• il y a 6 mois
L'édito de Céline Pina, chaque vendredi à 8h10

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##CELINE_PINA-2024-04-26##

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Transcription
00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Frédéric Brindel.
00:04 Et c'est toujours un plaisir d'être avec vous chers auditeurs de Sud Radio.
00:08 8h14, nous ouvrons le débat politique avec déjà tous ces chiffres qui nous arrivent, ces tendances.
00:15 Ça va aller une réaction de Céline Pina. Bonjour Céline.
00:18 Bonjour Frédéric.
00:20 Alors une grande partie des jeunes étudiants pro LFI.
00:24 Céline, vous êtes particulièrement choquée par le comportement des étudiants
00:27 et par leur antisémitisme décomplexé.
00:31 Oui, il faut dire Frédéric que la situation est très inquiétante.
00:34 Des étudiants censés faire partie de l'élite, cumulant privilèges de naissance,
00:38 accès à la meilleure éducation et environnement culturel émancipateur,
00:42 se votent littéralement dans l'apologie du terrorisme.
00:46 De Columbia à Sciences Po Paris, des slogans comme "Hamas résistant",
00:50 "Rappelez-vous du 7 octobre, ça se reproduira",
00:53 "Le Hamas donne l'heure, l'enfer" ou alors "Vive l'intifada".
00:57 C'est un peu comme si la jeunesse éduquée de la fin des années 30
01:00 avait investi Normal Sub pour crier "Hitler nous témoigne,
01:03 nazis donne l'heure l'enfer et vive les chambres à gaz".
01:05 En attendant, des militants pro-palestiniens empêchent à Columbia
01:09 les juifs d'entrer à l'université et font régner un climat antisémite à Sciences Po.
01:14 Céline Pina, comment expliquer ce basculement vers cette radicalité que vous soulignez,
01:19 alors que dans le même temps la reproduction sociale,
01:22 autrement dit l'absence de mixité sociale, définit cette frange privilégiée ?
01:26 En 2022, deux chercheurs, Anne Muxel et Martial Foucault,
01:31 ont enquêté sur l'école prestigieuse que fut Naguerre Sciences Po.
01:34 Ils avaient remarqué que là où en 2002, 57% des élèves se déclaraient à gauche,
01:39 ils étaient 71% en 2022, dont 37% déclarant se situer à l'extrême gauche.
01:45 Notre enseignement de l'étude est la consciente qu'ont les étudiants actuels d'appartenir à une élite.
01:51 Ils sont 70% à le penser, ils n'étaient que 52% en 2002.
01:57 Le problème est qu'ils n'attribuent pas cette appartenance à leur mérite personnel.
02:01 Ils pensent à 68% que leur situation est liée à la reproduction sociale.
02:06 Ils ne sont donc pas légitimes à leurs propres yeux.
02:09 Sur le site TELOS, Olivier Galland et Gérard Grönberg y voient la victoire posthume
02:14 de Pierre Bourdieu sur le tropisme marxiste.
02:17 Pour ce sociologue, en effet, le concept d'exploitation était trop lié au domaine économique.
02:22 Il eut préféré donc celui plus englobant de domination,
02:25 car il permettait de rendre compte de l'importance de la reproduction de caste chez les élites
02:30 et de l'ampleur des injustices.
02:33 Ce glissement sémantique permettant de réunir sur le thème du combat contre les discriminations
02:38 des engagements très différents, voire incompatibles,
02:41 comme par exemple les droits des femmes et les revendications des islamistes.
02:45 L'union se faisant alors contre un ennemi commun, en général l'État.
02:50 Et c'est là que nos petits étudiants se retrouvent en pleine dissonance politique.
02:54 Car pour concevoir cette théorie, Pierre Bourdieu a justement ciblé Sciences Po
02:59 pour son rôle de fabricant homologué des élites administratives et politiques.
03:04 Or c'est justement pour cela que Noce Guevara de Comis Agricole ont intégré cette école.
03:09 Et ils le savent parfaitement.
03:11 Alors en vous écoutant, donc ils seraient d'une certaine manière gauchistes par culpabilité ?
03:16 Et bien exactement.
03:17 Alors qu'ils aspirent à un idéal de justice et d'égalité,
03:20 ils sont les premiers bénéficiaires de situations de rente sociale.
03:24 Donc, pour jouir de leurs privilèges tout en ayant bonne conscience,
03:28 ils combattent leur appartenance de classe en épousant des causes radicales.
03:32 Finalement rien de neuf sous le soleil.
03:34 Et cela au détriment malheureusement de leur rôle social.
03:37 Pourquoi ?
03:38 Parce que personne n'a besoin d'une élite névrosée qui se flagelle et soutient des mouvements terroristes
03:43 car il serait tenu par des opprimés.
03:46 Mais pour enrayer cette dérive, encore eut-il fallu qu'il y eut un pilote dans l'institution
03:51 et que la direction ne fût pas lâche.
03:53 Mais dans cette école, on finit par se demander où sont les adultes.
03:57 Céline Pina sur Sud Radio à 8h17.
04:02 Bon, des propos soutenus.
04:05 Peut-être pour tempérer, Arlette Chabot nous a rejoint.
04:08 Arlette Chabot, Céline Pina sont avec nous.
04:10 Mesdames, merci. C'est un bonheur.
04:12 Réaction à cette analyse de Céline, qui se base aussi sur les études, évidemment.
04:18 Arlette Chabot.
