Alain Finkielkraut, philosophe et écrivain, était l'invité de Benjamin Duhamel dans BFMPolitique.
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00:00 BFM Politique
00:02 Benjamin Duhamel
00:05 Le philosophe et écrivain Alain Finkielkraut, invité de BFM Politique, Alain Finkielkraut, juste avant de commencer cet entretien, je signale à tous ceux qui nous regardent
00:14 chez eux que vous pouvez interpeller, questionner directement Alain Finkielkraut en flashant le QR code qui vient d'apparaître à la droite de l'écran
00:21 et nous nous relaierons vos questions tout au long de cette émission. J'ajoute Alain Finkielkraut que votre dernier livre est paru aux éditions
00:28 "Galimar, pêcheur de perles", on va voir dans un instant apparaître
00:33 la couverture. Alain Finkielkraut, je voudrais commencer par les blocages à l'université par des militants et des étudiants pro-palestiniens qui se sont donc
00:40 multipliés cette semaine à Sciences Po, Paris mais aussi
00:43 à Lille, à Lyon, on va y revenir dans le détail dans un instant mais d'abord une question d'ordre plus générale.
00:48 On a beaucoup entendu de commentaires sur
00:50 l'américanisation des universités françaises, un mouvement de fonds idéologique, est-ce que ce n'est pas juste une minorité d'étudiants
00:58 comme on a pu le voir par le passé qui décident de se mobiliser parce que cette cause leur paraît juste ?
01:02 Une minorité,
01:05 je demande à voir. Les lycéens
01:07 menacent d'entrer dans la danse, donc
01:12 aura-t-on un droit à un mai 2024
01:16 qui en fait, et nous en parlerons, sera très différent de mai 68.
01:22 Une minorité, je ne sais pas. En tout cas c'est un phénomène
01:27 qui touche le monde occidental
01:29 et il faut remonter dans notre temps pour en comprendre la nature.
01:34 Cela date aux États-Unis effectivement du remplacement des humanités et des sciences sociales
01:43 par les studies,
01:45 African American studies,
01:48 subaltern studies, women studies, gay studies, queer studies, lesbian studies, etc.
01:56 Des studies multiples mais qui désignent toutes, ce ne sont pas des études,
02:02 contrairement à ce qu'elles laissent entendre, ce sont des réquisitoires contre un seul et même coupable,
02:09 l'Occident. - C'est aussi à la fin quelconque des champs d'études sociologiques qui n'existaient pas par le passé ?
02:16 - Non, non, non. Quand vous étudiez
02:21 des gender studies, vous prenez des auteurs,
02:26 et vous les montrez effectivement...
02:29 - C'est interdit d'étudier la question du genre dans la littérature, dans l'histoire.
02:33 - Oui, les stéréotypes qui se cachent dans leur oeuvre,
02:35 et ce faisant vous ne traitez plus les grandes oeuvres comme elles doivent l'être, avec humilité, avec respect,
02:41 vous les convoquez devant votre tribunal.
02:43 Bref, donc le coupable est unique, c'est le blanc
02:49 impérialiste, colonialiste,
02:52 prédateur.
02:54 Israël, aujourd'hui,
02:56 c'est devenu le blanc
02:59 majuscule, c'est le fer de lance de l'Occident. Le phénomène a commencé en 1967.
03:07 Israël, alors, n'était plus...
03:10 Avec les conquêtes de la guerre des Six Jours, ce n'était plus tout à fait le pays des réfugiés ou des pionniers,
03:18 c'était le pays
03:21 des colonisateurs, et le phénomène trouve son apothéose aujourd'hui avec la guerre à Gaza.
03:26 - On va détailler tout cela dans un instant. Juge, je m'arrête avant de donner la parole à mes camarades. Vous disiez
03:30 peut-être que mai 2024 va ressembler à mai 68.
03:34 Vous pensez vraiment qu'on est à l'aube, en quelque sorte, d'un mouvement similaire
03:40 aux événements de mai en 1968 ?
03:42 - En tout cas, visiblement, aux États-Unis,
03:44 c'est le cas, puisque le mouvement touche toutes les universités.
03:50 Nous voyons aussi... - Premier en France, à la Finkelkrot. - Et en France, nous voyons des gens
03:54 extrêmement complaisants avec ce mouvement. Même l'administrateur de Sciences Po, qui nous explique
04:02 que les étudiants sont très touchés par ce qui se passe à Gaza, et le maître Henri Leclerc,
04:10 grand défenseur des droits de l'homme, qui salue les élans du cœur
04:15 de la population étudiante. - C'est ce que vous appelez complaisant ? Le fait que Sciences Po ait signé un accord qui a été
04:22 contesté, parce qu'il y a eu des levées, notamment de saisines
04:27 disciplinaires, à un moment donné fut envisagé par l'administrateur de Sciences Po le fait de débattre des liens avec les universités.
04:34 Tout ça vous a choqué ?
04:36 - Débattre des liens avec les universités israéliennes, c'est tout simplement ignoble.
04:42 Les universités israéliennes ne dépendent pas du gouvernement, ce sont d'ailleurs des foyers de contestation.
04:47 J'ai pu le constater lors de mon dernier voyage. - Et d'ailleurs cette question a été écartée par la direction de Sciences Po.
04:54 Il n'y aura pas de remise en cause de ces personnalités.
04:56 - Les étudiants sont furieux, mais j'en reste à ces élans du cœur, si vous voulez bien.
05:01 Parce que là, c'est quoi ce cœur en réalité ? Tel les
05:06 jeunes
05:09 révolutionnaires chinois
05:11 grandissant le petit livre rouge, ces émotifs
05:15 enkéfiés récitent docilement le catéchisme woke.
05:21 Ce sont, là je citerai Peggy, ces âmes jeunes, sont des âmes mortes
05:25 tout entière envahies de tout fait.
