Dans un monde où la provenance et la qualité des aliments deviennent des critères de choix primordiaux, Le Bœuf Tricolore émerge comme un phare d’excellence et de tradition dans l’industrie de la boucherie française. Avec son concept unique alliant tradition artisanale et approche moderne, cette entreprise s’est donnée pour mission de remettre la viande française de qualité sur les tables tout en soutenant l’écosystème local des éleveurs et des bouchers.
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00:00 Le grand entretien avec Jean-Jacques Pinault qui est fondateur de la franchise "Le Boeuf Tricolore".
00:11 Bonjour Jean-Jacques Pinault. Bonjour. Le Boeuf Tricolore, donc il y a une question de boeuf.
00:14 Pourquoi Tricolore et qu'est-ce que c'est que le Boeuf Tricolore ?
00:17 Alors pourquoi Tricolore ? Pour que ça interpelle, parce que nous on a une spécificité c'est qu'on ne fait que de la viande française.
00:22 Mais pas que dans le boeuf d'ailleurs, dans tout, même la volaille, tu sais, c'est 100% français.
00:25 C'est ce qui nous différencie des autres enseignes de boucherie un peu connues.
00:30 Donc voilà, le Boeuf Tricolore c'est une boucherie, ce sont des boucheries aujourd'hui de grande taille.
00:36 Voilà, où on ne vend que de la viande 100% française.
00:39 Quand avez-vous créé cette franchise et pourquoi ?
00:41 Alors elle a démarré, la franchise elle-même, elle a démarré pas tout de suite.
00:45 Parce qu'au début on a créé, ça ne s'appelait pas le Boeuf Tricolore, ça s'appelait la boucherie de Bourgogne,
00:48 parce qu'on était en Bourgogne. Et puis petit à petit on a vu que ça fonctionnait.
00:52 Et pourquoi ? Tout simplement parce que moi j'allais dans l'Yonne régulièrement au week-end quand je travaillais à Paris.
00:57 Et quand j'étais en week-end ou en vacances, je ne trouvais pas de viande française.
01:00 Et puis ça, ça m'a dit, ça m'a fait titre.
01:02 Je me suis dit, mais on est dans une région d'élevage, c'est quand même pas troyable quoi.
01:05 Même le petit boucher d'étalons du village, il vendait de la viande étrangère.
01:08 Pas que, mais il en vendait. Et donc je me suis dit qu'il y avait quand même quelque chose à faire.
01:12 Alors comment avez-vous créé le concept ?
01:14 Alors le concept, j'ai fait un constat, je me suis rendu compte qu'on avait perdu beaucoup de parts de marché,
01:19 80% de parts de marché en 45 ans, 50 ans.
01:22 A peu près autant que les éleveurs, vous savez, ça suit.
01:25 Si vous regardez la ligne de disparition des bouchers traditionnels et puis des éleveurs traditionnels,
01:29 c'est à peu près la même chose.
01:31 Donc je me suis dit, là il y a quand même un constat qui est un peu alarmant.
01:34 Donc j'ai fait l'étude. Une fois le constat fait, je me suis dit, pourquoi on a perdu autant de parts de marché ?
01:39 Donc j'ai un peu étudié tout ça, j'ai regardé ça de près.
01:41 J'ai un peu compris, je pense.
01:44 Et je me suis dit qu'il y avait peut-être moyen de reprendre des parts de marché, mais qu'il fallait tout révolutionner.
01:49 Et donc je me suis mis au boulot et j'ai essayé de trouver un concept qui allait concurrencer la grande distribution.
01:54 Alors comment ça marche ?
01:55 Et bien ça marche tout simplement qu'il faut avoir des boucheries...
01:58 Alors, il faut écraser des marges.
02:00 Le problème de boucheries traditionnelles, quand elle a été agressée par la grande distribution,
02:04 elle a perdu beaucoup de parts de marché.
02:05 Et donc pour compenser leur revenu, ils ont eu tendance à augmenter les prix.
02:08 Ils ont fait l'inverse de ce qu'il fallait faire.
02:10 Aujourd'hui, si on veut vraiment les toucher, comme l'a fait la boulangerie,
02:14 la boulangerie a fait sa révolution il y a 30 ans, mais pas nous.
02:17 Nous on était restés trop traditionnels.
02:19 Et donc il fallait accepter de baisser les marges.
02:21 Pour ça, il fallait faire plus de volume,
02:23 donc il fallait penser à des boucheries beaucoup plus grosses,
02:25 avec des modes opératoires différents,
02:27 beaucoup se mécaniser, jouer sur la pénibilité,
02:30 et puis faire du direct le plus possible.
