• il y a 6 mois
L'édito de Céline Pina, chaque vendredi à 8h10

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##CELINE_PINA-2024-06-14##

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Transcription
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.
00:04 - Il est 8h12 et Céline Pinard comme chaque vendredi, bonjour Céline.
00:09 - Bonjour.
00:10 - Alors Céline, vous revenez sur cet accord qui a été scellé hier et qui sera détaillé d'ailleurs aujourd'hui à la mi-journée,
00:17 du Front Populaire, l'alliance de gauche. Qu'est-ce que vous avez pensé de la naissance de ce nouveau Front Populaire ?
00:24 - Eh bien qu'à droite comme à gauche, chacun avait ses vauts de ville.
00:27 Il faut reconnaître que le second devrait s'avérer plus performant électoralement parlant que le premier.
00:32 Tout d'abord, revenons sur la comédie en mode risque de rupture de l'union de la gauche qui a occupé une partie de la journée.
00:39 C'est le déroulé normal de ce type de négociation.
00:43 Cette dramatisation a pour but de faire avaler les concessions forcément accordées, surtout si l'un des deux partenaires est plumé.
00:49 Les compromissions deviennent compromis acceptables quand ils sont érigés en sacrifice pour l'union.
00:55 L'union, ce mythe de la gauche, bien plus classe qu'un sordide, la fin justifie les moyens, mais qui y aboutit tout aussi souvent.
01:02 - Vous avez une vision plutôt cynique quand je vous écoute sur la politique, non ?
01:08 - Au contraire en fait, elle est plutôt élevée. Mais là, la ficelle était quand même vraiment un peu grosse.
01:13 Un ancien habitué de ces tractations me disait "La gauche n'a pas les moyens de s'offrir un cas de conscience, encore moins une morale et même des lignes rouges.
01:21 Elle doit sauver ses postes. Si elle est laminée, certains partis pourraient disparaître.
01:26 Alors que s'ils sont unis, quoi qu'il se passe, il y aura un gain.
01:31 C'est à la fois existentiel et absolument sans risque. Tous les sondages le montrent.
01:36 Et de toute façon, tout le monde sait qu'on ne bâtit pas un projet en 24 heures, on fait juste semblant.
01:41 - Oui c'est ça. Alors vous dites que la gauche n'a pas les moyens de s'offrir un cas de conscience.
01:46 Qu'est-ce qu'il y a à choper ? Rappelez-nous aussi dans les négociations.
01:49 - Oh rien que dis-je, une paille, une poussière, un souffle de pollen.
01:53 Mais Libération en parle vraiment mieux que moi.
01:56 Voici leur titre "Les négociateurs butent sur la question de l'antisémitisme".
02:00 C'est sûr que lorsqu'on éteint les lumières, on bute sur beaucoup de choses.
02:04 Un autre dossier posait problème, la qualification du Hamas.
02:07 Le définir comme mouvement terroriste est un point de rupture pour LFI.
02:11 On a donc eu une annonce en fanfare, tout tambour et trompette déployés, pour nous annoncer, comme un espoir immense,
02:18 l'avènement d'un nouveau front populaire, lequel compte combattre le fascisme, en tout cas selon ses dires,
02:24 aux côtés d'un parti qui a répandu l'antisémitisme par calcul électoral, la LFI.
02:30 La gauche croit-elle vraiment renaître en se posant en championne de l'antifascisme ?
02:35 Cela alors que pour des postes elle s'allie avec des gens qui, face à un pogrom,
02:39 refusent de qualifier de terroristes ceux qui se sont comportés comme des nazis ?
02:43 On a le droit de sacrifier ses principes à sa survie sociale.
02:47 En tout cas c'est humain.
02:49 Mais on ne se pose pas alors en grande conscience et en héritier de Jean Boulin.
02:53 On boit sa honte.
02:55 Oui c'est ça. Et sur quelle base alors l'accord se fait ?
02:59 En toute honnêteté, on s'en moque.
03:01 La gauche et ses électeurs aussi d'ailleurs.
03:03 Cet accord est un pur accord électoral.