05:28 - Attendez, Alain Fickel-Croix, je ne la parle dans un instant à Mario Mourou, mais juste
05:31 comprenez aussi que pour ceux qui nous regardent, peut-être certains des jeunes qui se sont mobilisés, que ce soit à Sciences Po ou devant d'autres universités,
05:37 soient émus par ce qui se passe à Gaza.
05:41 - Ce n'est pas "se mobiliser pour la cause palestinienne", ce n'est pas forcément tous
05:44 des gens avec des slogans tendancieux.
05:47 - Il n'y a aucune sincérité possible dans ces événements.
05:50 - C'est une sincérité, mais tout, comme je cite Peggy,
05:54 tout est aujourd'hui revêtement, le cœur même devient revêtement.
05:58 Idées toutes faites, idées toutes faites premières, et bien
06:02 l'occupation, on dénonce l'occupation.
06:07 Israël s'est retiré du Liban en 2002, de Gaza en 2005, c'est-à-dire il y a bientôt 20 ans.
06:15 Apartheid, ils nous disent tous,
06:17 75 ans d'apartheid, depuis la création de l'état d'Israël. La déclaration d'indépendance
06:22 garantit les droits égaux à tous les citoyens.
06:28 Aujourd'hui, aujourd'hui même, enfin ces derniers jours-ci,
06:33 une arabe chrétienne israélienne a été élue
06:37 présidente de l'université de Haïfa.
06:41 Il y a 35 % d'étudiants arabes à Haïfa. Il n'y a plus un seul juif dans les pays arabo-musulmans.
06:47 Alors de quoi nous parle-t-on ?
06:50 - Question de Marion Barrog.
06:51 - Il y a justement ces images qui viennent des Etats-Unis, on voit une contagion de la contestation
06:56 dans les campus américains. Est-ce que vous dites aujourd'hui on arrive à ce point de bascule en France, où on en est encore loin,
07:02 même si évidemment on a entendu des slogans antisémites ici ?
07:05 - Nous verrons bien, nous verrons bien.
07:07 Le wokisme en tout cas a gagné la France.
07:11 Le wokisme est un crétinisme
07:13 qui touche malheureusement les futures élites des deux côtés de l'Atlantique.
07:21 - Vous dites que c'est aujourd'hui vraiment à un niveau maximal ?
07:23 - Et il faut souligner également sa dimension anti-juive.
07:30 Parce que tous ces jeunes gens dont le coeur bat nous expliquent qu'il faut dénoncer le génocide à Gaza.
07:40 Israël génocidaire. C'est une absurdité.
07:44 - Mais il n'y a pas eu en tant que tel, Alain Fickel-Croate, de slogans antisémites prononcés par des étudiants de Sciences Po ?
07:49 - Le mot de génocide est en lui-même anti-juif.
07:53 Parce que ça ne veut rien dire.
07:55 Ça veut dire d'abord que ces jeunes gens, pleins de bon sentiment et de bonne vélonté,
08:01 n'ont jamais vu Shoah, de Klondezman,
08:03 n'ont jamais ouvert, si c'est un homme ou les naufragés, les rescapés de Primo Levi.
08:09 Ils n'ont pas lu, bien sûr, ils n'ont jamais entendu parler des 40 jours du Moussadar de Franz Werfel sur les génocides des Arméniens,
08:16 sinon ils ne pourraient pas s'exprimer ainsi.
08:18 Il s'agit par ce terme de déloger les juifs de leurs piédestals victimaires.
08:24 À Columbia, il y a eu avant d'ailleurs, même le 7 octobre, une réunion d'étudiants autour du thème "l'Holocauste n'est pas exceptionnel".
08:34 Non seulement l'Holocauste n'est pas exceptionnel, mais ce sont les juifs qui font subir maintenant un holocauste aux Palestiniens.
08:42 - Sur cette question, j'aimerais qu'on s'arrête un instant sur la réponse des autorités.
08:45 Encore ce matin, dans les colonnes de la Tribune Dimanche et de la Provence,
08:48 le président de la République dit condamner avec la plus grande fermeté les blocages dans les universités,
08:53 au diapason d'ailleurs du Premier ministre Gabriel Attal.
08:56 Vendredi, le préfet de police, le ministre de l'Intérieur ont ordonné l'évacuation des derniers militants qui bloquaient Sciences Po Paris.
09:04 Est-ce qu'au moins, vous dites, les autorités ont été à la hauteur sur ce point-là ?
09:09 - Je pense qu'elles ont été à la hauteur, mais ça n'empêchera pas la contagion.
09:15 Au contraire d'ailleurs, puisque les syndicats lycéens appellent eux-mêmes au blocage dans les lycées.
09:20 Donc on verra bien la semaine prochaine, mais j'en reviens à la comparaison avec 68.
09:26 - Vous avez été vous-même militant pendant les 68 ?
09:29 - Oui, tout le monde à l'époque.
09:30 - Ça étonnera peut-être certains de ceux qui nous regardent aujourd'hui.
09:32 - Étant donné le réacte que je suis devenu.
09:34 - C'est vous qui l'avez dit, c'est pas moi.
09:36 - C'était un moment de ferveur grégaire et d'illusionérique.
09:40 - Un élan de cœur.
09:41 - Cela étant, il y avait une certaine créativité dans les slogans "sous les pavés la plage",
09:48 "soyez réaliste, demandez l'impossible", "jeune femme rouge toujours plus belle".
09:53 Voilà, certains des graffitis, même un certain humour, puisque je suis marxiste, tendance Grouchaud.
10:01 Voilà ce qu'on trouvait aussi.
10:02 Et surtout, nous sommes tous des juifs allemands.
10:07 Quand même.
10:08 Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on entend en fait ?
10:10 Nous sommes tous des résistants du Hamas, ce qui veut dire en clair, nous voulons tous la mort des juifs.
