• il y a 6 mois
Après ses échecs aux Jeux olympiques de Rio (2016) et Tokyo (2021), Nicolas Mahut s'est fixé, à 42 ans, un dernier grand objectif dans sa carrière de joueur de tennis professionnel : se qualifier pour les JO de Paris et ramener une médaille, qui manque à son immense palmarès en double.

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Transcription
00:00Je ne voyais pas d'issue parce qu'on est tombé sur une génération où il n'y avait que les top 10,
00:24parce qu'il faut se souvenir qu'à l'époque en coup de vis il n'y avait que 4 joueurs,
00:27ensuite c'est passé à 5, mais quand il n'y avait que 4 joueurs c'est difficile de prendre 2 joueurs
00:33de double parce que si tu avais un pépin... Julien était devant moi parce que comme je disais il
00:37offrait des garanties en simple, il était dans les 30 premiers très réguliers donc il pouvait à la
00:41fois jouer en double et jouer en simple s'il y avait un problème. Mika était là parce que c'était
00:45un meilleur joueur de double et également sur surface rapide meilleur joueur de simple. Donc
00:50même si j'étais aux alentours de la 50e place mondiale en simple et dans les 20-30 ça ne suffisait
00:55pas et donc à un moment donné je me suis dit je ne vais pas y arriver. Les gars ont été trop forts,
01:04le capitaine fait des choix différents, donc il m'est arrivé de douter plein de fois, de l'exprimer
01:12plein de fois, mais pour autant de ne pas lâcher parce que ça c'est dans mon ADN, je ne lâche pas.
01:19Et puis je me suis dit bon ben je vais me recentrer sur des choses que je maîtrise, c'est à dire mon
01:25calendrier, mes performances, ce que je peux faire pour être moi un meilleur joueur et puis on verra.
01:32Et c'est au moment peut-être où j'y croyais le moins que j'ai été appelé.
01:36Déjà le symbole est incroyable que ma première sélection je l'ai avec Julien. On a grandi
01:46ensemble, il avait déjà une belle expérience de joueur donc il m'a vraiment aidé. Dans cette équipe
01:51il y avait Gilles Simon aussi qui m'a beaucoup aidé puis j'avais comme capitaine Arnaud Clément
01:55que j'ai pris comme modèle moi dans ma carrière donc je ne pouvais pas rêver mieux comme première.
02:03Mais inconsciemment je me disais je ne vais pas jouer parce qu'il va mettre Edouard et Bennett et
02:09puis finalement je me souviens le mercredi Arnaud il vient me voir dans la chambre et puis il m'annonce
02:15qu'il me fait conscience et qu'il va me faire jouer avec Julien. Donc là j'étais hyper surpris mais en
02:22même temps je me suis dit ok je vais vraiment jouer en équipe de France Aïe, c'est maintenant quoi.
02:26En Marseillaise t'as des frissons, t'as les larmes qui montent, t'as plein de choses qui passent par la
02:30tête et en même temps c'est très particulier parce que t'as envie de savourer cet instant là
02:34qui est chargé en émotions et en même temps tu te dis oh là là attends reste là parce que tu dois
02:39quand même jouer un match. Et je me souviens que les premières secondes après la Marseillaise c'est
02:44des moments qui sont difficiles à chaque fois je prenais le temps je parlais soit au capitaine soit
02:49soit je prenais 30 secondes avant d'aller taper la première balle parce que pour moi c'était très
02:52difficile ça a toujours été très difficile. On mène 2-7-0 et je me souviens qu'Arnaud nous presque
02:57nous engueule à 2-7-0 il nous en met une en disant putain c'est maintenant les gars ils vont réagir
03:03le début du troisième set il est hyper important faut pas vous baisser la garde etc. Et un discours
03:08vraiment pour ne pas qu'on sorte du match un instant. Et ce qui était incroyable c'est qu'à
03:15chaque fois qu'on était on avait un petit 15-30 à sauver où j'avais l'impression j'avais le coeur
03:19ici j'ai l'impression que j'avais trois balles de break. C'était le premier match on a gagné en
03:253-7 ça s'est bien passé j'ai vraiment l'impression d'en avoir fait 10. C'était très très difficile et
03:31j'ai compris à ce moment là la difficulté que c'était de jouer en coupe 10. Et pourtant on a eu
