Avec Yvan Cujious, auteur, compositeur, interprète et animateur radio
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00:00 On débriefe l'Eurovision avec un autre Toulousain ce matin, c'est notre ami Ivan Kujous.
00:04 Bonjour Ivan Kujous !
00:06 - Salut Jean-Marie Bandry, bonjour tout le monde !
00:08 - Comment ça va ?
00:09 - Je vais très très bien, je suis heureux de vous avoir.
00:13 - Chaudement j'imagine, du côté de la ville rose.
00:15 On vous retrouve toutes les semaines évidemment pour le Loft Music Sud Radio.
00:19 Je disais, on essaye de parler musique parce qu'il faut qu'on fasse le bilan de cette édition de l'Eurovision.
00:24 On a parlé de tout, ou presque, sauf de musique.
00:28 Pendant cette édition, c'était assez surréaliste.
00:30 Alors on peut rembobiner le film, la participation d'une chanteuse israélienne était contestée par des manifestants pro-palestiniens
00:37 qui sont venus à plusieurs milliers à Malmö en Suède pour tenter de l'empêcher de chanter.
00:41 Ça ne s'est pas passé comme ça.
00:42 Israël s'en sort plutôt pas mal d'ailleurs en termes de vote du public.
00:46 Le chanteur français Slimane, sacrée performance, finit quatrième pour ce titre d'ailleurs.
00:53 Un titre très français quand même en tout cas, so French.
00:56 * Extrait de Slimane *
01:21 Sacrée performance a cappella non, Ivan Kujous ?
01:24 Oui, il y a une partie a cappella qui était bien vue en fait.
01:29 Parce que, vous le disiez, il faut quand même séduire un public très hétérogène pour une manifestation comme celle-là.
01:38 Et évidemment, le côté a cappella est toujours bien vu parce que ça veut dire que la performance,
01:44 elle est impressionnante dans une salle comme ça, un aréna avec autant de monde.
01:47 Et que quand même, il faut dire que Slimane a les capacités vocales pour faire ce genre de trucs.
01:53 Il a super bien réussi en effet.
01:54 C'était une belle performance, il finit quatrième.
01:57 C'est un beau score, il faut le souligner, parce qu'on s'est tellement pris de rouste à l'Eurovision pendant des années.
02:02 Depuis qu'on ne l'a pas gagné depuis les années 70.
02:04 Est-ce que vous espérez encore qu'on la gagne d'ailleurs, Ivan Kujous ?
02:08 Oui, après on souligne quand même en 2021 la belle performance de Barbara Pravi qui finit seconde.
02:14 Il y a trois ans, c'est pas vieux.
02:16 C'est quand même un peu côté loterie l'Eurovision parce que ça inclut beaucoup de paramètres
02:23 qui ne sont pas que ceux de la chanson, du jugement d'une chanson.
02:26 C'est le contexte géopolitique, on l'a vu cette année, plus que d'habitude.
02:31 C'est aussi les couleurs, c'est aussi les vidéos, c'est aussi la scénographie, c'est aussi la retransmission.
02:37 C'est un nombre de choses, d'une addition de paramètres qui dépassent la chanson.
02:42 La chanson, c'est la rencontre d'un moment.
02:47 C'est-à-dire qu'une chanson peut séduire un instant et le lendemain ne peut séduire
02:52 parce que c'est une alchimie très subtile, très fragile.
02:55 Donc moi, je fais confiance à la chance.
02:58 À la chance, justement.
02:59 Vous parliez du contexte géopolitique.
03:02 On n'a même pas parlé de la performance de la chanteuse israélienne
03:06 que tant de gens voulaient empêcher de chanter.
03:09 Alors on va écouter son titre.
03:10 * Extrait de « I'm losing my mind » de Eden Golan *
03:31 Eden Golan a 18 ans, elle finit cinquième.
03:34 Elle en tient d'ailleurs avec une sacrée disproportion, un décalage entre le vote du public, qui la plébiscite,
03:40 et les notes attribuées par le jury.
03:43 Pas mal quand même pour une chanteuse de 18 ans.
03:47 Oui, absolument.
03:48 Après, effectivement, ce décalage lui aussi de ce côté, de ce vote communautaire.