10:18 Voilà la réalité de ce mai 2024 qui éventuellement se prépare.
10:26 - Juste, pardon Alain Figueroa, pour s'arrêter là-dessus.
10:28 Encore une fois, je ne nie absolument pas l'aspect tendancieux de certains slogans,
10:32 une forme de complaisance avec l'antisémitisme, parfois un antisionisme qui devient antisémitisme.
10:38 Mais n'y a-t-il pas quelques jeunes qui sont sincèrement émus de ce qui se passe là-bas
10:43 et qui peut-être même sont d'ailleurs instrumentalisés, ne se rendent pas compte de ce qu'ils font.
10:47 Vous dites vous-même, mai 68, il y avait une forme d'instinct grégaire.
10:51 Est-ce qu'il n'y a pas certains éléments comparables aujourd'hui ?
10:53 - Justement, quand on est jeune et quand on est étudiant, normalement on lit.
11:01 Or, ils ne lisent rien. La seule chose que lisent, en tout cas les militants que l'on voit sur votre chaîne et les autres,
11:09 c'est visiblement Wikipédia. Voilà, c'est ça qui m'inquiète.
11:13 Et je lis dans le Parisien quand même, que 35% des jeunes de 18 à 25 ans
11:27 estiment justifié de s'en prendre aux Juifs du fait de leur soutien à Israël.
11:35 - Mais comment vous expliquez justement ce basculement dans l'opinion ?
11:37 Comment vous expliquez ces chiffres, qui sont très importants ?
11:40 Comment vous expliquez ce basculement dans l'opinion et qu'on puisse avoir de telles proportions ?
11:45 - C'est le mot de génocide et le mot d'apartheid.
11:50 C'est-à-dire que le nouveau mort au Juif dit, en réalité, d'où sa bonne conscience, mort au nazi.
12:00 Puisque l'État juif devient un État nazi.
12:05 - Il y a un retournement du stigmate.
12:06 - Bien sûr, un retournement. Vous étiez des victimes, vous avez beaucoup emmerdé avec ça.
12:13 Maintenant c'est fini et vous êtes devenus dans l'esprit de cette jeunesse.
12:19 D'autant plus manéchéenne qu'elle est ignorante.
12:22 - Qu'est-ce que vous dites ? Cette jeunesse à Sciences Po devient ignorante.
12:28 Il y a des dérapages.
12:30 Les Républicains à droite proposent une mise sous tutelle de l'établissement Sciences Po.
12:37 La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a décidé de couper les financements, les subventions.
12:41 Est-ce que ce sont de bonnes idées pour vous ?
12:44 - Je n'en sais rien. Je suis très inquiet de la dérive de Sciences Po.
12:51 On dit d'ailleurs que la majorité des étudiants qui ont voté Mélenchon sont favorables à la France insoumise.
13:01 Il faut savoir aussi ce qu'est devenu...
13:04 - Certaines études ont montré que 55% des étudiants de Sciences Po avaient pu voter pour Jean-Luc Mélenchon en 2022.
13:09 - Combien ? - 55%.
13:11 Est-ce que pour vous, couper les financements, ça va trop loin ? C'est absurde ?
13:14 Ou il faut en arriver à ça ?
13:16 - Ce que je pense, c'est qu'il faut revenir à un enseignement exigeant à Sciences Po.
13:26 Et il faut aussi pouvoir traiter à Sciences Po de l'histoire du conflit israélo-palestinien.
13:34 Mais disons, il faut que les étudiants ouvrent enfin leurs oreilles pour comprendre ce qui se passe.
13:44 - Je rappelle pour ceux qui nous regardent que Sciences Po se cherche un directeur,
13:47 puisque en l'état, c'est un administrateur provisoire qui est à la tête de l'établissement.
13:50 Feriez-vous un bon directeur de Sciences Po ?
13:53 - Ce que j'aimerais, par exemple, vous avez parlé de Pêcheur de Perle.
13:57 Pourquoi ne ferais-je pas une conférence à Sciences Po autour de certains thèmes de ce livre ?
14:04 La civilité... - Vous êtes persona non grata à Sciences Po ?
14:08 - Bien sûr. Je pense que je suis persona non grata dans toutes les universités françaises.
14:14 - Mais vous pensez où vous avez des éléments qui permettent de dire que ces conférences-là ne sont pas possibles ?
14:24 - J'ai des éléments. Il y a déjà quelques années, un étudiant voulait m'inviter à l'ENS.
14:30 - Pour dire les choses pour ceux qui nous regardent, moi je vous ai invité à Sciences Po il y a une dizaine d'années.
14:33 Vous êtes venu. - Je suis venu, mais vous savez que je suis passé par les cons.
14:36 - Vous aviez un dispositif policier. - Je suis revenu une fois.
14:40 Là encore, on a dû changer le lieu du séminaire. Je pense qu'aujourd'hui, c'est impossible.
14:49 - Donc directeur de Sciences Po ? - Je suis prêt.
14:52 Et même, d'ailleurs, à traiter du conflit israélo-palestin, où je vais peut-être vous surprendre,
14:57 je ne suis absolument pas un inconditionnel. - Absolument.
15:01 - Qui ferait un bon patron de Sciences Po ? - Je ne sais pas.
15:05 Moi, je ne crois pas. De toute façon, je ne comprends rien à toutes les questions d'organisation.
15:15 Je ne suis pas un organisateur. - Question de Marion Mourouc.
15:19 - Depuis huit jours, on a vu des députés de la France insoumise venir à Sciences Po en soutien des manifestants.
15:25 Quand vous regardez ce que fait la France insoumise, vous dites quoi ?
15:29 C'est un soutien des intéressés à une cause politique ou c'est de l'instrumentalisation de la part d'un parti politique ?
