Jean Brignole, secrétaire national du Syndicat des Travailleurs Corses (STC) est l'invité de la rédaction de France Bleu RCFM.
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00:00 - Jean Brignolet, bonjour. - Bonjour.
00:02 - Alors lorsqu'on évoque l'ESTC, il y a un mot qui vient à l'esprit forcément, c'est le mot "combat".
00:08 Un combat social, mais aussi en faveur de la Libération Nationale Corse.
00:12 Alors face aux mutations de la société, et au fil des années,
00:15 comment équilibrez-vous ces deux fondements de votre démarche au profit des travailleurs ?
00:20 - Mais concrètement, notre ADN, c'est Libération Sociale et Libération Nationale,
00:24 sont indissociables et complémentaires.
00:26 Et donc, depuis toujours, on a œuvré pour que la Corse soit au centre de nos préoccupations,
00:33 et la défense des travailleurs, au sein de ce territoire, doit être le fil conducteur pour nous.
00:39 Donc il ne pourra pas y avoir d'émancipation nationale sans une émancipation sociale.
00:44 - Alors 40 ans, et votre sigle n'a pas changé, c'est unique dans le nationalisme corse,
00:49 nationalisme dont vous avez toujours été une composante fédératrice,
00:53 tout courant politique confondu, y compris dans les moments les plus durs, comment l'expliquez-vous ?
00:59 - Mais je crois qu'à un certain moment, lorsque l'on fait passer l'intérêt des travailleurs,
01:03 et l'intérêt national devant tout, on ne peut être que fédérateur,
01:06 on ne peut être que l'endroit où on a vécu, en 99, à l'époque de l'incarcération de notre secrétaire général,
01:13 nous avons été à l'initiative d'une manifestation où les nationalistes, après des pérures de sombre,
01:17 se sont retrouvés, pourquoi ? Parce qu'il y avait à défendre un principe, il y avait à défendre des valeurs,
01:23 et je crois que l'ESTC a toujours œuvré, il œuvre encore aujourd'hui, il a participé hier soir à une réunion par rapport à la répression,
01:30 et il a été une des composantes d'un appel, donc concrètement, nous sommes dans la lignée de ce qui a été fait en 84.
01:39 - Un appel du FNC ?
01:41 - Un appel du FNC, puisque à l'époque, l'ESTC, la politique des contre-pouvoirs,
01:45 a été créée par une volonté politique, d'organisation politico-militaire,
01:48 mais l'ESTC s'est affranchie aussi de son indépendance en 91, dans son congrès,
01:54 qui était quand même, malheureusement, le début d'une période de trouble pour les nationalistes,
02:00 mais il a contenu tout cela, il a maintenu son sigle, parce que, c'est très important de le dire,
02:05 moi je suis un de ceux qui étaient là au début, je me dis que, si tout le monde avait fait la même chose,
02:11 peut-être qu'on n'en serait pas là, aujourd'hui, nous, nous avons gardé notre sigle, nous avons gardé notre ADN,
02:17 nous continuerons à le garder, je crois que pour les décennies qui viennent, j'espère que ça ira encore mieux.
02:23 - Alors, tout ça, cet ADN, cette philosophie, ça sera mis en perspective, je dirais même en rétrospective,
02:30 le 1er mai prochain à Corté, voilà, c'est important de marquer le coup, c'est 40 ans.
02:34 - Oui, on va marquer le coup, puisque c'est 40 ans, on a fêté les 20 ans, on n'a pas fêté les 30 ans,
02:38 mais on fête les 40 ans, 40 ans, quand on a 40 ans, c'est bien, on est toujours jeunes,
02:43 mais on a quand même beaucoup d'ancienneté, déjà, beaucoup de lutte, comme vous l'avez dit au départ,
02:49 et je dirais une chose, le STC, c'est pas le Syndicat des Travailleurs Corses, c'est aux Syndicats des Travailleurs Rigours,
02:55 même dans sa dénomination, tout le monde dit Syndicat des Travailleurs Corses,
02:58 mais sa véritable dénomination, déposée en préfecture, c'est Syndicat des Travailleurs Rigours,
03:03 et ça a une connotation importante, parce que, de partout où que l'on aille, nous faisons valoir ce sigle-là,
03:10 y compris dans des réunions au plus haut niveau, c'est ce sigle-là qui est mis en avant, et pas d'autre.
03:15 - Alors, parmi les actions les plus médiatiques des 4 décennies écoulées, le détournement du Pascal Paoli de la SNCM,
03:22 en 2005, dans le port de Marseille, avec aux commandes Alain Moscon, figure de proue du STC Marins,
03:27 il a décidé, en décembre dernier, de quitter le syndicat, suite aux élections des représentants du personnel de la Coursigaline,
03:33 et à l'élection, qui ont vu la CGT prendre le leadership, vous comprenez son choix ?
