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100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat.
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00:00:00 [Générique]
00:00:10 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Public Sénat pour un nouveau numéro de 100% Sénat,
00:00:15 l'émission qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:18 Les sénateurs continuent de travailler sur le secteur périnatal en France.
00:00:22 Ils ont auditionné des experts pour parler santé mentale, celle des jeunes enfants,
00:00:26 mais aussi la santé mentale des femmes pendant leur grossesse et après leur accouchement.
00:00:31 Je vous laisse écouter cette audition.
00:00:33 Bonjour, bienvenue à vous au Sénat.
00:00:39 Merci d'avoir répondu à notre invitation dans le cadre de cette mission d'information
00:00:45 sur l'organisation de la santé périnatale et sa territorialisation.
00:00:50 Nous allons entendre cet après-midi le Dr Romain Dugravier, pédopsychiatre,
00:00:57 chef du Centre de Psychopathologie Périnatale du GHU Paris.
00:01:03 Le Dr Lucie Jolie, psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine de la PHP,
00:01:10 responsable de l'unité de psychiatrie périnatale commune aux hôpitaux Pitié-Salpêtrière,
00:01:17 Ténon et Armand-Trousseau.
00:01:19 Et Mme Élise Marsande, présidente de l'association Maman Blouse.
00:01:25 Et puis en visioconférence, dès qu'ils arriveront à se connecter,
00:01:30 nous aurons le Dr Marie Chivet, psychiatre,
00:01:34 et Mme Marie Moya-Tizon, sage-femme coordinatrice de l'équipe mobile de psychiatrie périnatale
00:01:41 du Centre hospitalier de la Côte Basque.
00:01:45 Alors nos auditions ont permis de mettre en lumière une préoccupation spécifique
00:01:51 sur la situation de la santé mentale périnatale.
00:01:55 Cette problématique couvre tant la santé mentale de la mère pendant et après la naissance
00:02:01 que la question du développement psycho-affectif de l'enfant dans les tout premiers jours,
00:02:06 ainsi que, et c'est un phénomène moins connu ou reconnu aujourd'hui,
00:02:11 la question de la santé mentale des pères.
00:02:15 Les résultats de la dernière enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles le confirment.
00:02:22 Le suicide est désormais la première ou la deuxième cause de mortalité des mères
00:02:27 dans l'année qui suit leur grossesse,
00:02:30 ce qui interroge sur la prise en charge de la santé mentale des mères
00:02:34 dans la période prénatale comme postnatale.
00:02:38 Une femme sur sept présente une dépression postpartum.
00:02:42 Le premier facteur de risque serait d'avoir développé une dépression avant ou pendant la grossesse.
00:02:49 Ceci signifie qu'il est possible d'agir en amont,
00:02:52 notamment en prenant mieux en compte l'environnement dans lequel évolue la femme enceinte.
00:02:58 La santé mentale est considérée par toutes les personnes que nous avons pu entendre
00:03:03 comme un élément essentiel pour l'avenir de l'enfant, ainsi qu'un enjeu de santé publique
00:03:09 que tente d'intégrer la campagne des 1000 jours, l'entretien du quatrième mois et l'entretien postnatal précoce.
00:03:17 Ces dispositifs ne semblent pas aujourd'hui être utilisés pleinement.
00:03:23 Vous nous direz quelle est votre analyse de cette situation
00:03:26 et quelles solutions peuvent être apportées dans l'amélioration du suivi de la femme pendant et après sa grossesse.
00:03:34 Il semble notamment que si des outils permettent aujourd'hui de détecter les signes de dépression en période postnatale,
00:03:42 par exemple l'EPDS, l'Inventaire de dépression postnatale d'Edimbourg,
00:03:47 ces derniers restent à améliorer concernant cette détection en période prénatale.
00:03:54 Vous nous présenterez également, dans ce contexte, le positionnement,
00:03:58 les missions et les résultats de vos structures respectives dans l'accompagnement des mères pendant et après la grossesse.
00:04:07 Il serait également intéressant d'avoir votre avis sur la formation des professionnels de santé,
00:04:13 à l'identification des signes de détérioration de la santé mentale et à l'accompagnement des patients,
00:04:21 ainsi qu'à l'évolution des facteurs de risque au sein de la population,
00:04:25 tels que l'isolement, la précarité, l'âge des parturiantes ou l'obésité.
00:04:31 Enfin, une meilleure prise en compte des problématiques de santé mentale dans le suivi de la grossesse nécessite du temps et de la coordination.
00:04:40 Comment répondre à ces impératifs dans un contexte de tension sur les effectifs en psychiatrie et en psychologie notamment ?
00:04:51 Je vais vous laisser la parole sans attendre pour que vous puissiez présenter les principaux enjeux et éléments de réponse que vous avez pu identifier.
00:05:01 Dans un premier temps, vous voudrez bien vous limiter à quelques minutes pour votre intervention pour chacun de vos trois organismes.
00:05:11 Je passerai ensuite la parole à notre rapporteur Véronique Guillotin pour une première série de questions.
00:05:18 Je vous précise que notre réunion est diffusée en direct sur le site Internet du Sénat et sera ensuite consultable en vidéo à la demande.
00:05:30 Voilà, je vous laisse la parole. Je ne sais pas dans quel ordre vous voulez commencer.
00:05:40 Oui, vous appuyez. Très bien. Alors, madame Élise Marsande.
00:05:46 Donc quelques minutes, c'est...
00:05:49 Si vous voulez deux, trois minutes simplement pour présenter et puis après...
00:05:53 Donc je vais présenter l'association déjà. Donc Maman Blou, c'est une association nationale et un peu d'internationale, une association francophone à but, à visée non thérapeutique.
00:06:04 L'objectif n'est pas de se substituer à des professionnels de santé. L'association a trois objectifs informés, témoignés et soutenir majoritairement les femmes.
00:06:15 Mais il arrive que nous ayons des pères. On en parlera sûrement plus tard. Maman Blou, c'est une association qui a vu le jour en 2006.
00:06:24 Mais son site et son forum datent de 2003, avec l'objectif vraiment de donner de l'information aux personnes concernées et de pouvoir aussi les orienter en fonction de leurs besoins,
00:06:35 de leurs demandes et de l'urgence de la situation. Aujourd'hui, nous sommes environ 70 bénévoles, des référentes locales, des femmes investies sur leur territoire.
00:06:45 Et puis des personnes qui sont investies sur notre forum d'échange. Il y en a quatre modératrices à ce jour et donc qui ne font que ce rôle là.
00:06:57 Donc nos actions sont auprès des femmes en majorité avec le forum d'échange, qui est un forum écrit modéré où il y a de la bienveillance, de l'empathie.
00:07:08 L'objectif, c'est aussi de voir que tout se passe bien sur le forum, qu'il n'y ait pas d'échange de médication. On s'inquiète aussi, bien évidemment, du bien-être psychique des femmes
00:07:19 et des possibles intentions suicidaires. Mais on a aussi une attention particulière des enfants, des bébés, que parfois, certaines sont soit dans un état de fatigue très important,
00:07:29 soit sont complètement détachés de cet enfant. Donc on a aussi une préoccupation autour de ce bébé. On a des groupes de parole en présentiel et/ou en distanciel.
00:07:41 On n'en a pas partout. On en a à certains endroits, mais voilà, toutes nos référentes n'en font pas. Et ensuite, on a des actions en collaboration avec les professionnels de santé,
00:07:50 des structures, des instances publiques. On a travaillé avec le Collège national des sages-femmes. On bosse avec l'ARS Île-de-France.
00:07:56 Voilà, il y a pas mal de structures avec qui on travaille actuellement. Voilà.
00:08:02 – Juste une question, vous êtes répartie comment au niveau national ?
00:08:07 – Alors, ça dépend. Il y a des départements où on est plusieurs. Par exemple, on va prendre l'Île-de-France, elles sont trois.
00:08:12 Sur Lyon, on est quatre. Et sur d'autres départements, je pense par exemple à Bordeaux, elle est toute seule.
00:08:19 Voilà, ça dépend réellement si on a des bénévoles installés. Et après, on a des gens sur...
00:08:24 – Il y a des territoires où il n'y en a pas du tout ?
00:08:26 – Où il n'y en a pas du tout. Tout à fait. On est loin de couvrir toute la France.
00:08:30 Voilà. Après, on a des gens sur la Belgique. On a quatre personnes sur la Belgique, une personne sur la Côte d'Ivoire,
00:08:36 une personne sur l'Allemagne et une personne sur la Nouvelle-Calédonie.
00:08:40 – Merci.
00:08:45 – Je suis.
00:08:48 Madame la Présidente, Madame la rapporteure, je suis très honorée de prendre la parole aujourd'hui pour défendre la santé mentale périnatale.
00:08:58 Je suis psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, spécialisée en psychiatrie périnatale.
00:09:03 Et je fais de la recherche à Sorbonne Université sur les processus impliqués dans les troubles mentaux périnataux.
00:09:11 Contrairement à une fausse représentation encore tenace dans nos sociétés,
00:09:14 la période périnatale est marquée par une incidence dramatique de troubles mentaux,
00:09:19 notamment du fait des transformations du cerveau maternel tout au long de la grossesse
00:09:23 et des transitions familiales pendant cette période.
00:09:26 Dans l'année qui suit l'accouchement, environ 20% des femmes ressentent des symptômes de dépression du postpartum,
00:09:31 caractérisés par une douleur psychologique, une perte de plaisir, une fatigue,
00:09:36 empirant avec l'aliment et des croyances négatives sans fondement.
00:09:40 Par ailleurs, il existe un risque estimé autour de 50% de récidive lors des grossesses ultérieures.
00:09:45 Et lorsque la dépression n'est pas correctement prise en charge,
00:09:49 l'évolution vers un trouble dépressif chronique ou un trouble de l'humeur de type bipolaire est à craindre.
00:09:54 On sait aujourd'hui, grâce aux évolutions de la recherche en psychiatrie et en neurosciences,
00:09:58 que ce trouble est lié à des changements cérébraux et hormonaux,
00:10:02 et peut être favorisé par des facteurs de risque psychologiques et sociaux qui sont de mieux en mieux identifiés.
00:10:08 Toutefois, la dépression périnatale peut également frapper comme un coup de tonnerre dans un ciel serein,
00:10:14 touchant des mères sans antécédent psychiatrique, après des grossesses sans complications
00:10:18 et en l'absence de facteurs de risque environnementaux.
00:10:21 Ce trouble a des conséquences dramatiques.
00:10:24 La mortalité par suicide représente aujourd'hui la première cause de décès maternel
00:10:28 pendant la première année du postpartum.
00:10:31 Il faut rappeler que dans la population générale, le taux de suicide français reste l'un des plus élevés en France.
00:10:37 Selon les conclusions du 7e rapport de l'ENCMM, une femme en postpartum se suicide toutes les 3 semaines,
00:10:44 souvent avec des modes opératoires qui sont très violents.
00:10:47 Pendaison, précipitation sous un train, un pont ou depuis une fenêtre.
00:10:51 La clinique du suicide maternel est d'une rare complexité,
00:10:55 tant elle implique des facteurs entrelacés difficilement compréhensibles
00:10:59 à partir du seul prisme médical, biologique ou psychiatrique.
00:11:03 Les motivations à mourir sont multiples et elles sont difficilement généralisables.
00:11:08 Au-delà de ces situations tragiques, les chiffres sur le suicide maternel mettent en lumière la souffrance silencieuse des mères,
00:11:15 dissimulée depuis des siècles sous des strates de vernis social
00:11:18 et de représentations faussées sur la maternité bienheureuse.
00:11:22 Ce qui transparaît aujourd'hui dans les études épidémiologiques
00:11:25 est le reflet des transitions sociales autour de la parentalité,
00:11:29 concentré autour du couple plus que sur la famille élargie.
00:11:33 La parentalité contemporaine bénéficie probablement de moindre relais familial que par le passé.
00:11:38 Accompagner les parents dans cette période sans équivalent est une priorité de santé publique.
00:11:45 Merci.
00:11:50 Docteur Dugravier.
00:11:53 Merci beaucoup.
00:11:55 Merci de me donner l'occasion moi aussi de faire part d'une vision de la santé périnatale,
00:12:00 de la santé mentale périnatale en particulier.
00:12:02 Je rejoins ce que disait le docteur Lecci-Joly sur la fréquence des symptomatologies anxio-dépressives,
00:12:08 sachant que les chiffres que vous avez vous aussi cités sont autour de 15% chez les femmes.
00:12:14 On a pu le dire tout à l'heure que ça correspondait aussi à 8 à 10% chez les hommes.
00:12:19 Donc, on est là à reconnaître que c'est un problème de santé publique, un problème courant.
00:12:24 Il est plus compliqué par contre d'arriver à identifier combien de personnes ont réellement besoin d'accéder à des professionnels de santé mentale.
00:12:31 Et je rejoindrai le chiffre de Lecci-Joly autour de 20% des femmes qui accouchent,
00:12:36 qui auraient besoin d'être accompagnées sur le plan émotionnel et affectif.
00:12:41 Mais je voudrais aussi mettre l'accent sur les situations les plus complexes et les plus vulnérables.
00:12:46 Là, on a des données qui sont peut être plus fragiles, mais il semble qu'il y a au moins 1 à 2% des femmes qui présentent des troubles psychiatriques chroniques, sévères,
00:12:52 donc qui vont mobiliser énormément d'énergie des professionnels qui sont évidemment extrêmement déstructurantes et pour lesquels il faudra penser à une approche peut être encore plus spécifique.