15:35 - Bien sûr qu'ils instrumentalisent. Le rêve de la France insoumise, c'est de faire la jonction entre l'amphiboutimie et la Seine-Saint-Denis,
15:46 entre la jeunesse woke des métropoles et les quartiers dits populaires.
15:55 - Donc pour vous, c'est une stratégie électorale ? - C'est une stratégie cynique, bien sûr.
16:00 Et ils vont très loin dans ce sens. Jean-Luc Mélenchon disait tout récemment sur Jérôme Guedj, député socialiste qui avait été au cœur du dispositif de la NUPES.
16:13 Il tourne autour du piquet où le retient à la laisse de ses adhésions. Vous vous rendez compte ce que ça veut dire ?
16:19 - Comment vous l'avez compris ? - Ça veut dire que c'est sa judéité qui parle, c'est pour ça qu'il ne va pas jusqu'à dénoncer le génocide.
16:27 - Il est antisémite Jean-Luc Mélenchon ? - Ce que je sais, c'est que Jean-Luc Mélenchon, mais avec lui aussi, Thomas Porte, Daniel Obono, Rima Hassan,
16:40 Eric Coquerel, Mathilde Panot font de la France insoumise un parti de plus en plus ouvertement antisémite.
16:53 Ils le font par calcul. J'espère qu'ils se trompent. Cette jonction n'aura peut-être pas lieu.
17:03 Ils prendront une veste aux élections européennes, ce qui permettra à d'autres dirigeants de plus en plus embarrassés par cette dérive,
17:14 de prendre les choses en main et de réintégrer la France insoumise dans l'arc républicain. Voilà mon souhait.
17:22 - Un mot rapidement avant de faire une très courte coupure. La semaine a aussi été marquée par les convocations de deux personnalités de la France insoumise,
17:28 Mathilde Panot et Rima Hassan, pour apologie du terrorisme, notamment liée au communiqué de presse qui avait été fait au lendemain du 7 octobre.
17:35 Est-ce que c'est vraiment à la justice de trancher ces différents à l'infime quelconque ?
17:39 - Non, je ne crois pas. Mais il ne faut pas... On a le droit de critiquer, justement, cette invasion de la justice, mais il ne faut pas oublier les propos de Mathilde Panot
17:51 qui était députée de la France insoumise au lendemain du 7 octobre. - Qui évoquait une offensive des forces armées palestiniennes.
17:57 - Voilà, l'offensive des forces armées du Hamas qui intervient dans un contexte d'intensification de l'occupation israélienne.
18:04 Je rappelle, il n'y avait pas d'occupation à Gaza. Et ça veut dire justifier le 7 octobre. C'est absolument ignoble.
18:12 - A minima, le contextualiser. Mais est-ce que pour autant, ça justifie d'être convoqué par les policiers ?
18:18 - Mais Rima Hassan, il faut rappeler aussi qu'elle a dit que le Hamas menait une action légitime et qu'Israël n'avait pas le droit qu'on défende.
18:27 - Elle sera notre invitée ce soir pour sur cet élément. C'est une interview au Crayon. Elle explique qu'il y a eu un montage qui déformait ses propos.
18:35 Et elle dit aujourd'hui que le Hamas est un groupe religieux avec une branche politique et une branche armée qui commet des actes terroristes.
18:42 - Juste pour replacer ce qu'elle dit. - D'accord. Vous verrez avec elle. En tout cas, elle est 7e sur la liste.
18:49 Ce qui veut bien dire que la question palestinienne est au cœur du dispositif de la stratégie de la France insoumise.
18:56 Et la question palestinienne, c'est la dénonciation du génocide israélien, c'est-à-dire du juif devenu bourreau.
19:05 Du juif devenu directeur du camp de Auschwitz. Voilà ce que ça veut dire. C'est tout.
19:10 - On continue cette discussion dans un instant. Restez avec nous, BFM Politique. Toute petite pause et on continue la discussion. A tout de suite.
19:16 - Alain Finkielkraut, invité de BFM Politique. Alain Finkielkraut, avant de continuer notre entretien, une question d'un téléspectateur.
19:24 Voilà ce que vous demande Martin. Guillaume Meurisse, l'humoriste, est suspendu d'antenne à France Inter. Est-ce qu'il est victime de la cancel culture selon vous ?
19:33 Est-ce que vous lui apportez votre soutien ? Je rappelle pour ceux qui nous regardent et qui peut-être n'ont pas suivi que Guillaume Meurisse a été suspendu
19:38 après avoir réitéré les propos polémiques sur Benjamin Netanyahou à l'antenne. C'était la deuxième fois qu'il les disait dans son émission de France Inter.
19:47 Est-ce que vous lui apportez votre soutien ? - Non, je ne lui apporte absolument pas mon soutien. Il avait dit de Benjamin Netanyahou que c'était une sorte de nazi...
19:58 - Sans prépuce. - Sans prépuce. C'est pas une phrase drôle. C'est même pas une blague pas drôle.
20:04 C'est une phrase antisémite, brutalement antisémite. J'ai été étonné qu'aucune sanction ne soit prise contre lui.
20:13 - Oui parce qu'il a été auditionné par la police. Les plaintes ont été classées sans suite.
20:17 - Les plaintes ont été classées sans suite. Mais de toute façon, France Inter à l'époque craignait les réactions violentes.
20:24 D'ailleurs, je pense qu'il y en aura. Mais il est allé jusqu'à réitérer ses propos. Donc ce n'est pas un humoriste. C'est un militant qui s'attaque très souvent au physique des gens.
20:39 Il avait expliqué à mon propos que j'avais le cerveau qui me coule du nez, que j'étais complètement gâteux, etc.
20:47 Bref, cet homme n'a aucune limite, aucun scrupule. Et la seule chose qu'on peut dire de lui, la seule continuité de son œuvre, c'est qu'il n'est pas drôle.
20:58 C'est un humoriste professionnel qui est en fait un tonton macoute de la gauche radicale.
