• il y a 5 mois
Avec Général François Chauvancy, consultant géopolitique et rédacteur en chef de la revue Défense de l'Union-IHEDN

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-05-11##

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Transcription
00:00 On décrypte le monde et notamment cette offensive israélienne sur la zone de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
00:06 On en parle avec notre invité, le général François Chauvency. Bonjour mon général.
00:10 Bonjour.
00:11 Bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes consultant géopolitique, rédacteur en chef de la revue Défense de l'Union, IHDN.
00:18 Offensive sur Rafah que Washington observe, je cite, avec préoccupation,
00:23 bien que Washington ne juge pas cette opération militaire majeure.
00:27 Pourtant 110 000 personnes, d'après l'ONU, ont fui déjà des civils, en tout cas la zone de Rafah, pour éviter les combats.
00:34 Première question mon général, est-ce qu'il y a une offensive de grande ampleur israélienne sur la zone de Rafah ?
00:40 C'est très difficile à voir. On voit simplement, on constate que les forces israéliennes se mettent en ordre de bataille.
00:46 Les chars entourent, je dirais, une partie de la zone de Rafah.
00:50 Des progressions sont vues du côté de l'est de Rafah.
00:55 Nous sommes bien dans une phase que moi je considère comme finale.
00:58 Rafah est le dernier endroit où les unités du Hamas sont encore retranchées.
01:03 Six à huit bataillons, en gros, quelques milliers d'hommes.
01:06 Il est certain qu'Israël ne laissera pas ses combattants islamistes s'installer durablement dans cette zone.
01:13 Donc petit à petit, Rafah, à mon avis, sera l'objet d'une progression israélienne,
01:19 mais pas d'un seul coup, parce que c'est une ville importante avec beaucoup de civils et que le combat est difficile.
01:25 Donc ce sera une progression lente, quartier par quartier, et je dirais maison par maison.
01:30 Et donc des combats de nature extrêmement difficiles, comme à chaque fois le combat urbain.
01:34 Est-ce qu'il faut comprendre, mon général, qu'il n'y a plus ou presque plus de combattants du Hamas dans le reste de la bande de Gaza ?
01:42 Alors justement, non. Il semblerait bien qu'il y ait encore des poches de résistance ou des poches, je dirais, des zones d'infiltration.
01:48 Dans une zone telle que Gaza, il est extrêmement difficile d'assurer un contrôle à 100%.
01:53 Il y a eu des attaques recensées d'ailleurs, hier ou avant-hier, dans le nord de Gaza, par des groupes du Hamas.
01:59 Et il y a des soldats israéliens qui ont été blessés.
02:02 Donc oui, le contrôle ne sera pas à 100%, mais c'est un petit peu la difficulté de ce type de terrain.
02:09 Il y a un combat en avant et en arrière, il faut nettoyer et surtout contrôler le terrain.
02:14 Ce qui veut dire mettre beaucoup de soldats dans les zones déjà vérifiées,
02:19 pour s'assurer qu'il n'y ait pas de nouveaux tunnels qu'on aurait oubliés,
02:22 et qu'il n'y ait pas des combattants qui reprennent les armes ou qui se seraient dissimulés.
02:25 Et ce qui m'amène à cette question, mon général, c'est la raison pour laquelle je tenais à ce qu'on vous entende ce matin.
02:30 Est-ce que militairement parlant, je ne parle pas encore de l'aspect humanitaire qui est une conséquence,
02:35 est-ce que militairement parlant, ces objectifs sont crédibles ?
02:39 C'est-à-dire attaquer la dernière zone où le Hamas serait retranché massivement, pour l'en déloger.
02:46 Est-ce que c'est faisable en fait ?
02:48 Alors militairement, et peut-être même politiquement,
02:51 je vois mal comment le gouvernement Netanyahou ne pourrait pas achever son opération militaire.
02:57 Politiquement, ce serait une défaite s'il ne le faisait pas,
03:01 et militairement, c'est laisser une menace persistante.
03:04 Aujourd'hui, quelle est la cible ?
03:06 Il y a plusieurs objectifs.