00:13:02 Tout ça pour dire que ça concerne probablement 20% de la population de femmes qui accouchent avec une gradation aussi des difficultés, donc une gradation de la proposition et de l'offre.
00:13:12 Et quand on part de ce constat là, quels sont les obstacles et les limites ?
00:13:16 Les obstacles et les limites, on les retrouve sur la question de l'accès aux soins.
00:13:21 Il y a 27% des femmes qui disent vivre une souffrance psychique, qui accèdent à un procès de santé mentale seulement, seulement un quart.
00:13:28 Donc, cet accès aux soins, c'est notre premier, à mon avis, le premier sujet, le premier axe particulièrement important.
00:13:35 Et quand il y a un accès aux soins, c'est aussi comment ce soin peut être proposé.
00:13:38 On identifie plusieurs obstacles et les obstacles sont autour de la discontinuité et la discontinuité entre l'anté et le post natal parce qu'on change d'équipe, parce qu'on change de lieu, parce que ce sont des professionnels différents.
00:13:50 La discontinuité entre la ville et l'hôpital, entre la maternité et les offres de soins.
00:13:54 Je pense ici à l'offre de soins, particulièrement en santé mentale, les services de psychiatrie périnatale.
00:14:01 Et puis, la discontinuité peut être entre les regards des professionnels par les difficultés d'acculturation.
00:14:08 Donc, comment faire que les professionnels puissent travailler et penser ensemble les situations qui sont complexes et avec des problématiques multifocales ?
00:14:14 Et après, on verra les propositions qu'on peut faire. Mais je pense qu'il y a plusieurs niveaux.
00:14:20 Entre autres, vous avez évoqué le terme de la coordination. Comment structurer une corde ?
00:14:24 D'abord, une lisibilité de l'offre parce que vous avez entendu le Cian qui a pu relever ça.
00:14:30 C'est que dans leur enquête, on retrouve que les femmes ne savent pas très bien comment notre système est organisé et ne savent pas s'y repérer.
00:14:35 Donc, ça repose sur l'information, mais aussi la lisibilité de nos réseaux et la structuration de nos réseaux.
00:14:40 Donc, arriver à proposer une offre de soins de niveaux différents.
00:14:44 On peut penser à une offre de proximité, une offre de recours, voire une offre d'expertise qui soit suffisamment lisible sur le territoire.
00:14:52 Peut-être aussi développer un langage qui soit suffisamment partagé entre les professionnels et les usagers.
00:14:58 Moi, j'ai l'habitude de travailler avec la théorie de l'attachement grâce à Nicole et Antoine Guednet.
00:15:01 La théorie de l'attachement, qui paraît simple comme ça, qui en fait une théorie relativement complexe,
00:15:04 mais qui permet, quand on est d'horizon divers, de savoir comment on décrit les situations et comment on les pense ensemble.
00:15:12 Et puis aussi la notion d'équité.
00:15:15 Je crois que si on est sur une logique égalitaire, le risque, c'est qu'on laisse sur le côté un certain nombre des usagers.
00:15:21 Donc, si on veut que tout le monde ait les mêmes chances, il faut être un parent comme tout le monde.
00:15:24 Il faut faire une offre équitable, donc graduer en fonction de la problématique.
00:15:28 Et puis, je crois que c'est pareil.
00:15:30 Les derniers points, c'est qu'on a évoqué la santé mentale des mères, la santé mentale des pères, le développement des enfants.
00:15:38 Moi, je travaille avec la psychiatrie d'adulte sur une concession spécialisée pour les personnes qui souffrent de troubles psychiatriques chroniques.
00:15:45 Et ce que j'ai appris dans ce travail là, depuis plus de 10 ans, c'est l'importance d'une approche bifocale, d'une approche concertée, contiguée, conjointe.
00:15:53 On a tendance parfois à penser la santé mentale comme une succession d'événements.
00:15:56 D'abord, on s'occupe de la mère, puis ensuite on s'occupe du père, puis on s'occupe du bébé.
00:15:59 Nous, nous défendons un modèle où la psychiatrie et la psychiatrie travaillent de concert pour aussi bien prendre soin de la santé mentale des adultes et de la santé, la santé et la construction du lien entre l'enfant et les parents.
00:16:12 Bien, merci.
00:16:16 Je vais donner la parole au docteur Marie Chivet et Madame Marie Moïa Thison.
00:16:24 Je vais vous laisser vous présenter et puis vous pourrez enchaîner directement.
00:16:28 Voilà, je vous laisse la parole.
00:16:30 Je m'appelle Marie Moïa Thison, je suis sage-femme coordinatrice.
00:16:33 Je suis avec le docteur Chivet, nous représentons Hémopsie.
00:16:37 J'ai transmis un diaporama, peut-être que vous l'avez.
00:16:40 Vous avez accès au PowerPoint.
00:16:41 Il était question d'un partage d'écran.
00:16:45 Oui, tout à fait, je vais partager mon écran et je vais aussi le distribuer aux intervenants.
00:16:50 C'est gentil.
00:16:52 Donc, Hémopsie, c'est une équipe mobile de psychiatrie périnatale qui est au sein du Pôle Femmes Mères-Enfants, au sein du GHT Navarre-Côte Basque.
00:17:01 Nous nous situons au CHCB à Bayonne, au centre hospitalier de la Côte Basque.
00:17:06 Avant tout, l'ensemble des membres de notre petite équipe remercie Mesdames et Messénatrices et leurs collaborateurs en charge de cette mission, de leur invitation à cette audition.
00:17:14 Je vais rapidement vous présenter notre système et son fonctionnement.
00:17:18 Notre équipe a vu le jour il y a un peu plus de trois ans.
00:17:22 C'est un projet original porté par trois spécialités, que sont la pédiatrie, l'obstétrique et la psychiatrie.
00:17:29 La diapo suivante, juste.
00:17:33 Donc, tout d'abord, il s'agit d'une équipe avec des compétences complémentaires.
00:17:39 Au départ, nous étions trois et actuellement, nous sommes six.
00:17:43 Est-ce que vous pouvez passer la diapo suivante ?
00:17:47 Je ne vois pas apparaître la diapo suivante, c'est la diapo 2.
00:17:49 Donc, une équipe mobile pour répondre à un besoin territorial.
00:17:53 C'est une équipe qui est dans une démarche d'aller vers périnatale, c'est-à-dire de l'anténatal ou un an de l'enfant en continuité, avec la possibilité également d'alimenter conceptionnel.
00:18:04 C'est une équipe qui intervient en périnatale, c'est-à-dire dans une démarche d'aller vers l'anténatal, c'est-à-dire de l'anténatal ou un an de l'enfant en continuité, avec la possibilité également d'alimenter conceptionnel.
00:18:15 C'est une équipe qui intervient en psychiatrie, c'est-à-dire en réponse aux besoins spécifiques des patients présentant des vulnérabilités psychiatriques, mais aussi le coparent, leur bébé à venir et la triade une fois l'enfant né.
00:18:27 Comme je vous le disais précédemment, il s'agit d'une équipe pluridisciplinaire qui est constituée d'une psychiatre, de deux psychologues, une psychomotricienne, une assistante sociale et une sage-femme coordinatrice.
00:18:43 Et chaque spécialité a sa spécificité pour porter des regards croisés, et c'est ce qui en fait sa richesse.
00:18:48 Les soins sont organisés sous forme de consultation, alors seul ou en binôme, en fonction de la situation.
00:18:56 Elle est organisée par une activité de liaison.
00:18:59 Il y a des ateliers parentaux et des visites à domicile qui se font seul ou en binôme.
00:19:04 C'est un dispositif qui a pu se voir le jour grâce à une dotation annuelle de financement de l'ARS et l'appel à projets des mille premiers jours.
00:19:12 Et ceci avec le soutien du réseau Périnatal de Nouvelle-Aquitaine et les dispositifs locaux et territoriaux de santé mentale.
00:19:18 Alors rapidement, nos missions, ce sont des actions de prévention et la prise en charge précoce en anté et en post-natal auprès des patients ayant des antécédents psychiatriques connus.
00:19:30 Ces patients vont être repérés lors de l'entretien prénatal précoce, au quatrième mois de grossesse,
00:19:37 à l'aide ici localement pour nous de l'autocestionnaire de repérage des vulnérabilités qui émane du réseau Périnatal de Nouvelle-Aquitaine,
00:19:43 mais aussi lors de l'entretien post-natal précoce dans le postpartum et pourquoi pas à l'aide de l'EPDS Echelle-Dédainbourg pour ce qui est des repérages.
00:19:52 Ces missions s'organisent également autour des patients qui ont des symptômes actuels, qu'elles aient ou pas des antécédents psychiatriques.
00:19:58 Et une attention particulière est portée sur les signes de dépression périnatale.
00:20:03 Donc on parle d'anxiété, de tristesse, de troubles du sommeil, d'hypervigilance, j'en passe.
00:20:07 Nous nous inscrivons dans le soutien à l'établissement du lien parent-bébé
00:20:12 et aussi la prévention du risque de retentissement de toutes ces vulnérabilités sur la mise en place des interactions précoces.
00:20:17 Nos missions s'axent également sur le repérage des signes précoces d'altération du développement psychomoteur du nourrisson.
00:20:26 Bien entendu, nous ne travaillons pas seuls, nous travaillons avec tous les partenaires et élaborons en co-construction un parcours personnalisé de soins.
00:20:34 Et nous nous intégrons aux dispositifs existants dans un réseau de soins ville-hôpital en proximité.
00:20:40 Notre objectif, c'est d'être le plus cohérent et le plus ajusté possible aux besoins des patients.
00:20:44 Voilà, dans une continuité antéposte-natale, on l'a dit à plusieurs reprises, et dans une coordination entre les différents partenaires.
00:20:52 Partenaires qui seront en intra-hospitalier, en extra-hospitalier, que ce soit dans le secteur privé ou avec les professionnels du secteur libéral,
00:20:59 auprès des institutions également avec lesquelles nous nous harmonisons au mieux.
00:21:03 Voilà, cette coordination se déploie lors de liens réguliers, des liaisons, mais également lors de réunions.
00:21:11 Donc plusieurs niveaux de réunions, les réunions de concertation pluridisciplinaire, les staffs médicaux-psycho-sociaux,
00:21:19 les staffs régionaux de psychiatrie périnatale, tous ces temps sont des temps de coordination mensuelle.
00:21:24 Pour la dernière diapositive, un petit mot de nos chiffres.
00:21:28 Nous notons une évolution de notre activité clinique.
00:21:31 Notre fil actif est passé de 142 patients en 2021 à 403 en 2023,
00:21:37 et de même, une augmentation du nombre des actes qui est passé de 640 en 2021 à 2197 en 2023.
00:21:48 Voilà, il est à noter aussi une augmentation de l'accueil et de l'accompagnement des hommes dans notre fil actif,
00:21:52 alors qu'il est modestement passé de 4 en 2022 à 31 en 2023.
00:21:57 Des hommes dont les vulnérabilités peuvent être plus difficiles à repérer, mais tout aussi importantes à accompagner.
00:22:03 Je vous remercie de votre attention.
00:22:05 Merci bien.
00:22:08 Je vais tout de suite passer la parole à notre rapporteur Véronique Guillotin, et j'aurai aussi deux ou trois questions à vous poser après.
00:22:16 Merci, madame la présidente.
00:22:18 Bonjour à toutes et à tous.
00:22:19 Je vais peut-être continuer à enrichir le débat en posant quelques questions.
00:22:23 Peut-être sur la dernière intervention, de manière très technique, sur quel bassin de population vous couvrez ?
00:22:29 J'ai vu que vous avez le GHT derrière, mais en termes de...
00:22:32 Est-ce que c'est le territoire du GHT ?
00:22:34 En termes de population, est-ce que ça correspond ?
00:22:37 Quand vous avez démarré...
00:22:38 Alors, est-ce que c'est une expérimentation, quelque chose de pérenne ?
00:22:42 Quand ça a été démarré, est-ce qu'il y a un premier...
00:22:45 Vous avez un premier bilan ou une première évaluation de ce...
00:22:51 Allez vers.
00:22:52 Bonjour, je suis le docteur Dranck-Chivet, je suis psychiatre adulte au sein des MOPSY.
00:22:57 Donc, notre équipe, elle a commencé en février 2021, où on a eu un premier financement ARS où on n'était que trois, donc sur des temps partiels.
00:23:06 Et ensuite, un an après, c'est-à-dire à peu près...
00:23:11 À partir de 2022, on a répondu à un appel à projets et on est actuellement l'équivalent de 3,7 ETP.
00:23:16 C'est le territoire...
00:23:19 Notre équipe couvre le territoire Navarre-Cotebasse.
00:23:22 C'est la seule équipe mobile de psychiatrie périnatale sur ce territoire.
00:23:25 En termes d'habitants, ça fait combien de population ?
00:23:31 En gros, 300 000 habitants.
00:23:34 Et comment c'est organisé concrètement ?
00:23:40 C'est dû à l'EVER ? Vous avez une unité, enfin quelque chose de mobile ?
00:23:44 Notre équipe est estampillée, on va dire équipe mobile, mais c'est une équipe qui fait finalement de plus en plus un petit peu de soins conjoints, on fait comme nous pourrons.
00:23:54 On est basé à la maternité de Bayonne.
00:23:56 Le centre hospitalier de la Côte-Basque se situe à Bayonne, où il y a la majorité des accouchements.
00:24:03 Mais notre équipe va également dans le Pays-Basque intérieur, à la maternité d'une ville qui s'appelle Saint-Ballet, à une heure de Bayonne, où il y a 250 accouchements par an.
