• l’année dernière
Un premier huitième de finale à Roland-Garros et un ticket pour les Jeux olympiques, Corentin Moutet redonne le sourire au camp tricolore. Déplacé sur le court Suzanne-Lenglen alors qu'il devait évoluer sur le court Simonne-Mathieu, le joueur de 25 ans a encore fait vibrer les supporters en s'offrant le scalp de Sebastian Ofner. Dernier Français en lice chez les Messieurs, Moutet jouera son deuxième huitième de finale en Grand Chelem, après l'US Open 2022. Ce sera contre Jannik Sinner. Cerise sur le gâteau, ce succès lui permet également d'obtenir son ticket pour les Jeux olympiques, puisque Adrian Mannarino ne les disputera pas et que Giovanni Mpetshi Perricard est désormais derrière au classement live Paris 2024. La soirée parfaite pour Corentin !

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Sport
Transcription
00:00 [Musique]
00:03 Bonsoir Corentin et bravo.
00:05 Tu as été opéré il y a un an et demi à peu près.
00:08 Tu es descendu aux alentours de la 140ème place mondiale.
00:11 La combien de tièmes ?
00:12 140 non c'est pas ça ?
00:13 Ah ok, 170.
00:14 170 tu vois.
00:15 Bon.
00:16 Et on sent que tu as beaucoup travaillé depuis pour revenir à ce que tu estimais être ton niveau.
00:22 Tu étais tout proche de ton meilleur classement.
00:24 Je t'ai beaucoup vu sur les réseaux sociaux dire "je travaille, ça va venir, mon heure viendra".
00:28 Quelque chose comme ça.
00:30 Est-ce que tu peux replacer ce parcours dans la perspective de tout le travail que tu entreprends depuis un an et demi
00:35 pour retrouver ton niveau, tes sensations ? Est-ce que tu as l'impression que ce travail-là paye aujourd'hui ?
00:39 Ouais aujourd'hui il a payé à d'autres moments aussi dans l'année.
00:42 Mais c'était une longue période, c'était dur d'être à une main.
00:45 C'était dur dans la tête, c'était dur dans tout.
00:49 Physiquement les entraînements étaient beaucoup plus intenses d'avoir ce handicap.
00:52 Donc c'était vraiment une période compliquée.
00:54 Mais j'ai eu mon équipe qui m'a soutenu, avec qui on a traversé un peu cette tempête tous ensemble.
01:00 Donc voilà, mais c'est dur parce qu'on remet en question mes choix.
01:05 Les gens avaient oublié aussi que j'avais ce handicap.
01:08 Du coup quand je perdais un match et que je redescendais au classement, ça ne leur paraissait pas normal alors que j'étais à une main.
01:14 Donc non, c'est une période compliquée.
01:16 Mais je suis content parce que ça m'a forgé.
01:18 Je croyais en moi, l'objectif c'était de retrouver cette deuxième main.
01:21 Ça a mis plus de temps que prévu.
01:23 Mais le travail paye toujours.
01:25 Je savais qu'on travaillait bien et que c'était une question de temps.
01:28 Ce n'est jamais linéaire.
01:30 On a beau travailler dans l'ombre, ça ne paye pas toujours tout de suite.
01:33 Donc il faut être patient, ce qui n'est pas facile.
01:36 Mais il faut être patient, continuer de travailler et être persévérant.
01:38 Vous aviez très bien commencé le premier set.
01:43 Puis on a senti que vous perdiez pied un peu.
01:46 L'adversaire jouait très bien aussi.
01:48 On a senti aussi parfois des moments d'agacement.
01:51 Qu'est-ce qui se passe dans vos têtes ?
01:53 Est-ce que ces agacements servent à vous motiver ?
01:56 Ou alors non, vous essayez de lutter contre pour ne pas sortir du match.
01:59 Parfois on a presque eu l'impression, dans le premier set,
02:02 que c'était difficile de rester dans le match.
02:04 Non, ce n'était pas difficile de rester dans le match.
02:06 Je suis assez ambitieux pour vouloir gagner.
02:09 C'est l'objectif principal, c'est de rester dans le match.
02:12 De garder toujours ce lien avec, de rester concentré pour ne pas perdre le fil.
02:15 Mais c'est sûr, c'était agaçant.
02:17 Parce que je jouais plutôt bien.
02:19 Lui, il m'impressionnait.
02:21 Il frappait fort en revers.
02:22 Il servait bien, il retournait bien.
02:24 Même en coup droit, je pensais qu'il allait être plus passif.
