Antisémitisme : Aurore Bergé évoque la nécessité de poser "une nouvelle définition"

  • il y a 4 mois
Le gouvernement a lancé lundi 6 mai des "assises de lutte contre l'antisémitisme" pour renforcer les moyens de lutte contre un phénomène en pleine expansion depuis l’embrasement de la situation au Proche Orient, et qui touche notamment la jeunesse. 

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00:00Déjà, il faut prendre conscience de ce qu'est aujourd'hui la réalité de l'antisémitisme,
00:05c'était aussi l'objet de cette rencontre aujourd'hui, ces témoignages frappants,
00:10troublants aussi, d'enfants, parce que ce ne sont pas que des étudiants, d'enfants.
00:15Je pense à cette petite fille de CE2 qui dit tout simplement qu'on n'a pas voulu partager
00:19sa chambre, pourquoi ? Parce qu'elle est juive, dans tout simplement une colonie de
00:23vacances.
00:24Donc il faut prendre conscience de cette solitude, de cette ostracisation qui est vécue, ressentie
00:29et subie par nos concitoyens juifs, ça c'est quand même évidemment et malheureusement
00:34le point de départ.
00:35Et donc la nécessité d'avoir un sursaut qui soit collectif, parce que ça a été
00:38dit par les représentants des associations, par les représentants des cultes, c'est
00:42l'affaire de l'État et c'est l'affaire de tous.
00:45Si nos concitoyens juifs sont laissés seuls face à ce qu'ils subissent, alors évidemment
00:51nous ne pourrons pas remporter cette bataille contre l'antisémitisme que nous devons
00:55mener.
00:56Et ce n'est pas ce que nous faisons et ce que nous avons fait immédiatement après
00:59le 7 octobre, parce que ce qu'il y a toujours de plus sidérant c'est quand même de se
01:03dire qu'après ce qui a été le pire pogrom de notre siècle, alors que 42 français ont
01:08été assassinés par le terrorisme islamiste le 7 octobre, et bien malheureusement la traduction
01:14n'a pas été un mouvement d'empathie, mais a été un mouvement de radicalisation
01:19avec la montée de l'antisémitisme dans notre pays, et là il n'était pas question
01:23à ce moment-là de Gaza, il n'était question encore une fois que de celles et ceux qui
01:28avaient été assassinés en Israël le 7 octobre dernier.
01:32Donc immédiatement il y a eu des instructions qui ont été données, instructions du garde
01:37des Sceaux à l'ensemble des parquets évidemment, pour garantir une réponse pénale la plus
01:42ferme possible et avec des délais les plus resserrés possibles, mobilisation du ministre
01:49de l'Intérieur avec l'ensemble des forces de l'ordre pour sécuriser des lieux dont
01:53on pouvait craindre qu'ils soient plus particulièrement ciblés, écoles juives et synagogues, instructions
01:59données par la ministre d'enseignement supérieure à l'ensemble des présidents
02:03d'universités, directeurs d'écoles, pour garantir aussi la sécurité des étudiants
02:08qu'ils soient juifs ou non-juifs partout dans nos établissements, bref, une mobilisation
02:13générale de l'ensemble du gouvernement jusqu'au président de la République évidemment.
02:17Comment vous expliquez que ces actes antisémites soient d'autant plus forts au sein des plus
02:22jeunes, de la jeune génération des moins de 35 ans, c'est ce qui a été montré tout à l'heure ?
02:26Parce qu'il y a une confusion qui est volontairement entretenue et alimentée.
02:32Cette confusion elle dit quoi ? Qu'aujourd'hui tout français juif, ou dont on considère
02:37qu'il serait juif, devient co-responsable de la situation à Gaza.
02:41C'est ça qui se passe et évidemment que ce qui se passe à Gaza mérite une réponse
02:46politique, diplomatique, humanitaire, c'est ce pour quoi la France se bat.
02:49Mais en aucun cas, des français, parce qu'ils seraient de confession juive réelle ou supposée,
02:55ne sont responsables de la situation à Gaza, de la même manière qu'on voit une confusion
02:59qui est volontairement entretenue entre haine d'Israël et haine des juifs.
03:04Or, on le voit bien, c'est cela qui donne des points d'accroche supplémentaires à
03:09une génération plus jeune, qui connaît moins les faits, qui connaît moins l'histoire,
03:13on le voit malheureusement aussi dans la manière avec laquelle il y a une connaissance
03:18de l'histoire.
03:19On voit aussi malheureusement que la transmission de la mémoire n'est plus le meilleur facteur
03:23pour lutter contre l'antisémitisme, donc face à ces formes nouvelles d'antisémitisme,
03:28il va falloir qu'on réadapte notre réponse, nos manières de penser, de travailler, c'est
03:34pour ça qu'évidemment, et ça a été beaucoup dit ce matin, une porte d'entrée déterminante
03:38est la question de l'école.
03:39Quand il faut tout reprendre à zéro, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout ce
03:42qui a été fait jusqu'à présent, ça a marqué un échec patent ? C'est ça que
03:46ça veut dire, tout reprendre à zéro ?