00:24:13 Donc on va aussi dans cette maternité et on se déploie également aussi sur la maternité privée, où il y a à peu près 1 500 accouchements par an.
00:24:20 Je réponds à votre question.
00:24:25 Notre équipe est basée à la maternité de Bayonne, et on se déplace.
00:24:32 La majorité de notre travail se situe à la maternité de Bayonne et à la maternité de Saint-Ballet.
00:24:35 On y va un jour par semaine.
00:24:37 C'est la psychologue, en l'occurrence, qui va un jour par semaine.
00:24:39 Et ensuite, on se déploie, on essaie de se déployer à domicile.
00:24:42 Mais on est une équipe qui actuellement est largement sous-dimensionnée par rapport à nos accouchements et par rapport aux missions qui nous sont attribuées.
00:24:52 Et vous estimez à combien, on pourrait envisager que le aller-vers aille sur des territoires peut-être plus ruraux, reculés, moins mobiles,
00:25:00 ou des populations plus compliquées qui vont peu aller consulter.
00:25:06 Vous avez évalué à combien il vous faudrait comme type d'équipe mobile pour pouvoir faire vraiment du domicile également, du aller-vers ?
00:25:17 On fait des visites à domicile, mais pas plus d'une heure du centre hospitalier de la Cour.
00:25:22 Donc la maternité de Bayonne, on arrive à faire du domicile en rayonnage autour de cette maternité.
00:25:28 Mais par exemple, pour l'arrière-pays, avec la maternité de Saint-Ballet, où il y a 250 accouchements par an,
00:25:32 ou 330 maintenant, on ne peut pas faire du domicile actuellement.
00:25:36 On n'a pas la capacité de faire suffisamment de domicile.
00:25:40 On en fait de manière très sporadique pour des cas extrêmement complexes.
00:25:44 Je me suis bien doutée au vu de l'équipe, mais la question que je me pose, c'est
00:25:48 est-ce que vous avez évalué le nombre, le type d'équipe qu'il vous faudrait pour vraiment faire du aller-vers sur ce que vous auriez, vous, fixé comme objectif ?
00:25:58 Actuellement, on est 3,7 ETP sur cette équipe.
00:26:03 Il faudrait au moins qu'on soit doublé, ce qu'on avait évalué.
00:26:05 En fait, actuellement, il faut comprendre que nos postes ne sont pas des postes remplacés.
00:26:10 En fait, moi, je suis la seule médecin sur l'équipe.
00:26:13 Ma collègue est la seule CHF coordonnatrice et on a des petits bouts, on va dire, de temps de psychologue.
00:26:18 On a un 0,20 d'assistance sociale.
00:26:20 On a un 0,5 de psychomotricienne qui, elle, se déplace beaucoup à domicile.
00:26:24 Et il nous faudrait au moins, il faudrait qu'on soit doublé, que chaque poste soit au moins doublé pour qu'on puisse assurer une continuité de soins et qu'il n'y ait pas de rupture dans la continuité et qu'on puisse faire du domicile de manière plus large.
00:26:37 Et la problématique, c'est un problème de moyens financiers ou un problème de ressources humaines ou des deux ?
00:26:42 Les deux, mais surtout un problème de moyens financiers.
00:26:46 À l'heure actuelle, on a eu un premier financement par l'ARS qui nous a permis de constituer notre équipe, mais actuellement, il nous manque effectivement un financement pour pouvoir embaucher d'autres personnes et plus se déployer.
00:27:01 Donc, je vais avoir une deuxième question.
00:27:05 C'est plutôt vers vous que je vais me tourner.
00:27:09 Alors, j'ai trouvé, on partage les constats, on avait les chiffres.
00:27:12 Nous, on était effarés en fait sur les premières auditions, quand on a ouvert cette mission sur la périnatalité.
00:27:19 Le premier chiffre qui est tombé le lendemain, d'ailleurs, c'était le premier taux de la première raison de mortalité, la première cause de mortalité chez les mamans en postpartum était le suicide.
00:27:30 Ça nous a un peu glacés du coup.
00:27:32 Vos propos également m'ont un petit peu donné quelques frissons.
00:27:37 Je pense qu'il faut vraiment, il est vraiment urgent à agir, que ce soit sur l'organisation, que sur les prises en charge de psychiatrie et de la périnatalité.
00:27:48 On voit bien que c'est quand même assez inquiétant.
00:27:50 Enfin, moi, je prends le terme comme il me vient.
00:27:53 Et puis, je me posais la question.
00:27:56 On est toujours confronté sur cette audition face à l'idéal que l'on voudrait atteindre et la réalité des ressources humaines que l'on a pour mener à bien les missions.
00:28:10 Alors, vous avez un peu engagé le débat.
00:28:13 C'est les questions que je voulais en fait vous poser.
00:28:15 C'est est ce que vous ne pensez pas ?
00:28:20 On met quand même, malgré tout, on ne peut pas dire qu'on n'a pas mis d'argent, que l'État, le gouvernement n'a pas mis d'argent dans la santé.
00:28:27 On n'est pas un taux de PIB le pire des pays européens et pour autant, on n'est franchement pas les meilleurs.
00:28:32 Est ce que vous ne pensez pas qu'il y a effectivement, mais vous l'avez dit, je crois, donc voilà, vous allez peut être préciser votre pensée.
00:28:37 Une question déjà de repérage précoce.
00:28:40 Est ce qu'on ne passe pas à côté de certaines choses ?
00:28:42 Il n'y a pas des petites actions, peut être pas très onéreuses faites par des professionnels qui ne sont peut être pas des professionnels sur lesquels on a de la problématique,
00:28:50 mais plutôt former des gens à faire du repérage ?
00:28:53 Est ce que ça, ce ne serait pas une solution pour tenter d'identifier les personnes les plus fragiles ?
00:28:58 Est ce qu'ensuite, dans ce parcours là, alors il y a les 1000 jours, on a auditionné l'association ce matin,
00:29:05 où on voit bien qu'il y a un concept de suivi des familles très tôt pendant les 1000 premiers jours.
00:29:13 Mais là, ce n'est pas les 1000 parce qu'ils s'arrêtent au bout d'un an.
00:29:16 Pareil, faute de ressources, etc.
00:29:18 Mais bon, admettons pré-natale et au moins une année post-natale qui permet de continuer peut être à avoir ces parents là,
00:29:26 ces familles entre guillemets à l'œil et continue à les accompagner.
00:29:30 Et peut être que ça ne nécessiterait pas au bout d'un moment, si elles n'étaient pas lâchées dans la nature,
00:29:34 un suivi psychiatrique ou psychologique plus renforcé.
00:29:37 Parce que justement, on aurait des amorcées, des solutions orientées plutôt,
00:29:41 toujours avec des professionnels, peut être qu'on pourrait former, sans que ce soit des gynéco obstétriciens,
00:29:47 les âges femmes, tous ceux qui nous manquent aujourd'hui.
00:29:49 Et puis, est ce que dans cette, donc en cours, il y a une gradation, l'intégration des 1000 premiers jours,
00:29:56 de quelle manière vous pouvez, on pourrait réfléchir pour pouvoir faire ce suivi assez tôt.
00:30:02 Et puis, est ce qu'il n'y a pas de nécessité non plus de former tous les professionnels de santé sur un mode,
00:30:09 tout le monde ne sera pas psychiatre, mais peut être infuser cette culture.
00:30:14 Je crois que jusque là, on a peut être peut être insuffisamment pris en compte un petit peu.
00:30:21 Est ce que vous avez vous des propositions et j'ai entendu que vous faisiez de la recherche.
00:30:25 Donc, est ce que dans ce cadre de la recherche, il n'y a pas des expérimentations à mettre en place?
00:30:29 Moi, je suis assez, je pense qu'on est assez, assez fan de l'évaluation des choses et des dispositifs que l'on met en place.
00:30:40 Donc, est ce qui pourrait être proposé avec une forme d'évaluation et peut être quelque chose de duplicable à terme pour améliorer les choses?
00:30:48 Si je peux rebondir sur vos questions et sur ce que formulait nos collègues de la Côte Basque,
00:30:54 qui sont une équipe qui a quelques années de recul et qui montre une activité croissante.
00:30:58 Je n'ai pas expliqué au départ, mais le service dont je m'occupe a cette même proposition d'équipe mobile inscrit dans une offre de gradués.
00:31:06 On a une consultation des équipes mobiles et puis une offre dite de recours qui s'appelle l'hôpital de jour.
00:31:11 On peut accueillir les bébés avec leurs parents pour la journée.
00:31:12 Et nous, on a un peu plus d'antéorité parce que ça fait dix ans que le service est structuré autour de la psychiatrie pérennale exclusivement.
00:31:20 Et on a le même constat d'une augmentation de l'activité.
00:31:22 Chaque année, on reçoit plus de familles que l'année précédente.
00:31:26 Quand on voit le contexte qui est celui de une baisse de l'hôpitalité, ça rejoint ce qu'on évoquait tous.
00:31:31 Je pense qu'on n'a pas encore atteint un plateau d'une offre suffisamment accessible pour les pour les usagers.
00:31:38 Ça, c'est un premier aspect.
00:31:40 Ensuite, concernant la question de l'idéal entre l'idéal et la réalité.
00:31:50 Moi, je crois quand même qu'on a un axe important, c'est que toutes les femmes, toutes les familles vont passer par la maternité.
00:31:55 Et c'est là qu'à mon avis est l'enjeu majeur.
00:31:58 C'est comment faire pour que les maternités soient suffisamment sensibilisées et suffisamment de ressources.
00:32:02 Et cette coordination, cette articulation entre l'offre éventuelle, graduée d'ailleurs.
00:32:06 Vous avez raison, toutes les personnes qui ont des moments de détresse psychique n'ont pas nécessairement à consulter un psychiatre ou un pédopsychiatre.
00:32:13 Mais c'est la question de la levée des obstacles à l'accès entre ce qui se passe à la maternité, ce qui est identifié et le recours à la médecine
00:32:23 générale, à la pédiatrie, à la PMI et éventuellement à l'offre plus spécialisée qui est la nôtre.
00:32:28 Donc, c'est vraiment une meilleure connaissance d'une offre déjà existante qui est très variable sur le territoire.
00:32:36 Je sais que sur le sud parisien, par exemple, l'offre de soins est bien plus achalandée que dans d'autres lieux.
00:32:43 Mais on voit aussi que parfois, simplement, les femmes ne savent pas à quoi accéder et n'ont pas une connaissance suffisante d'une offre.
00:32:52 Et ça rejoint votre question de comment faire pour mieux identifier.
00:32:56 On sait qu'un obstacle au dépistage, c'est en tant que professionnel, si je recherche alors que je ne sais pas quoi en faire, mieux vaut ne pas chercher.
00:33:06 Et donc, c'est aussi que les procès soient bien informés, qu'une structuration des réseaux et une visibilité de l'accessibilité aussi.
00:33:12 Ça, c'est un début de réponse.
00:33:14 Je sais pas si vous voulez préciser.
00:33:16 Alors moi, j'ai essayé d'apporter quelques pistes de réflexion.
00:33:22 Moi, je suis spécialisée en psychiatrie périnatale.
00:33:25 C'est une spécialité qui est vraiment holistique à l'interface entre la psychiatrie, la gynécologie, la pédiatrie et elle assure la prise en charge des mères et de leurs nourrissons.
00:33:35 La difficulté de cette spécialité, c'est justement de conjuguer conjointement les préoccupations pour les mères et pour les nouveaux nés, pour les enfants, avec des enjeux qui ne sont pas toujours convergents.
00:33:45 En France, cette spécialité, elle se transforme depuis ces dernières années et depuis l'année dernière, à la suite du décret du 28 septembre 2022, les structures assurant des soins en psychiatrie périnatale doivent être dotées à la fois d'un psychiatre adulte et d'un pédopsychiatre avec un regard porté à la fois sur les spécificités de la mère et du
00:34:05 développement de l'enfant.
00:34:05 Nous, on espère vivement que cette complémentarité, elle va enrichir la discipline.
00:34:11 Le regard du psychiatre spécialisé dans la prise en charge de l'adulte est indispensable pour la clinique périnatale.
00:34:17 La dépression du post-mortem, malgré ses spécificités, est avant tout une dépression qu'il faut traiter comme telle en suivant les recommandations valables pour toute forme de dépression.
00:34:28 Et malgré cette exigence, il existe trop peu de praticiens spécialisés en psychiatrie périnatale sur le territoire français.
00:34:35 Par ailleurs, c'est vrai que lorsqu'une dépression est diagnostiquée, les praticiens sont souvent réticents à prescrire des thérapeutiques médicamenteuses pendant la grossesse ou le post-mortem par crainte d'effet indésirable sur le fœtus ou le nourrisson.
00:34:47 Et il en résulte que finalement, certaines femmes avec des troubles psychiatriques chroniques, comme le trouble bipolaire de type 1 ou présent des symptômes dépressifs anténataux, ne reçoivent pas de traitement adapté.
00:34:59 Les professionnels de santé sont insuffisamment formés à la gestion des thérapeutiques pendant la grossesse.
00:35:05 Et pourtant, il y a des bases de données qui existent, comme celles du CRAT, qui sont précieuses pour guider les prescriptions.
00:35:10 Et il y a des recommandations qui sont proposées par les sociétés savantes et la littérature scientifique.
00:35:18 Il y a d'autres pistes de réflexion qu'on peut avoir.
00:35:23 Et je pense qu'il faut favoriser le dépistage précoce.
00:35:26 Et pour ça, il faut mieux former les sages-femmes en psychiatrie périnatale.
00:35:31 C'est vraiment crucial.
