Enseignante giflée à Tourcoing : «L'islamisme s'est installé à l'école», constate Joachim Le Floch-Imad

  • il y a 1 heure
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Joachim Le Floch-Imad, enseignant et essayiste, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Il est l'auteur de "Tolstoï. Une vie philosophique" aux éditions Cerf.

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Transcription
00:00Lenco, vous recevez ce matin l'essayiste Joachim Leflokimad.
00:03Bonjour Joachim, bienvenue sur Europe, les fidèles de l'heure des pros vous connaissent bien, Joachim Leflokimad,
00:09vous êtes professeur de culture générale, auteur d'un passionnant Tolstoy, une vie philosophique aux éditions du CERN.
00:15Bon, c'est pas pour parler littérature russe que vous êtes avec nous ce matin, mais de cette affaire de Tourcoing,
00:20de cette lycéenne qui a frappé sa prof au moment où celle-ci lui demandait de retirer son voile.
00:25Alors la jeune fille sera jugée au mois de décembre, vous dites, Joachim Leflokimad, qu'il ne faut pas prendre cette affaire de Tourcoing à la légère,
00:33ça n'est pas un énième fait divers, c'est un test. Mais alors qui teste qui dans cette affaire ?
00:38Ce qui s'est passé à Tourcoing est extrêmement grave, car encore une fois on cherche à faire passer la victime pour un bourreau,
00:44comme ça avait été le cas lors de l'engrenage mortifère qui avait coûté la vie à Samuel Paty.
00:49La victime c'est la prof, celle qui se prend ses coups.
00:52Vous avez raison de dire que l'éducation nationale et plus largement la France sont à nouveau testées, testées par qui ?
01:02Tout simplement par l'antrisme islamiste qui s'est imposé à l'école, et tout cela n'a rien de nouveau,
01:07ça fait 35 ans depuis l'affaire du foulard de Creil qu'on a une série de démissions au sommet de l'État,
01:14qui font qu'en effet l'islamisme s'est installé à l'école, et on en a des symptômes chaque jour dans nos établissements scolaires.
01:21Alors quels sont ces symptômes ? Par exemple l'explosion des atteintes à la laïcité, plus de 120% l'an dernier.
01:26Atteinte à la laïcité c'est par exemple des contestations d'enseignement, une volonté de porter des signes religieux ostensibles au mépris de la loi 2004.
01:36Des tenues religieuses par destination comme on dit dans le jargon de l'éducation nationale.
01:40Oui mais qui ne sont pas que des tenues, qui sont des codes politiques et culturels de substitution.
01:46Et je pense aussi aux 65% de la jeunesse musulmane qui placent aujourd'hui leur religion au-dessus de celle de la République.
01:52Ce n'est pas que la jeunesse musulmane d'ailleurs, puisque la laïcité, qui est quand même le fil rouge de la République,
01:57est un principe qui est mal compris par la jeunesse dans son ensemble, et aussi par les jeunes professeurs.
02:02Et je le regrette beaucoup car je pense que cette jeunesse, qui n'est pas composée uniquement d'islamistes en herbe,
02:06se tire une balle dans le pied. Elle ne comprend pas que la laïcité est le principe républicain le plus émancipateur pour tous,
02:12en particulier pour les minorités, pour les jeunes filles.
02:14Alors vous n'êtes pas le premier à le dire, Joachim Le Floquiman, mais vous le redites avec beaucoup de force.
02:18On se souvient de Jean-Pierre Aubin notamment, qui a été inspecteur général de l'éducation nationale.
02:23Il était venu à ce micro d'Europe 1, il nous avait dit cette phrase qui m'avait stupéfié à l'époque.
02:27Il avait dit que l'école de la République, c'est devenu le champ d'une bataille culturelle idéologique,
02:32et le front passe par toutes les zones d'éducation prioritaire.
02:36C'est intéressant ça, parce qu'il se trouve que ce lycée Sévigné à Tourcoing,
02:40c'est un lycée d'enseignement professionnel, c'est de l'éducation prioritaire.
02:44Tout à fait, mais le premier rapport Aubin avait été écrit en 2004.
02:48Qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Rien, alors même que ça fait 20 ans.
02:51Les atteintes à la laïcité et les problèmes liés à l'islamisme au sein de l'école n'ont jamais été pires qu'aujourd'hui.
