• il y a 6 mois
Il s'agit d'un documentaire danois d'une durée d'environ 52 minutes qui explore l'influence de l'industrie des énergies fossiles sur le débat public autour du changement climatique.

Voici quelques points clés abordés dans le documentaire :

La montée du discours climatosceptique : Le documentaire examine comment des scientifiques et des experts douteux financés par l'industrie pétrolière ont semé le doute sur la réalité du changement climatique et son lien avec les activités humaines.
Les liens opaques entre l'industrie et les groupes de réflexion : Le film dévoile les relations financières parfois cachées entre les entreprises pétrolières et certains think tanks qui diffusent des messages climatosceptiques.
Les conflits d'intérêts dans les universités : Le documentaire pointe du doigt l'influence de l'industrie pétrolière sur certaines universités, qui financent des recherches climatosceptiques menées par des scientifiques controversés.
Les stratégies de communication de l'industrie : Le film analyse les techniques utilisées par l'industrie pétrolière pour manipuler l'opinion publique et discréditer les scientifiques du climat.

Le documentaire "Le lobby climatosceptique" est un document important qui permet de comprendre les forces qui entravent la lutte contre le changement climatique. Il met en lumière le rôle joué par certains acteurs économiques et intellectuels dans la diffusion de la désinformation sur ce sujet crucial.

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Transcription
00:00 Je vous en prie.
00:02 OK.
00:04 Vous vouliez me parler ?
00:11 Oui. Nous faisons un documentaire sur le changement climatique.
00:16 C'est scientifique. L'augmentation des niveaux de CO2 entraîne un verdissement de la planète.
00:27 Vous trouvez que c'est une mauvaise chose ?
00:30 Donc c'est bien qu'il y ait plus de CO2 dans l'atmosphère ?
00:34 Je pense, oui, tout à fait.
00:37 Vous imaginez si on ne pouvait plus se fier à la science ?
00:50 Laissez-moi vous parler d'un groupe d'hommes qui a tenté de vous convaincre que tel était le cas.
01:02 Des hommes qui veulent vous faire douter du dérèglement climatique.
01:09 Nous allons vous raconter comment ces gens ont été soutenus par les plus grandes compagnies pétrolières du monde.
01:20 Voici l'histoire d'une campagne qui a affecté notre planète pour toujours.
01:26 Cet homme est un scientifique de la NASA.
01:42 Il se présente devant le Sénat américain avec un message que vous allez entendre dans un instant.
01:47 Essayez de deviner en quelle année nous sommes.
01:52 Ok, c'était en 1988.
01:56 Les tests de la Terre ont été faits.
01:59 Les scientifiques ont été éliminés.
02:02 Leur objectif était de faire des tests de la Terre.
02:05 Mais ils n'ont pas réussi.
02:07 Ils ont été éliminés.
02:09 Ils ont été éliminés.
02:11 Ils ont été éliminés.
02:13 Ils ont été éliminés.
02:15 Ils ont été éliminés.
02:17 Ils ont été éliminés.
02:19 C'était en 1988.
02:21 Les téléphones ressemblaient à ça.
02:23 Internet à ça.
02:26 Et le monde découvrait qu'il fallait prendre le changement climatique au sérieux.
02:32 C'est ce que les scientifiques appellent l'effet de la pêche.
02:35 Et dans le long terme, cela pourrait signifier des changements dévastateurs pour toute la vie sur Terre.
02:39 C'est un problème de notre propre production.
02:41 Nous sommes en retard pour trouver une solution.
02:44 Les scientifiques prévoient un augment de température qui va éventuellement mouiller les caves de glace polaire.
02:49 Des feuilles de forêt dans l'Ouest.
02:51 Des riots alimentaires au moment où le désert Sahara se déplace.
02:53 Tout le monde va disparaître du plan de la Terre car nous ne pouvons pas s'en occuper des effets de la pêche.
02:57 En 1988, l'ONU crée un groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC.
03:04 Des chercheurs du monde entier corroborent les prévisions de James Hansen.
03:08 Et les chefs d'État les écoutent.
03:11 Les gens qui pensent qu'on est inpuissants pour faire quelque chose sur cet effet de la pêche
03:15 oublient l'effet de la pêche blanche.
03:18 Il y a de l'évidence.
03:21 Le dégât est en train de se produire.
03:24 On ne peut rien faire.
03:27 C'était il y a plus de 30 ans.
03:35 Apparemment, le monde était prêt à agir contre le réchauffement terrestre.
03:40 Mais il s'est produit quelque chose.
03:43 Après le discours de James Hansen, des contradicteurs apparaissent à la télévision.
04:02 Ils contestent le changement climatique.
04:05 Et ça, c'est l'un d'entre eux.
04:14 Je suis beaucoup dans les journaux et les magazines de l'époque.
04:25 Je suis beaucoup dans les médias.
04:28 Je suis beaucoup dans les journaux et les magazines, à la télé et à la radio,
04:33 pour lutter contre les mesures climatiques et contre la panique.
04:37 Je suis assez éloquent, j'aide la répartie, je maîtrise les plateaux télé,
04:51 et en plus, je connais mon sujet.
04:55 Dans les années qui suivent le discours de James Hansen,
04:58 Jerry Taylor est recruté par le think tank Cato.
05:02 Cato a embauché des gens comme moi pour retourner l'opinion publique,
05:11 et c'est ce que j'ai fait.
05:13 Le scepticisme climatique repose entièrement sur la propagation du doute
05:23 vis-à-vis de la science sous-jacente.
05:26 La négation des données scientifiques est un élément clé du débat.
05:39 Pendant que Jerry Taylor se désaltère, laissez-moi vous présenter Marc Morano.
05:46 Donc je me mets... je regarde vers vous ou... ?
05:49 Je serai assis là.
05:51 D'accord.
05:53 Mon travail consiste à couvrir le réchauffement planétaire
05:56 et à informer le public des dernières découvertes.
05:59 Vous avez été représentant ?
06:11 Oui, c'est exact.
06:13 Je faisais de la vente au porte-à-porte.
06:16 C'est une excellente formation pour apprendre à construire son discours.