03:48Ça veut dire qu'il faut toujours remettre le travail sur l'ouvrage parce que malheureusement
03:52l'antisémitisme, de manière assez régulière, cyclique, trouve de nouvelles formes en vérité
04:00pour pouvoir s'exprimer, pour se légitimer, pour se banaliser.
04:04C'est aussi ce qui a été dit, il faut que l'ostracisation ne soit pas celle des juifs
04:09dans notre pays, mais des antisémites, qu'ils soient mis au banc de notre société, ce
04:14qui n'est pas suffisamment le cas, comme si aujourd'hui, c'était permis d'être antisémite
04:18parce qu'on entretient cette confusion entre être antisémite, être antisioniste, être
04:24en soutien de la cause palestinienne, cette confusion volontairement entretenue pour attiser
04:28les haines et les passions, on doit y mettre un terme.
04:30Il y a une liberté absolue de ton, d'expression, de positionnement évidemment sur ce qui se
04:38passe à Gaza, sur le conflit entre Israël et le Hamas, sur la réponse qui a été apportée
04:43par le gouvernement israélien, mais ça, ça ne doit en aucun cas se confondre avec
04:48l'antisionisme qui est l'appel à la destruction d'un Etat légitime et souverain et qui est
04:53un lieu refuge pour les juifs à travers le monde, et encore moins évidemment avec l'antisémitisme.
04:59Donc c'est tout cela qu'il faut reprendre, et reprendre en effet à la base, c'est-à-dire
05:04chez les plus jeunes, pour espérer qu'évidemment il n'y ait pas plus d'antisémitisme demain,
05:09mais qu'il y ait au contraire moins d'antisémitisme d'un tout à l'heure.
05:12Vous dites alimenté, entretenu, entretenu par qui ? Vous pensez à une partie de la
05:15classe politique par exemple ?
05:16On voit bien malheureusement, et ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les associations
05:20aujourd'hui qui l'ont dit de manière assez claire, qu'on a certains partis politiques
05:25aujourd'hui, un en particulier, qui attisent ces confusions, et naissent de ces confusions
05:31l'antisémitisme, la banalisation de l'antisémitisme, l'acceptation sociale, sociétale de l'antisémitisme.
05:38Donc c'est ça évidemment qu'on doit impérativement bannir.
05:41Vous ne voulez pas le nommer ?
05:42D'autres stratégies à inventer face à cet antisémitisme, quels moyens alloués notamment
05:48à l'école, certains ici autour de la table ronde ont parlé de génération perdue,
05:52donc quels moyens demain pour lutter contre l'antisémitisme, en passant notamment par
05:55l'école ?
05:56Il ne doit pas y avoir de génération perdue, ce serait une défaite terrible de se dire
05:59qu'on se satisfait de ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays, et qu'on se satisfait encore
06:03plus des chiffres qui nous ont été présentés, qui montrent qu'il y a une prévalence encore
06:08plus forte de l'antisémitisme chez les moins de 24 ans, parce que ça veut dire que les
06:14adultes de demain seraient plus antisémites que nous le sommes déjà aujourd'hui au
06:17regard des événements qui se déroulent dans notre pays, ce serait terrible et ce serait
06:21un aveu d'échec.
06:22Donc oui, c'est le reprendre dès les plus jeunes classes, le témoignage que nous avons
06:26eu, c'est une toute petite fille, c'est une enfant de CE2 qui veut juste partir en classe
06:31verte avec ses copines et qui découvre à cette occasion-là que l'antisémitisme existe
06:35parce qu'on ne veut pas partager une chambre avec elle, c'est ça qu'on a entendu.
06:39Et donc il faut que chacun l'entende, oui les moyens sont renforcés, on rend obligatoire
06:43la visite de lieux de mémoire aussi justement pour comprendre d'où nous venons et pour
06:48rappeler encore une fois les permanences historiques qui existent dans notre pays, c'est la question
06:52de la formation évidemment de nos enseignants pour que les concepts dont nous avons parlé
06:56d'antisionisme, d'antisémitisme soient clarifiés pour chacun, pour qu'encore une fois dans
07:01la manière avec laquelle on délivre nos enseignements, il n'y ait aucune ambiguïté, il ne doit pas
07:06y en avoir et que nos enseignants, c'est ce que fait la ministre de l'Éducation nationale,
07:09soient soutenus évidemment et se sentent soutenus de manière systématique dans leurs décisions.
07:14On ne peut pas avoir un enseignant qui aurait peur tout simplement d'enseigner des faits
07:19historiques, de créer du débat, d'élever à l'esprit critique, au sens critique alors que
07:24c'est justement ce qu'on attend de l'école.
07:25Je crois que j'essaye depuis tout à l'heure de poser une question.
07:30Mais c'est pour ça qu'il faut impérativement distinguer encore une fois la situation à Gaza
07:43dans les territoires palestiniens d'une part, pour ça qu'il faut impérativement distinguer
07:51la situation à Gaza et nos concitoyens juifs.