21:04 - Alain Ficulcroque, je rappelle que vous avez une émission de Radio sur France Culture. Est-ce que vous souhaitez que le service public Radio France se sépare de Guillaume Meurisse ?
21:11 - Je laisse le soin à Sibyl Veil d'en décider. Je n'ai rien à souhaiter. J'aimerais simplement que les humoristes professionnels renouent avec l'humour, rompent avec le militantisme
21:27 et trouvent à nouveau l'occasion d'être drôles et de prendre la pensée dominante à rebrousse-poil. Ça nous ferait un changement.
21:36 - Avant de parler de Raphaël Luxmann, le téléspectateur il y a un instant se demandait, avec j'imagine une forme d'ironie, s'il n'était pas victime de la cancel culture.
21:44 Quoi qu'on pense de l'humour ou non, de l'aspect extrêmement choquant de ce qu'a pu dire Guillaume Meurisse, est-ce que ce n'est pas une forme d'obstacle à la liberté d'expression ?
21:56 À partir du moment où, rappelons-le, il n'a pas été condamné puisqu'il y a eu des plaintes et qu'elles ont été classées sans suite.
22:01 - J'ai entendu Sophia Rahm sur France Inter à propos justement du conflit et du mouvement Sciences Po.
22:09 On ne peut pas dire qu'elle soit actionnaire, etc. Mais elle a dit des choses extrêmement intelligentes, définitives et fortes.
22:17 Je répète la liberté d'expression. Mais je me souviens, l'autre jour, il y a eu un humoriste lui-même qui était assez drôle.
22:28 On l'interroge, il dit "moi je fais des blagues de temps en temps complètement ratées, mais quand je sens que je blesse des gens, j'arrête. Je m'excuse et j'arrête".
22:39 Bon, voilà. Ça devrait être, si vous voulez, la limite que les amuseurs eux-mêmes s'imposent.
22:48 - Question d'Amandine Atalaya sur ce qui s'est passé le 1er mai à Saint-Etienne.
22:52 - Oui, vous avez dû voir, comme beaucoup de Français, les images de Raphaël Glucksmann, qui est le candidat socialiste pour les Européennes, exfiltré de ce rassemblement.
23:00 Il y a eu des jets de peinture à son encontre. Au moins un militant insoumis qui s'éventait d'avoir voulu le mettre dehors.
23:10 On avait aussi des jeunes communistes. Qu'est-ce que vous vous êtes dit, Alain Finkielkraut, en voyant ces images ?
23:16 - J'ai trouvé, encore une fois, ce moment de fanatisme absolument déplorable.
23:24 Et je pense qu'il a été, en effet, évincé, chassé du défilé par des manifestants vociférants et qui brandissaient des drapeaux palestiniens.
23:38 Donc, je pense que le fait qu'il s'appelle Glucksmann n'est pas tout à fait, n'est pas complètement étranger à cette éviction.
23:47 - Alors, ça veut dire que pour vous, ce n'est pas simplement des divisions à gauche qui expliquent ce qui s'est passé. Il y a des relents antisémites ?
23:54 - De toute façon, il y a une folie furieuse aussi parce que l'un des militants qui se vante de l'avoir expulsé dit qu'il devait payer son soutien à Saakashvili, l'ancien président géorgien.
24:11 Donc, si vous voulez, non seulement ils sont pro-Amins, mais ils sont pro-Poutine. Voilà cette gauche qu'on nous offre comme une alternative,
24:22 cette gauche dite sociale qu'on nous offre comme une alternative à la droite et au centre. C'est tout simplement épouvantable.
24:33 Mais cette dimension anti-juive ne doit pas être occultée.
24:38 - Donc, Raphaël Glucksmann est victime d'antisémitisme ?
24:41 - Je ne dirais pas, je dis simplement, brandir des drapeaux palestiniens, moi quand même, ça me rappelle ce qui m'est arrivé quand j'assistais en spectateur à une manifestation des Gilets jaunes.
24:54 Et ce sont certains Gilets jaunes, justement de la gauche, qui se sont approchés de moi en me traitant de saltionniste quand même.
25:04 Donc, voilà, ça a éveillé cet écho en moi.
25:07 - Oui, vous avez le sentiment qu'il y a une forme de parallélisme entre les...
25:09 - Je pense qu'on peut le faire.
25:11 - Alain Finkielkraut, vous rentrez d'Israël, vous avez passé quelques jours et j'ai lu votre interview dans les colonnes du Figaro,
25:17 vous avez eu des mots très sévères sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
25:21 Je vous cite le pire Premier ministre de l'histoire d'Israël. Pourquoi ?
25:26 - Alors, j'ai vu aussi un pays traumatisé par le grand pogrom du 7 octobre et aussi obsédé par les otages.
25:38 Il y a une place des otages à Tel Aviv et ce qu'on peut reprocher aussi à ces jeunes gens émotifs,
25:43 c'est qu'il n'y a pas un mot pour ce pogrom et pas un mot pour les otages.
25:47 Et ce pogrom, c'est terrible pour Israël parce qu'Israël a été créé comme une sorte d'état refuge
25:53 afin que des persécutions et des massacres de ce type ne se reproduisent plus.
25:57 Ils ont eu l'union d'Israël. Donc, de ce point de vue-là, il y a un consensus.
26:01 Il fallait répondre. Mais c'est ça qui m'a le plus frappé.
26:04 Israël n'a même pas, dans cette situation terrible, la consolation, le réconfort de l'union sacrée.
26:11 C'est un pays divisé, c'est un pays fracturé et en effet, un professeur de sciences sociales de l'université de Tel Aviv,
26:21 brisé par ces événements dont je parle, me dit que le problème d'Israël, ce n'est pas le "ramas enetaneu".
26:31 Rama, c'est l'ennemi.