06:21 Quand on n'a que 15 ou 20 secondes, il faut être percutant
06:25 et savoir raconter une histoire au client.
06:28 Ça m'a bien préparé aux médias et à la communication.
06:32 Marc Morano est directeur de la communication Ocifact,
06:37 le comité pour un avenir constructif.
06:40 Un organisme qui s'attache à démontrer que le dérèglement climatique
06:44 n'est pas vraiment un problème.
06:47 Mais comment fait-il ?
06:49 Dans les débats télévisés, je m'efforce d'obliger mon adversaire
06:54 à défendre ses arguments les plus stupides.
06:57 Et j'enchaîne des séries de faits.
07:06 Ce qu'il faut faire, c'est ça.
07:09 Il faut écraser son adversaire.
07:12 Êtes-vous un scientifique ?
07:15 Non, mais c'est un rôle qu'il m'arrive d'endosser pour la télé.
07:20 Les gens ne se laissent pas convaincre par la justesse d'un raisonnement.
07:24 Ils adoptent une position pour des raisons sentimentales ou idéologiques
07:29 et mobilisent ensemble pour leur défendre.
07:32 C'est un rôle qui est très difficile à jouer.
07:35 C'est un rôle qui est très difficile à jouer.
07:38 C'est un rôle qui est très difficile à jouer.
07:41 C'est un rôle qui est très difficile à jouer.
07:44 C'est un rôle qui est très difficile à jouer.
07:47 Ils adoptent une position pour des raisonnements éthiques
07:51 et mobilisent ensuite leur capacité de raisonnement
07:54 pour justifier cette prise de position.
07:57 Et voici la recette de Jerry Taylor pour les y aider.
08:00 À ceux qui ne savent pas quoi penser du changement climatique,
08:03 les gens comme moi expliquent qu'il n'y a pas vraiment lieu de s'inquiéter,
08:06 que les écologistes crient "Oh loups" depuis des temps immémoriaux.
08:09 La bombe démographique devait nous conduire à notre perte
08:12 et finalement, elle n'a pas explosé.
08:15 On nous a annoncé que les ressources fossiles et agricoles allaient s'épuiser
08:18 et qu'on mourrait tous de faim.
08:21 Ce n'est jamais arrivé.
08:24 C'est toujours la même histoire.
08:27 Si on poursuit dans la voie du libéralisme capitaliste,
08:30 on va détruire la planète et anéantir l'humanité.
08:34 Il y a quelque chose dans ces images que vous ne pouvez pas voir.
08:37 C'est essentiel à la vie.
08:42 On le respire.
08:45 Les plantes le respirent.
08:48 C'est appelé le carbone dioxyde, le CO2.
08:51 Maintenant, certains politiciens veulent nommer le carbone dioxyde comme un polluant.
08:54 Imaginez si ils réussissent.
08:57 Les politiques veulent faire face à la crise climatique.
09:00 Ils l'appellent la pollution.
09:03 Nous l'appelons la vie.
09:06 Il est évident que la terre verte dit.
09:26 Vous trouvez que c'est une mauvaise chose ?
09:29 Le CEE est un groupe de réflexion conservateur
09:32 au sein duquel Myron Ebel dirige le département énergie, climat et environnement.
09:35 C'est en cette qualité qu'il a conseillé l'administration de Donald Trump.
09:42 Voici sa théorie sur l'origine du débat climatique.
09:47 Le réchauffement planétaire en tant que projet politique
09:52 est apparu en Suède au début des années 1980.
09:56 En gros, il cherchait une raison d'augmenter les recettes fiscales.
09:59 Comme vous le savez sûrement, au Danemark, l'état-providence coûte très cher.
10:04 Plus le temps passe, et plus il coûte cher.
10:08 Tous les experts climato-sceptiques que vous venez d'entendre
10:20 travaillent pour des groupes d'intérêt et des think tanks.
10:25 Les think tanks sont les arsenaux de la guerre idéologique.
10:28 Des lieux où les idées sont fourbies en termes de politique publique
10:32 pour être ensuite activement promues et défendues au Capitol, à la télé et à la radio.
10:36 Le Cato était un des plus grands think tanks de centre-droite des Etats-Unis.
10:42 Il l'est encore.
10:44 Il avait beaucoup de visibilité parce qu'il investissait dans la communication.
10:48 Jerry Taylor diffuse ainsi le climato-scepticisme
10:54 depuis l'un des groupes de réflexion les plus influents du pays.
10:57 Voyons à quoi ressemblent ces journées de travail.
11:03 J'avais affaire à des éditorialistes et des journalistes
11:07 qui n'étaient pas très au fait de la politique climatique.
11:10 Quand ils voulaient avoir un avis sur une question de politique climatique,
11:18 ils décrochaient leur téléphone et appelaient un expert, c'est-à-dire moi.
11:23 Les arguments que je leur transmettais étaient ensuite repris par diverses personnalités,
11:27 intellectuels, journalistes, membres du Congrès et autres groupes de droite.
11:32 C'est une bonne mesure d'influence.
11:37 Jerry Taylor explique que ses arguments s'appuient sur les calculs de Patrick MacDonald.
11:48 Un scientifique qui émarge lui aussi au Cato.
11:50 Les commentateurs du climato-scepticisme
12:03 trouvent leurs arguments auprès de scientifiques climato-sceptiques.
12:07 Le physicien et climatologue de la France,
12:11 Les commentateurs du climato-scepticisme
12:15 trouvent leurs arguments auprès de scientifiques climato-sceptiques.
12:18 Le physicien et climatologue Fred Singer
12:21 a fondé le Science and Environmental Policy Project.
12:25 Cette organisation est derrière la déclaration de l'IPC,
12:29 une pétition signée par une centaine de chercheurs
12:32 contestant le réchauffement planétaire.
12:35 Les chercheurs ont signé un appel,
12:37 ont mis leurs noms en lignes
12:40 et ont prévenu de prendre des pas
12:43 contre le réchauffement planétaire,
12:46 quand le réchauffement planétaire était toujours un problème fantôme.