02:58Pourquoi ? Parce qu'il y a des problèmes inhérents à l'éducation nationale,
03:02mais aussi parce que l'école, si vous voulez, ce n'est pas juste un sanctuaire qui serait coupé du monde,
03:06comme le voudrait une certaine mythologie républicaine,
03:08qui est un idéal vers lequel il faut tendre, mais qui ne correspond pas à la réalité aujourd'hui.
03:11Puisque l'école n'est rien d'autre que le réceptacle des fractures et des maux
03:14qu'une société malade, à la dérive, s'empilote, lui lègue.
03:18C'est à la lumière de tout ça qu'il faut comprendre ce qui s'est passé à Tourcoing, ça n'a rien d'isolé.
03:22Ce qui est frappant aussi dans cette histoire-là, il y a cet élément assez intéressant,
03:26c'est qu'il y a une dizaine d'enseignants de ce lycée qui se sont désolidarisés de leurs collègues.
03:32On imagine l'ambiance dans la salle des profs.
03:36Encore une fois, ça rappelle les onze derniers jours
03:40qui ont été marqués par l'extrême solitude de Samuel Paty.
03:43Mais tout ça n'a rien de surprenant.
03:45Je précise, on a quelques jours de la commémoration de Dominique Bernard également.
03:49Mais tout ça n'a rien de surprenant, parce que je rappelais tout à l'heure
03:51que 72% des professeurs de moins de 30 ans
03:54estiment qu'il faut assouplir les règles relatives à la laïcité en milieu scolaire.
03:58Pourquoi pensent-ils ça ?
04:01C'est la peur du provoqué.
04:05Le fait que ne pas s'auto-censurer, ça ne se décrit pas au sommet de l'État.
04:09C'est aussi la réalité de professeurs qui sont mal payés, parfois mal formés,
04:12extrêmement seuls face à des classes qui sont les plus chargées de l'OCDE.
04:15Mais ce n'est pas forcément par adhésion à une nouvelle vision de la place de la religion dans la société.
04:18Bien sûr que non, mais c'est aussi, par ailleurs,
04:20ce n'est pas que lié à l'islam politique, c'est la grande vague d'individualisme,
04:23d'hédonisme venu du monde anglo-saxon depuis 40 ans.
04:26Toute une série de discours sur le droit à la différence
04:29qui, je crois, fait beaucoup de mal à la République et à la France.
04:32On a beaucoup souligné aussi la vacuité des mots
04:35de la ministre de l'Éducation nationale, Anne Jeantet,
04:37qui à l'Assemblée a déclaré, après cette histoire,
04:39que frapper un enseignant, c'est frapper la République.
04:41Et on a vu lui dire, oui madame la ministre, mais enfin,
04:43est-ce que c'est suffisant ces mots-là ?
04:45Je précise quand même qu'elle a fait sa première visite
04:47en tant que ministre de l'école au collège de Creil,
04:50où était partie en 1989 la fameuse affaire du foulard.
04:53Elle a quand même envoyé des signes.
04:56Je ne doute pas qu'Anne Jeantet ait de la bonne volonté
05:00et puisse être sincère dans sa défense de la laïcité.
05:02Ce n'est pas ça le problème.
05:03Le problème, c'est qu'elle n'a rien à proposer aujourd'hui,
05:05au-delà de quelques slogans qui sont, pour les enseignants,
05:07extrêmement éculés.
05:09Ça fait 30 ans qu'on entend tout ça, encore une fois,
05:11et que rien ne change.
05:12Et on constate qu'Anne Jeantet, qui s'est rendue à Tourcoing,
05:14n'a rien eu à proposer en termes de rupture de logiciel.
05:18J'ai essayé de mettre en avant un certain nombre de mesures
05:21volontaristes dans ces tribunes.
05:22Je pense qu'on voit très bien aujourd'hui qu'Anne Jeantet
05:24n'a pas les épaules pour occuper un tel poste,
05:26et que beaucoup d'enseignants, aujourd'hui,
05:27ont un sentiment de mépris.
05:28Un peu comme si, finalement, l'éducation nationale
05:30n'était qu'un objet de marchandage politique.
05:32Un tremplin pour faire carrière, finalement.
05:34Oui, c'est un lieu de passage, finalement.
05:35Un lieu de grand passage.
05:36On voit la vitesse des passages éclairs
05:38des cinq derniers ministres,
05:40puisque Blanquer a été resté second.