07:55On ne peut pas accepter d'essentialiser les Français.
07:57On ne peut pas accepter que nos concitoyens, parce qu'ils sont juifs ou parce qu'ils sont
08:02supposés juifs, seraient responsables de décisions qui sont des décisions politiques.
08:06Et encore une fois, la France, elle est très claire sur l'appel d'abord à la libération
08:10des otages, ça c'est la voie de la France depuis le 7 octobre, et l'appel à un cessez-le-feu
08:15durable, permanent.
08:16Donc il n'y a pas du tout d'ambiguïté sur la position du président de la République
08:19et sur la position de la France, au contraire, et puis de soutien humanitaire, mais on ne
08:23doit pas confondre évidemment la situation à Gaza, la réponse politique apportée par
08:28le gouvernement israélien qui peut évidemment être critiquée, et la France a dit clairement
08:33aussi quelle était sa position, la question de la haine d'Israël, qui est encore autre
08:37chose, qui est de l'antisionisme, et la question de l'antisémitisme.
08:40Et c'est vraiment ça qu'on doit réussir à clarifier pour que tout simplement personne
08:44n'ait peur en raison de son identité dans notre pays.
08:47Vous constatez alors qu'il y a une question de l'ordre de ces assises ?
08:51C'est ce que j'ai dit, c'est que c'est un point de départ ces assises.
08:54Certains m'ont même dit un recommencement, recommencement sur l'école, fortification
08:58aussi des décisions que nous prenons à la fois sur les moyens des forces de l'ordre,
09:03sur les moyens de Pharos, sur la question de la formation systématique des forces de
09:07l'ordre, des magistrats, des enseignants, sur la manière avec laquelle on doit aborder
09:12aussi la question de l'antisémitisme, et la nouvelle définition qui doit en être
09:16donnée, qui doit sans doute être clarifiée, parce qu'on le voit bien dans les prises
09:19d'opposition des uns et des autres, c'est ce que je dis de manière claire, il y a ceux
09:22qui disent aujourd'hui « celsionistes » parce qu'ils considèrent que c'est peut-être
09:27un peu trop compliqué pour eux de dire « celsjuifs », mais en vérité ils visent le même objet,
09:32ils visent à stigmatiser de la même manière, et ça s'appelle de l'antisémitisme, et
09:36donc il faut le dire évidemment avec clarté, ça commence déjà par l'emploi des bons
09:40mots, des bons termes, pour qualifier ensuite ce qu'est l'antisémitisme, et donc pour
09:44être en capacité de lutter évidemment efficacement contre l'antisémitisme, qui est la mobilisation
09:49non seulement du président de la République, du gouvernement, mais qui doit être encore
09:52une fois la mobilisation de toute la société, et c'est ça dont nous avons besoin, sur
09:57sursaut collectif, ce que je disais c'est forme d'universalisme, c'est qu'encore
10:01une fois on ne considère pas les français au regard de leur identité réelle ou supposée,
10:05au regard de leur particularité, au regard de leur opinion, on ne voit en eux que des
10:10citoyens, et donc des citoyens libres, et des citoyens qui doivent être respectés,
10:14et qui n'ont pas évidemment à affronter et subir l'antisémitisme dans leur quotidien,
10:19parfois même dans leur vie la plus intime et privée.
10:21Madame la ministre, qu'est-ce que vous dites aux élèves homosexuels qui manifestent pour
10:25la cause palestinienne, et en même temps ils déclarent qu'ils ne sont ni antisémites
10:28ni racistes ?
10:30Je dis que chacun est libre évidemment d'avoir son avis sur le conflit au Proche-Orient,
10:36sur ce qu'on appelle la situation entre Israël et les territoires palestiniens, ou le conflit
10:42qui oppose Israël et le Hamas.
10:45Chacun est libre d'avoir un avis, une opinion politique, mais cette opinion politique elle
10:50devient un délit à partir du moment où c'est de l'antisémitisme, et l'antisémitisme
10:55c'est aussi malheureusement évidemment l'appel à la destruction d'Israël.
10:59Quand on entend des slogans, quand on entend « from the river to the sea », ça veut
11:03dire quoi ? Ça veut dire destruction d'Israël, et ça veut dire qu'on jette les juifs à
11:07la mer, c'est ça.
11:08Donc soit c'est de l'inculture, c'est-à-dire qu'on emploie les termes sans même les connaître,
11:12soit c'est de l'antisémitisme, je le réaffirme ici.
11:15Et donc il ne faut ni inculture, ni antisémitisme dans notre pays, parce que malheureusement
11:20cette haine qui se banalise, cette haine elle conduit à la solitude, elle conduit à la
11:26violence, elle conduit aussi au silence, voire pire malheureusement au décès d'un certain
11:31nombre de nos compatriotes dans les années précédentes.
11:34Donc c'est pour cela que chacun, notamment quand on est responsable politique, doit
11:38peser évidemment ses mots, parce que nos paroles elles ont un impact, elles ont un
11:42écho dans la société, et donc on doit évidemment toujours être très clair et être très vigilant.

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