02:33 Et puis en aiguille, on se rend compte qu'on est capable de vendre de la viande française, de très bonne qualité.
02:37 Nous on ne commercialise que des races à viande,
02:39 on est sur du limousin, sur de la blonde d'Aquitaine, que des belles races.
02:42 Et pour autant, on arrive encore à avoir des prix qui, franchement, sont hyper compétitifs.
02:46 Alors comment avez-vous fait pour trouver les éleveurs,
02:50 pour recréer un autre mode de fonctionnement ?
02:53 En départ, on n'a travaillé qu'avec des éleveurs locaux.
02:55 On a même créé des groupements d'éleveurs,
02:59 à qui on a garanti un revenu minimum toute l'année.
03:02 C'est-à-dire que nous, il y a 15 ans en arrière,
03:05 on fixait des prix pour l'année.
03:07 Surtout avec les éleveurs de moutons, c'est très flippant.
03:09 Mais nous on disait "on va vous garantir un revenu",
03:11 et donc on a traité avec eux directement.
03:13 Et on a commencé comme ça, avec des éleveurs locaux.
03:15 Moi j'allais acheter sur pied à l'époque.
03:17 Aujourd'hui, c'est plus ça.
03:19 Aujourd'hui, c'est différent, les choses sont différentes, on a des acheteurs, on a tout ça.
03:21 Mais au départ, on a fait comme ça.
03:23 On s'est dit "avec les éleveurs, on va essayer de faire quelque chose".
03:25 Et donc on a démarré comme ça.
03:27 Alors c'est bon pour le consommateur aussi ou pas ?
03:29 Ah bah oui.
03:30 Les consommateurs, quand ils voient des vaches qui sont élevées à 20 km d'où ils les achètent,
03:35 forcément que c'est bien.
03:37 On les connait tous dans nos villages, on les connait tous.
03:39 Au début c'était ça.
03:40 Maintenant on est dans les villes plus grandes, c'est un peu différent.
03:42 Mais bien sûr qu'ils sont très sensibles à ça aujourd'hui les gens.
03:44 Quelles sont les valeurs fortes de l'entreprise, la boucherie Tricolore ?
03:49 La boucherie Tricolore, les valeurs fortes, c'est déjà le travail.
03:52 Le boeuf Tricolore.
03:53 Le boeuf Tricolore, oui.
03:54 C'est le travail, vraiment la volonté de faire de la qualité au meilleur prix.
03:58 C'est de se dire on va essayer d'amener cette qualité là,
04:01 mais qu'il y ait le plus possible de gens qui puissent en profiter.
04:04 Ça franchement je pense que c'est un peu dans notre ADN aujourd'hui.
04:07 On pense toujours, il faut penser rentabilité parce qu'il faut de l'argent,
04:10 mais il faut surtout penser, essayer d'apporter cette qualité au meilleur prix.
04:14 C'est bien pour tout le monde, ça c'est une vraie valeur je pense.
04:17 Le concept, vous l'avez créé, vous avez commencé à le développer,
04:21 il a démarré où et comment avant d'être ce qu'il est aujourd'hui ?
04:25 Tout de première, elle a démarré à Charny, dans Lyon, un tout petit village de 1400 habitants.
04:29 Ah oui ?
04:30 Oui, j'ai été voir la CC, la communauté de communes,
04:32 ils m'ont vendu un terrain, c'était un terrain de culture.
04:37 Puis on a monté une usine là-dessus, et puis on a monté une boucherie.
04:40 Et puis en très peu de temps, on est devenu la plus grosse boucherie du département.
04:45 Puis après on a monté une deuxième à Auxerre,
04:47 on est devenu la plus grosse boucherie de la région, là pour le coup,
04:49 ça a été très très vite.
04:50 Puis après, de fil en aiguille, on en a fait 2, 3, 4,
04:52 on a amélioré quand même parce que ce qui était vrai au départ,
04:55 ça ne l'est plus tout à fait, donc on est déjà en phase 3,
04:57 on va dire, de ce qu'on a créé au départ,
04:59 parce qu'il faut essayer de s'adapter à chaque fois.
05:01 Mais on a fonctionné comme ça, sur un modèle type.
05:04 Quelles sont les valeurs fortes de l'entreprise ?
05:07 Les valeurs fortes de l'entreprise, encore une fois,
05:10 je pense que c'est déjà son sérieux, sa volonté de bien faire,
05:15 je pense que ça aussi, et puis de former aussi.
05:17 Former, la formation est très importante chez nous,
05:19 on forme beaucoup beaucoup de gens.