26:33 - Et vous êtes d'accord avec ça ? Vous dites "pire Premier ministre de l'histoire d'Israël".
26:37 - Pourquoi ? Entre autres, parce qu'il a fait entrer au gouvernement le parti national religieux,
26:47 le parti sioniste religieux et le parti force juive.
26:51 - De Smotrich, Benvir.
26:53 - Ce sont des infréquentables, des gens terribles, absolument terribles.
27:00 D'ailleurs, une membre de ce parti qui est au gouvernement s'est prononcée, on discute de trêve aujourd'hui,
27:10 et les Israéliens ont fait une proposition que Anthony Blinken lui-même a jugée extraordinairement généreuse.
27:17 Elle s'est prononcée contre un accord qui jette aux ordures les objectifs de guerre pour sauver 22 ou 33 personnes ou je ne sais combien
27:28 et elle dit "un gouvernement de cette sorte ne mérite pas d'exister".
27:33 Donc si une trêve est trouvée, ces gens-là vont quitter le gouvernement,
27:38 ce qui est le mieux qui peut arriver à Israël.
27:40 - Vous dites quoi ?
27:41 - Ils s'accrochent et Netanyahou s'accroche à eux.
27:44 - Donc vous dites aujourd'hui "le Premier ministre israélien empêche d'avoir cette trêve, empêche d'aller vers la paix aujourd'hui" ?
27:49 - Non, non, parce qu'il faut quand même...
27:52 - Il est pour une intervention dans l'Arafat.
27:54 - Netanyahou accepte d'être leur otage parce qu'il pourrait changer sa coalition.
28:02 Il ne le fait pas.
28:03 Mais ses infréquentables, ses incendiaires ne siègent pas au cabinet de guerre.
28:09 Le cabinet de guerre, c'est Netanyahou, Yoav Galanck, mais surtout deux anciens chefs d'État-major.
28:14 - Benigant.
28:15 - Benigant, c'est Gadi Elzenkot, qui ont la tête sur les épaules, qui sont des gens très raisonnables.
28:20 D'ailleurs, eux-mêmes pensent aujourd'hui, semblent penser que l'offensive Arafat n'est pas nécessaire.
28:29 C'est ce que répète Anthony Blinken.
28:32 Donc le gouvernement israélien est aujourd'hui très, très fragile.
28:38 Mais Netanyahou ne propose rien.
28:41 - Est-ce qu'il faut que le gouvernement israélien renonce à cette offensive Arafat
28:45 qui risque d'accentuer encore un peu plus le drame humanitaire en termes de victimes civiles qui se jouent dans la bande de Gaza ?
28:52 Est-ce qu'il faut abandonner ?
28:53 Rappelons que les États-Unis même, Joe Biden, Anthony Blinken, le chef de la diplomatie, disent
28:58 "Nous ne soutenons pas la possibilité d'une offensive Arafat".
29:01 - Ils proposent aussi des solutions alternatives.
29:03 Alors, drame humanitaire, c'est vrai, mais il y a des corridors humanitaires.
29:10 Je ne sache pas qui en ait eu dans le ghetto de Varsovie.
29:13 Il y a de l'aide alimentaire qui parvient de tous côtés maintenant.
29:17 Mais effectivement, comme beaucoup de Palestiniens se sont réfugiés Arafat,
29:22 comme il est très difficile de les transporter une nouvelle fois ailleurs,
29:26 malgré ce que semble souhaiter l'armée israélienne,
29:30 cette offensive Arafat me paraît extrêmement dangereuse.
29:36 Je ne vous dis pas ce qui arriverait aux Juifs du monde entier si une telle offensive avait lieu.
29:43 Mais il faut penser aussi, et penser même en priorité à la population palestinienne.
29:49 Je rappelle aussi quand même, nos émotifs devraient s'en soucier,
29:53 que si des élections avaient eu lieu en 2021, c'est Jean-Pierre Villieu qui le dit,
29:57 eh bien c'est l'autorité palestinienne qui aurait été élue à Gaza
30:03 et c'est le Hamas qui aurait été élu en Cisjordanie.
30:07 Pourquoi ? Parce que les Palestiniens souffrent, la population palestinienne souffre
30:13 de l'arbitraire, de l'autorité qui la domine dans tous les cas.
30:17 C'est aussi ça quand même, c'est aussi ça le Hamas, et même l'autorité palestinienne,
30:21 une autorité arbitraire et corrompue.
30:23 Question d'Amandine Attalaya sur le scrutin du 9 juin.
30:27 Oui, les élections européennes.
30:29 Dans les sondages, le RN est très largement en tête aujourd'hui
30:33 avec Jordan Bardella en tête de liste.
30:35 La liste de la majorité avec Valérie Ayé est très en retard,
30:38 elle ne semble pas réussir à combler ce retard.
30:41 Comment est-ce que vous expliquez le succès aujourd'hui du RN ?
30:44 Succès prévisible ?
30:46 L'actualité explique le succès du FN.
30:49 Une jeune fille passée au tabac, passée à tabac,
30:54 parce qu'elle s'habille à l'européenne.
30:57 Un jeune homme tué, assassiné par un grand frère
31:03 parce qu'il voulait nouer des relations avec la sœur.
31:07 En fait, c'est l'apparence à la jeune Samara.
31:09 La jeune Samara.
31:10 Et ce qui s'est passé à Viry-Châtillon avec la mort de Shem Sediou.
31:14 Et puis, il y a la terrible agression de Matisse,
31:20 qui en est mort par un jeune afghan et sa mère.
31:24 Et donc vous dites que ce ne sont pas des faits divers,
31:27 ce sont des faits de société.
31:29 Ces faits de société favorisent d'autant plus
31:33 l'ascension du RN que la bien-pensance
31:39 et un certain nombre de peuples de partis refusent de s'en saisir.