12:50 On a donc d'un côté James Hansen
13:03 et la plupart des scientifiques de l'ONU,
13:05 et de l'autre un certain nombre de chercheurs et d'experts
13:08 qui disent tout le contraire.
13:11 Comment est-ce possible ?
13:22 Naomi Oreskes, professeure à Harvard,
13:26 a voulu répondre à cette question.
13:29 Dans les années 2000, les médias américains
13:32 ont évoqué des discussions controverses
13:34 autour du changement climatique.
13:37 Ça m'a étonnée,
13:40 parce qu'aucun des scientifiques autour de moi
13:43 n'y voyait matière à débat.
13:46 Alors j'ai décidé d'éplucher les revues scientifiques
13:49 à comité de lecture.
13:52 Le GIEC déclarait qu'une grande partie du réchauffement observé
13:55 était probablement dû à la hausse des émissions de gaz à effet de serre.
13:58 Je me suis donc demandé combien de publications parues
14:01 il y avait dans le monde.
14:03 Pour le savoir, elle cherche les publications scientifiques
14:06 contenant les termes "changement climatique planétaire".
14:09 Avec ces trois mots-clés,
14:12 elle obtient une liste de 937 articles
14:15 qu'elle lit un par un.
14:18 Et j'en ai trouvé zéro.
14:21 Il n'y avait aucune publication scientifique révisée
14:24 exprimant un avis dissident sur l'existence
14:27 d'un changement climatique d'origine humaine.
14:30 Je ne savais pas ça.
14:32 Je me suis dit que je n'étais sûrement pas la seule.
14:35 En 2004, j'ai donc publié un papier intitulé
14:38 "Le consensus scientifique sur le changement climatique".
14:41 Cet article a changé ma vie.
14:44 Après sa publication, j'ai commencé à recevoir des lettres d'insultes
14:47 et des menaces téléphoniques.
14:50 J'ai fait l'objet de plaintes à l'université.
14:53 On m'a traité de communiste et de staliniste.
14:56 Naomi Horesquez ne comprend pas ce qui lui vaut ce déluge d'émotions.
14:59 Elle ne comprend pas ce qui lui vaut ce déluge de critiques.
15:01 Jusqu'à ce qu'elle participe à une conférence en Allemagne.
15:04 Un soir, je suis allée boire une bière avec des collègues
15:10 et je leur ai parlé de ce truc étrange qui m'était arrivé.
15:13 Eric Conway était présent.
15:18 J'ai cité le nom d'un de mes détracteurs et Eric m'a dit
15:23 "Naomi, cette personne s'en est aussi prise à Sherry Holland
15:27 au sujet du trou dans la couche d'ozone."
15:29 Il m'a raconté une histoire incroyable dont je n'avais jamais entendu parler.
15:38 Les scientifiques qui avaient étudié le trou dans la couche d'ozone
15:43 ont été pris à partie par des gens qui disaient qu'il n'y avait pas de trou,
15:46 que la science se trompait, que les chercheurs étaient des escrocs
15:49 et des communistes.
15:52 Tout ce dont on m'avait accusée.
15:56 La société qui m'avait nobelisée avait fait l'objet des mêmes accusations
15:58 et Eric m'a dit "En rentrant aux Etats-Unis,
16:01 je t'enverrai tout un tas de documents."
16:04 Il m'a donc envoyé un courrier qui est arrivé quelques jours plus tard
16:10 et qui contenait des articles.
16:13 Il n'y avait qu'à remplacer "trou dans la couche d'ozone"
16:18 par "changement climatique" et "Hollande" par "Horeskes".
16:21 Tout le reste était identique.
16:25 C'était la même chose.
16:28 Au printemps 1998,
16:30 une réunion est organisée au siège de la Fédération des industriels du pétrole,
16:33 l'American Petroleum Institute.
16:36 Plusieurs groupes de chercheurs
16:43 sont présents dans le cadre de la réunion.
16:46 Les étudiants sont les membres du groupe
16:49 qui a été créé en 1999.
16:52 Ils sont les membres du groupe qui a été créé en 1999.
16:56 Plusieurs groupes pétroliers y assistent.
16:58 Des compagnies comme Exxon.
17:01 Mais écoutons plutôt celui qui était alors PDG d'Exxon
17:04 faire les présentations.
17:07 Revenons à l'American Petroleum Institute.
17:20 La pays où se rencontrent certains des poids lourds
17:24 de l'industrie pétrolière.
17:26 L'un des participants est Myron Ebel.
17:29 Ils nous ont sollicités car nous avions une expertise
17:32 qui leur faisait défaut.
17:35 C'était une initiative de l'industrie
17:38 qui s'appuyait sur des gens comme moi.
17:41 Une note interne énonce clairement l'objectif visé.
17:44 Nous gagnerons la partie quand les Américains moyens
17:47 comprendront que la science du climat comporte des incertitudes
17:50 et que ces incertitudes feront partie
17:53 des idées communément admises.
17:55 Big Oil veut semer le doute dans l'opinion publique
17:58 sur la réalité du dérèglement climatique.
18:01 Et ce ne sont pas des scientifiques que la pays a invités.
18:05 Je ne suis pas expert en analyse énergétique
18:10 ni spécialiste du climat.
18:13 Ma spécialité à moi c'est de transposer les politiques en actes.
18:16 Je suppose que c'est ce qu'ils cherchaient.
18:20 Au cours de la réunion, une stratégie est élaborée.
18:22 Depuis, cette feuille de route a été divulguée
18:25 et elle montre comment les pétroliers
18:28 avaient prévu de discréditer la science.
18:31 Le document décrit un programme national de relations presse
18:40 avec huit façons différentes pour déterminer
18:43 si la science du climat est une vraie science.
18:47 Il explique également qu'ils devront essayer
18:49 d'influencer les journalistes.
18:52 L'un d'entre eux, John Stossel, est nommément cité.
18:55 On voit ici l'état d'esprit des plus gros pétroliers du monde.
19:06 Ils ont été éliminés par la pandémie.
19:11 Ils ont été éliminés par la pandémie.
