Après ses échecs aux Jeux olympiques de Rio (2016) et Tokyo (2021), Nicolas Mahut s'est fixé, à 42 ans, un dernier grand objectif dans sa carrière de joueur de tennis professionnel : se qualifier pour les JO de Paris et ramener une médaille, qui manque à son immense palmarès en double.
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00:00 Alors je suis toujours prudent avec ce genre d'annonce.
00:21 Moi ce que j'aime pas c'est quand il y a des athlètes, tous pas confondus, qui annoncent
00:26 des choses, des retraites ou pas et puis qu'ils reviennent dessus après.
00:29 Mais raisonnablement, oui.
00:32 Parce que Los Angeles c'est beaucoup trop loin, puis après peut-être que je continuerai
00:36 mais ce sera pas la même chose, ce sera pas la même saveur.
00:39 C'est quand même comme une petite musique, tu vois, une petite voix derrière qui revient
00:45 en disant quand des matins t'as pas envie d'aller t'entraîner, quand c'est difficile,
00:51 tu te dis ok je le fais, je le fais pour arriver en forme, pour ça.
00:55 J'essaie de le laisser à distance mais ça reste une motivation très forte intérieure.
01:01 C'est devenu quand même au fil des Olympiades de plus en plus important dans la carrière
01:06 d'un joueur.
01:07 Ils ont tous essayé de le gagner.
01:08 Quand on voit l'émotion de Federer quand il gagne le double à Pékin, quand on voit
01:11 l'implication d'un Nadal, d'un Murray qui gagne deux fois, etc.
01:17 Aujourd'hui la quête de Djokovic c'est de gagner les Jeux à Paris parce qu'il lui
01:19 manque ça aussi.
01:20 C'est vrai qu'on part de loin, 88 c'était les premiers, c'était même une exhibition,
01:28 je crois que c'est Messire qui gagne là-bas.
01:30 Et puis à chaque fois c'est devenu de plus en plus gros.
01:33 Je pense que ça dépend beaucoup de la culture sportive de chacun.
01:35 Moi j'ai grandi à l'INSEP où le sport olympique est roi.
01:41 J'ai évolué avec tous ces athlètes qui rêvaient de Jeux olympiques.
01:46 Et puis moi j'ai regardé la télévision, j'ai rêvé avec ça, je me souviens de Barcelone,
01:52 je me souviens d'Atlanta.
01:53 D'ailleurs pour la petite histoire, à Atlanta, une semaine avant que Galejohns devienne champion
02:00 olympique, il s'entraîne à l'INSEP.
02:01 J'ai vu s'entraîner avant qu'il parte.
02:02 J'ai un rapport avec l'équipe de France qui est assez fort.
02:07 En fait c'est toujours de la construction d'un sportif.
02:10 D'où vient la motivation ? Ma motivation, mon rêve c'était de jouer en équipe de
02:16 France, de gagner la coupe d'Evis et de représenter mon pays.
02:18 Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ça qui m'a motivé toute ma carrière.
02:21 J'ai mis longtemps avant d'intégrer l'équipe de France, mais pourtant c'est ce qui m'a
02:27 poussé tout au long de ma carrière.
02:28 Donc là quand on parle de Jeux olympiques, le fait que ce soit une fois tous les quatre
02:31 ans, c'est quelque chose qui résonne très fort en moi.
02:34 J'ai fait deux fois les Jeux, ça reste quand même un objectif et un rêve de sportif.
02:39 Et les deux fois, je me dis, je n'ai pas vraiment savouré l'événement.
02:44 Oui, la cérémonie d'ouverture à Rio, c'était exceptionnel.
02:47 Le fait d'avoir pu assister à d'autres événements, on a vu la finale de Florent
02:53 Manoudou de 50 mètres.
02:54 Ce sont des souvenirs qu'on a qui sont forts, mais à part ça, je n'ai pas cette énergie.
03:00 Je ne me dis pas, j'ai vécu un truc de dingue.
03:02 Et quand tu es aux Jeux olympiques, quelque part, ça reste quand même une fête.
03:05 Et ce côté-là, je l'ai complètement mis de côté au profit de la performance, en
03:10 me disant, les Jeux olympiques c'est la médaille ou c'est rien.
03:12 Aux Jeux olympiques, déjà, il n'y a pas de point ATP, donc tu fais demi-finale, tu
03:16 finis quatrième, tout le monde t'oublie, c'est rien passé.
03:18 Et donc moi, j'ai pris le truc, je me suis dit, tu ramènes une médaille ou tu n'as
03:21 rien fait.
03:22 Après, est-ce que ça ne sert à rien de venir ?
03:23 Quand tu es au Village olympique, c'est une expérience qui est extraordinaire.
03:26 Tu es côtoie des sportifs, des stars de tous les sports et c'est quelque chose à vivre
03:35 qui est magique.
03:36 Je pense que je n'ai pas assez profité de ces instants-là.
03:40 Je ne me suis pas nourri de cette énergie positive.
03:42 Je me suis fait écraser par ça parce que c'est à la fois magique et à la fois fatigant
03:46 parce que ça grouille d'athlètes, ça grouille de staff.
03:50 C'est une mini-ville, tu marches beaucoup, il y a du bruit, c'est fatigant.
03:55 Mais tu peux prendre aussi, te nourrir de cette énergie pour être encore plus rayonnant.
04:01 Et ça, je n'ai pas réussi à le faire.
04:03 Et c'est un regret que j'ai de ne pas avoir réussi à transformer ça en énergie positive.
04:08 Je sais que si je devais les vivre à nouveau, et puis même l'approche du match, l'envie
04:14 de partager avec le public, il sera là aussi différemment.
04:17 Vive l'événement, je pense que je le ferai différemment.
04:20 Après, ça n'empêche pas que l'objectif quand il y est, c'est d'avoir une médaille.
04:24 Parce que quand je vais chez Julien, la première chose que je fais à chaque fois, c'est de
04:27 regarder sa médaille, même si elle est en bronze.
04:29 Parce que tu as envie d'en avoir une.
04:33 Parce que j'ai envie d'avoir une médaille.
04:35 Et après, si jamais ça devait arriver, j'aurais l'impression d'avoir fait le tour.
04:39 [Musique]