Les accusations de harcèlement moral et sexuel de l’infectiologue Karine Lacombe visant l’urgentiste Patrick Pelloux a ouvert la voie à de nombreux témoignages visant des professionnels de santé
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00:00 Vous avez des chiffres assez édifiants, puisque vous dites
00:04 "Nous avons constaté que 78% des femmes médecins déclaraient avoir été victimes de comportements sexistes,
00:13 30% affirmaient avoir subi des gestes inappropriés,
00:16 acconnottations sexuelles ou des attouchements sans leur consentement."
00:21 Oui, tout à fait.
00:22 Alors j'irai un tout petit peu plus loin avec ces chiffres-là
00:25 pour faire suite aux deux interventions qui ont précédé.
00:30 Sur ces 78%, il y a moins d'un tiers qui ont osé parler,
00:37 donc ça rejoint l'OMERTA qu'on disait à l'instant,
00:40 et de ces un tiers, il y a moins de 20% qui disent qu'il y a eu des mesures de sanction
00:49 qui ont suivi leur témoignage.
00:53 Donc effectivement, les chiffres sont alarmants,
00:57 mais ça reflète une réalité connue à l'hôpital.
01:00 Ce n'est pas récent, comme le disaient les deux précédentes invitées.
01:09 Donc c'est connu, on a essayé de chiffrer ça avec Donner des ailes à la santé
01:13 pour utiliser ces chiffres dans nos actions
01:16 et pour essayer de premièrement libérer la parole,
01:19 sensibiliser et mettre en place des mesures qui permettent d'aboutir à une tolérance zéro
01:26 et donc lever l'impunité à l'hôpital face aux violences sexistes et sexuelles.
01:32 – Mais je parlais de l'esprit carabin, c'est souvent ça qu'on évoque.
01:38 Il faut rappeler que l'esprit carabin, c'est un peu le folklore des études médicales.
01:42 On fait des blagues autour du sexe, des blagues grivoises,
01:46 parce que ça permet justement de se libérer,
01:50 de mettre un peu de recul par rapport à ce qu'on peut vivre lorsqu'on est médecin,
01:53 par rapport à la mort, au corps.
01:55 Est-ce que c'est entendable ça, l'esprit carabin ?
01:59 – Alors l'esprit carabin dans son sens de base était là pour ça.
02:04 C'est que nous sommes dans un milieu où le rapport à l'intimité est particulier,
02:09 où on côtoie le tragique au quotidien, donc forcément il faut décompresser.
02:15 Sauf qu'on a pris pour norme dans la culture carabine,
02:19 un humour ivoire, on a pris pour norme une proximité physique,
02:23 au-delà du consentement.
02:25 Et ce que disait l'invité qui vient de parler du consentement,
02:30 c'est que la culture carabine s'est transformée en une norme
02:35 qui au final ne fait plus la distinction entre dédramatiser cette présence à l'hôpital
02:42 et dépasser certaines frontières qui relèvent des violences sexistes et sexuelles.