19:15 Alors même que l'ONU, plusieurs chefs d'état
19:17 et la plupart des scientifiques
19:20 pointent clairement le doigt dans la direction opposée,
19:23 l'industrie du pétrole entend semer et entretenir le doute
19:26 sur le réchauffement de la planète.
19:29 La feuille de route explique
19:44 comment orienter les écoles
19:46 grâce à un programme national d'éducation
19:49 et de sensibilisation sur le terrain.
19:52 Beaucoup d'universités, comme Harvard,
19:56 reçoivent régulièrement des subventions du secteur privé.
19:59 Une pratique parfaitement légale
20:02 et courante dans nombre d'établissements prestigieux.
20:05 Jeffrey Soprane est étudiant en thèse.
20:09 En 2017, il a assisté à la projection
20:13 d'un documentaire.
20:15 L'événement était organisé par le Belfer Center d'Harvard.
20:20 Le film disait, en gros, que pour les années à venir,
20:29 nous restions dépendants des énergies fossiles
20:32 et que les énergies renouvelables n'étaient pas encore d'actualité
20:35 ni très fiables.
20:38 Il défendait ce qui était au mieux des demi-vérités
20:42 et la nécessité de continuer à recourir aux fossiles.
20:44 Pour un étudiant, un film qui est à l'aval d'Harvard
20:52 est forcément fiable,
20:55 jusqu'à ce qu'on creuse un peu sous la surface.
20:58 Les différents intervenants,
21:04 présentés comme des professeurs d'université,
21:07 entretenaient tous des liens relativement étroits
21:11 en tant que consultants,
21:13 directeurs d'un centre subventionné par les fossiles
21:16 ou même membres du conseil d'administration de compagnie gazière.
21:19 Le film était produit par Shell
21:23 et réalisé par le vice-président d'une société pétrolière
21:26 qui avait reçu 300 000 dollars de Shell.
21:29 Il y avait un schéma récurrent.
21:32 Cette projection et d'autres épisodes similaires
21:40 ont incité Jeffrey Supran
21:42 à rédiger une thèse, sous la direction de Naomi Resquez,
21:45 sur les liens entre industrie pétrolière et monde universitaire.
21:48 Voyons ce qu'il a découvert.
21:52 Harvard bénéficie de subventions considérables
21:55 de plusieurs groupes pétroliers.
21:58 Le département énergie de Stanford reçoit aussi
22:01 des millions de dollars de l'industrie pétrolière.
22:04 L'université dément toute ingérence des donateurs
22:08 et réaffirme sur Internet son indépendance académique.
22:10 Mais quelques lignes plus bas, on découvre
22:13 qui choisit réellement les projets à financer.
22:16 La décision finale en matière de financement
22:19 appartient au conseil de gestion
22:22 où chaque donateur dispose d'un représentant.
22:25 Et le principal donateur, qui exerce donc un droit de regard
22:28 sur le contenu des recherches, n'est autre qu'ExxonMobil.
22:31 Berkeley, berceau de la contestation étudiante de 1968,
22:34 abrite un centre de recherche
22:37 sur l'énergie dans lequel le groupe BP a investi des millions.
22:39 D'après Jeffrey Sopran, BP oriente le choix des sujets de recherche.
22:42 Chez ExxonMobil, on affirme subventionner les universités
22:51 pour promouvoir les technologies vertes.
22:54 Et le groupe Shell prétend vouloir aider
22:57 à résoudre les grands défis climatiques.
23:00 Pourquoi c'est un problème ?
23:03 S'ils utilisent leur argent pour faire des recherches utiles,
23:06 c'est un problème.
23:08 Quand les institutions censées résoudre la crise climatique
23:11 dépendent essentiellement de l'industrie la plus menacée par leurs recherches,
23:14 il y a un vrai conflit d'intérêts.
23:17 Jeffrey Sopran pense que cette pluie de dollars
23:20 est destinée à influencer les étudiants, les enseignants et les chercheurs.
23:23 C'est une stratégie qui sort tout droit du manuel.
23:26 La feuille de route de l'API stipule également
23:29 "Informer les enseignants et les étudiants sur les incertitudes du changement climatique
23:32 permettra de faire rempart à la mise en place
23:35 de mesures telles que le protocole de Kyoto,
23:37 un accord international visant à réduire les émissions de CO2."
23:40 C'est pour cette raison que la recherche médicale
23:43 est soumise à des pratiques et des règles déontologiques
23:46 qui imposent de divulguer les conflits d'intérêts.
23:49 Beaucoup d'universités recevaient autrefois
23:52 des millions de dollars de l'industrie du tabac.
23:55 Mais en 2001, 31 établissements, dont Harvard,
23:58 ont décidé de ne plus laisser les cigarettiers
24:01 financer les recherches médicales.
24:04 "On n'a rien de tel en matière d'énergie et de climat."
24:06 Revenons-en à Naomi Oreskes.
24:31 Nous l'avons laissée en possession d'une pile de documents
24:34 devenus le point de départ d'une grande enquête
24:37 au cours de laquelle elle a également eu accès à la fameuse feuille de route.
24:40 "C'était comme si je passais de l'autre côté du miroir.
24:43 Toute ma vie a changé."
24:46 Laissant tomber tout le reste,
24:49 elle décide de découvrir qui s'oppose aux climatologues.
24:52 Petit à petit, elle commence à mieux comprendre
24:56 le succès des climato-sceptiques.
25:00 "Dans l'ensemble,
25:02 ils sont bien meilleurs communicants que les vrais scientifiques.
25:05 Sans vouloir offenser mes collègues,
25:08 la plupart des scientifiques préfèrent rester dans leur coin.
25:11 On prend donc des gens qui sont le plus souvent nuls en communication
25:14 et on les met face à des professionnels des relations publiques."
25:17 "Je débats parfois à la télé ou à la radio
25:24 avec des gens qui en savent plus que moi.
25:28 Ce sont des scientifiques, contrairement à moi.
25:30 Mais ils ne savent pas forcément communiquer.
25:33 Et face à un mauvais communiquant,
25:36 même les arguments les plus bidons finissent par l'emporter."
