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Pauline Condomines, journaliste à Livre Noir, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à l'enquête qu'elle a réalisé sur les militants pro Hamas. Elle a retrouvé certains visages rencontrés à cette occasion lors des manifestations pro-palestiniennes de Sciences Pô. Ils reviennent également sur le soutien de La France insoumise aux étudiants pro-palestiniens.
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Pauline Condomines, journaliste à Livre Noir, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à l'enquête qu'elle a réalisé sur les militants pro Hamas. Elle a retrouvé certains visages rencontrés à cette occasion lors des manifestations pro-palestiniennes de Sciences Pô. Ils reviennent également sur le soutien de La France insoumise aux étudiants pro-palestiniens.
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NewsTranscription
00:00 - Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la journaliste Pauline Kondomin.
00:03 - Bonjour Pauline Kondomin.
00:05 - Bonjour Dimitri, merci de me recevoir.
00:07 - Bienvenue sur Europe 1, Pauline, vous signez ce mois-ci dans le magazine Livre Noir,
00:11 une très grosse enquête intitulée "Infiltré au cœur de l'extrême gauche".
00:16 En effet, pendant des mois, vous avez navigué entre des groupes antifas,
00:20 des éco-activistes, des associations pro-migrants, des groupes pro-amas également.
00:25 Alors vous êtes avec nous ce matin, Pauline Kondomin,
00:26 car on ne peut pas manquer de constater des similitudes entre votre enquête
00:30 et ce que l'on voit en ce moment dans les universités françaises,
00:33 agitées par des mobilisations pro-palestiniennes,
00:36 que ce soit à Sciences Po la semaine dernière ou, oui, encore hier à la Sorbonne.
00:40 Pauline Kondomin, qui sont ces militants de Gaza ?
00:43 Est-ce que vous avez retrouvé notamment à Sciences Po des visages des collectifs,
00:47 des slogans que vous avez croisés pendant votre enquête pour Livre Noir ?
00:51 - Oui, effectivement, j'ai retrouvé des militants, des visages que j'avais croisés,
00:55 car dans le cadre de mon enquête sur des groupuscules et des collectifs d'extrême-gauche,
01:00 j'ai intégré notamment une association qui se présente comme une association pro-palestine
01:05 et qui s'appelle Urgence Palestine, et qui est en réalité un réseau pro-amas,
01:09 et dont justement fait partie ce comité de la Sorbonne.
01:13 Donc ce comité avec ses militants fait partie d'Urgence Palestine,
01:16 qui est un réseau pro-amas sur lequel j'ai enquêté pour mon enquête sur l'extrême-gauche.
01:21 - Oui, et donc vous êtes formelle, Pauline,
01:23 vous nous dites ce matin sur l'antenne d'Europe 1,
01:26 il n'y a peut-être pas que des étudiants qui spontanément se mobilisent
01:30 par émotion pour les malheurs des Palestiniens,
01:34 vous voyez, vous, une organisation politique qui défend des objectifs
01:38 qui ne sont peut-être pas forcément que strictement la défense des Palestiniens ?
01:41 - Tout à fait, alors déjà c'est organisé parce que ce comité,
01:44 ce collectif dans lequel j'étais avait pour ambition justement de se développer
01:48 dans les universités, notamment via ce comité de la Sorbonne,
01:53 et puis effectivement, moi-même en intégrant ce groupe,
01:56 je me disais que peut-être j'allais me retrouver dans un collectif
01:59 qui défend les civils palestiniens dans le cadre justement de la guerre
02:03 entre le Hamas et Israël, et en vérité c'est un groupe très offensif
02:06 qui considère que le Hamas est un mouvement de résistance,
02:10 bien que ce soit un groupe terroriste islamiste.
02:13 - Qu'est-ce que c'est ce collectif Urgence Palestine
02:16 et quel but poursuit-il, Pauline Condomine ?
02:19 - Alors en fait c'est un groupe qui a été créé
02:21 suite justement aux massacres qui ont été commis le 7 octobre
02:26 par le Hamas en Israël, donc qui ouvertement est un groupe
02:30 qui défend la Palestine, mais qui en vérité a été créé
02:33 parce que les massacres du 7 octobre ont généré une forme d'espoir
02:37 chez ces militants, et en fait ce sont des militants antisionistes,
02:42 c'est-à-dire que pour eux Israël n'a pas lieu d'exister,
02:45 Israël doit entièrement disparaître,
02:47 et la Palestine doit être libérée entièrement selon eux,
02:51 et ce groupe soutient le Hamas.
02:54 Alors c'est à peine voilé, parce que le groupe se dit antisioniste,
02:58 il dit qu'il soutient la résistance du peuple palestinien,
03:00 et lorsqu'on se rend à ces réunions,
03:02 on entend une apologie assez permanente
03:05 des massacres commis le 7 octobre
03:07 qui pour les militants sont un vrai motif d'espoir.
03:09 - C'est-à-dire qu'il y a un décalage entre les propos qui sont tenus publiquement,
03:14 qui sont des propos tenus, des propos maîtrisés,
03:17 et ce que vous avez pu entendre, vous, dans l'intimité de réunions fermées au public,
03:22 ou encore sur des groupes WhatsApp, des boucles WhatsApp réservées aux militants.
