• il y a 7 mois
L’avis de Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne.

Pour répondre à la baisse du lectorat de la presse, Marianne adopte une nouvelle formule en réduisant son nombre de pages (de 88 à 52) et en baissant son prix à 3,50 euros.

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Transcription
00:00 Il y a pour une part de la population un abrutissement généralisé.
00:03 Depuis l'émergence d'Internet, des réseaux sociaux, maintenant de l'intelligence artificielle,
00:08 on voit émerger de plus en plus un creusement des inégalités culturelles, intellectuelles.
00:13 Où est-ce que ça nous emmène ?
00:14 C'est extrêmement dangereux.
00:15 Il y a pour une part de la population un abrutissement généralisé
00:19 par des entreprises dont le but est que les gens ne décrochent jamais de leur contenu.
00:24 Le fait de maintenir face à ça des médias indépendants
00:28 qui font leur travail, qui font un travail exigeant,
00:30 ça fait partie des anticorps.
00:31 Pourquoi on se bat dans un journal comme Marianne ?
00:33 Pourquoi on sort une nouvelle formule du journal ?
00:36 On baisse le prix pour que plus de gens aient accès à nos contenus
00:40 parce que l'espèce de décalage entre une élite qui peut lire des journaux,
00:45 qui peut se payer un magazine qui va faire 6-7 euros toutes les semaines,
00:49 et les gens qui ne lisent plus de presse et qui absorbent des vidéos
00:54 est un décalage extrêmement dangereux.
00:56 Quand on parlait tout à l'heure de la question du pluralisme des médias,
01:00 ce n'est pas seulement la question du pluralisme idéologique,
01:02 c'est la question de savoir qui a accès à l'information.
01:06 Le piège est de se dire que nous sommes dans une société
01:09 où l'accès à l'information est total et que chacun peut y aller à ceci près
01:14 que la fracture se fait entre ceux qui savent que ces informations existent
01:18 et qui vont aller les chercher et ceux qui n'iront jamais
01:20 parce qu'ils sont pris dans cette spirale de consumérisme
01:23 et d'absorption de contenus abrutissants
01:25 et qui sont donc devenus non seulement des consommateurs,
01:28 mais maintenant des produits.
01:29 On ne peut pas être consommateur et citoyen.
01:32 On peut consommer en tant que citoyen,
01:35 mais il y a incompatibilité entre la manipulation
01:39 par les grandes entreprises de la tech, par TikTok ou ce genre de choses,
01:43 et le fait d'exercer son rôle de citoyen.
01:46 Hélas, la façon dont notre attention est captée par ces grandes entreprises
01:50 interdit de trouver le temps d'aller chercher l'information.
01:53 Alors, on s'adapte.
01:54 Regardez le travail que vous faites.
01:55 C'est un travail d'adaptation aux nouvelles formes de consommation d'informations.
02:00 Et nous, en tant que médias traditionnels, on s'adapte.
02:03 La question n'est plus de savoir quel monde nous allons laisser à nos enfants,
02:08 mais à quels enfants nous allons laisser le monde.
02:10 Donc il y a une responsabilité qui est la nôtre aujourd'hui
02:14 de savoir comment nous allons transmettre les savoirs
02:17 pour former des individus libres.

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