25:39 "J'ai commencé à essayer de savoir
25:50 qui étaient les gens qui m'attaquaient
25:53 et pourquoi ils disaient ces choses extraordinaires à mon sujet.
25:57 Et une enquête a débouché sur le livre 'Les marchands de doutes'."
25:59 "Les marchands de doutes"
26:04 C'est ainsi qu'elles surnomment les climato-sceptiques.
26:07 Mais ça n'a pas découragé ces détracteurs, bien au contraire.
26:10 "Ils ont fait circuler une chaîne de mails
26:13 pour trouver des moyens de m'atteindre et de me discréditer.
26:16 Ils me donnaient toutes sortes de noms d'oiseaux.
26:19 Dans celui-là, ils m'appelaient 'la groupie d'Al Gore'.
26:22 Ça ne plairait pas à mon mari."
26:24 Naomi Resquez a aussi été traitée de communiste et de staliniste.
26:35 Après des années de harcèlement,
26:38 voilà comment elle analyse la chose.
26:41 "Ils sont convaincus qu'en autorisant l'État à réguler quelque chose,
26:44 ça peut être n'importe quoi.
26:47 On l'invite en quelque sorte à prendre le contrôle de l'économie
26:51 et qu'on fait ainsi le premier pas vers une dictature soviétique."
26:53 La droite considère la politique climatique
27:02 comme une victoire totale de la gauche dans sa campagne
27:05 pour démancler la société industrielle,
27:08 le capitalisme et l'économie de marché.
27:12 "Quand vous avez un système de socialisme qui se sépare,
27:15 il y a énormément d'inemployés qui cherchent
27:18 une autre zone pour vendre leur philosophie."
27:21 "Ce n'est rien de plus que la planification centrale des temps modernes.
27:31 Ces gens veulent s'emparer de notre économie
27:34 et ils utilisent les menaces environnementales
27:37 pour parvenir à leur fin.
27:40 Voilà ce que cache cette menace climatique
27:42 au propre comme au figuré.
27:45 Ils se fichent de la science, des ours polaires et des températures.
27:48 Ils veulent juste saisir cette formidable opportunité
27:51 d'imposer leur volonté politique en effrayant l'opinion publique.
27:54 Ça a été prouvé, ce n'est que ça."
28:08 Un jour, un incident a bouleversé la vie de Jerry Taylor.
28:12 "Début 2000, j'ai fait un débat télévisé avec Joe Romm.
28:19 Sur le plateau, je lui ai dit
28:28 "Écoutez Joe, plus de dix ans ont passé depuis le témoignage de James Hansen
28:31 devant le Sénat américain et on est à peine à un quart du réchauffement
28:34 qu'il anticipait à l'époque.
28:37 Si ça continue comme ça, ce qui semble probable,
28:39 le dérèglement climatique sera plus ou moins un non-événement."
28:43 On a quitté le studio et une fois hors antenne,
28:51 Joe m'a demandé
28:54 "Est-ce qu'au moins vous avez lu le témoignage de James Hansen
28:57 ou est-ce que c'est quelqu'un d'autre qui vous écrit vos arguments ?
29:00 Vous avez mentionné le scénario A,
29:03 mais il y avait aussi un scénario B, un scénario C.
29:06 Il se trouve que l'évolution des émissions depuis son témoignage
29:09 correspond à peu près à ce qu'il avait anticipé dans le scénario B.
29:13 Si vous regardez les projections de température,
29:17 vous verrez qu'elles sont très justes.
29:20 Alors quand vous dites que les modèles étaient exagérés, c'est n'importe quoi.
29:24 Je vous mets au défi de retourner au bureau
29:28 et de relire le témoignage d'Hansen.
29:31 Vous me direz ensuite si je n'ai pas raison.
29:35 De toute façon, je ne veux plus jamais débattre avec vous.
29:37 Je déteste ça.
29:40 Je suis rentré au bureau
29:51 et j'ai jeté un oeil au témoignage d'Hansen
29:54 parce que je n'avais pas l'intention de laisser Joe Romme
29:57 penser qu'il avait réussi à me clouer le bec.
30:00 J'ai lu le témoignage et, effectivement,
30:04 il avait raison.
30:06 Alors je suis allé voir notre scientifique.
30:09 Je lui ai expliqué la situation.
30:18 Je sors d'un débat avec Joe et voilà ce qu'il m'a dit.
30:21 J'ai lu le témoignage et on dirait qu'il a raison.
30:24 Où est l'erreur ? Il y avait forcément une erreur.
30:33 Mais il s'est avéré qu'il n'y en avait pas.
30:35 Au cours de notre échange, j'ai fini par comprendre
30:43 qu'il trompait sciemment les gens avec ses arguments.
30:46 Les arguments que moi, j'utilisais à la télévision.
30:49 À partir de ce moment,
30:56 j'ai commencé à me montrer un peu plus pointilleux
30:59 que je ne l'avais été jusque-là sur la fiabilité
31:02 de la télévision.
31:04 Parfois, c'était de la duplicité inconsciente.
31:07 Parfois, c'était des données déformées
31:10 et faciles à démonter.
31:13 Parfois, on découvrait qu'un article à première vue très sérieux
31:16 n'avait jamais été soumis à un comité de lecture.
31:19 Il avait l'air sérieux, mais il ne l'était pas.
31:22 Il suffisait de lire les réactions
31:25 pour découvrir les nombreuses lacunes.
31:28 Mais je n'avais jamais pris la peine de le faire.
31:31 Quand j'ai commencé à me renseigner
31:33 comme j'aurais dû le faire auparavant,
31:36 j'ai découvert que tout ce que je viens de vous dire
31:39 se répétait encore et encore.
31:42 Nous avons soumis les accusations de Jerry Taylor
31:52 à Patrick Michaels, qui conteste son récit
31:55 et soutient que ses arguments avaient une base scientifique.
31:59 Il reste persuadé que James Hansen se trompait
32:01 et n'y avait induit les gens en erreur.
32:04 Le Cato n'a pas répondu à ses accusations
32:07 malgré nos demandes réitérées.
32:10 Vers la fin de mon contrat au Cato Institute,
32:13 je me suis rendu compte que je ne pouvais pas éviter totalement
32:16 le sujet du climat.