03:06 En si peu de temps, franchement c'est déjà pas si mal.
03:09 En fait la gauche rêve de gagner et de toute façon ils savent qu'ils gagneront en pouvoir.
03:14 En revanche, ils auront réussi à abîmer un peu plus la politique.
03:18 En acceptant de débattre de la façon dont devait être qualifié le pogrom commis en Israël par le Hamas,
03:24 la gauche a montré très vite que le 8 juillet effaçait le 7 octobre.
03:28 Et qu'entre ses intérêts et le fait de combattre réellement la haine des juifs,
03:32 ou tout simplement de dénoncer un crime contre l'humanité,
03:35 elle faisait vite son choix.
03:37 En attendant, la lettre au Père Noël a été écrite.
03:41 La gauche est pour le bien et contre le mal, on en est ravis pour elle.
03:45 C'est les premières choses, les premières infos qui ont fuité,
03:49 montrent clairement qu'on est dans la déclaration d'intention.
03:53 Mais curieusement, dès hier soir,
03:55 si la question de la répartition des circonscriptions avait été annoncée comme réglée,
03:59 celle de l'antisémitisme en revanche avait été évacuée.
04:03 Le communiqué ne l'évoque même pas.
04:06 En revanche, les rodomontades en mode "no pasaran" sont érigées en posture de base.
04:12 La fausse vertu se porte décidément très bien.
04:15 C'était déjà ridicule, cela devient indécent.
04:19 - Bon, beaucoup de commentaires j'imagine et de réactions évidemment de l'autre côté.
04:26 Vous pourrez appeler au 0826 300 300 et Clémentine Autain réagira aussi tout à l'heure.
04:32 Elle est l'invité politique de Jean-Jacques Bordin à 8h30.
04:35 - Bon, Mathis, Noé, vous êtes resté avec nous.
04:37 C'est vrai que, à gauche, mais même peut-être un petit peu aussi à droite pour certains,
04:42 on va au-delà parfois de ses propres idées pour faire de la politique, non ?
04:49 - On oublie que dans une démocratie, ce sont les urnes qui décident,
04:52 ce sont les électeurs qui décident.
04:54 Donc il y a une logique électorale qui a été enclenchée dimanche,
04:57 avec le RN qui a fait 35%.
05:00 - Enfin pas 35, 32, 33.
05:04 - Et bien donc vous avez tout simplement des personnes qui vont calculer
05:07 combien de voix il leur faut pour garder leur siège de député.
05:10 Et ce sont les urnes qui décident.
05:13 En fait, c'est les Français qui, par leur vote, ont œuvré à cette recomposition politique.
05:18 Et après, les partis en font les conséquences et les analysent qu'ils doivent s'opérer.
05:23 - Oui, c'est ça. Bien sûr, c'est Olivier Faure par exemple, à gauche,
05:27 il sait que s'il n'a pas le soutien et cet accord, il risque de perdre son poste.
05:33 Comme Brigitte Barreges, la maire de Motobanque, j'avais de l'autre côté un ALR.
05:37 Chez elle, évidemment, si elle ne passe pas, entre guillemets, un accord avec le RN,
05:44 elle l'aura de son poste.
05:45 - En fait, le calcul est très simple, en tout cas pour la gauche,
05:48 c'est de dire de toute façon, sur le même territoire,
05:52 si j'ai en face de moi le RN et un échantillon de Macron,
05:57 tous ces gens-là vont se bouffer le nez si moi je suis le seul candidat.
06:01 Et qu'en face, il suffit qu'il y ait un ALR, un reconquête, un RN,
06:06 plus un candidat macroniste, plus...
06:08 A la fin, je peux être minoritaire et gagner,
06:11 tout simplement parce que la division en face m'offre un boulevard.
06:15 Et c'est ce qu'a très bien compris la gauche,
06:17 elle comprend qu'en présentant qu'un seul candidat passe sa conscription,
06:21 elle se donne un avantage et que les autres n'auront jamais la capacité de passer ce type d'alliance.
