Dr Allouche. Les méfaits du sucre
Dr Allouche. Les méfaits du sucre
Invité : Dr. Réginald Allouche
• Le sucre, ennemi public numéro 1 ?
• Le sucre, danger de santé publique ?
• Sucre : Comment lutter contre l’addiction ?
• Lait infantile : du sucre ajouté ?
• Sucre : il est partout !
• Sucre : faut-il imposer des règles aux industriels ?
• Diabètes, NASH… les maladies liées au sucre explosent
• Le diabète, une épidémie mondiale ?
• Le sucre, un ennemi longtemps sous-estimé ?
• Capteurs autonomes de glucose : sont-ils vraiment utiles ?
Invité : Dr. Réginald Allouche
• Le sucre, ennemi public numéro 1 ?
• Le sucre, danger de santé publique ?
• Sucre : Comment lutter contre l’addiction ?
• Lait infantile : du sucre ajouté ?
• Sucre : il est partout !
• Sucre : faut-il imposer des règles aux industriels ?
• Diabètes, NASH… les maladies liées au sucre explosent
• Le diabète, une épidémie mondiale ?
• Le sucre, un ennemi longtemps sous-estimé ?
• Capteurs autonomes de glucose : sont-ils vraiment utiles ?
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00:00 Bonsoir Dr Réginald Allouche, médecin, ingénieur bio-médical et chercheur dans le domaine de la prévention du diabète et du surpoids.
00:07 Le sucre c'est pour vous l'ennemi public numéro 1 titre de votre ouvrage qui sera disponible mercredi prochain.
00:13 Le sucre qui est partout, ça on le savait, mais y compris ajouté dans le lait infantile de certaines marques dans certains pays, c'est quoi ? C'est du cynisme absolu ?
00:23 Non c'est un problème réglementaire, c'est-à-dire que si les industriels ont des règlements respectés, ils les respectent et ils le font en Europe et puis il y a les pays où il n'y a pas cette réglementation.
00:33 Et à ce moment-là on met du sucre. Mais vous savez pourquoi on met du sucre dans le lait maternisé ? Tout simplement parce que ces laits sont riches en fer, parce que le fer est nécessaire pour la maturation du cerveau.
00:42 Donc il est acide.
00:43 Donc le fer c'est pas bon, ça fait un goût métallique et du coup les enfants, les bébés le refusent. Donc on met de la vanille, souvent on met un peu de vanille, on met du sucre.
00:53 Et là ils ont chargé en sucre parce que c'est vrai qu'il y a une appétence très forte au sucre.
00:59 Vous savez quand on est fœtus dans le ventre de sa mère, le liquide qu'on déglutit il est légèrement sucré.
01:06 Quand on va téter le téton de sa maman, si le lait est un peu sucré c'est qu'on peut le manger, ça c'est codé génétiquement.
01:13 S'il est acide c'est qu'il y a une infection, donc on fait une grimace.
01:16 Tout ça c'est codé génétiquement, c'est de l'inné, c'est pas de l'acquis.
01:20 Donc en fait en mettant du sucre on rend le produit plus, en termes techniques, plus palatable.
01:26 C'est-à-dire que l'enfant va aimer, va en reprendre et ainsi de suite.
01:29 C'est du marketing et ils ont dû faire des études probablement auprès de Panel et ils l'ont rajouté.
01:35 Et comme la légère réglementation ne les empêche pas de le rajouter, ils le rajoutent.
01:39 Mais le risque c'est justement d'aggraver l'appétence au sucre dès le plus jeune âge.
01:46 Et vous dites que tout se joue dans notre rapport au sucre entre 3 et 11 ans.
01:50 C'est-à-dire que c'est à cet âge-là que se fixent les futurs seuils de référence gustatifs.
01:55 - Parce que nous avons sur la langue à peu près 10 000 capteurs,
01:58 19 000 capteurs qui sont reliés à une zone très importante dans le cerveau,
02:01 qui est un noyau, c'est un nom affreux, ça s'appelle le noyau à combines, c'est le sang de la récompense.