03:08 1. Détruire les unités constituées du Hamas qui existent encore.
03:11 2. Mettre la main sur les chefs de ce mouvement terroriste.
03:15 3. Libérer les otages israéliens, ou au moins récupérer leur corps.
03:20 Donc à partir de ces trois objectifs, on voit mal comment militairement, cette opération ne serait pas justifiée.
03:25 Effectivement, sauf que plusieurs centaines de milliers de civils,
03:29 à qui on a dit d'aller dans le sud vers Rafa, se trouvent dans cette zone.
03:34 En d'autres termes, on leur a dit au début "Réfugiez-vous au sud de la bande de Gaza,
03:38 parce qu'on va attaquer le nord".
03:40 Maintenant qu'on a attaqué, voire rasé le nord, où est-ce qu'ils peuvent aller ces civils ?
03:45 C'est une bonne remarque, surtout qu'il faut quand même reprendre en considération la géographie de la bande de Gaza.
03:52 La bande de Gaza, c'est 360 km², c'est 6 à 12 km de large, 40 km de long,
03:58 entourée de deux pays qui ne veulent pas de réfugiés, Israël et l'Égypte, et par la mer.
04:03 Résultat, une population en temps de guerre dans ce contexte ne peut pas s'échapper
04:07 et aller ailleurs que là où on lui dit d'aller.
04:09 N'oublions pas quand même qu'il y a plus de 2 millions de Gazaouis sur cette bande de terre très étroite.
04:13 Donc, c'est la première fois, je crois, que des armées occidentales, ou une armée occidentale,
04:17 est confrontée à un tel dilemme.
04:19 Comment faire la guerre dans une zone à la fois urbanisée, fortement peuplée,
04:24 sans mettre en danger une partie de cette population ?
04:27 Donc, effectivement, la population bouge par la force des choses.
04:30 Les Israéliens font ce qu'ils peuvent dans ce domaine-là.
04:33 Ils envoient des tracts, des émissions radio, ils essayent de donner des zones
04:37 où les réfugiés ou les déplacés, dans ce cas-là, peuvent se mettre à l'abri
04:42 avec tous les risques que cela comporte.
04:44 Les Israéliens ont acheté, il y a quelques jours, 40 000 tentes pour accueillir en gros 160 000 personnes.
04:50 Donc, ça veut dire aussi préparer des camps d'accueil pour ces déplacés.
04:54 C'est la grosse difficulté, et en même temps, assurer la sécurité.
04:58 Donc, on a un vrai sujet militaire, je dirais, presque d'école, oserais-je dire, malheureusement,
05:04 où, effectivement, une armée qui se tient correctement à la guerre,
05:08 qui a quelques principes, face à une population qui est soumise quand même
05:12 à la fois à une autorité, autoritaire, je dirais, comme l'Islam...
05:16 Et totalitaire, d'ailleurs.
05:18 Et puis, un terrain extrêmement exigu, là où il y a des combats,
05:22 et d'ailleurs, le Hamas ne respecte aucune zone de non-combat.
05:26 Donc, voilà, la difficulté, et vous l'avez dit il y a quelques instants,
05:30 la crise humanitaire est une conséquence.
05:32 Ce n'est pas la cible, je dirais, de cette opération.
05:35 On n'est pas là pour, finalement, au sens protéger la population.
05:39 C'est ce dont nous, on a été habité en tant qu'Occidentaux.
05:42 On dit toujours protéger les populations, y compris quand on fait la guerre.
05:45 Malheureusement, cette guerre, comme c'est en Ukraine, d'ailleurs,
05:47 montre qu'aujourd'hui, ce principe qui est très louable n'est pas toujours applicable,
05:51 et c'est ce que nous vivons aujourd'hui, notamment dans la bande de Gaza.
05:54 - Et c'est la raison pour laquelle, malheureusement, le sang va continuer à couler,
05:57 y compris du côté des civils qui n'auront pas pu partir.
06:01 Merci beaucoup pour cet éclairage, mon général François Chauvency,
06:05 consultant géopolitique, rédacteur en chef de la revue Défense de l'Union, IHEDN.
06:10 On en reparlera de cette guerre, d'ailleurs.
06:12 À quelles conditions Israël peut présenter cette guerre, en tout cas comme une victoire ?
06:16 C'est une question qu'on pourra aborder plus tard sur Sud Radio,
06:19 et pourquoi pas avec vous, mon général.

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