06:26 - Les autres, vous voulez dire à droite, quoi ?
06:28 - Oui, parce que... - Entre la droite modérée et la droite plutôt extrême.
06:33 - Parce qu'à gauche, pour passer des alliances,
06:35 vous pouvez passer des alliances avec n'importe qui,
06:38 et même immonde, c'est ce qui est en train de se passer.
06:41 Vous pouvez vous asseoir sur tout ce que vous êtes,
06:43 cracher sur des lignes rouges comme l'antisémitisme,
06:46 comme le fait de qualifier le Hamas, etc.
06:48 - Il y en a certains, il y a eu, j'avais Ariel Veil tout à l'heure,
06:50 qui disait que non, lui, il voulait y regarder circo par circo,
06:54 mais vous pensez qu'il sera "étouffé" par cette majorité ?
06:59 - C'est possible. Il y a le précédent de 1997,
07:01 lorsque Jacques Chirac avait dissous l'Assemblée Nationale,
07:04 si les socialistes avaient été majoritaires,
07:07 c'est parce qu'ils avaient gagné dans des triangulaires.
07:09 C'est-à-dire que les voix de droite étaient divisées entre FN et RPR de l'époque,
07:14 et c'est ça qui avait permis à la gauche d'avoir des circonscriptions
07:17 en faisant 36-37% des voix, donc en arrivant promis dans une triangulaire,
07:21 et c'est ce que veulent éviter aujourd'hui les restes de LR
07:24 qui sont assemblés au RN, c'est éviter la triangulaire
07:27 pour ne pas perdre avec 20% des voix.
07:29 - Exactement, et en fait l'idée c'est que la gauche pense
07:31 qu'elle peut vaincre en étant minoritaire dans le pays,
07:34 mais en étant majoritaire grâce à ce système de triangulaire.
07:37 Ce qui est très dangereux parce qu'à l'époque, en 1997,
07:40 la société n'était pas aussi polarisée.
07:43 Aujourd'hui, si vous retrouvez avec une société qui a des attentes
07:46 qui correspondent en fait à ce que propose en partie LR ou le RN,
07:50 et qui se retrouve gérée par une gauche qu'elle va juger non légitime,
07:54 là vous pouvez avoir une explosion extrêmement forte.
07:57 Donc on est dans une situation où on imagine mal
07:59 que ces législatives nous permettront de sortir par le haut.
08:02 - Oui, c'est ça. Vous qui venez des rangs de la gauche, Céline Pina,
08:05 vous avez l'impression justement que parfois c'est la politique
08:08 qui passe au-dessus de tout quoi, au-dessus des idées.
08:11 - Là, c'est même pas au-dessus des idées, c'est au-dessus de la morale.
08:14 La morale de base, ne pas savoir combattre un crime contre l'humanité,
08:18 c'est impardonnable. Je n'ai pas de mots.
08:22 - Et de l'autre côté, à droite, où parfois on peut oublier par exemple
08:26 pour certains LR qui vont quand même au RN,
08:29 alors qu'ils ne sont pas d'accord avec des idées en fait et des choix politiques.
08:33 - Mais j'allais dire, je pense que les lignes rouges
08:37 n'ont pas été franchies par le RN aujourd'hui
08:40 sur des questions qui sont très concrètes, c'est-à-dire le 7 octobre.
08:43 C'est pas de la théorie. Les gens qui ont été massacrés,
08:47 les gamins qui ont été massacrés, c'est réel.
08:50 Les gens enlevés et réduits en esclavage, c'est réel.
08:53 Et ne pas savoir se positionner face à ces réalités-là,
08:57 moi je trouve ça effrayant.
08:59 - Allez, dans un instant, nous allons prendre un petit peu de hauteur
09:03 et voir avec vous, Jean-Baptiste Noé, notamment,
09:06 comment la France est perçue de l'étranger, ce qui se dit.
09:09 On va voir ça dans un instant, et puis on fera un petit panorama
09:12 des votes en Europe ce week-end, puisque vous, vous êtes spécialiste
09:15 spécialiste des questions internationales, 8h22.

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