Samara est une adolescente qui s'est faite agressée à la sortie de son collège Arthur Rimbaud de Montpellier le 2 avril dernier. Un rapport de deux inspecteurs de l'Éducation nationale est sorti mardi 30 avril dédouanant le collège concernant un possible harcèlement scolaire. La mère de Samara témoigne ce mercredi 1er mai sur BFMTV.
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00:00 [Générique]
00:05 Et nous sommes en direct à Montpellier avec la maire de Samara, Asibara Joule.
00:09 Merci d'être avec nous ce matin.
00:12 Véronique Fèvre du service éducation de BFMTV est également avec nous
00:16 au lendemain de ce rapport d'enquête administrative
00:20 qui avait été demandé par la ministre de l'Éducation nationale
00:23 sur l'agression de Samara.
00:25 On rappelle, agressée le 2 avril dernier aux abords de son collège
00:29 sur Rimbaud de Montpellier. Samara a 13 ans.
00:32 Elle a été agressée, rouée de coups par plusieurs élèves,
00:35 dans un état grave. Elle est restée d'ailleurs dans le coma
00:37 pendant un peu plus d'une journée.
00:39 Elle n'est pas retournée à l'école depuis.
00:41 Véronique, est-ce que vous voulez bien nous dire
00:43 ce que dit aujourd'hui le rapport diligenté par l'Éducation nationale ?
00:47 Alors ce que dit le rapport, c'est qu'il n'y a pas eu de harcèlement du tout.
00:51 Mais que ce harcèlement scolaire que subissait cette jeune fille,
00:54 il n'a pas pu être établi par les équipes du collège.
00:58 Et cela en dépit d'indices qui étaient nombreux,
01:00 du mal-être de la jeune fille, d'un mal-être croissant.
01:03 La mission n'a relevé aucun manquement fautif
01:05 de la part du personnel de l'établissement
01:07 et ne peut établir, objectivement, une situation de harcèlement scolaire
01:10 à l'encontre de Samara. C'est ce qui est écrit.
01:12 Le rapport décrit un collège qui est un gros collège,
01:15 avec 800 élèves, qui travaillent sérieusement sur la question du harcèlement.
01:18 Il y a 42 situations qui ont été prises en charge depuis la rentrée.
01:21 Mais que les équipes soupçonnent bien qu'il s'est passé quelque chose.
01:25 En janvier, par exemple, la jeune fille est convoquée par un professeur formé
01:30 et elle lui dit "oui, j'ai eu un conflit avec une élève".
01:33 Elle ne veut pas la nommer et elle ne veut pas en dire plus.
01:37 Elle ne veut pas nommer les mécanismes.
01:38 A partir de là, ce que décrit le rapport,
01:40 c'est une équipe qui voit qu'il y a un problème,
01:42 mais qui ne parvient pas à percer le mystère de ce qui se passe.
01:46 Mais Véronique, factuellement, Samara s'est fait quand même taper dessus
01:49 au point de se retrouver dans le coma. On est bien d'accord.
01:53 Absolument.
01:54 Mais ce que vous dites, ce que dit le rapport, c'est qu'on ne sait pas pourquoi.
01:57 Clairement, on ne sait pas pourquoi.
02:00 Il faut bien faire la différence entre un rapport administratif et une enquête judiciaire.
02:03 Le rapport administratif, qu'est-ce qu'il s'attache à trouver ?
02:05 S'il y a eu des manquements et des fautes de la part des personnels.
02:08 Il y a eu 51 auditions qui ont été menées.
02:11 Il était question de savoir si le collège avait bien reçu des appels
02:15 qui lui demandaient de garder Samara.
02:17 Est-ce que ça a été le cas ?
02:18 Les agents, eux, expliquent qu'ils n'ont pas reçu ces appels
02:21 et on n'a pas de journal des appels.
02:23 Il n'y a pas de commission rogatoire dans ce type d'enquête.
02:26 Autre question, est-ce que le professeur était bien au courant de risque ?
02:30 Et là, le professeur principal, qui avait un rendez-vous le 2 avril téléphonique
02:34 avec la maman de Samara parce qu'il y avait des problèmes de comportement,
02:37 ses signes faibles, parce qu'il y avait des notes qui baissaient,
02:40 lui a signalé qu'il y avait eu, effectivement, comme souvent,
02:43 parce qu'il y en avait souvent, une altercation de Samara devant le collège
02:46 avec un garçon à propos d'une photo déformée où elle n'était pour rien.
02:50 Et puis, 4 personnes extérieures qui arrivaient au collège,
02:53 il les avait fait dégarpir, pour lui, il n'y avait plus de risque.
02:56 Aciba, la maman de Samara est avec nous.
02:59 Pas de harcèlement, dit le rapport.
03:01 D'abord, sur cet aspect-là, comment vous avez réagi ?
03:04 Bonjour, écoutez, j'ai été très choquée de découvrir tout ça à la télé.
03:14 Franchement, pour moi, j'étais effondrée.
03:20 Je me suis dit "mais comment on peut dire de telles choses ?"
03:23 alors que tout ce que Mafia a vécu depuis l'an dernier,
03:27 c'est comme si ça n'avait jamais existé.
03:30 Moi, ça a été trop pour moi. J'étais vraiment pas bien.
03:36 Parce que si on rentre dans les faits très concrets,
03:39 le rapport dit qu'il n'y a pas de traces de harcèlement.