00:35:33 Elle constitue le premier rempart pour renforcer la santé mentale des femmes pendant cette période.
00:35:40 Et pourtant, l'accès à la formation en psychiatrie périnatale dans le cursus de Myotics est vraiment inégal sur le territoire, avec des variations conséquentes selon les universités.
00:35:53 À Sorbonne Université, nous, on mène une politique dynamique d'enseignement auprès des étudiants de sages-femmes.
00:35:57 Et elle bénéficie d'un très important volume d'enseignement de plus de 60 heures.
00:36:04 Donc, c'est vraiment ce type de formation en école de Myotics qui mériterait d'être uniformisé, à mon sens.
00:36:09 Peut-être qu'on peut aussi évoquer une sur-spécialité de sages-femmes en psychiatrie périnatale, qui pourrait être proposée sur le modèle de la sur-spécialisation des autres disciplines médicales, par exemple,
00:36:21 avec une formation supplémentaire des stages dédiés dans des unités de psychiatrie périnatale ou des unités mère-bébé, enfin, ou parents-bébé, maintenant, on les appelle comme ça.
00:36:30 Donc, il y a un véritable enjeu là-dessus.
00:36:34 Je voulais aussi parler de l'entretien post-natal précoce, qui est une consultation qui est souvent vécue comme une contrainte d'organisation pour les femmes,
00:36:47 qui présente déjà des difficultés dans la gestion du nourrisson et de la fratrie au quotidien.
00:36:53 Je pense que la consultation post-natale pourrait être systématisée en format de visite à domicile.
00:36:58 Je pense que c'est essentiel sur des modalités d'équipe mobile d'intervention ambulatoire précoce.
00:37:04 Encore une fois, la sages-femmes semble être un intervenant pivot essentiel pour assurer ce suivi ambulatoire post-partum au domicile.
00:37:12 On parlait de recherche tout à l'heure.
00:37:17 C'est vrai que la recherche est encore trop dépourvue.
00:37:23 La recherche en psychiatrie et en neurosciences périnatales n'est pas assez soutenue.
00:37:30 À l'international, plusieurs équipes ont montré que les transformations cérébrales et les modifications hormonales pendant la grossesse participaient à fragiliser la santé maternelle.
00:37:40 Des traitements de nouvelles générations, fondés sur ces découvertes, comme les traitements dérivés des neurostéroïdes, sont disponibles aux États-Unis, mais ne bénéficient pas d'autorisation en France.
00:37:52 Je ne sais pas si vous avez entendu parler de la brexanolone ou de la zuraanolone, nouveau traitement sorti récemment.
00:37:58 Je pense que nous devons soutenir les nouvelles modalités de recherche sur la santé mentale maternelle,
00:38:03 en renforçant le lien entre ces unités cliniques de psychiatrie périnatale et les équipes scientifiques.
00:38:10 Dernière piste de réflexion, je crois que l'utilisation des nouvelles technologies, telles que les applications en ligne,
00:38:19 constitue aussi un moyen efficace de maintenir un lien thérapeutique avec les patientes, en particulier dans les contextes de confinement ou d'isolement social.
00:38:27 Ces outils permettent d'évaluer et de repérer les patients à risque et de les orienter vers des services spécialisés en santé mentale périnatale pour un suivi adapté à leurs besoins.
00:38:38 A l'aide d'un financement par l'ARS, nous sommes en train de développer avec notre équipe une application numérique de suivi et d'accompagnement,
00:38:47 appelée SmartPartom, destinée à la prévention et à la prise en charge de la dépression du postpartum.
00:38:52 Cette application propose un dépistage numérique des symptômes de dépression et des interventions thérapeutiques avec des niveaux graduels de réponse selon l'intensité de la symptomatologie dépressive.
00:39:07 Même si elles ne permettent pas de garder un lien avec les mères pendant la période du postpartum, ces applications n'ont pas vocation à concurrencer les prises en charge conventionnelles.
00:39:17 Et dans la même lignée, nous avions proposé avec le Dr Hugo Baudemann en 2023 à la DGOS, la création d'une équipe spécialisée d'évolu à l'accueil téléphonique,
00:39:27 l'accompagnement et l'orientation des femmes présentant des symptômes de dépression du postpartum,
00:39:33 s'articulant avec le dispositif inclus dans l'application des 1000 premiers jours et proposant la passation de l'échelle d'Édimbourg.
00:39:41 Notre projet, appelé Artemis, proposait la création de cette plateforme téléphonique nationale adossée à cette application et qui permettait de mettre en contact les mères avec des équipes spécialisées dans la santé mentale maternelle sur l'ensemble du territoire.
00:39:58 Il était construit sur le modèle de la plateforme Vigilance, existante en psychiatrie sur le territoire pour la prévention du suicide.
00:40:05 Donc, on avait mis un plan de financement défini et un programme opérationnel, mais malheureusement, ce projet n'a pas été retenu par la DGOS et l'équipe de la start-up d'État 1000 premiers jours avec laquelle nous y travaillons n'a pas été reconduite sur les financements 2023-2025.
00:40:21 Tous les documents relatifs à ce projet sont à la disposition de la Commission.
00:40:28 Je vais me permettre de rebondir.
00:40:33 On parlait de petites actions, simplement de parler de santé mentale aux parents.
00:40:37 On se rend compte aujourd'hui qu'en Antais, on parle beaucoup de la santé physique.
00:40:41 On va expliquer la grossesse, on va parler de plein de sujets autour de la grossesse.
00:40:45 La santé psychique, elle est peu, voire quasiment pas abordée avec les parents.
00:40:50 Et on sait que s'ils avaient l'information dès cette période-là, dès la grossesse, il y aurait vraiment une possibilité d'être moins démunis dans l'après.
00:40:59 Nous, les parents, quand ils viennent jusqu'à nous, il y a des phrases quand même assez récurrentes qui reviennent régulièrement.
00:41:07 C'est "je ne sais pas ce qui m'arrive".
00:41:09 Donc, ça veut dire qu'on n'a pas forcément eu d'informations sur ce sujet-là.
00:41:13 "Je n'ai pas l'instant maternel".
00:41:16 Ça, ça revient régulièrement.
00:41:17 "Je devrais être la plus heureuse des femmes, mais je suis triste".
00:41:20 "Et je ne sais pas vers qui me tourner".
00:41:22 On sait que quand ils sortent de la maternité, généralement, il n'y a pas eu d'informations sur les possibilités de prise en charge autour de ce sujet-là.
00:41:30 Donc, ils ne vont pas forcément retourner à la maternité.
00:41:33 Peut-être parfois parce qu'à la maternité, ça ne s'est pas forcément extrêmement bien passé.
00:41:37 Ou qu'ils pensent qu'une fois sorti de la maternité, on ne peut pas y retourner.
00:41:43 Donc, parfois, il y a des consultations avec le psychologue de la maternité qui sont envisageables, mais ils ne le savent pas.
00:41:48 Pour certains parents, ils ne savent pas ce qu'est la PMI.
00:41:52 On a eu parfois des jeunes femmes qui nous ont demandé ce qu'était la PMI.
00:41:56 Donc, il y a toute cette question d'information qui est quand même un peu plus présente qu'avant, mais quand même pas tant que ça.
00:42:03 Et ce qu'on voit aussi, on parlait de formation des professionnels de santé.
00:42:07 Ce qu'on voit, c'est que certains professionnels de santé, et je ne vais pas faire de généralité autour d'une profession en particulier,
00:42:14 mais en tout cas, parlent de baby-blues et s'en arrêtent là.
00:42:16 Même quand la femme présente des signes quand même assez importants de souffrance psychique.
00:42:21 Ce qui fait que quand on s'arrête aux baby-blues, ça empêche le parent d'aller aux soins.
00:42:26 Ça empêche le parent de dire ce qu'il traverse.
00:42:28 Et puis, il y a une forme de banalisation de la souffrance psychique.
00:42:32 Et quand le mal-être s'installe de façon insidieuse, ce qui arrive,
00:42:35 parce qu'on sait que la dépression post-natale, c'est dans la première année de vie de l'enfant qu'il y a un pic bien plus tardivement.
00:42:40 Si je ne me trompe pas, chaque fois que je me trompe, c'est entre 4 et 6.
00:42:43 Et pour le coup, on a parfois des femmes qui nous disent, j'en ai parlé par exemple au médecin traitant,
00:42:52 qui m'a dit que ça ne pouvait pas être une dépression post-natale parce que je ne suis pas dans l'après-accouchement.
00:42:55 Donc, si ce n'est pas ça, on va passer à autre chose.
00:42:58 Je vais vous donner quelques vitamines et puis on va faire un petit check-up.
00:43:01 On a aussi la question de donner un traitement à quelqu'un sans lui proposer de suivi derrière.
00:43:07 C'est bien d'avoir des traitements médicamenteux quand ils sont nécessaires,
00:43:11 mais il faut aussi proposer des suivis psychologiques quand c'est nécessaire,
00:43:14 un suivi psychiatrique, une proposition d'hospitalisation de jour ou temps plein s'il y a besoin.
00:43:19 Voilà, c'est de ne pas laisser les parents comme ça.
00:43:21 Et je voulais rajouter un dernier point qui m'est sorti de l'esprit.
00:43:25 La question de la formation des professionnels de santé.
00:43:28 Les parents vont rencontrer un nombre de professionnels impressionnants durant la grossesse.
00:43:33 Gynécologue, sage-femme.
00:43:35 Pour celles qui présentent, qui vont être alités par exemple, un flébologue.
00:43:39 Si elles ont un diabète gestationnel, un diabétologue, des puerdes,
00:43:43 des cosciliaires puerdes, un médecin traitant, un pédiatre, un kiné.
00:43:46 Sur tout cet ensemble de professionnels de santé,
00:43:48 pour certaines qui présentent déjà des signes de souffrance psychique en antenne natale,
00:43:52 on se rend compte que parfois, il n'y a rien qui a été vu et elles arrivent à l'accouchement
00:43:56 très souvent dans un état psychique assez dégradé.
00:43:59 Donc les professionnels de santé, on se rend bien compte qu'ils ne sont pas forcément formés
00:44:02 ou en tout cas pas assez sensibilisés à cette question-là.
00:44:08 Et je voulais juste rajouter une dernière petite chose avant d'oublier.
00:44:11 On a parlé d'applications numériques.
00:44:15 Je voulais quand même faire un tout petit aparté concernant l'application des 1000 premiers jours,
00:44:19 qui est une application qui a eu le jour en juillet 2021,
00:44:23 qui est une application qui a été portée par le ministère,
00:44:26 à laquelle on a collaboré pendant un an et demi,
00:44:29 d'octobre 2021 à avril 2023.
00:44:33 C'est une application qui a commencé avec un budget assez conséquent
00:44:37 pour pouvoir développer cette application.
00:44:39 Et à l'intérieur de l'application, le dispositif 1000 jours Blues,
00:44:42 qui permet toujours de passer le PDS en ligne
00:44:47 et d'avoir derrière quelqu'un qui puisse répondre,
00:44:49 déjà apporter une première écoute, orienter si nécessaire.
00:44:54 Sauf que cette application tend à être en danger assez régulièrement
00:44:59 du fait de budgets qui ne sont pas renouvelés forcément de façon pérenne,
00:45:04 voire des petits budgets sur des courtes durées.
00:45:07 Le 27 février de cette année, on a lancé une pétition
00:45:11 parce qu'on a appris que le dispositif 1000 jours Blues allait être arrêté.
00:45:15 Il y a eu une pause de une à deux semaines et un nouveau budget a été alloué.
00:45:21 Donc ça pose quand même une problématique autour de cette question de la santé mentale,
00:45:25 que l'on met en lumière, on doit accompagner les parents,
00:45:28 mais ce qui est existant, quand il y a de l'existant, n'est pas forcément porté.
00:45:31 Très bien, merci.
00:45:37 Oui, je crois que vous avez demandé la parole.
00:45:39 Oui, l'équipe mobile de Bayenne.
00:45:45 Nous voulions rebondir sur ce qu'avait dit le docteur Joly concernant les sages-femmes,
00:45:49 comme quoi elles étaient le premier rempart face à la souffrance des femmes.
00:45:51 On est tous à fait d'accord et comme quoi elles manquent de formation.
00:45:54 Nous, quand notre équipe a vu le jour, là, en 2021,
00:45:58 on a décidé de faire une formation obligatoire à toutes les sages-femmes de la maternité de Bayenne.
00:46:04 On a fait sur deux ans des sessions régulières.
00:46:07 J'ai fait des petits cours de psychiatrie périnatale,
00:46:11 et ma collègue a fait des cours sur les interactions précoces,
00:46:13 maman-bébé, le repérage et le soutien à ces interactions.
00:46:18 C'est vrai qu'on a réussi à informer toutes les sages-femmes de la maternité de Bayenne
00:46:26 et de la maternité de Saint-Palais.
00:46:28 On a pour objectif aussi de créer une formation territoriale,
00:46:32 mais c'est pour dire qu'effectivement, on s'est rendu compte que les sages-femmes,
00:46:36 elles étaient très heureuses d'avoir cette petite information pour ces petits cours.
00:46:40 À la fin, elles venaient souvent nous dire qu'effectivement,
00:46:43 il y avait plein de choses qu'elles constataient en consultation
00:46:46 quand elles savaient les patients en face d'elles,
00:46:48 mais elles n'avaient pas forcément les mots pour le dire,
00:46:49 elles n'avaient pas forcément la formation adéquate,
00:46:51 et donc elles étaient assez satisfaites d'avoir été informées sur ce sujet.