32:19 J'étais responsable du service énergie et environnement.
32:22 Mais comme je n'aimais pas recourir aux anciens arguments,
32:25 je m'en sortais avec l'argument lomborghini.
32:29 Ok, arrêtons-nous un instant.
32:31 Lomborgien comme Bjorn Lomborg.
32:34 Que vient faire ce chercheur danois là-dedans ?
32:37 En 1998, il déclare dans une tribune publiée par le journal Politiken
32:42 que l'effet de serre est incertain.
32:45 Il gagne ensuite en visibilité jusqu'à devenir l'une des figures
32:48 du débat sur le climat, non seulement au Danemark
32:51 mais aussi dans le reste du monde.
32:55 Comment dirait Taylor résume l'argument lomborgien ?
32:58 Si on dépense 10 ou 20 000 milliards de dollars
33:03 pour décarboner l'économie mondiale,
33:06 c'est de l'argent qu'on ne donnera pas à une autre cause
33:09 qui pourrait améliorer la condition humaine.
33:12 Bjorn Lomborg exploite cet argument depuis longtemps.
33:15 Et ce n'est pas complètement idiot. C'est la bonne façon d'y penser.
33:18 Taylor n'est pas le seul à citer Bjorn Lomborg.
33:23 C'est l'estimation de Bjorn Lomborg, un statistique danois.
33:26 Il fait un travail extraordinaire.
33:29 Nous sommes tous les deux d'accord pour dire que le coût de la lutte
33:33 contre le réchauffement climatique est colossal.
33:36 Beaucoup plus élevé que celui des dégâts
33:39 prétendument liés à l'impact du réchauffement.
33:42 Bjorn Lomborg n'a pas voulu participer à ce documentaire.
33:46 Cependant, il précise qu'il croit à l'origine humaine du changement climatique.
33:51 Aujourd'hui, il décrit ses premiers propos sur l'effet de serre comme maladroit.
33:54 Revenons-en maintenant au dernier jour de Jerry Taylor au Cato Institute.
33:59 Je m'en sortais avec l'argument lomborgien.
34:03 Mais j'ai arrêté d'y croire.
34:06 Il n'y a qu'à considérer les scénarios les plus extrêmes
34:09 dans l'éventail des issues possibles au changement climatique.
34:12 Parce qu'on ne sait pas exactement ce qui va se passer.
34:15 On sait que ça ira mal, mais on ne sait pas si ce sera une petite catastrophe
34:20 ou une véritable apocalypse digne des pires films d'anticipation.
34:23 Tout peut arriver.
34:25 Si on considère les éventualités,
34:27 il est quasiment impossible de s'opposer aux mesures climatiques.
34:31 Voyons un peu l'aspect économique.
34:39 La feuille de route de l'API, un site industrie des hydrocarbures,
34:44 a versé de grosses sommes d'argent à différents think tanks et organisations,
34:49 au nombre desquelles en retrouve le C-Fact,
34:51 où travaille Mark Morano
34:54 et le Competitive Enterprise Institute.
35:02 Nous préservons l'anonymat de nos donateurs.
35:05 Cependant, certains d'entre eux ont fait savoir qu'ils nous finançaient,
35:09 en particulier ExxonMobil,
35:12 qui subventionne un certain nombre de groupes depuis une dizaine d'années.
35:18 Il suffit de consulter les registres fiscaux,
35:20 les rapports financiers et d'autres documents
35:22 pour savoir qui a reçu des subventions d'ExxonMobil
35:25 après cette réunion stratégique entre 1998 et 2006.
35:29 Les données révèlent que dans les années qui ont suivi la réunion,
35:38 les plus grandes compagnies pétrolières du monde
35:41 ont donné au moins 12 millions de dollars, et sans doute beaucoup plus,
35:44 à des organisations et des groupes de réflexion climatocritiques.
35:48 Et il n'y a pas qu'elles.
35:50 Un projet de recherche américain a montré que d'autres entreprises pétrolières
35:56 et de nombreux conservateurs fortunés
35:59 avaient donné des milliards aux climato-sceptiques.
36:02 Scientifiques ou experts,
36:09 ils ont donc tous reçu de l'argent de Big Oil.
36:12 Mais est-ce que ça a influencé leurs travaux ?
36:16 Steve Milloy était l'un des climato-sceptiques invités à la réunion de la pays.
36:20 Voilà comment il décrit ses rapports avec l'industrie.
36:23 Myron Ebel dément lui aussi toute mainmise de l'industrie du pétrole sur son think tank.
36:38 Nous nous basons sur nos principes et sur nos politiques.
36:43 Nous nous basons sur nos principes et sur des faits prouvés et avérés pour élaborer nos politiques.
36:48 Ensuite seulement, nous cherchons des fonds.
36:51 Mais si ça intéresse quelqu'un, j'aimerais trouver beaucoup d'autres financements pour notre travail.
36:58 Et puis, il y a Fred Singer, l'instigateur de la déclaration de l'Aix-Psy.
37:03 La télévision danoise a enquêté sur cette pétition en 1997.
37:09 Beaucoup d'écrivains européens nous disent qu'ils n'ont pas écrit des sous-titres.
37:13 Ils n'ont pas écrit des sous-titres.
37:15 Il y a 15 scientifiques européens qui disent qu'ils ne sont pas des scientifiques climatiques.
37:20 Je n'ai pas vu de preuves de cela.
37:27 Mais ils nous ont dit, nous avons parlé à tout le monde, ils ont dit qu'ils ne sont pas des scientifiques climatiques.
37:32 Quelle est votre question ?
37:35 Je veux dire, vous les présentez comme des scientifiques climatiques.
37:39 Je me suis dit qu'ils étaient des scientifiques climatiques.
37:44 La pétition a été lancée par l'organisation de Fred Singer, la SEPP, qui reçoit elle aussi de l'argent d'ExxonMobil.
37:51 Les pétroliers étaient les principaux banquiers et les inspirateurs de l'opposition aux mesures climatiques.