05:20 Et puis encore, avoir toujours à l'esprit, encore une fois,
05:23 de respecter son client.
05:25 Respecter son client, c'est faire tout ce qu'on peut pour lui.
05:27 Ça, c'est une valeur forte.
05:29 Alors on va voir les chiffres de votre entreprise,
05:31 le Boeuf Tricolore, avec Virginie Masse,
05:33 et on se retrouve juste après.
05:35 Fondée en 2003, l'entreprise, le Boeuf Tricolore,
05:38 travaille avec environ 500 salariés,
05:41 et possède aujourd'hui 40 enseignes sur le territoire français,
05:44 dont la plupart sont dans le nord.
05:46 La boucherie compte aussi 25 associés à travers la France,
05:50 dont deux ont retenu notre attention.
05:52 Le premier à côté d'Orléans, qui est devenu associé il y a tout juste 3 ans,
05:56 et qui a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 5 millions d'euros.
06:00 Le second est un couple qui a rejoint le Boeuf Tricolore en 2018,
06:04 et qui est aujourd'hui à la tête de 8 boucheries,
06:06 toujours en tant qu'associés.
06:08 Enfin, la société a réalisé un chiffre d'affaires
06:11 d'environ 70 millions d'euros en 2023.
06:14 - Donc votre chiffre d'affaires était de, nous dit Virginie,
06:16 de 70 millions d'euros en 2023, c'est ça ?
06:18 - A peu près, oui. - A peu près, oui ?
06:20 - A peu près, oui. 70 millions de chiffre d'affaires.
06:22 - C'est une belle progression. - Ce qui est pas mal, oui.
06:24 - Et vous avez combien d'associés ? 25 associés ?
06:26 - Oui, c'est ça, 25. En associés, 25-30,
06:28 parce qu'on a une particularité,
06:31 on a une particularité, nous, sur le terrain, dans les boucheries,
06:34 mais aussi sur la forme de développement.
06:36 Aujourd'hui, on propose le JJP Finance,
06:39 qui est la holding,
06:41 et on propose trois façons de se développer, soit en association,
06:43 soit en franchise, soit en licence de marque.
06:45 - Ce que vous appelez les associés, ce sont les boucheries,
06:47 les franchises ? - Non.
06:49 - Non, c'est autre chose. - Les franchises, justement,
06:51 et c'est là où j'ai un peu délaissé la franchise,
06:53 parce qu'on se rend compte que, pour faire des franchises,
06:55 il faut toucher des gens qui ont de l'argent.
06:57 Et au début, on était rentrés dans la franchise pure et dure,
06:59 et je me suis rendu compte qu'on laissait passer trop de talent, quoi.
07:01 Et nous, on a eu, à l'âge, on disait, ben voilà...
07:03 - Les gens qui ont de l'argent, pas forcément de talent,
07:05 mais qui ont de l'argent pour du talent, pas forcément d'argent.
07:07 - Exactement, c'était ça. Nous, on disait que les compétences ne riment pas toujours avec la finance.
07:09 Et donc, pour éviter ça,
07:11 on a commencé à faire des pactes d'associés.
07:13 Et donc, aujourd'hui, on est pratiquement allé
07:15 3 sur 4, s'ouvrant pacte d'associés.
07:17 - Qui sont vos clients, entre guillemets ?
07:19 - Les clients acheteurs dans le magasin ?
07:21 - Oui.
07:23 - Tous. Tous, vous voyez, à Auxerre,
07:25 nous, on avait le club de foot,
07:27 donc on avait des gens très connus,
07:29 très riches, mais on servait vraiment de tout,
07:31 de tout, de tout.
07:33 On avait des gens qui descendent des HLM,
07:35 des gens qui arrivaient avec des Porsches sur notre parking.
07:37 Pourquoi ? Parce que...
07:39 Qu'est-ce qu'on a fait, en fait ? On a fait de la boucherie haute gamme,
07:41 ce que je faisais à Paris, moi.
07:43 Je travaillais vraiment du très haut de gamme,
07:45 mais au début, je me définissais
07:47 comme un discounteur de haute gamme.
07:49 Bon, après, on m'a dit "C'est pas très joli",
07:51 donc j'ai changé, mais c'est vraiment ça.
07:53 Je suis discounteur de haute gamme.
07:55 - Et vous comptez vous développer...
07:57 Vous avez pas de limites, évidemment,
07:59 quand on entreprend, on se fixe pas,
08:01 il y a une limite, mais...
08:03 Vous développez régulièrement,
08:05 et géographiquement, vous êtes présent où ?