03:39 - Bah écoutez, les relations que j'avais avec Alain Moscon, et depuis 10 ans, n'étaient pas bonnes, n'étaient presque nulles,
03:46 donc concrètement, je ne vais pas, je veux dire, m'apesantir sur sa... son devenir.
03:53 Aujourd'hui, il y a besoin, au niveau de Corsigaline, Améridional et d'autres compagnies, d'avoir une organisation syndicale forte.
04:01 Nous sommes, aujourd'hui, en phase de remettre, je dirais, au pot, le fait que les compagnies doivent travailler ensemble.
04:09 On a vu que, très souvent, elles pouvaient ne pas avoir les mêmes intérêts.
04:13 Nous, pour nous, que ce soit dans les DSP, ou que ce soit, y compris, dans la gestion normale,
04:18 les deux compagnies, l'Améridional et la Corsigaline, doivent travailler ensemble,
04:21 les organisations syndicales STC à l'intérieur, doivent travailler de concert avec l'exécutif du syndicat.
04:26 - Alors, le temps file, on va revenir au fil conducteur de cet entretien, celui du combat.
04:31 Le combat, cette fois, pour la légitimité, la légalité, la représentativité, face à l'État, face à certains autres syndicats,
04:39 malgré les évolutions législatives en France, c'est encore et toujours d'actualité, Jean Brignolet.
04:45 C'est ce que vous dénonciez hier, d'ailleurs, à Luceyane.
04:48 - On dénonce à Luceyane, et puis, en plus, on a appris il y a quelques temps, et on passe aujourd'hui au tribunal à Paris,
04:53 puisqu'une organisation syndicale au niveau national, qui conteste notre candidature aux prochaines élections TPE de la fin de l'année,
05:01 sous couvert que nous ne serons pas une organisation syndicale.
05:04 Donc, 40 ans de lutte, 40 ans de combat, 40 ans de victoire électorale auprès des salariés, des fonctionnaires.
05:11 Je crois que nous, on n'a pas besoin d'aller chercher un modèle autre part.
05:15 On a le nôtre, et aujourd'hui, jusqu'à présent, il est performant.
05:19 - Alors, dernière question, Jean Brignolet. Pour vous, l'autonomie de la Corse doit être source d'avancées sociales pour les travailleurs.
05:26 Le projet constitutionnel a été voté à l'unanimité le 27 mars dernier à l'Assemblée de Corse.
05:32 La prochaine étape doit être l'examen du texte au Parlement.
05:35 Alors, le curseur social est-il, selon vous, au bon niveau dans ce statut ?
05:40 - Concrètement, et on l'a dit à plusieurs reprises, que ce soit en direct auprès de la collectivité de Corse,
05:44 y compris au niveau du Conseil économique, nous avons toujours dit qu'il fallait des avancées sociales.
05:48 Aujourd'hui, on nous parle de conférences sociales.
05:51 D'ailleurs, aujourd'hui, nous avons une réunion au CESEC qui va parler de l'emploi et autres.
05:55 Et on parle de la mise en place d'une conférence sociale.
05:57 Pour nous, la conférence sociale, elle est indispensable si on veut véritablement réussir un statut d'autonomie.
06:02 Parce que statut d'autonomie sans avancées sociales, ça ne peut pas correspondre.
06:06 Ça peut correspondre peut-être à des partis politiques, mais sûrement pas à notre organisation syndicale.
06:11 - Et l'ITRC, c'est un premier jalon pour vous ?
06:13 - L'ITRC, c'est clair. Aujourd'hui, l'ITRC a été étendue et a été élargie par un arrêté ministériel.
06:19 Ça veut dire que depuis le 18 mars, toutes les entreprises du privé de Corse sont en obligation de payer l'ITRC.
06:25 Ça, c'est un grand pas, parce que ça peut être vu par le petit bout de la gueulette en disant
06:30 que ce n'est que 400 euros, 300 ou 400 euros par an.
06:33 Mais aujourd'hui, c'est le seul accord interprofessionnel sur un territoire qui vaut loi.
06:39 Et c'est pour nous le modèle à suivre pour demain, si demain on veut instaurer un SMIC de Corse,
06:44 si on veut instaurer des conventions collectives interprofessionnelles encore.
06:47 - Merci Jean-Brignolet. Vous êtes le secrétaire national du STC.
06:52 Merci d'avoir été notre invité ce matin sur RCFM.
06:55 - Merci à vous.
06:56 - Merci à tous les syndicats de Dreyfus et à tous les festivitaires de la Guarantie.
07:00 - A rien de dire.
07:01 - A rien de dire.