00:46:55 Et suite à cette petite campagne de formation,
00:46:59 on a constaté que les sages-femmes nous appelaient beaucoup plus
00:47:02 parce qu'elles faisaient du meilleur repérage, en fait,
00:47:05 les sages-femmes de consultation lors du site grossesse,
00:47:08 et notamment effectivement sur les sages-femmes en suite de couche.
00:47:11 Donc, c'est important, effectivement, sur ce que vous avez dit,
00:47:14 de former les sages-femmes sur la psychiatrie périnatale.
00:47:20 Et la même chose sur le terrain,
00:47:21 c'est-à-dire qu'on reprend des situations cliniques sur le terrain en équipe,
00:47:24 sur les comportements des patients qui ont été surpris, étonnés,
00:47:29 choqués parfois, dérangés,
00:47:31 de manière à ce que les sages-femmes aient cette sensibilité aussi
00:47:35 et tolèrent un système qui fait peur d'une patiente qui a des propos incohérents,
00:47:40 qui pleure, qui est en colère, qui est effondrée,
00:47:44 enfin c'est un peu effrayant,
00:47:45 donc il y a aussi les professionnels de santé de première ligne à contenir.
00:47:49 Une autre chose que je voudrais dire,
00:47:51 moi c'est sur le développement de l'offre de soins,
00:47:53 parce que le repérage est meilleur,
00:47:54 l'offre de soins peut-être pas,
00:47:56 c'est-à-dire qu'effectivement il ne faut pas toujours un psychiatre
00:47:59 pour une patiente en dépression,
00:48:00 par contre si elle pouvait avoir un accompagnement psychologique
00:48:04 pendant quelques séances,
00:48:05 parfois c'est extrêmement bénéfique en peu de séances,
00:48:08 c'est très variable d'une patiente à l'autre,
00:48:10 mais sur le même mode que le remboursement de séances de rééducation périnéale,
00:48:14 pourquoi ne pas imaginer un système
00:48:16 où une patiente aurait le droit, en fonction de ses besoins,
00:48:19 de 1 à 10 ou 15 séances chez une psychologue qui serait remboursée,
00:48:24 et ce serait peut-être,
00:48:25 je dis ça spontanément,
00:48:28 ce serait peut-être un moyen d'avoir une offre de soins accessible à tous,
00:48:33 parce que remboursée.
00:48:34 Et de même, vous parliez des médecins généralistes, des pédiatres,
00:48:37 nous on constate que dans notre pratique clinique,
00:48:40 on est très peu appelés finalement par les médecins généralistes
00:48:42 et les pédiatres en post-natal,
00:48:43 or par exemple les pédiatres,
00:48:44 c'est eux qui sont amenés à voir régulièrement,
00:48:47 pour le suivi somatique ou le suivi du développement de leur enfant,
00:48:49 les enfants avec leurs parents,
00:48:52 et c'est vrai qu'on constate qu'ils n'ont pas forcément la formation suffisante,
00:48:55 ne serait-ce que pour poser des questions sur l'état de santé mentale
00:48:57 du père ou de la mère,
00:48:59 et du coup, en tout cas nous dans notre pratique,
00:49:01 on a très peu d'appels des médecins généralistes et des pédiatres,
00:49:04 beaucoup plus des sages-femmes ou des gynécologues obsétriciens,
00:49:07 et on se dit que de ce côté-là aussi, il y a un vrai manque de formation.
00:49:10 Très bien, merci, c'est une piste intéressante.
00:49:16 Moi, j'aurais trois questions à vous poser.
00:49:20 Je suis comme Véronique,
00:49:21 on a découvert cette problématique de troubles psy, de suicide,
00:49:27 de quand est-ce que vous datez cette évolution ?
00:49:31 Parce que bon, on en a déjà discuté,
00:49:33 on a toutes les deux eu plusieurs enfants,
00:49:35 et puis on n'a jamais été confronté,
00:49:38 ni nous, ni notre entourage à cette problématique.
00:49:42 On parlait du Baby Blue, oui, mais pas au-delà,
00:49:45 et vraiment, depuis qu'on fait ces auditions,
00:49:47 ça revient très régulièrement.
00:49:49 Quand on est allé visiter l'hôpital Robert-Debré aussi,
00:49:52 les équipes ont beaucoup insisté sur cette problématique.
00:49:56 Est-ce que vous pouvez dater ?
00:49:57 Est-ce qu'il y a eu une bascule ?
00:49:59 Est-ce que c'est une meilleure connaissance ?
00:50:02 Aussi bien suite aux recherches qui sont faites,
00:50:05 est-ce que c'est une évolution de la société ?
00:50:07 Est-ce que c'est l'éclatement des familles ?
00:50:09 Est-ce qu'il y a moins les générations au-dessus qui donnaient des conseils ?
00:50:14 Est-ce que ce sont les réseaux sociaux qui amènent une certaine anxiété ?
00:50:18 Enfin, voilà.
00:50:19 De quand est-ce que vous pouvez dater cette bascule ?
00:50:22 Est-ce que vous avez des éléments ?
00:50:24 Parce que moi, j'avoue que j'ai un peu du mal à comprendre
00:50:27 pourquoi on en arrive à ce stade-là,
00:50:29 alors que je ne sais plus qui disait qu'effectivement,
00:50:32 la grossesse est l'avenue d'un enfant.
00:50:34 Enfin, ça doit être une joie, et pour nous, c'était des joies.
00:50:37 Et maintenant, on se rend compte que les jeunes couples
00:50:39 sont beaucoup plus face à des difficultés à cette période-là de leur vie.
00:50:44 La deuxième question, c'était, je voulais m'adresser
00:50:48 au chiffre que vous nous avez donné pour hémopsie.
00:50:51 On voit une très nette évolution sur trois ans.
00:50:54 Alors, est-ce que c'est le bouche à oreille ?
00:50:56 Est-ce que vous avez un meilleur dépistage ?
00:51:00 Est-ce que vous en avez parlé à l'ensemble des professionnels de santé
00:51:05 qui, de ce fait-là, sont beaucoup plus attentifs ?
00:51:08 Et ça induit ma troisième question.
00:51:11 Quelle est pour vous, finalement, la porte d'entrée ?
00:51:14 Est-ce qu'il y a un professionnel de santé plus spécifique
00:51:19 qui va faire le dépistage ?
00:51:21 Ou est-ce que c'est l'ensemble des professionnels qui vont entourer un couple ?
00:51:27 Parce que j'intègre les paires.
00:51:29 Je crois que de mémoire, on nous avait parlé de 9%.
00:51:32 Et docteur, vous nous avez parlé de 8 à 10, donc on est sur les mêmes chiffres.
00:51:38 Est-ce que c'est lors de la première visite du début de grossesse ?
00:51:43 Est-ce qu'il y a à identifier un moment spécifique ?
00:51:48 Ou bien c'est l'ensemble des personnels de santé qui doivent être mis dans la boucle ?
00:51:52 Merci.
00:51:54 Je vous laisse.
00:52:00 Allez-y, vous pouvez toutes et tous répondre.
00:52:03 Alors, je peux commencer ?
00:52:05 Docteur Jolie, oui.
00:52:06 Sur votre première question, je crois que les troubles psychiques périnataux ont toujours existé.
00:52:12 Simplement, il y a une évolution sociétale qui fait qu'il y a une libération de la parole.
00:52:19 Les femmes s'autorisent plus à verbaliser leurs difficultés.
00:52:22 Le fait d'avoir un enfant, ce n'est pas l'euphorie qu'on décrit auparavant.
00:52:30 Je dirais que peut-être les femmes subissent un peu moins la pression sociale.
00:52:35 Les réseaux jouent beaucoup avec des choses comme le hashtag #lebonpostpartum.
00:52:43 On voit une certaine libération de la parole sur des troubles qui existent depuis toujours.
00:52:49 Peut-être que la pandémie Covid a majoré les troubles périnataux et notamment anxieux et dépressifs.
00:52:59 C'est sur ce point-là.
00:53:03 Sur votre dernière question concernant le professionnel qui serait le plus à même de coordonner tout ça,
00:53:12 moi je pense que c'est vraiment la sage-femme qui a vraiment un rôle pivot.
00:53:20 C'est vrai que sur les maternités, nous avons des staffs de parentalité qui réunissent tous les professionnels de périnatalité,
00:53:28 donc les sages-femmes, autostéricien, la PMI, les réseaux ambulatoires.
00:53:32 Ils jouent un rôle crucial dans la coordination des soins.
00:53:36 Mais la continuité n'est pas toujours assurée après l'accouchement.
00:53:40 Souvent, on voit que ça se passe plutôt bien pendant la grossesse parce qu'il y a beaucoup de rendez-vous.
00:53:45 Les choses se font.
00:53:49 Mais par contre, après la sortie de l'hôpital, il y a une sorte de désert.
00:53:54 Je pense qu'une sage-femme référente pour chaque grossesse qui pourrait assurer la continuité anté- et post-natale serait vraiment cruciale.
00:54:06 Ça ne doit pas forcément être un soignant, à mon avis, hospitalier.
00:54:12 Ça pourrait être ancré dans des structures ambulatoires ou des interfaces ville-hôpital sur le modèle de ce qui se fait avec la maison des femmes,
00:54:20 par exemple dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes au sein des centres hospitaliers.
00:54:25 Sur le même registre, nous assurons par exemple à l'hôpital Saint-Antoine des soins de psychiatrie périnatale en relation avec les réseaux périnataux d'Île-de-France.
00:54:34 Et cet hôpital, il ne bénéficie pas d'une maternité, mais propose une offre de soins avec des consultations et une hospitalisation spécialisée pour les femmes en souffrance.
00:54:44 Donc voilà, pour moi, la sage-femme, elle pourrait coordonner tous ses soins et il y aurait moins de perdues de vue.
00:54:53 Et aussi pour les femmes qui loupent des rendez-vous à la maternité, ces femmes-là, on les revoit que le jour de l'accouchement.
00:55:00 Elle pourrait être vigilante et pouvoir rappeler ses patientes qui sont perdues.
00:55:08 — Moi, je vais me permettre, je vais rebondir sur ce que dit le Dr Joly, c'est sur la question de la libération de la parole.
00:55:16 Maman Blouze a 20 ans. Il y a 20 ans, on parlait pas comme ça de la santé mentale périnate. Les femmes étaient beaucoup vues, quand elle l'évoquait, comme des folles.
00:55:27 On a encore cette vision, mais on en sort quand même pas mal. Donc je pense qu'au contraire, les réseaux peuvent avoir un côté hyper anxiogène
00:55:36 avec ces réseaux de personnes qui publient des photos hyper instagrammables d'une maternité idéale où tout va bien, tout est beau, l'enfant est beau, il meurt pas.
00:55:50 Mais on trouve aussi beaucoup de contes aujourd'hui de femmes qui évoquent ce qu'elles traversent, et pas seulement des souffrances psychiques périnates,
00:55:58 juste, elles parlent de maternité, tout ce que ça peut représenter. Donc le fait de pouvoir parler, de pouvoir dire, le fait que les femmes parlent
00:56:08 et que la voix des femmes soit entendue, ça change quand même beaucoup la donne. La seconde chose, sur la question de la porte d'entrée, là où je voulais rebondir,
00:56:17 c'est aussi que parfois il y a déjà des professionnels de santé dans la boucle. Il y a déjà des professionnels, comme des psychiatres,
00:56:22 quand ce sont des femmes qui ont des troubles psychiques préexistants, qui ne seront jamais en lien avec les professionnels de la maternité,
00:56:29 et ça c'est une vraie problématique. Il faudrait du départ, dès qu'il y a un projet de conception où le processus est annoncé, est réel,
00:56:40 que le professionnel de santé qui suit la personne, quel qu'il soit, un médecin traitant, un psychiatre, se mette en lien avec les autres professionnels de santé
00:56:47 qui vont la suivre pendant sa grossesse. Ça me semblerait logique, parce que nous on a parfois des femmes qui ont un psychiatre qui leur a dit
00:56:54 "bon ben on arrête tout, elles ont un traitement, elles arrêtent du jour au lendemain", alors que forcément il ne faut pas arrêter un traitement durant la grossesse,
00:57:01 et qu'elles arrivent dans des états psychiques extrêmement dégradés à la fin de la grossesse.
00:57:06 Je l'ai déjà dit, mais j'insiste sur le fait que c'est une question aussi d'échange culturel. La culture de la pratique en psychiatrie est assez différente de la culture de la maternité,
00:57:17 et on doit apprendre les uns des autres. Et ça demande, ce qu'on évoque tous, comment faire pour la coordination. Je crois qu'on défend tous la place des sages-femmes,
00:57:25 des sages-femmes de coordination, comme notre collègue, et qui permet aussi cet échange autour de domaines différents.
00:57:33 L'expérience qu'on a, nous, pour les troubles psychiatriques chroniques, c'est que les femmes qui ont un trouble bipolaire ou qui ont une schizophrénie,
00:57:41 elles vont se sentir particulièrement menacées par notre système et stigmatisées par les propositions qui sont faites.
00:57:47 Il faut donc qu'on trouve des personnes qui sont des interlocuteurs pour faciliter l'accès aux soins psychiques et l'accès à la maternité, comme tout un chacun.
00:57:56 Et pour ça, il va falloir proposer un accompagnement plus spécifique et plus renforcé.
00:58:00 D'où la nécessité de former les sages-femmes aussi, comme disait le Dr Joly, avec des modules de formation suffisants.
00:58:10 Juste, ça existe depuis un moment parce qu'il faut se souvenir que François Smolénap et d'autres psychiatres avaient beaucoup défendu le principe de l'entretien prénatal précoce,
00:58:17 de la sage-femme de coordination, il y a déjà 20 ans.
