Les accusations de harcèlement moral et sexuel de l’infectiologue Karine Lacombe visant l’urgentiste Patrick Pelloux a ouvert la voie à de nombreux témoignages dénonçant les comportements de professionnels de santé. L'ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, évoque les accusations portées contre l'urgentiste Patrick Pelloux en 2008 à l'hôpital Saint-Antoine à Paris qui ont conduit à son écartement
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00:00 Roselyne, j'aimerais juste qu'on revienne sur ce qu'il s'est passé avec Patrick Pelou,
00:03 parce qu'en 2008, il est écarté des urgences de Saint-Antoine,
00:07 son fief depuis 15 ans, c'est vous qui l'avez écarté,
00:11 vous avez appelé le patron du Samu de Paris en disant "prends Patrick Pelou",
00:15 pourquoi vous étiez ministre de la Sant'Alebra, je rappelle.
00:17 Ce qui se passe, pour être très clair, c'est que je n'ai pas d'accusation de violence sexuelle.
00:21 J'ai l'accusation d'un management déficient, anormal,
00:27 avec un management harcelant, humiliant,
00:33 et tout ça est très augmenté par le fait que Patrick Pelou,
00:37 qui convoitait le poste de chef des urgences de Saint-Antoine,
00:42 n'obtient pas cela parce qu'il n'a pas les qualifications nécessaires.
00:46 C'est le moment où on universitarise,
00:49 on fait vraiment un vrai service hospitalier dans les urgences,
00:52 donc il y a quelqu'un qui a les titres, en l'occurrence le professeur Dominique Pateron,
00:57 qui prend la tête du service des urgences de Saint-Antoine.
01:01 Et à ce moment-là, dans la première réunion de service,
01:05 les aides-soignantes vont dire "nous on ne veut plus travailler
01:08 dans ce contexte qui a été créé par Patrick Pelou".
01:13 Et pour moi c'est un vrai problème.
01:15 Ce sont des femmes ?
01:16 Oui, ce sont des aides-soignantes qui disent...
01:18 Mais elles ne parlent pas de violence sexiste ou sexuelle ?
01:21 Alors elles ne parlent pas à ce moment-là, mais on est il y a 15 ans,
01:25 on est en 2008, elles ne parlent pas de violence sexuelle,
01:30 elles parlent de "management harcelant et humiliant".
01:33 Après coup, vous dites que c'est parce qu'elles n'osaient pas en parler à l'époque ?
01:36 Donc moi à ce moment-là, ce que je veux c'est protéger les agentes
01:40 qui expriment ces violences,
01:43 et je ne peux pas déclencher d'article 40
01:45 puisqu'il n'y a pas de déclaration de violence sexuelle.
01:49 Vous sentez quand même qu'il y a quelque chose, autre chose derrière ces signalements ?
01:52 Depuis très longtemps, je pense que chaque fois qu'on parle de quelqu'un qui est humilié,
01:58 ça débouche... Je ne dis pas que ça l'a fait à ce moment-là,
02:02 je ne peux pas apporter des preuves à ce moment-là,
02:05 mais on sait très bien que d'humilier quelqu'un,
02:10 c'est quelque part l'emmener vers le chemin où on peut tout exiger d'elle,
02:17 ou parfois de lui d'ailleurs.
02:19 Et donc ce que je veux, c'est sortir de cette affaire-là,
02:22 d'abord pour protéger les personnes,
02:25 et puis aussi pour permettre aux services des urgences de Saint-Antoine,
02:28 qui est un service important, de fonctionner.
02:31 Parce qu'à partir du moment où un des médecins de Saint-Antoine
02:33 se met en arrêt maladie, ça devient extrêmement difficile.
02:37 Et dans les années qui ont suivi cette éviction, cette exfiltration,
02:41 si je reprends votre terme, vous avez eu écho d'accusations ?
02:47 - Ça a mis un moment.
02:49 Mais ce qui se passe, c'est qu'effectivement,
02:54 il y a aussi un contexte, c'est le mouvement #MeToo,
02:57 qui démarre, qui dit des choses,
03:00 et à ce moment-là, les bruits commencent à venir un petit peu partout.
03:05 Moi, à ce moment-là, j'ai quitté les fonctions politiques,
03:09 je travaille dans une rédaction, et effectivement, j'entends tout ça,
03:15 ça fait une sorte de puzzle qui se reconstitue.
03:21 Je donne l'alerte à un certain nombre de rédactions à ce moment-là,
03:24 mais je dis "mais arrêtez d'inviter cette personne".
03:27 Mais on dit "oui, mais c'est un bon client,
03:30 il est disponible à toute heure du jour et de la nuit".
03:32 Alors bon, à chaque fois...
03:34 Puis ils tapent sur le gouvernement,
03:36 ce qui est quand même une bonne façon d'être invité sur une rédaction.
03:43 Donc voilà, ils cochent toutes les cases, et on me fait savoir
03:46 qu'il faut continuer à l'inviter.