02:26 Et il me faisait mal aussi.
02:28 J'ai très bien commencé le match.
02:30 Lui a été un peu plus passif.
02:32 Dès qu'il a commencé à rentrer dans le terrain,
02:34 c'était vraiment dur de trouver des solutions.
02:36 Ça allait vite.
02:38 C'était frustrant parce que j'avais l'impression
02:40 qu'il fallait qu'il baisse de niveau pour que je puisse respirer.
02:44 C'est frustrant parce qu'on ne sait pas si ça va arriver.
02:48 Des agacements, je pense qu'on en a tous.
02:51 Il y en a qui le montrent plus que d'autres.
02:53 Ça se voit peut-être plus sur ma tête que sur les autres.
02:56 Mais je pense qu'on est tous agacés parfois au fond de nous.
02:59 C'est un équilibre à trouver entre rester motivé,
03:03 essayer de se relancer avec ça, de rester positif.
03:07 Et de ne pas trop en faire.
03:09 Parce qu'après, on peut perdre sa concentration et perdre aussi de l'énergie.
03:13 - Bonsoir Corentin.
03:19 C'est ton deuxième huitième de finale en grand chelem.
03:22 Mais ici c'est à Roland-Garros, donc c'est devant ton public.
03:24 Qu'est-ce que tu peux nous dire, ce que tu ressens intérieurement maintenant, à l'instant T ?
03:29 - Je suis super content, je suis super fier.
03:31 C'est un tournoi que je regarde depuis que je suis petit.
03:34 En tant que Français, qu'on suive le tennis ou non,
03:37 c'est un tournoi qui nous accompagne dans notre jeunesse.
03:40 Quand on est à l'école, ou pour ceux qui révisent le bac,
03:42 moi je ne suis pas allé jusque-là,
03:44 mais pour ceux qui révisent le bac, souvent on le met en fond.
03:47 Moi j'étais en internat, mes 12 à mes 15 ans, on le mettait à la télé,
03:51 pendant que nous on s'entraînait.
03:53 C'était un peu l'objectif pour nous tous.
03:55 C'est quelque chose que tout le monde connaît en France.
04:01 Même les gens qui ne connaissent pas, c'est un peu le seul truc qui relie les gens,
04:07 l'image du tennis en France.
04:09 C'est forcément une satisfaction,
04:13 et je suis super heureux d'être en deuxième semaine ici.
04:16 J'espère aller plus loin, évidemment.
04:18 Mais c'est déjà une bonne étape, et je suis content d'y être.
04:21 - Sans Corentin, tu te replaces idéalement pour la course à la qualification olympique.
04:27 De te dire que tu vas jouer avec l'équipe de France cet été,
04:31 qu'est-ce que ça se passe dans la tête,
04:33 et est-ce que tu as pu en aborder un peu avant avec Paul-Henri éventuellement ?
04:37 - Je n'ai pas eu le temps, parce que je me suis qualifié aujourd'hui.
04:40 C'est un objectif.
04:42 Dès que j'ai su que le lieu était à Paris,
04:46 c'était direct mon objectif principal.
04:48 Évidemment, ça ne délaisse pas les autres,
04:50 mais c'était mon objectif principal.
04:51 C'est un rêve pour moi de jouer aux Jeux olympiques,
04:53 de rencontrer les autres athlètes français.
04:55 C'est quelque chose de mythique en tant que sportif.
04:57 Même si dans le tennis, on a les grands chelets,
05:00 ça a peut-être moins de valeur auprès du public que les autres sports,
05:03 qui est vraiment leur compétition phare.
05:05 Moi, c'est un rêve.
05:07 C'était la première chose à laquelle j'ai pensé quand je me suis blessé il y a un an et demi.
05:10 Je me suis dit que c'était le mauvais timing, je suis 51e mondial.
05:13 Les Jeux olympiques arrivent bientôt.
05:16 C'est le premier truc auquel j'ai pensé quand je me suis blessé.
05:19 Du coup, j'avais peur de les rater.
05:20 Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est sûr, en tout cas,
05:22 mais je suis bien placé.
05:24 Je ne peux pas mentir, c'était l'objectif principal.
05:28 On avait même commencé à discuter avec mon équipe
05:30 que si je perdais tôt ici, j'allais peut-être jouer en challenger la deuxième semaine.
05:33 C'est l'objectif d'une vie à Paris.
05:35 C'est quelque chose d'immanquable.
05:37 Merci, bonne soirée.
05:40 Merci.
05:41 [Musique]

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