00:58:19 Il disait bien que les sages-femmes étaient les premières interlocutrices pour accéder aux émotions et à la détresse psychique avant même d'avoir les psychologues ou les psychiatres.
00:58:26 Donc ça a 20 ans et ça se diffuse quand même.
00:58:30 Oui, mais apparemment, on a entendu que l'enseignement était très irrégulier d'un territoire à l'autre.
00:58:38 Oui, mais c'est aussi une question de formation initiale et formation continue.
00:58:41 Quand on est sage-femme, je pense qu'au début, quand on veut être sage-femme, on veut faire naître des bébés et que les mères puissent être en bonne santé après la naissance.
00:58:50 Et je crois que c'est après qu'on découvre que finalement, une fois sur cinq, on va avoir des femmes qui vont être débordées par leurs émotions.
00:58:55 Et donc la formation initiale, c'est très bien.
00:58:57 Mais je pense que c'est aussi une question de revenir sur le métier régulièrement, ce qu'évoquent nos collègues sur la formation continue à l'intérieur des maternités.
00:59:05 Quand les problématiques ont émergé pour les professionnels, ils ont besoin de réponses et de réseaux.
00:59:10 Et si je peux me permettre, c'est aussi de permettre que les pères aidants, les personnes concernées, puisque dans notre association, ce ne sont que des femmes concernées,
00:59:21 puissent intégrer ces formations pour qu'elles puissent redonner du sens, qu'on est quelqu'un face à soi qui a vécu quelque chose.
00:59:28 On a toutes des vécus très différents, mais pour certaines, avec des vécus assez conséquents.
00:59:32 Et c'est intéressant pour le personnel de santé d'avoir face à soi quelqu'un qui l'a traversé et comment il l'a traversé.
00:59:37 Et juste pour une expérience pratique, vous parliez tout à l'heure de l'évolution éventuelle.
00:59:42 On a l'air d'accord les uns et les autres sur le fait que ce n'est probablement pas une évolution, c'est probablement une meilleure visibilité de ces problématiques,
00:59:47 en tout cas concernant les dépressions périnatales.
00:59:49 C'est probablement très différent pour les troubles psychiatriques parce que les traitements ont fait évoluer les choses.
00:59:53 Il y a plus de femmes qui ont des troubles psychiatriques sévères qui peuvent avoir un enfant.
00:59:56 Mais par contre, dans notre pratique du quotidien, moi, quand j'ai commencé, il y a une quinzaine d'années,
01:00:01 j'entendais très peu les manifestations autour de "j'ai des idées noires, des idées suicidaires".
01:00:06 Et ça, par contre, je pense que la libération de la parole permet d'accéder à libérer cette possibilité pour les femmes d'oser dire ce qu'elle a traversé avant,
01:00:15 mais pour lequel elle n'avait pas un interlocuteur.
01:00:16 Je pense à ça, moi, dans ma pratique, quand j'ai commencé comme pédopsychiatre, je m'occupais des enfants de 0 à 18 ans.
01:00:21 Et ce qui m'a donné envie de faire la psychiatrie périnatale, c'est parce que je voyais les enfants de 6 ans, de 10 ans, qui venaient consulter pour eux-mêmes
01:00:27 et dont les parents disaient "dès le début, on a été en difficulté ensemble.
01:00:30 Dès le début, j'ai eu l'impression que ce lien n'arrivait pas à se construire".
01:00:33 C'est ça qui nous a donné envie, je crois, et aux uns et aux autres d'intervenir le plus précocement possible.
01:00:37 Oui, je vous laisse la parole, Pays Basque.
01:00:44 Oui, je rejoins tous les intervenants, vraiment, avec ma collègue médecin,
01:00:52 notamment sur le fait que la position de sage-femme permet un accès plus fluide et moins effrayant aux soins psychologiques et psychiatriques.
01:01:00 Moi, je l'ai découvert en démarrant cette équipe.
01:01:03 C'était la première fois que je travaillais avec un psychiatre et un psychologue, aussi directement.
01:01:08 Et en fait, les patients me disaient "je veux bien rencontrer la sage-femme, et après, je verrai".
01:01:11 Et en fait, après ce rendez-vous d'accueil, ce premier rendez-vous,
01:01:14 elles se disaient "tiens, oui, pourquoi pas, pourquoi pas, j'ai des angoisses, je dors pas, j'ai peur, pourquoi pas, voire peut-être la psychologue".
01:01:22 Et c'est comme ça que s'introduisent progressivement ces notions d'accompagnement psychologique et psychiatrique.
01:01:27 Parce qu'une fois qu'il y a eu un adressage vers notre équipe,
01:01:30 le premier entretien d'accueil est systématiquement réalisé par notre collègue sage-femme,
01:01:35 et qui fait aussi de la coordination.
01:01:37 Donc, une fois que ce premier rendez-vous a été effectué, effectivement, c'est une bonne porte d'entrée.
01:01:41 Et on constate que les patientes, elles sont plus rassurées, en effet, de ne pas avoir comme premier interlocuteur,
01:01:46 la psychologue, la psychiatre n'en parlons pas, mais c'est vrai qu'elles sont plus rassurées.
01:01:50 Et un lien de confiance, un espèce d'environnement de bienveillance s'instaure autour d'elles,
01:01:54 et là, elles acceptent secondairement après de rencontrer tel ou tel professionnel.
01:01:57 Donc vraiment, on constate que c'est...
01:02:00 Oui, comme tu dis, c'est fascinant, c'est fluidifiant en tout cas d'avoir ces consultations avec les sage-femmes,
01:02:06 mais ça nécessite qu'elles aient un bon niveau de formation.
01:02:09 Parce que ça ne s'improvise pas non plus.
01:02:12 Et autre chose que je voulais dire sur la dépression périnatale,
01:02:18 en fait, c'est une dépression qui est très culpabilisante.
01:02:20 En fait, il y a systématiquement une terrible honte associée à cet état dépressif
01:02:24 qui n'est pas justifié par la société, la famille, l'environnement.
01:02:29 Et c'est, je fais une dépression, alors je devrais être heureuse.
01:02:32 Et c'est vrai qu'il y a une honte associée qui est difficile à déposer,
01:02:36 mais une fois qu'elle est déposée et qu'on peut dire à ces femmes "vous n'êtes pas seules",
01:02:40 ou alors c'est avec plus ou moins d'intensité,
01:02:42 "il se trouve que vous, c'est très intense, c'est très douloureux, on va vous aider, on va vous accompagner".
01:02:46 Mais il y a aussi, outre tout ce qu'on peut déployer,
01:02:48 une crainte d'avoir affaire à nos soins, à nos accompagnements,
01:02:52 et puis une peur plus poussée aussi de ce que ça pourrait induire.
01:02:56 "Mais si je suis déprimée, ça veut dire que je ne vais pas savoir m'occuper de mon bébé,
01:02:59 ça va peut-être dire qu'on va me l'enlever".
01:03:01 Et voilà, ça a été peut-être déjà dit, mais ça me revient.
01:03:04 C'est beaucoup de peur, beaucoup de peur des professionnels,
01:03:07 parce que "est-ce que la dame ne va pas se suicider ?
01:03:09 Est-ce que la dame va trop mal et je ne m'en suis pas aperçue ?"
01:03:12 et beaucoup de peur des professionnels, des patientes et de leurs conjointes.
01:03:16 Très bien. On parlait tout à l'heure de l'information, qu'il y avait un manque d'informations.
01:03:23 Je voulais vous dire que justement, notre mission d'information organise une table ronde le 14 mai,
01:03:29 où on a invité des journalistes, des podcasteurs,
01:03:32 justement pour parler un petit peu de cette problématique
01:03:35 et puis arriver à faire diffuser un petit peu,
01:03:38 les sensibiliser en tout cas à la problématique,
01:03:41 pour que chacun dans leur fonction diffusait un petit peu cette information.
01:03:47 Quelques dernières petites questions.
01:03:53 Je voulais vous demander, madame, si vous aviez repéré ces dernières années
01:03:57 une augmentation plus importante d'une forme d'angoisse des mamans ou des papas
01:04:01 liées aux instabilités d'équipes médicales.
01:04:05 On voit qu'il y a un accès aux soins qui est de plus en plus compliqué,
01:04:07 un manque de lisibilité, vous l'avez dit,
01:04:09 de temps en temps des maternités qui ferment temporairement ou définitivement.
01:04:14 Est-ce que ce phénomène-là semble s'amplifier ?
01:04:17 Je voulais parler de la sage-femme référente et vous posez la question et vous avez répondu.
01:04:20 Donc voilà, je n'y reviendrai pas.
01:04:22 Je voulais éventuellement vous évoquer le retour précoce.
01:04:26 Est-ce que vous pensez que c'est un facteur qui peut être un facteur de risque
01:04:29 pour un des problèmes psychologiques ?
01:04:33 Et moi, il y a quelque chose qui me...
01:04:36 En fait, on n'a jamais parlé pendant toutes ces auditions,
01:04:38 ce n'est jamais venu le sujet, sur les enfants maltraités,
01:04:43 par la santé mentale de la maman, le bien-être, le développement de l'enfant.
01:04:47 Mais on voit quand même, alors on n'en entend parler que lorsqu'il y a des drames
01:04:52 ou des choses médiatiquement, dont les médias s'intéressent
01:04:58 parce que c'est intéressant médiatiquement.
01:05:00 Est-ce que c'est un sujet qui est en lien avec ça, la maltraitance,
01:05:04 tout simplement des enfants, les bébés secoués,
01:05:07 aller jusqu'à la maltraitance, voire des infanticides ?
01:05:10 On a quand même des choses...
01:05:12 Est-ce que ça, c'est à mettre en lien avec la santé mentale ou pas ?
01:05:16 Et puis, concernant le suivi proposé, on a eu des...
01:05:22 Il semble que le gouvernement réfléchisse effectivement à des remboursements,
01:05:27 des consultations, sous le volet "mon soutien psy".
01:05:31 Je voulais savoir ce que vous en pensiez.
01:05:33 Merci, madame la rapporteure, pour ces questions.
01:05:37 Je vais essayer de répondre à quelques-unes.
01:05:41 Sur le retour précoce,
01:05:44 les femmes qui restent en moyenne trois jours après l'accouchement
01:05:49 dans les services de suite de couche,
01:05:51 c'est une durée qui correspond finalement davantage aux enjeux de surveillance organique
01:05:55 à une prise en compte des besoins psychologiques.
01:05:58 Il existe au sein des maternités des modalités de dépistage,
01:06:03 on en a parlé, comme l'échelle d'Édimbourg,
01:06:06 des entretiens avec des psychologues de maternité
01:06:09 et des accompagnements par les puéricultrices.
01:06:12 Mais pour certaines mères en difficulté dès les premiers jours de vie du nourrisson
01:06:16 ou avec des antécédents ou des facteurs de risque psychiatrique identifiés,
01:06:20 cette durée peut être allongée.
01:06:22 Toutefois, un grand nombre de symptômes psychiatriques péripartum
01:06:25 surviennent bien après ce court temps hospitalier.
01:06:28 Et paradoxalement, la surveillance médicale et paramédicale
01:06:33 dont bénéficient les femmes et les nourrissons pendant cette période,
01:06:36 elle peut également mettre certaines patientes en difficulté
01:06:40 avec une certaine médicalisation de la relation de l'enfant,
01:06:44 les enjeux de prise de poids, de l'allaitement,
01:06:48 des habilités parentales dans les premiers soins
01:06:50 qui peuvent être des sources d'angoisse et participer à la souffrance psychologique
01:06:54 dans les premiers jours de vie.
01:06:56 Les unités kangourous, les unités mère-enfant
01:06:59 qui sont intégrées au sein des services d'essuie de couche,
01:07:02 à mon sens, ils offrent un réel soutien aux familles
01:07:06 en prenant le temps d'accompagner ces parents dans leur rôle parental.
01:07:09 Malheureusement, ces unités sont encore trop peu nombreuses dans les maternités.
01:07:13 Par exemple, à la maternité de Lapitié-Salpêtrière,
01:07:17 qui est une grosse maternité, il n'y a pas de ce type d'unité.
01:07:21 Les dispositifs tels que le Prado Maternité et les IPAD
01:07:27 permettent un soutien à la parentalité dans les situations à bas risque médical et psychique.
01:07:32 Cela permet de désamorcer des situations qui pourraient devenir sévères.
01:07:37 Toutefois, pour les troubles psychiatriques plus sévères,
01:07:39 les femmes bénéficient moins de ces prises en charge.
01:07:42 Encore une fois, le véritable enjeu reste d'ailleurs
01:07:44 l'accès aux soins après la sortie de la maternité.
01:07:48 L'offre de soins est, à mon avis, vraiment insuffisante sur le territoire.
01:07:53 L'une des structures les plus importantes pour la prise en charge des femmes
01:07:56 souffrant de troubles psychiatriques chroniques ou d'apparitions aigües
01:07:58 pendant ou après la grossesse, c'est notamment les unités parents-bébés,
01:08:03 anciennement appelées unités mère-bébé.
01:08:06 Ces unités, qui sont spécialisées en psychiatrie périnatale,
01:08:09 peuvent accueillir les femmes enceintes ou en difficulté pendant la grossesse
01:08:13 pour des hospitalisations programmées, par exemple dans des contextes
01:08:18 de dépression anténatale sévère ou des dyades avec la mère et le bébé
01:08:22 après l'accouchement.
01:08:24 Sur le territoire français, ces unités sont en nombre insuffisant.