31:43 Ce qui favorise aussi le RN, c'est le destin de la loi immigration.
31:49 Moi j'ai entendu, à la fin du compte,
31:51 un tournement dans la foulée de ces faits de société,
31:54 comme vous les appelez, appelés à un choc d'autorité.
31:56 Le Premier ministre est même rendu à Viry-Châtillon pour faire un discours.
31:59 Non, non, tant mieux.
32:01 Mais ils veulent revoir la justice des mineurs.
32:02 J'ai confiance en Gabriel Attal.
32:03 Vous avez confiance en le Premier ministre ?
32:05 Oui, plutôt.
32:06 Mais ce que je sens, ce que je vois aussi,
32:09 c'est que le président de la République a appelé la majorité
32:12 à voter la loi immigration.
32:14 Il a immédiatement saisi le Conseil constitutionnel,
32:17 qui l'a censuré et dont le président s'est vanté
32:20 de son acte de bravoure sur tous les plateaux.
32:23 C'est ça qui favorise le RN.
32:25 Pour, si vous voulez, oreiller cette ascension qui semble irrésistible,
32:32 il faudrait que tous les partis en France se saisissent de la réalité,
32:37 c'est-à-dire de l'ensauvagement de la société et de la France française.
32:42 Alors il y a un autre phénomène dans cette campagne,
32:44 on en parlait tout à l'heure, c'est Raphaël Glucksmann
32:46 qui se rapproche de la candidature dans les sondages de Valérie Aiguet.
32:50 Est-ce que vous trouvez que c'est un épiphénomène
32:52 lié à une situation des Européennes
32:55 ou est-ce que ça montre la recomposition de la politique
32:58 et la social-démocratie qui pourraient se refaire une santé
33:01 dans la perspective de la présidentielle ?
33:03 Je pense que l'ascension de Raphaël Glucksmann
33:06 tient au rejet de la France insoumise.
33:09 Donc ce ne serait qu'un épiphénomène ?
33:11 - La partie même de la population bobo est écœurée par la radicalité,
33:20 l'extrémisme, la violence et l'antisémitisme
33:23 qui émanent des principales figures de ce parti.
33:27 Ça, c'est vrai.
33:28 Alors on peut s'en réjouir et je m'en réjouis.
33:31 Ce qui m'inquiète dans la suite de ce que je viens de dire,
33:35 c'est que Raphaël Glucksmann s'est prononcé
33:38 contre le pacte asile et immigration
33:41 voté le 14 avril par le Parlement européen.
33:44 Comme si la gauche, c'était l'ouverture des frontières,
33:47 la droite, la fermeture.
33:49 Alors là, je vais vous citer justement
33:51 un grand penseur américain de gauche,
33:54 un philosophe célèbre, Michael Walzer.
33:59 Sphère de justice, il dit qu'aucune...
34:03 que sans une politique d'admission et d'exclusion
34:07 il ne saurait y avoir de communauté,
34:11 de caractère historiquement stable,
34:15 d'association continue d'hommes et de femmes
34:21 ayant un sens spécifique de la vie en commun.
34:25 Donc le contrôle des frontières
34:28 devait être le souci de tout le monde.
34:30 Il est trop le laxiste sur la question migratoire.
34:32 Il pense que c'est un marqueur de gauche
34:34 et moi je crois qu'il se trompe historiquement et philosophiquement.
34:38 - Encore un mot sur le 9 juin, pour qui vous allez voter ?
34:41 - Je ne vous le dirai pas.
34:42 - Est-ce qu'il y a au moins une liste
34:43 qui se rapproche un petit peu de ce que vous croyiez ?
34:45 - Je ne vous le dirai pas.
34:46 - Vous pourriez voter pour Raphaël Gluzman ?
34:48 - Non. Pour les raisons que j'ai dites.
34:50 - Donc bon, c'est pas Raphaël Gluzman, ça laisse pas beaucoup de...
34:53 - Donc je vous laisse le soin de trouver
34:58 avec votre grande perspicacité,
35:00 votre intelligence hors du commun,
35:02 je pense que vous saurez,
35:04 mais ne dites rien et moi je ne dis rien.
35:06 - François-Xavier Bellamy ?
35:07 - Vous ne dites rien.
35:08 - Il est philosophe comme vous ?
35:09 - Il est professeur de philosophie.
35:11 Moi non plus.
35:12 - En tout cas vous ne dites pas non.
35:14 - J'ai traîné très longtemps professeur de philosophie.
35:15 - Ah ben voilà.
35:16 - Et je n'ai rien dit.
35:17 - Vous voyez là, la perspicacité, comme quoi j'ai...
35:18 - Mais c'est pas sûr.
35:19 - Bon, non mais quand même je sens...
35:21 - Je sens, disons, une forme d'affinité élective.
35:25 Un mot sur les Jeux Olympiques.
35:27 Alain Finkielkraut, dans moins de trois mois,
35:29 les Jeux s'ouvriront à Paris.
35:31 Vous que l'on dépeint parfois comme un philosophe pessimiste,
35:33 voire un peu grognon.
35:35 On imagine que vous ne souscrivez pas exactement à l'idée
35:37 d'une grande fête populaire, non ?
35:38 - Ah, une grande fête populaire, j'aimerais énormément.
35:41 J'adore les grandes fêtes populaires.
35:43 Mais une grande fête populaire,
35:45 dans un Paris en état de siège.
35:48 La gendarmerie, la police, l'armée,
35:51 des armées étrangères en plus,
35:53 les Polonais nous ont promis leur service
35:56 et jusqu'à présent nous avons accepté.
35:58 Qu'est-ce que ça veut dire ?
36:00 Une grande fête populaire qui va coûter des milliers de cents
36:04 alors que la dette en France ne cesse de s'aggraver.
36:10 - Donc j'avais raison, le philosophe un peu grognon.