02:06 Et quand les capteurs sentent le sucre, ils vont envoyer une petite information à ce noyau
02:11 qui est tout petit au milieu du cerveau et va faire de la dopamine de plaisir.
02:14 C'est pour ça qu'en fait il y a un système... Donc qu'est-ce que fait le cerveau ?
02:17 Il dit "c'est superbe, j'en veux encore" et ainsi de suite. C'est comme ça qu'on structure l'addiction.
02:22 Sur les enfants, il y a un vrai débat. Vous avez ceux qui disent "pas de régime chez les enfants, pas de restrictions".
02:28 - Parce qu'ils sont en croissance, ils brûlent tout ce qu'ils consomment.
02:30 - Ce sont des chaudières, absolument. Et puis il y en a d'autres qui disent aujourd'hui,
02:33 il y a des études qui sont sorties très sérieuses, qui disent qu'en fait,
02:37 quand on est en contact dès le plus jeune âge avec des produits gras et sucrés,
02:41 il faut toujours un peu de gras avec le sucre, il ne faut pas oublier ce qu'on appelle la lipotoxicité.
02:46 Et bien à ce moment-là, on modifie le circuit de la récompense et on va être poussé à aller chercher des aliments plus gras et plus sucrés.
02:54 Donc il y a un vrai débat. Moi je suis plutôt le tenant du deuxième.
02:58 - Oui, c'est la raison pour laquelle vous conseillez de limiter le sucre,
03:01 non pas pour éviter la prise de poids chez les enfants, mais pour ne pas augmenter ce fameux seuil de référence au sucré.
03:07 Par exemple, quand on fait des pâtisseries maison, on met deux fois moins de sucre.
03:11 - Voilà, absolument. Et puis vous savez, dans la conscience sociale, il y a un problème.
03:14 Le lait, c'est un produit naturel. Le sucre, ce n'est pas un produit naturel, il ne pousse pas sur les arbres, on ne le trouve pas dans la terre.
03:20 C'est un produit de transformation, de cristallisation. Mais il a une image d'un produit naturel.
03:26 - Bon pour la santé. - Exactement.
03:27 - Il est naturellement présent dans beaucoup de fruits. - De fruits, mais ce n'est pas le même.
03:30 - Ce n'est pas le même. - Absolument, vous avez raison. Ce n'est pas du tout le même.
03:33 - Les nutritionnistes disent que quand on boit un jus de fruits, le sucre part directement dans l'organisme.
03:38 - Alors on a une minute. - Oui, on n'en a pas plein.
03:42 - Le sucre en poudre, c'est du saccharose. C'est une molécule de glucose, une molécule de fructose.
03:47 Je l'explique d'ailleurs dans mon livre. Et le sucre des fruits, ce n'est que du fructose.
03:52 Le problème, c'est que le fructose, vous ne pouvez pas l'utiliser par vos muscles. Il faut qu'il soit transformé par le foie.
03:57 C'est pour ça qu'en fait, quand on prend beaucoup de fructose, on peut avoir ce qu'on appelle le foie gras, parce que le sucre va être stocké dans le foie.
04:04 - Le foie gras, c'est une maladie en pleine explosion. - Ça s'appelle la mâche.
04:06 - Ça s'appelle la mâche maintenant, avant on l'appelait la nâche.
04:08 - Maintenant c'est la mâche. - C'est la mâche, parce que dans la nâche, il y avait une fibrose, c'est-à-dire déjà une atteinte du foie.
04:13 Donc en fait, il faut faire très très attention avec le sucre. On est... Écoutez, au 18e siècle, les gens n'avaient pas de sucre à table.
04:20 D'accord ? Donc on a... C'est une nouveauté pour nous. Notre organisme n'est pas prêt à en avoir autant.
04:25 - Mais le sucre, il est partout, dans le jambon blanc, dans les conserves de légumes, dans la sauce tomate, dans les chips, évidemment, dans toutes les sucreries et gâteaux, etc.
04:33 Ce qui fait que vous vous alertez sur la pandémie de diabète, qui est aggravée par la sédentarité.
04:41 Un milliard de diabétiques prévus par l'OMS. - De pré-diabétiques.