01:08:28 Les places de ces unités sont rares et de nombreuses mères qui devraient
01:08:31 en bénéficier ne peuvent jamais y accéder.
01:08:33 En Ile-de-France, il y avait ces dernières années 5 unités parents-bébés
01:08:37 pouvant recevoir ces dyades en hospitalisation complète.
01:08:40 Il n'en reste aujourd'hui que 3 en mesure de répondre à ces enjeux.
01:08:44 C'est assez dramatique.
01:08:47 Je vais essayer de répondre à votre question sur l'infanticide et les
01:08:54 néonaticides.
01:08:56 Dans les formes de suicides à visée ontalgique, les mères témoignent
01:09:00 finalement une douleur psychologique si intense qu'elles ne s'imaginent
01:09:03 pas pouvoir continuer à poursuivre le combat de l'existence et préfèrent
01:09:07 l'échappatoire ontalgique de la mort pour échapper au quotidien.
01:09:10 D'autres fois, le suicide est motivé par la croyance d'un avenir sans
01:09:14 espoir, empli de menaces et de souffrances, par une culpabilité
01:09:17 irrationnelle, de fautes présumées, des croyances d'indignité ou encore
01:09:21 la conviction de faire peser un poids insurmontable à ses proches.
01:09:24 Pendant la période pénal, le suicide maternel se double aussi d'enjeux
01:09:28 néonataux et emprisonné dans les croyances dépressives qui inhibent
01:09:32 toute possibilité d'espoir et de plaisir.
01:09:34 Certaines mères se perçoivent que la mort de leur nourrisson est préférable
01:09:41 finalement aux ténèbres d'un avenir douloureux.
01:09:43 Et donc, le suicide maternel peut aussi s'accompagner de néonaticides
01:09:48 dits altruistes, motivés par la peur de laisser le nourrisson souffrir
01:09:51 dans un monde apocalyptique ou par la crainte de l'abandonner à la
01:09:54 solitude douloureuse de l'existence.
01:09:56 C'est quand même relativement rare.
01:10:04 Il ne faut pas non plus.
01:10:05 Il faut faire attention parce que c'est quand même, ça arrive bien sûr.
01:10:08 Et c'est évidemment dramatique, mais on ne peut pas.
01:10:10 La santé pérennata et la santé mentale pérennata ne peuvent pas être
01:10:14 résumées sur ce prisme là.
01:10:16 Il faut faire attention quand même.
01:10:18 Parce que sinon, on donne l'image quand même de cette période là qui
01:10:23 est un peu complexe.
01:10:24 C'est pour montrer que voilà, il y a des chiffres qui sont assez
01:10:28 inquiétants et qu'il y a des choses à mettre en place.
01:10:31 On l'a tous dit, mais il faut faire attention à ce qu'on laisse
01:10:33 comme message à terme.
01:10:35 Moi, je veux me permettre sur cette question là.
01:10:38 Nous, les femmes qui viennent jusqu'à nous, il y a une préoccupation
01:10:43 énorme autour du bébé.
01:10:44 Elles sont inquiètes des séquelles qu'elles vont laisser à leur
01:10:46 enfant.
01:10:46 C'est ça qui ressort généralement.
01:10:48 Celles qui ne parlent pas de leur bébé.
01:10:50 Effectivement, il peut y avoir une inquiétude importante, mais
01:10:52 c'est le fait d'avoir des idées noires et possiblement d'avoir
01:10:59 envie d'emmener ses enfants.
01:11:00 Ça arrive, mais nous, ce qu'on voit quand même au sein de Maman
01:11:02 Blouse, c'est que ces femmes là, elles sont vraiment dans une
01:11:05 grande inquiétude autour de leur bébé.
01:11:06 Ça, c'était vraiment la première chose sur laquelle je voulais
01:11:09 rebondir, sachant que la question de la psychosphère pérale,
01:11:14 qui est une situation à part, un trouble psychiatrique sévère.
01:11:18 Et effectivement, là, pour le coup, il y a une extrême
01:11:21 inquiétude autant du côté du SID, mais aussi de l'infanticide.
01:11:24 Je voulais rebondir.
01:11:26 Vous avez parlé de mon psy.
01:11:27 Alors, pour le coup, on a renvoyé régulièrement vers mon psy.
01:11:32 La problématique, c'est le fait d'aller voir son médecin
01:11:36 généraliste pour avoir le droit à tant de séances, de trouver un
01:11:40 psychologue qui prend en charge.
01:11:42 Ce ne sont pas forcément, bien évidemment, des psychologues
01:11:46 formés, loin de là.
01:11:47 Et 8 séances, quand on va extrêmement mal, c'est clairement
01:11:50 pas suffisant pour continuer, pour avoir un vrai travail
01:11:54 thérapeutique.
01:11:55 Et je voulais rebondir sur la question de l'amplification des
01:11:59 angoisses ces dernières années.
01:12:01 Bon, bien évidemment, le Covid est passé par là.
01:12:04 On sait que au moment du premier confinement, tout s'est arrêté.
01:12:07 Tout le monde s'est arrêté de vivre.
01:12:09 Et les femmes, ce sont pour celles, les femmes et les hommes,
01:12:12 je parle aussi des hommes, se sont retrouvés sans suivi.
01:12:16 Les équipes ont tenté de mettre en place des choses à distance.
01:12:19 Alors, téléconsultation, tout ce qui pouvait être possible.
01:12:23 Maman Bluz aussi a fait du visio.
01:12:25 Ce n'était pas l'idéal, mais c'était déjà ça.
01:12:28 Ce que je voulais, là où je voulais aller, c'était sur la
01:12:30 question de l'isolement, l'isolement réel ou l'isolement
01:12:32 vécu, l'isolement réel dans le sens où on est éloigné de sa
01:12:35 famille.
01:12:35 Généralement, les familles sont extrêmement éclatées aujourd'hui.
01:12:40 Voir, on déménage au moment de la grossesse, donc on s'éloigne.
01:12:43 Mais il y a aussi l'isolement vécu, celui que l'on ressent
01:12:46 alors qu'on est très entouré.
01:12:48 Et ça, c'est un des sujets qui me semblent primordial.
01:12:51 C'est l'accompagnement des parents en poste natal une fois
01:12:53 qu'ils rentrent chez eux, qui sont totalement laissés seuls.
01:12:57 Alors, on parlait avant qu'il y avait un village.
01:13:00 Aujourd'hui, le village, il faut se le constituer avant
01:13:03 d'avoir à coucher.
01:13:04 Sinon, on est quand même extrêmement seul.
01:13:05 Voilà.
01:13:06 Oui, je rejoins ce que dit Elise Marçande sur le fait que d'abord,
01:13:10 ce qu'on entend souvent, c'est plus une préoccupation pour
01:13:12 leur enfant et donc par rapport à votre question sur la
01:13:14 maltraitance, il n'existe pas une maltraitance, mais des formes
01:13:16 de maltraitance différentes qui peuvent être la conclusion
01:13:19 justement de l'isolement évoqué.
01:13:20 Et je rejoins particulièrement comme indicateur puissant le
01:13:24 sentiment d'isolement et non pas l'isolement seulement
01:13:25 dans la réalité.
01:13:26 Donc, par rapport à votre question, bien sûr que les
01:13:31 sujets de protection de l'enfance sont toujours entremêlés
01:13:33 avec les questions de la naissance et de la suite.
01:13:36 Et c'est comment on travaille de concert.
01:13:38 Nous, on a la chance de pouvoir, depuis maintenant plusieurs
01:13:41 années, organiser des formations régulières pour les juges,
01:13:44 pour les juges des enfants et on voit que ça commence aussi à
01:13:48 permettre de travailler ensemble et de lever certaines limites.
01:13:53 Et la question de l'isolement, vous l'aviez évoqué, dans les
01:13:57 questions que vous nous aviez transmises, il y avait cet aspect
01:13:59 des équipes mobiles et d'aller au devant de la demande.
01:14:02 Et entre autres, le dispositif PANJO, qui était porté par
01:14:05 Centres Publics France, le dispositif PANJO, au départ,
01:14:06 est construit sur cette idée que se sentir isolé, c'est un
01:14:10 facteur de vulnérabilité qui justifie qu'on offre une
01:14:13 intervention plus importante que pour tout un chacun et donc
01:14:17 quelques visites à domicile systématiques qui permettent de
01:14:20 faire émerger des demandes.
01:14:21 Tout le sujet, c'est...
01:14:22 On a un psychanalyste qui disait "un bébé seul n'existe pas"
01:14:25 pour rejoindre ce que dit Elisabeth Marsand, des parents
01:14:27 seuls avec un bébé ne devraient pas exister.
01:14:28 C'est comment les aider à construire un réseau d'aide dans
01:14:31 l'environnement proche, familial et social, mais aussi avec
01:14:35 des professionnels de confiance.
01:14:42 Docteur Chivet, vous vouliez rajouter quelque chose ?
01:14:45 Non, c'est bon.
01:14:46 Véronique, encore une question.
01:14:48 Eh bien, avant de clôturer notre audition, j'ai encore une
01:14:53 dernière question.
01:14:54 Est-ce que vous pensez que l'allaitement maternel,
01:14:57 enfin, qu'elle est la poule et l'oeuf, j'allais dire.
01:15:01 Est-ce qu'une femme qui déprime le fait d'allaiter peut l'aider
01:15:07 ou inversement, parce qu'elle déprime, elle va moins allaiter
01:15:10 ou est-ce que le fait d'allaiter, ça donne un peu de baume au
01:15:14 cœur ?
01:15:15 Enfin, voilà, est-ce que vous avez pu identifier une relation
01:15:18 qu'il y a entre l'allaitement maternel et puis les répercussions
01:15:24 psy plus ou moins importantes ?
01:15:27 Moi, je vais me permettre de répondre de ma position d'usager
01:15:29 pour le coup.
01:15:30 Alors, d'une part, on a encore une fois sur l'accompagnement
01:15:35 autour de l'allaitement qui n'est pas quelque chose d'inné et
01:15:39 qui doit être accompagné.
01:15:40 On se rend compte que, par exemple, à la maternité, on a
01:15:44 beaucoup de discours différents d'un professionnel de santé
01:15:47 à un autre.
01:15:48 Les femmes peuvent se sentir très vite débordées et voire ne
01:15:52 pas savoir ce qu'elles doivent faire.
01:15:53 Donc, je pense que l'allaitement doit être entouré.
01:15:56 Encore une fois, donner des informations aux parents sur la
01:16:00 consultante en lactation ou la consultante en allaitement,
01:16:03 pardon, qui se trouve sur la maternité s'il y en a une.
01:16:06 De pouvoir savoir quand, en rentrant chez elle, elles pourront
01:16:09 appeler telle association qui fait du 24/24 et qui va pouvoir
01:16:12 donner des ressources.
01:16:13 Ça, c'est une chose.
01:16:15 Après, encore une fois, il y a l'allaitement qui est subi et
01:16:18 celui qui ne va pas du tout être subi, qui va être quelque
01:16:20 chose de protecteur.
01:16:21 Une femme qui tient, je ne sais pas si on peut dire qui tient,
01:16:25 mais en tout cas, dans lequel c'est quelque chose où elle se
01:16:27 sent bien, où elle est épanouie, même si elle est en souffrance
01:16:31 psychique, où c'est un endroit où elle se sent utile.
01:16:34 Je pense que c'est quelque chose qu'il faut conserver et
01:16:36 surtout accompagner.
01:16:37 Une femme qui va le subir, pour qui ça n'a pas forcément
01:16:42 été un choix ou en tout cas qui s'est lancé, mais qui n'a
01:16:46 pas d'accompagnement, ça va être très complexe et ça peut
01:16:49 favoriser un mal-être plus important.
01:16:51 Pour moi, en tout cas, je pense que ça peut majorer une
01:16:54 situation, mais ça ne sera pas le seul facteur.
01:16:57 On va s'entendre.
01:16:58 - Juste une petite remarque.
01:17:02 Je suis tout à fait d'accord avec toi, Elise.
01:17:04 Il ne faut vraiment pas que l'allaitement soit subi.
01:17:07 Ça doit être un moment agréable qui doit favoriser le lien
01:17:11 mère bébé.
01:17:12 S'il est subi, si la femme subit une pression sociale pour
01:17:16 l'allaitement, ça peut être extrêmement difficile.
01:17:20 On se lève toutes les trois heures la nuit.
01:17:23 Le manque de sommeil, c'est un facteur de risque de
01:17:26 décompensation et notamment dans les troubles bipolaires.
01:17:30 Vraiment, tout est avantage, inconvénient.
01:17:33 - Oui, je suis aussi d'accord.
01:17:43 La question est très intéressante, la question que vous
01:17:46 posez est très intéressante, elle est complexe.
01:17:47 C'est vrai que nous, sur ma position de psychiatre, il est
01:17:53 vrai que l'allaitement, même s'il n'est pas subi et que
01:17:58 c'est un moment de plaisir et de partage, néanmoins, il y a des
01:18:01 contraintes techniques qui font qu'en termes de rythme veille-
01:18:05 sommeil, c'est compliqué.
01:18:06 Même en termes de stature hormonale, c'est compliqué aussi.
01:18:08 Et finalement, parfois, on se rend compte que d'abandonner
01:18:11 l'allaitement, parfois, ça permet à certaines femmes qui ont des
01:18:15 pathologies psychiatriques notamment, d'être mieux parfois.
01:18:17 La question est assez complexe quand même sur l'allaitement.
01:18:22 On ne peut pas dire si c'est protecteur ou pas.
01:18:24 Ça dépend des situations, ça dépend des femmes et ça dépend
01:18:26 aussi des pathologies qu'elles ont.
