Emmanuel Macron souhaite « réajuster très profondément notre politique commerciale »
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00:00 Ca me conduit au 4e aspect de ce pacte de prospérité.
00:04 C'est la révision de notre politique de commerce.
00:07 Et c'est là où il y a sans doute un des changements de paradigme
00:10 à mes yeux les plus fondamentaux.
00:12 L'ouverture, oui, mais en défendant nos intérêts.
00:15 Et je le disais, ça peut pas marcher
00:17 si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce
00:20 telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans.
00:22 Si les Chinois et les Américains ne les respectent plus,
00:24 en sursubventionnant les secteurs critiques,
00:27 on peut pas être les seuls à le faire.
00:30 Ca va pas marcher.
00:31 Et d'ailleurs, ça ne marche pas.
00:34 Et nous sommes à cet égard là aussi trop naïfs
00:37 ou avec une culture trop faible.
00:39 On a un vrai levier.
00:40 Nous sommes un marché de 450 millions de consommateurs.
00:44 C'est une force immense.
00:45 Et donc on doit bien protéger notre santé
00:48 en appliquant strictement nos standards sanitaires.
00:50 On doit protéger notre modèle social
00:53 en impliquant là aussi nos standards sociaux.
00:57 Et on doit protéger nos ambitions climatiques
00:59 en défendant nos standards environnementaux.
01:02 Sinon, nous allons inventer un continent
01:06 qui surcontraint les producteurs sur son sol
01:09 et par sa politique commerciale,
01:11 lève les contraintes sur les produits qu'il importe.
01:13 C'est formidable.
01:15 On va devenir un marché de consommateurs
01:17 où il n'y aura plus de producteurs conformes à nos objectifs
01:21 et qui sera, par les dépendances ainsi créées,
01:24 obligé de consommer des produits
01:26 qui ne respectent pas nos normes.
01:28 C'est ça, la réalité.
01:29 Donc si on veut être cohérent avec nos ambitions,
01:32 on a besoin de réajuster très profondément
01:34 notre politique commerciale.
01:35 On a commencé à le faire.
01:38 Le CETA qu'on a conclu avec les Canadiens,
01:40 par le travail qu'on a fait,
01:42 par justement ce qu'on a ajusté, est un bon accord.
01:44 Je le dis parce qu'il faut céder à aucune démagogie.
01:48 Et je suis chagrin de ce que j'ai pu voir,
01:50 y compris dans le débat français ces dernières semaines.
01:54 Il ne faut pas qu'on tombe vers le rejet
01:55 de tout accord commercial, parce que là, bon courage,
01:58 bienvenue à la démagogie.
01:59 Tous ceux qui nous expliquent que le commerce est mauvais
02:01 iront expliquer à tous nos agriculteurs
02:03 qui sont gagnants avec le CETA face au Canada.
02:06 Mais pourquoi on est gagnants sur le CETA ?
02:09 Parce que, justement, on a mis des clauses miroirs.
02:12 Parce que, justement, c'est un accord commercial
02:14 de nouvelle génération
02:15 qui permet à nos producteurs de fromage, de lait,
02:18 d'exporter vers le Canada,
02:20 mais qui, là où il y avait des normes différentes
02:22 sur la viande, a évité l'importation, justement,
02:25 de cette viande qui ne respectait pas les normes européennes.
02:30 Mais nous ne sommes pas pour la fermeture.
02:32 La fermeture, elle serait décroissante
02:35 pour les industriels, les agriculteurs,
02:37 les producteurs européens.
02:38 On est pour la concurrence loyale
02:40 et donc une politique commerciale revue comme on l'a fait,
02:43 là aussi, avec la Nouvelle-Zélande.
02:45 Les accords de commerce modernes et justes
02:48 sont ceux où le respect de l'accord de Paris sur le climat
02:50 est une clause essentielle,
02:52 qui inclut des clauses fortes sur les conditions de production
02:54 de certains biens sensibles, notamment agricoles,
02:57 ce qui est toute la différence, en particulier,
02:59 avec le projet d'accord Mercosur d'ancienne génération,
03:02 tel qu'il a été jusqu'ici négocié.
03:05 Nous devons systématiser le recours
03:07 à des instruments de concurrence loyale.
03:09 Nous devons intégrer des clauses miroirs
03:11 dans nos accords commerciaux.
03:12 Nous devons lancer une grande stratégie de réciprocité
03:16 pour imposer les mesures miroirs dans les nouvelles normes européennes
03:19 et passer en revue les normes existantes.
03:22 Nous devons, ce faisant aussi,
03:23 afficher l'empreinte carbone des produits
03:25 pour qu'elle soit connue des consommateurs
03:28 qui réaliseront alors que le "made in Europe"
03:30 est presque toujours meilleur pour la planète.
03:33 Et soyons clairs, si un bien ne respecte pas les normes clés,
03:37 alors il ne doit pas pouvoir entrer sur le sol de l'Union
03:40 comme si de rien n'était.
03:42 Des règles claires, un contrôle clair aussi
03:44 avec des forces douanières communes.
03:46 C'est ça, la politique commerciale,
03:48 qui est la seule crédible et qui, là aussi,
03:50 est en quelque sorte une juste protection
03:53 de nos frontières et de nos producteurs
03:55 pour ne pas céder, sinon, à la désindustrialisation.
04:00 La taxe carbone aux frontières est un outil qui ouvre la voie.
04:03 Nous devons l'étendre, le compléter, l'améliorer
04:05 pour qu'il ne puisse pas être contourné
04:06 et qu'il touche les produits transformés.
04:09 Et nous devons enfin renforcer
04:10 nos instruments de sécurité économique.
04:14 C'est ce que j'avais évoqué
04:16 aux côtés du Premier ministre routeux à l'AE,
04:19 c'est-à-dire la sécurité de nos emplois,
04:21 de nos entreprises, de notre création,
04:23 mieux protéger notre propriété industrielle et intellectuelle,
04:27 mieux filtrer les investissements extra-européens
04:29 dans les secteurs sensibles,
04:31 mieux nous protéger contre les attaques physiques,
04:33 par exemple, contre nos câbles sous-marins
04:35 et télécommunications,
04:37 ou aussi nos constellations européennes de satellites
04:39 comme Galiléo, Copernicus ou, demain, IRIS.
04:43 La sécurité économique est aussi au coeur
04:46 de cette stratégie commerciale.
04:48 (Générique)
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04:52 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]