08:07 - Alors, plutôt sur le nord de la France,
08:09 au-dessus de Lyon, quoi.
08:11 En bas, on n'en a qu'une,
08:13 puis en Corse, on en avait une.
08:15 Mais on se développe surtout sur le haut,
08:17 parce qu'au départ, moi, je considérais que, justement,
08:19 il fallait que je puisse être présent sur les boucheries régulièrement
08:21 pour les visiter. C'était pas très simple
08:23 quand c'est un peu trop loin.
08:25 Donc, voilà, on est plutôt sur le nord de la France.
08:27 Et puis, après, comment on fait pour se développer
08:29 aujourd'hui, justement ?
08:31 On en a fait dix, là, en 12 mois.
08:33 Le problème, c'est comment on fait du pacte de l'associé,
08:35 comme je vous expliquais.
08:37 À un moment donné, on arrive aux limites,
08:39 même nous, parce qu'on met beaucoup d'argent au départ,
08:41 justement, pour les gens qu'on n'a pas,
08:43 mais, à un moment, on arrive à des limites.
08:45 Et donc, là, il faut absolument qu'on trouve un autre système
08:47 de développement, qui passera peut-être par, justement,
08:49 je suis en train de chercher, moi, peut-être,
08:51 par l'association avec des groupements d'éleveurs.
08:53 Puisque, justement, aujourd'hui, il y a cette revendication
08:55 des éleveurs, qui considèrent qu'ils gagnent pas assez
08:57 par rapport... La production gagne pas assez
08:59 par rapport à la distribution.
09:01 Je peux l'entendre, on est sur deux points,
09:03 mais pourquoi pas rapprocher les deux,
09:05 faire des sociétés de développement ?
09:07 - Faire des circuits plus courts ? - Oui, puis que les éleveurs
09:09 créent des sociétés de développement et viennent s'associer
09:11 dans nos boucheries. Moi, je suis prêt à...
09:13 Je prends, là, sans aucun problème.
09:15 Quels sont vos objectifs, à court et moyen terme ?
09:17 Ben, justement, essayer de réaliser ça,
09:19 ce qui serait un truc, pour moi, génial.
09:21 S'il y a des gens qui arrivent à nous suivre,
09:23 si même les gouvernements nous entendent,
09:25 les régions nous entendent, voilà.
09:27 Et puis, ça pourrait passer par du PGE,
09:29 les gouvernements, les régions, pourraient avancer des PGE.
09:31 Bien sûr, on rembourse ça sur 5 ans.
09:33 Et nous, s'associer avec des sociétés
09:35 de développement, qui appartiendraient
09:37 à des éleveurs pour 50%.
09:39 Ça, ce serait extraordinaire. - Votre histoire est assez
09:41 exemplaire, parce que vous avez démarré, comme...
09:43 en travaillant dans des boucheries... - J'ai fait un CAP...
09:45 - Vous arrivez d'Orléans... - J'avais pas le choix,
09:47 parce que j'avais plus trop quoi faire de moi.
09:49 Pour dire la vérité, j'ai un parcours
09:51 un peu compliqué, mais... Comme pas mal
09:53 de gars de mon quartier, des HLM,
09:55 on était dans des... Et puis, oui, oui, et puis,
09:57 la chance que j'ai eue, quand même, c'est d'être apprenti
09:59 chez un gars qui s'appelait Marcel Bedu, qui était meilleur ouvrier de France,
10:01 puis qui m'a tout réappris, celui-là.
10:03 Ah oui, le savoir-vivre, la politesse,
10:05 comment on se tient, comment on dit bonjour...
10:07 - Et l'audace, aussi. - Ah oui. - Et l'audace de créer.
10:09 - Oui. Enfin, ça, je pense que je le tiens pour le coup
10:11 de mon père, mais... qui a pas réussi, lui,
10:13 parce que... oui, il a pas réussi, quoi,
10:15 mais qui était un peu comme ça, qui était un entrepreneur, déjà.
10:17 - Très bien. - Parce que l'audace, je pense que...
10:19 Ben, c'est l'entrepreneuriat, c'est ça,
10:21 c'est l'envie. Donc, après,
10:23 l'audace, ça vient tout seul, quoi.
10:25 On a envie, on a pas envie, quoi.
10:27 - Et là, vous êtes bien. - Ouais, ouais, je suis bien, ouais.
10:29 - Merci beaucoup. - C'est bon. Merci.
10:31 Sous-titrage Société Radio-Canada
10:33 ♪ ♪ ♪
10:35 [SILENCE]