03:43 Ma fille, son histoire, tout ce qu'elle a vécu,
03:47 il faudrait qu'on m'explique à quoi correspond l'histoire de ma fille.
03:52 Le fait qu'elle ait été frappée à plusieurs reprises,
03:56 qu'elle ait été humiliée, moquée, qu'on l'a insultée, qu'on lui a craché dessus.
04:00 Si ce n'est pas du harcèlement, je ne sais pas ce que ça peut...
04:03 C'est quoi la définition alors du harcèlement ?
04:06 Elle a subi des faits répétitifs, ça n'a pas été une fois,
04:10 ça a été à plusieurs reprises.
04:12 – Est-ce que Samara a rencontré les enquêteurs
04:15 qui ont diligenté cette enquête de l'administration ?
04:18 Est-ce qu'elle leur a parlé ?
04:20 – Non, elle a parlé de ce que j'en sais, de l'agression,
04:26 mais pas de tout ce qu'elle a subi auparavant.
04:29 – À qui elle a fait part du harcèlement dont elle était victime ?
04:34 – Elle n'en a pour moi jamais fait part,
04:40 parce qu'en fait elle expliquait qu'elle n'était pas à l'origine
04:43 de tout ce qui se passait.
04:45 On m'a annoncé qu'elle avait rencontré un référent de harcèlement dans le collège,
04:50 moi je n'ai pas été informée, on ne m'a pas demandé
04:53 comment était ma fille à la maison, ça a été fait en interne dans le collège.
04:57 Samara, il faut savoir que c'est un référent,
05:00 ça a été fait en interne dans le collège.
05:03 Samara, il faut savoir qu'elle n'a pas parlé auparavant,
05:07 elle ne parle pas à l'heure actuelle,
05:09 et voilà, chaque victime est différente,
05:11 il y a des victimes qui vont arriver à parler,
05:13 il y en a d'autres qui ne vont pas arriver à parler,
05:15 et le cas de ma fille en attendant, c'est que même si au départ elle parlait,
05:20 l'an dernier elle s'exprimait, "voilà j'en ai marre qu'on me fasse ça,
05:24 qu'on me frappe, que tout ça et tout",
05:26 mais au bout d'un moment, une fois qu'on ne la croyait plus,
05:28 elle aussi elle arrêtait de parler en fait,
05:30 elle n'avait pas raison de toujours se défendre,
05:35 parce qu'au niveau de l'administration, au niveau de l'établissement,
05:39 personne ne l'entendait, personne n'entendait,
05:42 il y avait des signaux, moi je n'ai pas été formée contre le harcèlement,
05:45 mais ces personnes-là étaient formées contre le harcèlement.
05:48 - Oui, Asiba a complètement raison en ce qui concerne les enfants et les adolescents,
05:52 quand il y a des violences physiques, verbales ou sexuelles,
05:56 l'enfant ne parle que quand il a la certitude qu'il va être cru et entendu.
06:00 Donc si Samara se retrouvait dans une situation où elle avait honte,
06:03 où elle se sentait humiliée, où elle avait peur qu'on remette en doute sa parole,
06:07 elle a pu se replier sur elle, et certaines fois les faits sont insuffisamment caractérisés,
06:11 on a du mal à prouver, du coup le harcèlement est difficilement qualifiable.
06:15 - Je voudrais revenir vers vous Véronique, est-ce qu'il est normal
06:17 que dans le cadre de cette enquête, la petite n'ait pas été entendue ?
06:21 - Les inspecteurs ont essayé. - Ils ont essayé ?
06:24 - Oui, bien sûr, mais ils ne peuvent pas forcer sa parole.
06:26 Encore une fois, c'est une enquête administrative, ce n'est pas une enquête judiciaire.
06:29 Et peut-être que l'enquête judiciaire va pouvoir tirer les fils de ses indices
06:34 et trouver des choses, sans doute, elle va pouvoir compléter cette enquête.
06:38 - D'un mot vraiment, d'un mot Asiba, Samara, comment elle va là ?
06:42 - Écoutez, elle est à la maison, elle est déscolarisée, elle est isolée,
06:50 elle n'a quasiment plus personne, mis à part une copine avec qui elle communique.
06:55 Voilà, depuis, elle est mal, elle a encore des rendez-vous médicaux,
07:00 quasi tous les jours, elle doit passer d'autres examens
07:04 pour savoir par rapport à l'agression ce qui en résulte,
07:08 et oui, elle est mal ma fille.
07:10 Et encore hier, le fait qu'elle ait entendu que Limith,
07:13 encore on ne la croyait pas, que Samara, c'était une enfant,
07:17 comme on l'a dit dans le rapport, qui posait beaucoup de problèmes.
07:20 Et c'est double peine pour ma fille d'entendre même des choses comme ça.
07:24 Malheureusement, elle est obligée, je suis là, je suis au milieu,
07:27 elle entend, elle comprend que même après avoir été agressée,
07:31 elle a encore pas entendu, pas défendu,
07:37 et voilà, les propos qui ont été tenus dans le rapport,
07:41 moi j'arrive pas à les encaisser, je suis écœurée par tout ce que j'ai entendu.
07:46 Et on essaie de la faire passer pour la méchante dans l'histoire,
07:49 alors que ma fille, elle a été victime, et victime de cette agression,
07:53 et victime de tout ce qu'elle a subi dans ce collège.
07:56 Merci infiniment d'avoir été en direct avec nous ce matin sur BFM TV.