37:59 En soutenant financièrement les climatosceptiques au sein de la communauté scientifique,
38:04 ils nous permettaient d'avoir les références et les citations nécessaires pour affronter nos adversaires.
38:10 C'est un argument incroyable.
38:11 Est-ce que la Terre devient plus chaude ? Il y a beaucoup de discussions sur cela.
38:26 Est-ce ?
38:28 La réponse à cela est que dans certains endroits oui et dans d'autres non.
38:36 Patrick Michaels ne souhaite pas s'expliquer sur l'argent qu'il a reçu des pétroliers.
38:40 Le chercheur climatosceptique Willie Soon, accusé d'avoir été payé par l'industrie, a refusé de nous parler.
38:48 Nous avons soumis nos questions à l'avocat de Fred Singer qui n'a pas donné suite.
38:52 Et après avoir annulé une interview à la dernière minute, Steve Milloy s'est refusé à tout commentaire.
39:04 Beaucoup d'entre eux ont déjà affirmé que leurs recherches n'étaient pas orientées par les subventions, par exemple de l'industrie pétrolière.
39:11 En réalité, c'est un moyen de distraction.
39:15 James Henson vous révèle la vérité sur le changement climatique et eux, ils disent "Ne regardez pas James Henson, regardez par ici, regardez ce rapport que j'ai écrit et qui affirme qu'on ne sait pas si le climat change vraiment."
39:29 C'est un moyen de distraction destiné à créer la confusion, un rideau de fumée pour empêcher les gens de savoir ce qui se passe vraiment.
39:36 Pour qu'ils se disent "Je ne sais pas quoi penser, je vais emmener les gosses au foot."
39:41 Cette stratégie visant à semer le doute aurait-elle déjà été utilisée ?
39:57 Je crois que le nicotine n'est pas addictif, oui.
39:59 Monsieur Johnston ?
40:00 Les cigarettes et le nicotine ne sont pas les définitions classiques d'addiction. Il n'y a pas de cas toxiques.
40:09 On va prendre ça comme un non.
40:10 Dans les années 1950, les scientifiques découvrent la nocivité du tabac.
40:15 Les cigarettiers font le maximum pour contrecarrer la nouvelle.
40:21 On peut lire dans une note interne "Le doute est notre produit car c'est le meilleur moyen de concurrencer l'ensemble des faits existants dans l'esprit du public."
40:30 L'industrie réussit à retarder la réglementation du tabac de plusieurs décennies.
40:37 Les climatosceptiques vont s'inspirer de cette campagne.
40:41 Lorsque les chercheurs ont révélé les dangers du tabac, les cigarettiers ont publié des encarts publicitaires pour les démentir.
40:50 Les pétroliers ont fait de même après la présentation de James Hansen.
40:53 L'idée, c'est de donner à croire qu'on n'est pas sûr que ce soit un problème.
40:58 Parce qu'alors, il serait prématuré de laisser le gouvernement réglementer le tabac, par exemple.
41:04 Et c'est pareil pour le changement climatique.
41:07 Et à qui l'industrie du tabac a-t-elle fait appel ?
41:12 Une partie des scientifiques et des experts financés directement ou indirectement par les cigarettiers ont ressurgi dans le débat sur le climat.
41:20 Friedrich Seitz a été l'une des premières figures du climatoscepticisme.
41:25 Plusieurs années auparavant, il avait dirigé des projets de recherche pour l'industrie du tabac.
41:32 Dans les années 60, la compagnie du tabac a très clairement dit qu'il n'y avait pas de liens directs.
41:37 Si les gens voulaient croire ça, c'était leur propre chose.
41:41 Mais est-ce que c'était aussi politique pour les compagnies du tabac ?
41:45 Ils voulaient garder les ventes.
41:47 Est-ce que c'était irresponsable pour les compagnies du tabac ?
41:50 C'était irresponsable pour les cigarettiers.
42:00 Fred Singer a co-écrit un rapport minimisant les dangers de la tabagie passive.
42:05 Steve Milloy, qui était présent à la réunion de l'API, a travaillé de façon concomitante pour les cigarettiers et les pétroliers.
42:13 Et l'organisation dirigée politiquement par Myron Ebel a aussi travaillé pour l'industrie du tabac.
42:19 Mais qu'en est-il de Jerry Taylor ?
42:23 Mon argument à l'époque, c'était qu'en matière de tabagisme passif, les données épidémiologiques n'étaient pas tellement convaincantes.
42:31 Mais le fait est que, d'un point de vue stylistique, l'argumentaire utilisé contre la mise en place d'une réglementation sur le tabac était à peu près le même que celui qu'on a ensuite opposé au changement climatique.
42:47 Mais que savait vraiment l'industrie sur le dérèglement climatique quand elle a lancé sa campagne ?
42:54 Pour répondre à cette question, il faut s'intéresser à un navire qui croisait au large du Texas en 1979.
43:02 Le navire qui avait été en route pour la première fois depuis le début de la guerre.
43:08 À bord, un homme a fait une découverte tellement importante qu'il a réalisé ce film pour la présenter à la direction d'Exxon.
43:14 Cet homme, c'était Edgar Vee.
43:18 Et voilà ce qu'il a à nous dire aujourd'hui.
43:21 On a fait ce film pour présenter au comité de direction un formidable programme de recherche financière.
43:28 Il s'agit de la recherche financière de la Terre.
43:32 On a fait ce film pour présenter au comité de direction un formidable programme de recherche financé par la compagnie pour étudier l'impact des émissions de CO2 sur la planète et mieux comprendre le changement climatique.
43:44 Il y a 40 ans, presque 10 ans avant le discours de James Hansen, une unité scientifique interne d'Exxon étudiait déjà le réchauffement planétaire.
43:54 Ils ont financé le projet parce qu'il leur semblait important qu'Exxon s'implique sur ce sujet.
44:01 Le dérèglement climatique les préoccupait.
44:03 Edgar Vee transmet ses relevés aux scientifiques chargés de l'analyse des données.
44:10 Les scientifiques d'Exxon, modélisateurs, mathématiciens et physiciens, modélisaient l'impact du taux croissant de CO2 dans l'atmosphère sur le climat.
