et alors là, vous parliez des Nigériennes, mais qu'en pensent les Sénégalaises ?
01:43 Eh bien, il y a des séries télévisées qui banalisent la polygamie,
01:49 même si ces séries montrent bien la rivalité entre les coépouses en fonction de leur progéniture.
01:56 Beaucoup disent que pour les enfants, la polygamie c'est une école de la haine,
02:00 en fonction bien sûr de l'âge des coépouses, de leur physique, de leur appétence pour les tâches domestiques,
02:08 donc si elles aiment bien nettoyer, ranger ou pas du tout, et cuisiner.
02:12 Mais ce sont les présenteurs socioculturels qui contraignent les femmes à être mariées.
02:18 Aussi, on voit des femmes au Sénégal, comme dans d'autres pays africains,
02:21 qui ont des activités professionnelles importantes,
02:25 et elles finissent par accepter un rang secondaire dans une union polygame pour avoir le statut d'épouse.
02:32 Et même au Sénégal, où nombre de femmes se disent contre cette pratique,
02:37 qu'elles jugent à la fois hypocrite et injuste à leur égard,
02:42 elles n'osent même plus le dire puisqu'il y a eu un communiqué de 250 personnalités féminines
02:48 qui ont dénoncé, et je les cite, "l'inqualifiable sous-représentation des femmes dans ce gouvernement",
02:55 4 femmes sur 34 postes ministériels, et surtout l'absence d'un ministère de droit des femmes,
03:02 qui est remplacé par un ministère de la famille, assignant donc aux femmes un rôle d'épouse et de mère,
03:10 alors que les Sénégalaises sont présentes à tous les niveaux de l'économie du pays.
03:15 Alors qu'est-ce que ça donne ailleurs en Afrique, dans le reste du continent ?
03:19 Par exemple au Cameroun, dès la signature de l'acte du mariage,
03:24 les couples ont le choix entre un régime monogamique, qui exclut la polygamie,
03:29 on ne peut pas revenir dessus, ou polygamique.
03:31 La question est posée par le maire, en présence de tous les invités,
03:36 et les femmes, qu'est-ce qui se passe ? Elles osent rarement demander la monogamie,
03:40 d'autant plus qu'elles vont être mal vues dans la société et dans les deux familles,
03:46 et donc on voit bien les limites du consentement.
03:49 Et alors en Guinée, où il vient d'être adopté une loi sur le mariage
03:54 qui est soumis au régime de la polygamie pour tous les citoyens,
03:58 eh bien on a gardé que le futur mari peut,
04:02 et bien sûr le futur mari, on voit bien que c'est le mari,
04:04 peut au moment de la célébration du mariage, en présence de sa future épouse
04:09 et avec l'accord de celle-ci, déclarer qu'il opte pour la polygamie
04:14 avec deux, trois ou quatre femmes au maximum.
04:19 Je rappelle que l'Arabie Saoudite, qui préside maintenant la commission des droits des femmes,
04:23 il n'y a pas de limite, on peut avoir autant d'épouses qu'on veut.
04:27 Et peut-être en conclusion, rappeler que la polygamie a un impact très important
04:32 sur la démographie galopante de l'Afrique,
04:35 et donc par conséquent un effet négatif sur le développement du continent.
04:40 Et à terme, effectivement. Merci beaucoup Michel Viennes.
04:43 On vous retrouvera avec plaisir un prochain samedi dans Le Grand Matin Week-end.
04:46 Je rappelle que vous êtes présidente de l'organisation non-gouvernementale,
04:48 un regard de femme à bientôt.