04:44 - De pré-diabétiques prévus. - Déjà, aujourd'hui. Aujourd'hui, déjà, il y a un milliard de pré-diabétiques.
04:48 Le pré-diabète, c'est juste avant le diabète. Et c'est ça qui me rend un peu... C'est pour ça que j'ai fait ce livre un peu militant.
04:54 C'est parce qu'un pré-diabète, c'est réversible. Un pré-diabète, définition rapide, c'est quand on a un taux de sucre dans le sang,
05:01 la glic-glucose émis le sang, supérieur à 1,05 qui est la normale et inférieur à 1,26 qui est le diabète installé.
05:08 C'est une zone grise. Et on a 5 à 15 ans pour revenir en arrière en étant moins sédentaire, en ayant un nouveau rééquilibrage alimentaire.
05:17 C'est pour ça que j'ai écrit ce livre. C'est 5 à 15 ans. Ne vous laissez pas happer par le diabète, parce que le diabète, c'est des tas de complications.
05:24 - Mais c'est terrible ! La cécité, les amputations traumatiques, insuffisance rénale, maladie coronarienne, risque de cancer, maladie d'Alzheimer et de Parkinson.
05:34 - Exactement. En fait, c'est assez simple à comprendre. Quand vous avez trop de sucre dans le sang, le sang circule dans vos artères.
05:41 Et en fait, c'est comme si vous mettiez... Enfin, comme dans vos tuyaux en cuivre, s'il y a trop de calcaire. D'accord ?
05:47 Donc, il va commencer à ronger le cuivre et il va commencer à ronger vos artères. Alors, les complications du diabète, il y en a de deux types.
05:53 Ce qu'on appelle, je suis désolé, c'est un peu technique, la microangiopathie. C'est un micro, petit, angio, vaisseau, patie, maladie.
06:00 Et ça touche les petits vaisseaux. Qu'est-ce que vous avez comme petits vaisseaux dans les yeux ? Parce que vous ne les voyez même pas.
06:05 Pourtant, vous avez du sang dans les yeux. Les nerfs. Donc, vos nerfs ne sentent plus la pression. Voilà.
06:11 Vous les avez aussi dans le rein, lorsque vous filtrez du sang. - Tous les insuffisances rénales.
06:18 Vous avez la macroangiopathie, macro, gros, angio, voilà. Et en fait, ça, ça touche les artères fémorales, les carotides, les coronaires.
06:26 Donc, en fait, c'est une maladie d'usure qui n'a aucun symptôme. Le problème, il est là. C'est pour ça qu'il faut prévenir cette maladie.
06:33 Parce qu'il n'y a aucun symptôme. Un peu d'irritabilité, on fait un peu plus pipi, enfin, des choses comme ça. Mais il n'y a rien de particulier. D'accord ?
06:40 Donc, voilà. C'est pour ça que j'ai écrit ce livre, un tout petit peu militant. Et dedans, d'ailleurs, je parle aujourd'hui des méthodes pour...
06:47 - Oui, on y vient dans un instant. Mais moi, il y a quelque chose qui... - Oui, un petit souvenir. Oui, c'est... Moi, j'aimais bien, quand j'étais gamin, voir les sucres qui tombaient comme des dominos, là.
06:55 Vous vous souvenez de cette bible, là ? - Oui, très bien.
06:58 (Générique)
07:24 (Voix de l'épisode "Le sucre, le plus petit des grands plaisirs")
07:27 - Bon, évidemment, ça a 40 ans. Mais à cette époque-là, on pensait que le gras était l'ennemi, c'est ça ? - Absolument pas.
07:34 - Et pas le sucre. - Parce qu'il y avait une étude qui avait été faite dans les années 60 qui s'appelle la fameuse étude de Framingham, en fait, qui mettait la responsabilité sur le cholestérol et les graisses.
07:45 Puisqu'on disait "à l'autopsie, dans le cœur, on voit de la graisse, donc c'est qu'on mange trop de graisse". Ce qu'on oublie de dire, c'est que le sucre, quand vous le mangez, quand le foie en a trop, il le transforme en graisse.
