• il y a 6 mois
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Emmanuel Razavi, Grand reporter Paris Match et auteur de "La Face cachée des Mollahs" aux éditions du Cerf, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur le rôle des Iraniens dans les manifestations des étudiants pro-palestiniens dans les écoles.

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Transcription
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le grand reporter spécialiste de l'Iran,
00:07 Emmanuel Razavi. Bonjour Emmanuel Razavi.
00:10 Bonjour Dimitri, merci de me recevoir. Bienvenue sur Europe 1, Emmanuel, vous êtes l'auteur de "La face cachée des mollas",
00:17 livre paru aux éditions du CERF. Vous étiez venu nous voir il y a quelques semaines de cela,
00:22 Emmanuel Razavi pour nous parler des trafics de drogue derrière lesquels
00:26 se cache le régime iranien. On va parler avec vous ce matin d'un autre sujet, pas très éloigné finalement,
00:31 l'entrise miranien en France. Est-ce qu'il faut voir
00:34 la main de la République islamique d'Iran dans ce qui se passe à Sciences Po et dans nos facs ?
00:38 Le guide suprême iranien Ali Khamenei a publié cette semaine sur son compte X un message qui réemployait des vidéos
00:46 montrant notamment le blocage de Sciences Po la semaine dernière. Est-ce que ça signifie,
00:51 Emmanuel Razavi, que Téhéran s'intéresse à la vie étudiante française ?
00:55 - Ah oui, précisément, vous avez raison Dimitri, c'est même plutôt assez assumé. Il y a 48 heures,
01:01 j'ai parlé avec un de mes contacts iraniens, qui est proche du régime,
01:05 qui m'expliquait que le régime entendait faire pression sur la France, plus largement sur les démocraties européennes,
01:12 puisque ces manifestations on les retrouve dans plusieurs pays,
01:15 faire pression aussi sur les États-Unis pour que tous ces pays fassent à leur tour pression sur Israël
01:20 afin qu'Israël se désengage de Gaza. Il m'a littéralement dit que les services iraniens poussaient,
01:27 c'était son expression, les manifestants à aller plus loin. Et puis vous l'avez rappelé, du reste,
01:32 quand je dis qu'il ne s'en cache pas, il y a eu ces fameux tweets du guide de la révolution iranienne Ali Khamenei.
01:40 Donc encore une fois, effectivement, c'est très très très assumé.
01:43 - Le récit des événements, pourtant, Emmanuel Razavi, c'est que ce qui se passe en France vient plutôt des campus américains.
01:49 Vous nous dites que ça vient peut-être plutôt du Moyen-Orient.
01:54 Ce qui est étonnant, Emmanuel Razavi, c'est ce que vous venez de nous dire,
01:57 c'est que c'est totalement assumé publiquement par le régime iranien,
02:00 ce soutien dans le but d'influencer le cours des événements en Occident vis-à-vis de ce qui se passe à Gaza et en Israël.
02:08 - Ah oui, très précisément, c'est exactement ce que je vous disais tout à l'heure.
02:13 C'est ce que me racontent des contacts, et notamment un contact de très haut niveau,
02:17 le régime iranien qui me l'a raconté il y a 48 heures.
02:20 Alors, moi j'entends effectivement qu'on puisse parler du woukisme,
02:23 parce que le woukisme est un facilitateur quelque part des thématiques islamistes, évidemment.
02:29 Mais encore une fois, la cause palestinienne, pardonnez-moi, elle vient pas des États-Unis,
02:34 elle vient bien du Proche-Orient.
02:36 Et puis il faut se rappeler une chose, Dimitri, c'est que l'Iran a toujours manipulé,
02:41 enfin en tout cas depuis l'avènement de la République islamique d'Iran en 1979,
02:45 souvenez-vous, le premier guide de la révolution iranienne qui était l'ayatollah Khomeini,
02:50 il était très proche de Yasser Arafat, il avait considéré à l'époque
02:54 qu'il fallait manipuler la cause palestinienne pour se positionner comme leader du monde musulman.