36:12 - Je ne suis pas complètement fan
36:14 de parler de langage jeune que vous aimez.
36:16 - Vous allez les regarder ou fuir Paris ?
36:19 - J'ai très envie de fuir Paris.
36:22 Ma décision n'est pas prise,
36:24 mais si je les regarde,
36:26 ce sera enfermé dans mon appartement.
36:28 Ce qui me réjouit dans les Jeux olympiques,
36:31 c'est qu'au bout du compte, on a maintenu les bouquinistes.
36:34 J'irais peut-être faire un tour sur les quais.
36:36 - Et sur la cérémonie d'ouverture, vous allez la regarder.
36:39 Vous avez bien entendu parler de la chanteuse Ayana Kamoura, j'imagine ?
36:43 - Oui.
36:44 - Alors, qu'est-ce que vous en pensez ?
36:46 Il voudrait chanter peut-être l'hymne à l'amour d'Edith Kerr.
36:49 - C'est-à-dire que j'ai entendu une de ses chansons,
36:54 je ne la connaissais pas,
36:55 il paraît qu'elle a des millions et des millions de followers.
36:58 - C'est la chanteuse française qui vend le plus à l'étranger.
37:00 - Il n'y avait pas un mot que je comprenais.
37:02 Donc, c'était un peu embêtant,
37:04 puisqu'elle est chargée de représenter l'entendre.
37:06 Et surtout, regardez ce qui s'est passé.
37:08 Parce qu'on dit que tous ceux qui discutent sont racistes.
37:12 J.C. Norman, en 1989, a été choisi pour chanter la Marseillaise.
37:18 C'était magnifique.
37:20 Personne n'a élevé la voix.
37:23 Nous sommes passés, en l'espace d'une quarantaine d'années,
37:29 de J.C. Norman à cette chanteuse.
37:32 - Vous n'avez pas vu de racisme à son encontre dans les débats ?
37:39 - Elle a été victime de racisme ?
37:42 - Peut-être.
37:43 - C'est pas peut-être, je vous le dis avec certitude.
37:46 - Elle a été victime de racisme,
37:48 mais on n'a pas le droit de critiquer comme raciste
37:53 tout étonnement devant le choix du président.
37:59 - Juste sur ce sujet, vous avez le droit de ne pas aimer...
38:02 - Je ne suis pas raciste.
38:03 - Vous avez le droit de ne pas aimer Ayanna Camoura,
38:05 mais quand on a entendu certains responsables politiques dire
38:07 qu'elle ne parle pas français, Marine Le Pen dit que c'est un choix
38:09 qui humilie la France et les Français.
38:11 - Ce qui dit Marine Le Pen ne m'intéresse pas.
38:14 Ce que je constate, c'est que quand elle chante,
38:18 ce n'est pas en français.
38:21 - C'est avec Largo, c'est un nouveau français.
38:27 - Elle aurait été blanche, parce qu'il y a beaucoup de blancs rappeurs
38:32 qui auraient pu candidater.
38:35 Ma réaction aurait été exactement la même,
38:39 comme celle de beaucoup d'autres.
38:41 Je dis comparer l'époque de Jessye Norman et l'époque d'aujourd'hui.
38:46 C'est tout ce que je demande.
38:48 Je rappelle que Jessye Norman était noire.
38:50 - Donc vous n'êtes pas plutôt Dja Dja, Aïpé ou Pouky ?
38:54 - Qu'est-ce que ça veut dire ?
38:55 - Ce sont les chansons d'Ayanna Camoura.
38:57 - Contrairement à vous, je ne les ai pas encore appris par cœur.
39:01 - Je connais les titres, Dja Dja, Aïpé ou Pouky,
39:03 mais vous avez encore un peu de temps pour les écouter.
39:07 Je termine avec une question d'une téléspectatrice, Raphaëlle,
39:10 qui vous pose la question suivante.
39:12 La drag queen mini-majesté va porter la flamme olympique à Paris.
39:15 Un choix qui suscite la polémique.
39:17 Qu'en pensez-vous ?
39:20 - Qu'est-ce qui va se passer ?
39:22 Les bras m'en tombent des pieds, comme on disait à Constantine.
39:25 Une drag queen pour...
39:27 Bientôt, je ne sais pas, on va avoir...
39:30 Ça va être les trans, etc.
39:32 - Et pourquoi pas ?
39:33 - Pourquoi pas ?
39:34 Bien entendu, c'est ça, le stade ultime du progressisme, si vous voulez.
39:38 C'est les drag queens et les trans.
39:41 C'est-à-dire, voilà, la liberté n'est plus hypothéquée par la naissance,
39:45 hommes ou femmes, c'est au choix de chacun.
39:50 C'est au choix de chacun.
39:52 C'est la dernière, la conquête ultime de l'autonomie.
39:57 L'auto-engendrement de l'homme par l'homme.
39:59 - Mais qu'est-ce que ça enlève ?
40:00 - De l'être humain par l'être humain.
40:02 C'est tellement bête que ça...
40:04 - Qu'est-ce que ça enlève à quiconque ?
40:05 - Oui, mais d'accord, on peut dire ça comme ça.
40:07 - On peut dire ça, puis en tout cas...
40:08 - On va dire aussi que la GPA n'enlève rien à personne.
40:12 - Bon, et là, on n'a pas le temps d'aller sur ce débat, mais on vous réinvitera.
40:15 Merci beaucoup.
40:16 - C'est vrai, vous me réinviterez ?
40:17 - Ben oui, et je remarque que cette émission est allée à son terme.
40:19 - Oui.
40:20 - N'est-ce pas ?
40:21 - J'en suis tout à fait ému.
40:22 - Par rapport à la dernière fois.
40:24 - Merci infiniment de m'avoir tenu aussi longtemps avec moi.
40:28 - Et merci d'être revenu à la Finkelkross et d'avoir été l'invité de BFM Politique.