07:57 Ça s'appelle les triglycérides. Glic. Trois glics, il met un glycérol, il fait triglycérides. Donc, en fait, on stocke le sucre sous forme de gras.
08:04 Et pendant 40 ans, on a vécu sur cette étude qui, je crois, on peut tous le dire, était un peu biaisée, puisqu'il y avait des intérêts qui rentraient en ligne de compte.
08:14 Et au fond, on n'a pas vraiment vérifié les données, ce qu'on appelle les raw, les données de base. Et au fond, c'était une étude qui n'est pas complètement fausse, mais qui est suffisamment fausse pour faire en sorte qu'aujourd'hui, on a dit que c'était le gras qui était le responsable, alors que c'est le sucre.
08:30 C'est un livre militant, mais qui propose aussi des solutions pour mener cette bataille. Vous proposez donc un questionnaire dans le livre, le questionnaire Find Risk, pour déterminer si on est personne à risque de pré-diabète ou de diabète.
08:43 Huit questions telles que quel est votre âge, quel est votre IMC, indices de masse corporelle, votre tour de taille, pratiquez-vous une activité physique pendant plus de 30 minutes par jour, combien de fois vous mangez des fruits et des légumes ?
08:52 Et votre recommandation principale, c'est d'utiliser un capteur autonome de glucose. C'est disponible en pharmacie sans ordonnance, c'est remboursé pour les diabétiques de type 1 et 2. Mais votre conseil, c'est que tout le monde les utilise. Pourtant, ce ne sont pas des outils recommandés pour les non-diabétiques.
09:07 Alors écoutez, là c'est vrai que là on va lever la polémique. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on dit ces capteurs qui sont là. Ils se mettent sur le doigt ? Non, non, ils se mettent sur l'avant-bras, dans la face arrière. En fait, pour moi c'est une vraie révolution.
09:22 Je rappelle que je n'ai aucun intérêt avec ce laboratoire, donc que les choses soient claires, mais pour moi c'est une vraie révolution. Quand on a sorti les montres avec les pas, tout le monde a compté ses pas.
09:31 Aujourd'hui, vous pouvez savoir comment vous réagissez au sucre. Vous et moi, on ne réagit pas de la même façon. Si moi je mange un bout de pain, ça risque de monter comme ça, vous probablement non.
09:40 Et donc en fait, l'idée c'est de dire voilà, vous avez 35 ans, faites un test de 14 jours, c'est ce que j'inscris dans le livre, avec des menus type. Et regardez ce que ça donne.
09:51 Le steak frites, est-ce que ça vous fait monter ? Ça ne vous fait pas monter le sucre ? Parce qu'à chaque fois que vous montez votre glycémie, votre pancréas va faire de l'insuline.
10:00 C'est l'insuline qui transforme le sucre en gras.
10:03 C'est un peu complexe, mais voilà. Et qui fait un peu grossir. Et donc en fait, ce qui va se passer, c'est que si vous avez trop de variabilité, à un moment le pancréas va se fatiguer.
10:15 Et le diabète, la définition du diabète, c'est une insuffisance de sécrétion d'insuline. Parce qu'à force de lui donner des coups de boutoir, le pancréas qui est un organe très fragile,
10:24 et bien à ce moment-là va se fatiguer, et c'est le début du diabète. Donc en fait, la bonne nouvelle pour le diabète, c'est qu'il prévient.
10:30 Il prévient, donc vous pouvez très bien vous faire une photographie, comme on fait des coloscopies tous les 5 ans après 50 ans.
10:35 Et si on voit que le pancréas est fatigué, on consulte ?
10:38 Absolument. De toute façon, tout ça, ce sont des conseils, et dans ce livre, des conseils qu'il faut corroborer et affirmer avec son médecin traitant.
10:47 Merci beaucoup. Sucre l'ennemi public numéro 1, c'est à paraître la semaine prochaine aux éditions Albain Michel. Je vous l'offre.
10:55 Oh non, non, non !
10:56 Ça c'est vraiment pas gentil.
10:57 Pas du tout.
10:58 Ça c'est vraiment pas gentil, mais je vais le lire et je vais l'appliquer.
11:00 Je le voyais venir ça.