03:00 Il y avait une thématique dans les universités iraniennes en 1978,
03:04 donc juste quelques mois avant l'avènement de la révolution islamique,
03:08 qui était "Aujourd'hui l'Iran, demain la Palestine".
03:11 C'était ce que scandaient les universitaires et leurs étudiants dans les facs à Téhéran.
03:19 - Mais pourquoi ? Parce que la Palestine c'était considéré comme un moteur d'unification du monde musulman,
03:25 c'est ça que recherchait à travers la cause palestinienne le régime de Téhéran, Emmanuel Razavi ?
03:30 - Ah oui, précisément, pour Khomeini il fallait complètement s'immiscer dans la cause palestinienne
03:36 pour se positionner à un moment donné, pour positionner l'Iran, si vous voulez,
03:41 comme le leader de la cause islamique.
03:44 C'était ça précisément. Et puis il y a une chose qui est importante,
03:46 c'est que Yasser Arafat et Ayatollah Khomeini étaient assez amis.
03:50 Il faut savoir que les miliciens de Khomeini ont été entraînés dans des camps palestiniens.
03:55 Et si vous voulez, quand Khomeini a pris le pouvoir en Iran,
03:59 le premier leader politique international à lui rendre visite pour le féliciter,
04:04 c'est Yasser Arafat le 17 février 1979, quand Khomeini a pris le pouvoir à peine 15 jours plus tôt.
04:10 Et donc si vous voulez, cette ligne entre Téhéran et les organisations palestiniennes,
04:17 elle a muté aujourd'hui, évidemment, Téhéran soutient davantage des organisations
04:22 comme le djihad islamique ou le Hamas, mais il y a toujours en tout cas cette ligne
04:26 entre Téhéran et des organisations palestiniennes.
04:29 - Je voudrais qu'on parle à présent, Emmanuel Razavi, d'une chose que vous évoquez
04:33 dans votre ouvrage, "La face cachée des mollas", c'est la présence très active en France
04:39 du régime iranien. Alors cette présence, vous nous dites, elle se voit dans ce qui se passe
04:46 actuellement sur les campus universitaires, elle est de quelle nature cette présence
04:50 et que cherche à faire en France le régime iranien Emmanuel Razavi ?
04:54 - Écoutez, dès le début des années 80, la République islamique d'Iran a mis en place
05:00 un réseau d'influence dans toute l'Europe. Donc la France n'y a pas échappé.
05:05 Ce réseau d'influence, en fait, il a été construit par le biais de ses ambassades,
05:08 mais aussi de fondations ou d'associations culturelles, parfois liées au Hezbollah libanais,
05:14 y compris en France, Hezbollah libanais qui n'est autre que la filiale du corps
05:18 des gardiens de la révolution islamique, qui est le bras armé du régime iranien.
05:21 Et donc vous avez des conseillers culturels qui travaillent parfois pour ces ambassades,
05:26 qui vont donner des conférences dans des cercles universitaires, qui vont faire passer les idées
05:30 de la République islamique, ou qui vont diffuser tout simplement un discours favorable
05:35 à ses proxys, comme le Hezbollah, en fait, qui est au sud de Liban, ou le Hamas, qui est à Gaza,
05:40 et qui est la branche palestinienne, il ne faut pas l'oublier, des frères musulmans.
05:44 L'organisation des frères musulmans avec laquelle, si vous voulez, le régime iranien
05:49 a des liens extrêmement forts depuis une quarantaine d'années.
05:53 Mais la France est toujours considérée comme le petit Satan par les Iraniens.
05:58 C'était l'un des surnoms qui étaient attribués à la France, à des moments,
06:01 à certains moments où ça a été difficile, par exemple, je pense, en Toulouse,
06:05 en 2009, en 2013, au moment de la négociation autour de l'accord sur le nucléaire iranien.
06:10 Est-ce que la France a toujours cette position très négative auprès des Iraniens,
06:15 aujourd'hui, Emmanuel Razavi ?
06:17 - Alors, je ne dirais pas auprès des Iraniens, parce que les Iraniens...