01:18:28 Très bien.
01:18:29 L'idée peut être aussi de proposer un allaitement avec un tiré,
01:18:33 un allaitement qui pourrait être mixte, de la souplesse, en fait,
01:18:36 induire de la souplesse pour que la patiente ne soit pas dans la
01:18:38 culpabilité, puisse peut-être ponctuellement, matin et soir,
01:18:42 mais ne pas être peut-être seule à subvenir aux besoins de son bébé.
01:18:46 En tout cas, on vous rejoint tout à fait sur les discours,
01:18:50 les professionnels au sein d'une même maternité qui n'ont pas
01:18:53 forcément les mêmes discours, même si on peut dire qu'ils ont
01:18:55 des patients qui n'ont pas forcément les mêmes discours,
01:18:57 même selon l'admiration, et ça perd aussi beaucoup de patientes.
01:19:03 À mon sens, il faudrait qu'il y ait plus de personnes spécifiquement
01:19:07 dédiées pour s'occuper que de cette partie de l'allaitement,
01:19:09 comme les conseillers en lactation, mais il ne devrait y en avoir plus.
01:19:12 Et parce que c'est vrai que ça perd les patientes d'avoir double,
01:19:16 voire triple discours au sein de la même journée, sur le roulement,
01:19:19 par exemple, de trois sages-femmes différentes sur une journée.
01:19:21 Elles n'ont pas forcément les mêmes informations et c'est complexe.
01:19:25 Ça peut engendrer de la culpabilité.
01:19:27 Oui, de la confusion et de l'anxiété.
01:19:29 En induisant le coparent dans l'information pour que ce dernier,
01:19:33 quand la maman n'a pas toutes ses neurones en place,
01:19:38 parce qu'elle vient de la coucher, parce qu'elle est fatiguée
01:19:39 pour plein de raisons, c'est aussi de lui donner de l'information,
01:19:42 que ce ne soit pas une charge qui ne repose que sur la mère.
01:19:45 On continue à parler du secteur de la pédiatrie en France,
01:19:48 puisque les sénateurs ont auditionné les coprésidents du Comité
01:19:52 d'orientation des assises de la pédiatrie et de la santé des enfants.
01:19:56 Je vous laisse écouter leur audition.
01:19:57 Nous allons vous partager un certain nombre de propositions
01:20:01 que nous formulons sur la santé périnatale au sein de ce rapport,
01:20:04 un peu en avant-première, en quelque sorte,
01:20:06 même si nous avons déjà eu l'occasion d'en échanger,
01:20:08 notamment avec vos collègues à l'Assemblée nationale,
01:20:10 puisqu'il y a eu une mission aussi qui portait un peu sur ces sujets-là.
01:20:13 Donc, c'est un rapport que j'ai devant moi.
01:20:17 Il existe bien.
01:20:20 Et qui contient, qui est assez dense dans la mesure où il contient
01:20:26 près de 350 propositions.
01:20:29 Nous avons appréhendé le sujet, vous l'avez compris de façon très,
01:20:34 très large, de la question du parcours de santé de l'enfant de 0 à 18 ans,
01:20:38 en partant vraiment des parcours, jusqu'aux questions de recherche
01:20:43 en pédiatrie, insuffisantes aujourd'hui dans notre pays.
01:20:45 En tout cas, le soutien à la recherche est insuffisant,
01:20:49 en passant par les questions de formation.
01:20:51 Nous sommes attaqués et nous avons l'occasion d'y revenir,
01:20:54 puisqu'il y a un sujet en ce moment assez critique sur la question
01:20:58 de la formation de l'ensemble des professionnels de santé à la
01:21:02 médecine de l'enfant, en passant évidemment par les sujets
01:21:05 de prévention.
01:21:06 Sous tous ces aspects, nous avons des propositions qui
01:21:10 concernent, vous allez y être particulièrement attaché en cette
01:21:14 maison, les PMI, mais également la santé scolaire.
01:21:17 Autre sujet qui a fait l'objet de débats ici.
01:21:19 La santé mentale, gros chapitre, et puis une attention particulière
01:21:24 aussi portée aux enfants fragiles,
01:21:28 qu'ils soient porteurs de maladies chroniques ou en situation de
01:21:33 handicap, mais également les enfants dans les Outre-mer.
01:21:35 Nous avons voulu y consacrer un chapitre dédié parce que
01:21:40 Marc, les Outre-mer, constitue la cinquième roue du
01:21:44 carrosse où vous savez ce petit dernier article balai,
01:21:47 en fin de proposition de projet de loi disant que toutes les
01:21:49 dispositions s'appliqueront également aux Outre-mer.
01:21:51 Une grosse partie sur les Outre-mer, les enfants victimes
01:21:54 de violences et les enfants en grande précarité sociale.
01:21:57 Un certain nombre de mesures qui portent spécifiquement sur ces
01:22:00 enfants fragiles.
01:22:01 Voilà, donc c'est assez dense.
01:22:05 Ce sont nos propositions, ce ne sont pas les propositions du
01:22:08 gouvernement encore.
01:22:09 Et nous avons donc remis ce rapport, excusez-moi, je reviens
01:22:12 juste deux secondes en arrière pour dire que nous avons eu aussi,
01:22:15 dans la méthode que nous avons mise en place, c'est important,
01:22:17 je dirais limite dû commencer par là, veiller d'une part à ce
01:22:20 que les associations, les associations de patients et de
01:22:23 parents soient associés à cette démarche.
01:22:26 Il y avait deux représentations d'associations dans le comité
01:22:29 d'orientation, France Asso Santé d'une part et SES Préma
01:22:32 d'autre part.
01:22:34 Et puis, nous avons beaucoup travaillé avec l'UNAF,
01:22:36 l'Union Nationale des Associations Familiales,
01:22:38 qui a fait une grande enquête avec nous auprès des parents
01:22:42 français pour appréhender un peu quelle était la perception que
01:22:45 les parents français avaient de la santé de leur enfant et de la
01:22:47 façon dont la santé était prise en compte.
01:22:49 Donc, tout ça figure dans ce rapport.
01:22:51 Et chose plus importante encore, nous avons associé les enfants,
01:22:53 évidemment, à cette démarche.
01:22:55 Nous avons travaillé avec un certain nombre de sur la base
01:22:59 de la méthode développée par le Défenseur des Enfants chaque
01:23:03 année pour son rapport annuel.
01:23:04 Nous avons travaillé avec le GEPSO, avec le Haut Conseil à
01:23:08 l'enfance de la famille et à l'âge, avec les Franca,
01:23:11 bref, avec un certain nombre de réseaux pour que les enfants,
01:23:14 en situation de handicap, dans des foyers,
01:23:16 dans les conseils municipaux de jeunes,
01:23:18 puissent travailler non pas sur l'ensemble des thématiques que
01:23:20 je vous ai présentées, parce qu'ils s'y seraient
01:23:22 noyés, les pauvres, mais sur un sujet particulier,
01:23:25 qui est celui de la...
01:23:25 un sujet de prévention, en l'occurrence,
01:23:27 sur la santé et l'activité physique.
01:23:29 Donc, il y a un certain nombre d'enfants qui ont travaillé sur
01:23:31 ce sujet-là, qui nous ont formulé des recommandations et qui
01:23:33 sont intégrées au rapport.
01:23:35 Je ferme la parenthèse et tout ça pour vous dire que le rapport
01:23:39 a été remis à François Braun, qui ensuite a été remplacé
01:23:42 par Aurélien Rousseau.
01:23:44 Et il s'avère qu'un jeudi matin, Aurélien Rousseau devait effectuer
01:23:49 un déplacement au CHU de Nantes, dans le service de Christelle
01:23:52 Gralewen, en sa présence, évidemment,
01:23:54 et accessoirement en ma présence.
01:23:56 Et il devait faire des premières annonces sur le volet
01:23:59 hospitalier des assises de la santé de l'enfant.
01:24:03 Et il s'avère qu'il a démissionné le mercredi soir.
01:24:06 Et que donc, ces assises qui devaient avoir lieu le
01:24:08 jeudi matin n'ont pas eu lieu.
01:24:10 Et entre temps, Agnès Fiamma-Lebaudot a pris la suite.
01:24:14 Puis Catherine Vautrin.
01:24:17 Et puis maintenant, Frédéric Valthou.
01:24:21 Voilà.
01:24:22 Et nous avons donc repris langue avec le cabinet,
01:24:27 avec les ministres.
01:24:28 Il y avait déjà un certain nombre de choses.
01:24:31 Voilà, ça explique grandement.
01:24:33 Enfin, voilà.
01:24:34 Faudra leur poser la question.
01:24:35 Mais en tout cas, voilà, nous, notre vision des choses.
01:24:39 En tout cas, sachez que sous Aurélien Rousseau,
01:24:42 il y avait déjà un plan.
01:24:44 Je l'appelle ça comme ça.
01:24:45 Je ne sais pas si ça serait leur terminologie,
01:24:47 mais en tout cas, un certain nombre de mesures issues
01:24:49 de ce rapport, pas 350, mais en tout cas,
01:24:52 un certain nombre de mesures issues de ce rapport à ce
01:24:53 stade qui avait été arbitré, rimé, comme on dit.
01:24:56 Sachant qu'on a beaucoup bossé, je lui rends hommage avec
01:24:59 la DGOS, notamment tout au long des assises et qui donc,
01:25:03 on a embarqué et les cabinets et les administrations dès le
01:25:06 début du processus pour justement essayer de gagner ce temps
01:25:09 en amont et ne pas le perdre en aval.
01:25:11 Malheureusement, pour d'autres raisons, on l'a perdu.
01:25:12 Mais la DGOS a beaucoup contribué.
01:25:14 Les mesures étaient évaluées, budgétaires,
01:25:18 et puis elles ont été arbitrées.
01:25:19 Donc, il y a un plan qui avait été prévu et là aussi,
01:25:24 sans parler en leur place et sans trahir ce qui se passe
01:25:29 au niveau du gouvernement et avec nous,
01:25:31 le cabinet de Frédéric Valtout est reparti de ce qui avait
01:25:35 été déjà élaboré par le précédent cabinet pour ne pas repartir à zéro.
01:25:40 Voilà. Et puis, ils sont en train d'y travailler.
01:25:42 Et vous avez dû lire, comme moi, dans Le Monde,
01:25:46 de mémoire, que Frédéric Valtout avait annoncé que,
01:25:49 je crois qu'il a parlé de mai, nous, on nous a parlé plutôt
01:25:52 de fin avril. Donc, ça sera entre fin avril et mai.
01:25:54 Devraient se tenir, donc, ces assises,
01:25:58 mais qui, vous l'avez bien compris,
01:25:59 est un processus.
01:26:01 Et ce moment, ce qu'on aimerait, je pense,
01:26:04 que nous, on est attaché, en tout cas, à ce qui est un moment
01:26:06 un peu, voilà, sacralise un peu tout ce processus,
01:26:08 ne sera, je pense, qu'une étape, en réalité,
01:26:10 qui doit donner lieu à un certain nombre d'annonces.
01:26:12 Et puis, il y a encore plein de projets.
01:26:15 De toute façon, même nous, vous verrez,
01:26:17 dans les propositions que l'on fait,
01:26:18 il y a des choses très précises et des choses plus principielles.
01:26:22 Et puis, on a dû intégrer, évidemment,
01:26:24 un certain nombre de travaux qui avaient déjà en cours.
01:26:26 Quand on a commencé, la stratégie nationale pour l'autisme,
01:26:28 les troubles neurodéveloppementaux n'étaient pas encore sortis.
01:26:31 Donc, on a intégré des mesures dedans.
01:26:33 J'ai entendu parler, enfin, non, je n'ai pas entendu parler,
01:26:35 c'est nous qui allons en parler, enfin,
01:26:36 c'était évoqué en filigrane par Pierre Gressin, la stratégie,
01:26:39 la deuxième feuille de route sur les mille premiers jours,
01:26:41 n'est toujours pas sortie.
01:26:43 À mon grand, à notre grand regret.
01:26:44 Donc, on a intégré des mesures là-dedans.
01:26:46 Le rapport du professeur Ville et de l'Académie de médecine
01:26:50 que vous décidiez juste avant a donné lieu,
01:26:52 on va y revenir, j'anticipe un peu,
01:26:54 à une mission confiée à François Braun,
01:26:56 à je ne sais plus qui, qui doit formuler des recommandations.
01:26:59 Donc, nous, on n'a pas forcément pris partie là-dessus.
01:27:01 Bref, il y a des dynamiques.
01:27:03 Il y a sur l'obésité, il y a un rapport qui est sorti,
01:27:05 il y a des mesures qui sont...
01:27:05 Bon, bref, il y a, comme on a pris très large,
01:27:07 il y a évidemment plein de choses qui sont en cours.
01:27:09 On a essayé de faire en sorte de tout intégrer
01:27:12 pour s'assurer à minima qu'on ne soit pas en contradiction
01:27:15 et que rien ne soit orthogonal.
01:27:16 Voilà.
01:27:17 Mais donc, je pense que ces assises sont un processus
01:27:20 qui continueront de vivre au-delà de cette date,
01:27:22 je l'espère, fin avril.
01:27:24 Voilà pour ces auditions au Sénat sur la pédiatrie
01:27:28 et le secteur périnatal en France.
01:27:30 C'est la fin de cette émission.
01:27:31 Merci de l'avoir suivie.
01:27:32 Continuez à suivre l'actualité politique et parlementaire
01:27:34 sur notre site internet publicsénat.fr.
01:27:37 Très bonne journée sur Public Sénat.
01:27:38 [Musique]

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