05:41Mais alors, face à une affaire comme celle de Tourcoing,
05:44et il y en a plein d'autres,
05:45on peut repenser aussi à l'affaire du lycée Maurice Ravel,
05:47au printemps, qui avait fait beaucoup parler.
05:49Ce proviseur qui s'était retrouvé menacé de mort
05:51a demandé aussi à une élève de retirer son voile.
05:53Que faire ?
05:54Comme dirait Lénine, Joachim Lefloquimade.
05:56Quelles mesures d'urgence on prend
05:58pour faire baisser la tension sur ces questions religieuses,
06:01pour que ce genre de comportement ne se reproduise plus ?
06:04Très vaste question.
06:05Il y a tout d'abord un volet laïcité
06:07qu'il faut reprendre en main extrêmement vite,
06:09ce qui passe non seulement par l'éducation nationale,
06:11avec des mesures très fortes sur le recentrage de l'école,
06:14sa fonction de transmission des savoirs fondamentaux,
06:16la reconstruction de formation des professeurs,
06:18la laïcité digne de ce nom.
06:19Très concrètement,
06:20vous savez bien ce qui se passe.
06:21Aujourd'hui, les profs les plus ciblés,
06:23Dominique Bernard, il a été assassiné
06:25parce qu'il était prof de lettres,
06:27et son tueur cherchait un prof d'histoire.
06:30Donc ces profs-là, ils sont exposés, ils ont peur.
06:32C'est ce que je vous dis, en amont,
06:33il faut mieux former à la laïcité,
06:34il faut faire preuve de plus de vigilance
06:36face aux syndicats, face aux associations militantes
06:38qui détricolent l'école de l'intérieur.
06:40Mais il faut surtout une réponse sécuritaire
06:42extrêmement ferme,
06:43une volonté de ne plus rien laisser passer,
06:44une politique de tolérance zéro.
06:46Vous vous dites, vidéoprotection dans les lycées,
06:48dans les lycées les plus dangereux en tout cas.
06:50Il faut recruter des policiers municipaux
06:52dans les établissements, vous dites aussi ?
06:54Oui, encore une fois, dans les plus dangereux,
06:55ou faire appel à des sociétés de sécurité privée,
06:57ce qui est un business florissant.
06:58Il faut aussi l'octroi automatique
06:59de la protection fonctionnelle
07:00dès la première alerte.
07:01Et surtout, il faut que les profils les plus dangereux,
07:03les 1000 fichés S pour radicalisation islamiste,
07:06par exemple, soient sortis de l'éducation nationale,
07:08soient placés dans des centres éducatifs fermés.
07:10Il y en a déjà aujourd'hui,
07:11mais il n'y en a que 54 sur le sol de France
07:13qui peuvent accueillir un maximum de 12 élèves.
07:15Il y a 1000 élèves fichés S pour radicalisation ?
07:18Au moins.
07:19C'est Gabriel Attal et Gérald Darmanin qui le disent.
07:22Et ces élèves-là, évidemment, vous pensez...
07:25Après, fichés S, ça ne veut pas dire
07:27qu'on est coupable d'acte islamiste,
07:29ça veut dire qu'il y a une radicalisation.
07:30Mais oui, je pense que vu l'état de la gravité
07:33de la situation,
07:34ils doivent être sortis de l'éducation nationale.
07:36Et enfin, les mesures fortes
07:38que je pense qu'il faut mettre en œuvre
07:40ne dépendent pas toutes de l'éducation nationale.
07:42Il y a une vraie coordination à mettre en œuvre
07:44entre l'intérieur, la justice et l'éducation nationale.
07:46Et on ne s'attaquera pas aux problèmes
07:48si on ne s'attaque pas à la racine des maux,
07:51par exemple, en réduisant drastiquement
07:53l'immigration qui est devenue, je pense,
07:56hors de contrôle en France
07:58et avec une réponse pénale
08:00au-delà de l'école beaucoup plus ferme.
08:02Merci Joachim Le Floquimad d'être venu
08:04sur l'antenne de l'Europe 1.
08:06On peut retrouver votre tribune
08:07dans l'édition du Figaro d'hier
08:09ou sur le site internet du Figaro.
08:11Vous évoquez l'immigration.
08:12On en parlera d'ailleurs à 7h40
08:14avec William Molinier.
08:15Les routes se redessinent en ce moment.
08:17La nouvelle porte d'entrée principale n'est plus
08:19la Méditerranée centrale.
08:20Aujourd'hui c'est l'Espagne.
08:21On va vous raconter cette histoire.

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