03:36un match assez facile je sais plus le score mais on n'a jamais été en danger. Et le souvenir que
03:43j'en ai c'est que j'étais sorti de là vraiment épuisé. C'est peut-être l'une des plus douloureuses
03:53parce que le sentiment d'avoir lâché mon capitaine. De ne pas avoir été à la hauteur de sa confiance
04:01et pour moi c'était très difficile d'encaisser le coup. Pour moi on n'a pas respecté l'institution
04:06et le maillot à ce moment là avec Joe parce qu'on n'a pas réussi à se parler. Je pense qu'il y avait
04:10quelque chose de 2014 qui n'avait pas été résolu. Moi je n'étais pas dans l'équipe mais il sortait
04:14d'une finale perdue contre les Suisses très douloureuse. Joe s'était baissé en finale c'était
04:20assez lourd et quand il est revenu je pense que ça s'était pas digéré cet épisode là. Et donc du
04:26coup ça a rejailli sur cette sur cette rencontre de quart de finale. Dans la préparation ça s'est
04:31pas bien passé. Je voyais qu'on n'arrivait pas à être ensemble. Je pense qu'inconsciemment
04:37il se sentait plus fort ou plus rassuré de jouer avec Richard. Ils l'ont pas exprimé. En tout cas
04:44on n'a pas réussi à se dire les choses entre nous, entre joueurs pour le faire remonter au capitaine.
04:48Moi je joue pas en équipe de France pour avoir une sélection et dire j'étais sur le terrain. Moi si
04:52je suis en équipe de France c'est pour que l'équipe de France gagne et à ce moment là je pense qu'on
04:56n'a pas tout fait pour que l'équipe de France soit au maximum. Et du coup c'est énormément de
05:01regrets parce que Joe et moi sur ce match on a senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait
05:05pas se passer. On ne cliquait pas bien à l'entraînement. On n'arrivait pas bien à
05:10communiquer. Cette défaite a été trop douloureuse. En plus derrière Arnaud perd son capitana après
05:17cette rencontre. Donc du coup j'ai eu énormément de culpabilité après cette rencontre.
05:20J'ai le trophée à la maison, j'ai la ligne au palmarès mais j'ai pas l'émotion qui l'accompagne.
05:29Et pour moi c'est pour ça que je joue au tennis, c'était pour vivre ces émotions là.
05:33Quand on m'en parle je dis oui j'ai gagné la coupe Davis mais si je suis très honnête avec mes
05:39émotions et mon ressenti j'ai du mal à vraiment me ressentir comme vainqueur de cette épreuve.
05:46D'ailleurs mon nom il n'est pas sur la coupe. On se retrouve au dîner officiel le mercredi soir et
05:52là après le dîner officiel il décide de nous parler un petit peu individuellement et là pour
06:00être honnête moi j'avais pas vu le truc venir parce que j'essayais de me concentrer pour être
06:04le plus près possible. Et là d'un coup il décide de changer complètement, de mettre Pierrugue et
06:12Richard et de nous sortir Julien et moi. Et donc ça a été le choc. Moi le mercredi j'ai dormi
06:18zéro minute. Quand je dis zéro minute c'est vraiment que j'ai pas dormi de la nuit. C'était
06:23difficile parce qu'il a fallu digérer cette déception sans le répercuter sur l'ensemble
06:31du groupe qui lui devait se préparer à jouer une finale de coupe Davis. Et donc ça ça a été une
06:36épreuve pour Julien et moi et je pense qu'on a réussi à le faire correctement. Moi j'avais
06:42décortiqué toutes les vidéos qu'on avait eues parce qu'on avait avec le staff des vidéos sur
06:47Bemelmans Delors qui était une bonne équipe. Quand il a fallu préparer le double j'ai essayé
06:53de donner le maximum d'infos que moi j'avais récoltées. Après tu prends le rôle de remplaçant
07:00parce qu'un remplaçant l'air de rien ça te fait jamais gagner en compte mais par contre ça peut
07:05en faire perdre. Suivant l'attitude du joueur, suivant ses états d'âme, si les états sont sur la
07:11place publique, si ça peut mettre une mauvaise ambiance dans le groupe. Et c'était la dernière
07:16chose qu'on voulait faire donc on a pris sur nous un maximum. C'était chaud mais ils ont réussi à
07:19gagner le match.

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