03:26 Vous avez constaté cet écart ?
03:28 - Tout à fait, il y a un décalage.
03:30 Les propos qui sont tenus publiquement maintiennent une certaine ambiguïté
03:34 quand ils disent qu'ils soutiennent la résistance du peuple palestinien.
03:36 En vérité, ils désignent le Hamas,
03:39 mais ils ne disent pas directement "nous soutenons le Hamas",
03:42 mais lorsqu'on va dans ces groupes, on se rend compte,
03:44 certains, par exemple, une militante, la première réunion à laquelle j'ai assisté,
03:47 a expliqué que pour elle, le 7 octobre, ça avait été la résistance en action.
03:51 Un autre militant a, par exemple, dit qu'il fallait soutenir la résistance du peuple palestinien
03:56 sous toutes ses formes, et ainsi qu'il ne fallait pas condamner les viols commis par le Hamas
04:00 sur les civiles israéliennes, et toutes ces déclarations ont été tenues,
04:04 notamment devant une députée de la France insoumise à laquelle j'étais à cette réunion,
04:08 qui s'appelle Daniel Simonet.
04:09 Et donc ces groupes qui sont en lien avec des députés, notamment de la France insoumise,
04:14 ces députés savent très bien ce qu'il en est,
04:18 et ils jouent un peu avec le feu parce que ces militants sont extrêmement radicalisés
04:21 et que ça peut même les dépasser.
04:23 - Mais effectivement, les insoumis, on les a beaucoup vus, notamment du côté de Sciences Po,
04:27 Aymeric Caron, Antoine Léaument,
04:30 certains d'ailleurs ont diffusé un message de félicitations,
04:34 un message de Jean-Luc Mélenchon qui se trouvait à ce moment-là en Arménie.
04:38 Ça ne vous a pas surprise, j'imagine Pauline, de les retrouver, ces élus insoumis ?
04:44 Quel est leur objectif, d'après vous, dans ce soutien ostensible
04:48 adressé aux étudiants pro-palestiniens ?
04:52 - Non, ça ne m'a pas du tout surpris, car j'ai effectivement côtoyé
04:55 des personnalités de la France insoumise lors de mon enquête sur ce comité pro-Palestine.
05:01 En fait, ils ont une visée très certainement électorale,
05:04 mais ça a ses limites, comme les militants étaient extrêmement radicalisés.
05:09 Ils considéraient que les députés de la France insoumise étaient même trop tièdes.
05:12 Justement, moi, j'ai vu Danielle Simonnet qui expliquait à ses militants
05:16 qu'elle n'était pas d'accord avec tout ce qu'il disait,
05:18 parce qu'il louait concrètement les massacres du 7 octobre.
05:21 Mais elle leur a dit "Mais manifestons ensemble, je pense que c'est la meilleure chose à faire".
05:26 Et les militants ont trouvé qu'elle était beaucoup trop modérée.
05:29 Donc, ils s'adressent à ces éléments radicaux, ils connaissent leur radicalité.
05:33 Ils font ça à visée, bien sûr, électorale,
05:36 parce que ces personnes, justement, vont charrier beaucoup de monde en manifestation.
05:39 Ils ont une grande influence à la fois sur des jeunes de l'université,
05:43 mais aussi dans certains quartiers.
05:45 Et donc, effectivement, il y a une visée électorale pour ces personnalités de la France insoumise.
05:48 - Notamment, alors, vous avez... J'ai lu ce propos dans votre enquête.
05:52 Rima Hassan, qui est la figure de proue des Insoumis dans cette campagne pour les Européennes
05:57 et qui incarne véritablement la cause palestinienne,
06:00 elle est considérée par certains de ces militants que vous avez pu croiser du collectif Urgence Palestine
06:05 comme une traîtresse à la cause.
06:07 Comment ça se fait ?
06:08 On est un peu surpris qu'elle soit considérée comme trop molle, finalement.
06:11 - Effectivement, c'est assez surprenant.
06:12 En fait, Rima Hassan s'est prononcée pour l'existence d'un État binational,
06:17 donc avec deux nationalités au Proche-Orient,
06:21 et ses militants sont réellement antisionistes,
06:23 c'est-à-dire que pour eux, il ne doit y avoir qu'un État,
06:25 et un État qui soit simplement palestinien.
06:27 Et donc effectivement, lorsqu'elle s'est prononcée pour cette solution dans les médias,
06:31 les militants d'Urgence Palestine ont considéré que c'était une traîtresse
06:35 et que c'était en fait un dévoiement de la lutte palestinienne que de tenir ces positions-là.
06:41 Et je pense que ça montre beaucoup leur radicalité,
06:44 parce qu'effectivement, Rima Hassan doit un peu adapter son discours
06:48 au monde des médias et au monde politique.
06:51 Et en fait, ces militants n'arrivent pas à le comprendre
06:53 tant ils sont obsédés par leur haine d'Israël et leur volonté qu'Israël disparaisse.
06:57 - Merci beaucoup Pauline Kondomin pour votre témoignage sur l'antenne d'Europe 1.
07:02 Et donc on vous lira ce mois-ci dans le magazine Livre Noir,
07:06 votre grande enquête infiltrée au cœur de l'extrême gauche.
07:09 Merci à vous Pauline Kondomin, bonne journée.