03:53 C'est-à-dire ces intentions qui sont, encore une fois, loin de l'artistique.
03:59 Après, on peut noter quand même que tant au niveau français que israélien,
04:03 on est proche, je crois, de l'intention de l'ADN, j'allais dire, du pays en question.
04:10 C'est-à-dire que nous, par exemple, avec Slimane, on reste sur les fondamentaux français.
04:14 C'est-à-dire le thème récurrent de l'amour, du sentiment, de la belle expression,
04:20 de quelque chose qui reste assez neutre finalement,
04:23 qui n'est pas soumis, j'allais dire, au code anglo-saxon ou urbain,
04:28 qui déferle en ce moment sur la musique mondiale.
04:31 Et d'ailleurs, je fais une parenthèse, c'est que l'urbain, vous l'avez peut-être remarqué,
04:35 n'était pas très représenté.
04:37 Alors que c'est dans la musique actuelle, 70 ou 80 % de la musique, l'urbain,
04:43 qui est une déferlante, c'est quand même pas pour rien que chez nous,
04:46 Jul allume la flamme olympique.
04:49 Et là, à l'Eurovision, eh bien non, finalement, on s'aperçoit qu'on reste dans la cohérence,
04:56 dans les ADN quand même de la plupart des pays,
04:59 sauf ceux qui sont vraiment influencés et qui perdent un petit peu leur identité.
05:03 Mais on est assez cohérents, et c'était le cas aussi d'Israël, je pense.
05:06 - Et voilà, et ceux qui gagnent, et on va terminer avec le vainqueur,
05:09 il s'appelle Nemo, un titre électro sur la non-binarité du chanteur,
05:14 je le précise parce que c'est dans les paroles du titre et qu'il était, il chantait effectivement en jupe.
05:19 *Musique*
05:31 *Musique*
05:50 - Sacré performance aussi, sacré voix, il faut le reconnaître, belle performance,
05:54 qui méritait bien une victoire pour Nemo.
05:56 "I broke the code", j'ai cassé les codes, contexte non pas géopolitique,
06:00 mais sociétal ce coup-ci, ceci dit, vous avez raison,
06:02 Yvan Cujou, j'écoute ce titre, à aucun moment j'ai l'impression que c'est un titre suisse.
06:06 - Ouais, c'est ça, à même temps la neutralité de la Suisse impose
06:10 qu'il n'y ait pas de parti pris, non plus artistique.
06:12 *Rires*
06:15 Et puis effectivement, il y a quand même cette thématique qui n'est pas liée au hasard,
06:20 je crois, la recherche de l'identité, cette quête qui est quand même un phénomène aujourd'hui,
06:25 une préoccupation chez une classe d'âge essentielle.
06:29 Et donc je pense que par exemple, ça, ça parle précisément à tout le monde,
06:33 une chanson pour qu'elle soit populaire, il faut qu'elle rassemble,
06:36 il faut qu'elle plaise.
06:37 Donc nous on a tenté l'amour éternellement qui n'a pas assez rassemblé,
06:41 mais peut-être qu'on peut penser que la quête d'identité
06:45 est encore peut-être une préoccupation supérieure à celle de l'amour aujourd'hui.
06:48 - Oui, effectivement, sauf que si on se met à refaire une chanson sur ce thème-là,
06:52 on trouvera le moyen de faire d'une jolie chanson une polémique nationale.
06:55 C'est pour ça qu'il vaut mieux qu'on évite en France.
06:57 *Rires*
06:58 - Merci beaucoup Ivan Kujous, en tout cas.
06:59 On vous retrouve pour le Loft Music.
07:02 D'ailleurs, prochain invité du Loft Music Sud Radio, Ivan Kujous.
07:05 - Écoutez, c'est demain.
07:08 Alors, on a enregistré les émissions, je n'ai pas entendu l'invité.
07:10 - C'est pas grave, on vous refera le programme.
07:12 - C'est dans ta vie, mais cul-de-la-nuit !
07:14 - Pixel notamment, mais en tout cas, tout le monde de la musique française
07:17 se presse chez Ivan Kujous dans Loft Music.
07:19 Merci à vous, Ivan, et à très bientôt.