04:19 Non, c'est juste. Je crois qu'il y a effectivement une volonté de se déculpabiliser,
04:24 de sortir de son privilège pour tenter de tendre la main aux opprimés
04:29 en disant "on conteste l'ordre établi".
04:33 Ce qui est étonnant, c'est effectivement des causes qui paraissent totalement contradictoires,
04:38 totalement en opposition et au fond qui s'agrègent et qui se cumulent.
04:43 C'est ça qui est assez étonnant.
04:45 Donc je trouve que c'est...
04:46 Vous parlez du droit des femmes, ça marche aussi pour l'homophobie, etc.
04:50 Il y a quelque chose qui... Et c'est ça qui moi m'interpelle beaucoup.
04:54 Parce qu'effectivement, ça ne correspond pas, ça n'est pas cohérent.
04:58 Et effectivement, ça marche quand même sur...
05:01 Derrière la grande pancarte "Opprimés", alors que les oppressions n'ont rien à voir.
05:06 Donc c'est ça qui est, je trouve, très perturbant.
05:09 Bon, je voulais, mesdames, vous interroger parce qu'on a eu ce fameux sondage hier,
05:13 sondage Sud Radio fiducial, sur l'éventuelle présidentielle de 2027,
05:21 avec, a priori, une victoire de Marine Le Pen et du Rassemblement National.
05:25 Bon, il y avait une troisième force dans ce sondage, on n'en a pas parlé,
05:28 et justement, profitons de votre éclairage, Céline, pour y revenir.
05:31 La troisième force, ça reste LFI, entre 13 et 15%.
05:34 Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire quel électorat pour essayer de refaire le coup
05:38 des 22% de la précédente élection, Céline Pinard ?
05:41 - En fait, c'est un électorat...
05:44 Pour le coup, LFI reprend la fonction tribunicienne.
05:47 Autrement dit, elle n'a plus aucun projet de société,
05:51 où les projets de société dont elle est porteuse sont absolument atroces.
05:55 Ça lie avec les islamistes, l'islamo-gauchisme,
05:58 c'est un projet de société dans lequel il y a un retour de la théocratie
06:02 et de l'oppression sociale qui sera insupportable,
06:04 y compris pour les militants LFI.
06:06 Donc, en fait, ils n'ont plus qu'une culture de l'ennemi.
06:09 Et l'ennemi, c'est l'État, l'ennemi, c'est la République, qui est décrite comme défaillante,
06:14 mais pire, l'ennemi, c'est la démocratie, qui est décrite comme illusoire.
06:19 Et dans cette culture de l'ennemi, personne ne vous demande de dire
06:22 quelle société vous allez produire, il suffit de désigner quelle tête vous allez couper.
06:26 Et avoir 15% de personnes qui pensent qu'en leur jetant des têtes,
06:30 ça va satisfaire leur appétit, c'est pas si étonnant.
06:34 Le seul problème, c'est qu'est-ce que ces gens-là attendent de l'existence ?
06:41 Que faire avec une révolte qui apparaît de plus en plus nihiliste ?
06:45 - Bon, j'ai bien compris Céline Pinard,
06:47 mais j'ai quand même l'impression, Arlette Chabot,
06:49 que LFI a un projet de société, non ?
06:51 - Pour l'instant, c'est le chaos, en gros.
06:54 C'est-à-dire, c'est la conflictualité permanente.
06:57 Mais assumer, revendiquer, ce que je dis, c'est pas une opinion,
07:01 c'est ce que dit effectivement Mélenchon.
07:04 Il y a un besoin de gauche, il y a un besoin de radicalité,
07:07 donc pour l'instant, évidemment, c'est pas le Parti Socialiste
07:09 qui est en difficulté et a été condamné comme parti gestionnaire, parti de gouvernement.
07:15 La radicalité, c'est la France insoumise.
07:18 Et donc, la conflictualité permanente, il y a une demande, il y a un besoin,
07:23 il y a un marché, si j'ose dire.
07:24 Donc, il y a effectivement, LFI, une demande d'union de la gauche,
07:29 donc ça marche encore.
07:31 Mais je mets un gros point d'interrogation,
07:33 moi je ne suis pas sûre que ça dure.
07:35 Regardez au fond, pour l'instant, les enquêtes d'opinion pour les élections européennes.
07:40 Il faut dire que c'est un peu paradoxal,
07:41 quand on est dans des élections européennes, de faire une campagne sur Gaza.
07:45 Je ne conteste pas la légitimité de la cause,
07:47 on peut très bien dire qu'on défend les Gazaouis,
07:50 mais en même temps, quand on est dans des élections européennes,
07:53 et qu'on ne parle pas d'Europe, et qu'on ne parle que du conflit israélo-palestinien,
07:57 c'est quand même un peu paradoxal.
07:59 Ça, c'est aussi du jamais vu.
08:01 Mais, voilà, encore une fois, c'est un moyen de trouver un électorat.
08:05 Et pour s'adresser à cet électorat, qui est essentiellement dans les banlieues,
08:09 il faut parler de ce qui l'intéresse.
08:11 Donc, pas des institutions européennes,
08:14 mais de ce qui se passe au prochain électorat.
08:15 - Mais ce qui est intéressant, c'est que...
08:16 - Petite pause, Céline Pina.
08:18 Savourons justement le savoir-faire de la transition d'Arlette Chabot.
08:22 Arlette Chabot, Céline Pina, on en parle dans un instant, c'est promis.
08:26 Les européennes, justement, avec, côté gauche cette fois-ci,
08:29 Raphaël Glucksmann, qui prend de l'ampleur.
08:32 Bon réveil sur Sud Radio, on y revient dans un instant.

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