44:19 Et ils savaient très clairement que c'était en train de changer le climat de la planète.
44:24 Sur son site, ExxonMobil affirme que ces données sur le dérèglement climatique ont été publiées dans des revues scientifiques.
44:31 Mais le groupe oublie de mentionner les publis reportages évoquant une science incertaine.
44:38 Je pense que personne au sein de leur service scientifique ne pouvait approuver ces publicités en tant que chercheurs et dire "les faits que nous énonçons là sont avérés".
44:51 C'était des affirmations trompeuses destinées à induire les gens en erreur.
44:55 Alors même que l'industrie du pétrole se met le doute dans l'opinion publique, des documents internes montrent que ses propres scientifiques prévoyaient déjà le changement climatique.
45:05 Dans ce rapport confidentiel adressé à la direction d'Exxon en 1978, un chercheur évoque un consensus scientifique concernant l'impact des combustibles fossiles sur le climat.
45:17 Il ajoute que dans ce domaine, l'humanité pourrait avoir des décisions difficiles à prendre dans les 5 ou 10 ans à venir.
45:23 Trois ans plus tard, en 1981, le responsable du département de recherche d'Exxon prévient que le réchauffement de la planète risque d'avoir des conséquences catastrophiques pour une partie conséquente de la population terrestre.
45:37 C'était il y a 40 ans.
45:43 Pourtant, voilà ce que disait alors le PDG d'Exxon à la télévision.
45:47 Une autre compagnie pétrolière a su très tôt que le climat était en train de changer.
46:04 Dans les années 1980, les chercheurs de Shell tenaient un discours alarmiste.
46:11 Quand le réchauffement de la planète deviendra détectable, il sera peut-être trop tard pour réagir et stabiliser la situation.
46:17 Pourtant, Shell a continué à financer pendant des décennies des organisations qui mettaient en doute la science du climat.
46:26 Si l'industrie du pétrole avait dit "on ne va pas contredire le témoignage de James Hansen parce qu'on pense qu'il a raison, ce qu'il dit est exact",
46:40 ça aurait coupé l'herbe sous le pied des climato-négationnistes et des sceptiques, pas vrai ?
46:44 Si même ExxonMobil ne vous croit pas, pourquoi je vous écouterais ?
46:48 Mais ce n'est pas ce qui s'est passé.
46:51 En tant qu'être humain, en tant que père, grand-père et peut-être un jour arrière-grand-père, j'ai très peur pour nos enfants et pour leur avenir.
47:03 Quand il commence à y avoir des changements à l'échelle de la planète, on ne peut pas se contenter de regarder ailleurs.
47:10 Je sais d'expérience qu'on peut nettoyer un fleuve, un estuaire ou un lac. On peut faire un reset pour ainsi dire.
47:17 Mais il n'y a pas de bouton reset pour la planète. Et c'est très effrayant.
47:22 Il n'y aura pas de reset et ça c'est terrifiant.
47:28 [Musique]
47:57 [Musique]
48:07 ExxonMobil dément toute rétention d'informations sur le dérèglement climatique.
48:13 Sur son site internet, le groupe affirme que le risque de changement climatique est réel et que ses recherches ont été publiées dans des revues scientifiques.
48:25 Nous voulions savoir pourquoi ils avaient financé les climatosceptiques et semé publiquement le doute sur la science du climat.
48:30 Mais ExxonMobil a décliné notre demande d'interview.
48:34 Nous avons aussi demandé une interview à l'API, accusée par certains d'avoir entretenu le doute sur le changement climatique, mais ils n'ont jamais répondu.
48:45 [Musique]
49:00 ExxonMobil et l'API ont écrit qu'ils s'efforçaient de développer des technologies susceptibles de freiner le dérèglement climatique.
49:09 [Musique]
49:15 Et ils ont fait ce genre de publicité.
49:19 [Musique]
49:38 Beyond darkness, light. Beyond petroleum, BP.
49:44 Mais l'industrie du pétrole est-elle réellement plus verte aujourd'hui ?
49:50 [Musique]
49:53 Nous avons demandé aux cinq supermajors pétroliers combien ils investissent dans les technologies vertes et combien ils investissent dans l'extraction des combustibles fossiles.
50:02 [Musique]
50:06 Shell assure consacrer 5% de ses investissements aux technologies vertes, tandis que le groupe français Total avance un chiffre de 10%.
50:14 BP, Chevron et ExxonMobil n'ont pas répondu.
50:18 Nous avons donc posé la question à InfluenceMap, une organisation qui analyse l'impact des entreprises sur le changement climatique.
50:27 [Musique]
50:29 Les chiffres montrent que les trois géants pétroliers sont loin derrière.
50:35 Chevron est à moins de 1%.
50:37 [Musique]
50:43 D'après le cumul de ces données, les cinq plus grandes compagnies pétrolières du monde consacrent en moyenne 95% de leurs investissements aux énergies fossiles.
50:55 [Musique]
51:02 On peut dire que les négationnistes du changement climatique ont gagné.
51:06 En 1988, James Hansen a annoncé la crise à venir et sans les campagnes de déni qui ont eu lieu, il est évident que la volonté et la mobilisation politique étaient là.
51:17 Ils ont réussi à retarder la mise en œuvre des mesures climatiques de plusieurs décennies.
51:24 Ça aurait été fait plus tôt s'ils n'avaient pas été là.
51:29 Aujourd'hui, on vivrait dans un monde où les énergies renouvelables représenteraient 80 ou même 90% de la consommation totale.
51:37 On a eu 30 ans, largement assez pour adapter la technologie.
51:41 Politiquement aussi, tout serait différent.
51:44 Et c'est peut-être ça le pire.
51:46 Ces gens ont tellement banalisé la désinformation que le président américain a pu déclarer que le changement climatique était un canular.
51:55 Quand M. Trump s'est présenté aux élections, j'ai pris l'Agence pour la protection de l'environnement. On m'a confié cette équipe.
52:16 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:20 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:23 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:26 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:29 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:32 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:35 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:38 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:42 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:45 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
52:48 Le changement climatique a été un défi pour le gouvernement.
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