06:20 - Pas du régime iranien, mais du régime.
06:21 - ...c'est plutôt du régime iranien, mais de la République.
06:22 Voilà, auprès de la République islamique d'Iran et de ses dirigeants, absolument.
06:26 Cela d'autant plus que, depuis deux mois, il y a un nouveau, en fait, Conseil de la guidance,
06:32 qui est extrêmement conservateur, qui est un peu composé, finalement,
06:35 par des clones de ceux qui ont fait la révolution islamique en 1979.
06:39 Donc, ils ont une détestation, en fait, de la France.
06:41 Les Iraniens, en fait, qui dirigent la République islamique,
06:45 disent souvent, en fait, que la France est l'un des pays qui a été le plus dur avec eux,
06:49 concernant, en fait, les accords sur le nucléaire,
06:52 concernant aussi les inspections, en fait, de la IEA, si vous voulez, en Iran, sur les sites nucléaires.
06:59 Ils sont très méfiants, aussi, de cette France qui a des bases au Moyen-Orient.
07:02 On a une base à Abu Dhabi, qui est une base, en fait, comment dire, très importante.
07:07 On a des bateaux, des navires de guerre, qui naviguent dans le golfe Persique, en mer Rouge.
07:11 Et aujourd'hui, c'est très peu apprécié, évidemment, par le régime iranien.
07:14 Je rappelle qu'on a quand même des navires qui ont abattu,
07:17 des drones qui avaient été envoyés par les outils, qui sont au Yémen,
07:20 mais qui sont, comment dire, manipulés, en fait, par le régime de Teheran.
07:25 Et donc, pour toutes ces raisons, aujourd'hui, l'Iran cherche à faire pression sur la France.
07:30 Mais attention, comme je le disais, en fait, en début de conversation,
07:33 l'Iran veut faire pression aussi sur la France,
07:35 pour qu'elle fasse à son tour pression sur Israël,
07:38 et qu'Israël se désengage de Gaza.
07:41 - Alors, vous dites, la France a une image de dure vis-à-vis de Teheran.
07:45 Pourtant, on n'entend pas des mots très fermes dans la bouche de nos dirigeants.
07:50 Est-ce qu'il y a une gêne de nos politiques à pointer du doigt Teheran,
07:54 dans le contexte actuel, selon vous, Emmanuel Razavi ?
07:57 - Alors, oui, mais je pense qu'il y a deux choses, si vous voulez.
08:00 Il y a l'action militaire, si vous voulez,
08:02 et puis il y a l'action, en fait, politique ou diplomatique.
08:04 Et il ne vous aura pas échappé, en fait, que depuis un certain nombre d'années,
08:07 la France, politiquement, via sa diplomatie,
08:11 est plutôt pusillanime concernant la République islamique d'Iran.
08:15 Alors, ça peut s'expliquer par deux choses.
08:17 Actuellement, d'abord, on a des otages, des otages français,
08:20 qui sont détenus dans les prisons, en fait, iraniennes.
08:23 Et puis, il y a cette peur, en fait, du terrorisme.
08:26 Je vous l'ai dit tout à l'heure, l'Iran a mis en place
08:29 tout un réseau, en fait, d'influence en Europe et donc en France.
08:32 Mais ce n'est pas qu'un réseau de soft power,
08:34 il y a aussi des cellules uchides qui peuvent être activées à tout moment
08:37 et qui peuvent organiser, en fait, des attentats.
08:40 Je vous rappelle que l'Iran est derrière de nombreux attentats
08:43 que nous avons connus depuis les années 80 en Europe,
08:46 et notamment en France.
08:48 - Merci beaucoup, Emmanuel Razavi, de votre expertise ce matin
08:51 sur l'entrisme iranien en France.
08:53 Je rappelle le titre de votre ouvrage, sorti récemment,
08:56 "La face cachée des mollas", c'est paru aux éditions du CERF.
09:00 Merci à vous, Emmanuel Razavi. Bonne journée.
09:03 - Merci.

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