Regardez L'invité de RTL avec Antoine Cavaillé-Roux du 12 mai 2024
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00:00 On est les champions olympiques de l'ambiance, on a atteint la jauge maximale, 230 000 Marseillais
00:04 ont assisté à l'arrivée de la flamme.
00:06 Je crois qu'on peut affirmer aujourd'hui que les Marseillais ont été au rendez-vous
00:09 et qu'ils savent faire de grands événements.
00:12 C'était mercredi, les formidables images de l'arrivée de la flamme olympique à Marseille,
00:15 la cérémonie, vous l'avez vécue sur RTL, vous venez d'entendre le maire Benoît Payan,
00:20 cérémonie retransmise sur toutes les télévisions de France et du monde entier.
00:24 Et à 75 jours des Jeux de Paris, on se pose la question, comment nos villes vont tirer
00:29 profit de cet événement planétaire ? Bonjour Lucas Aubin.
00:32 Bonjour.
00:33 Vous êtes chercheur à l'IRIS, c'est l'Institut de relations internationales et stratégiques
00:38 et vous venez de sortir un ouvrage très intelligent, Sport Power, le sport, nouvel atout géopolitique
00:44 pour les villes françaises.
00:45 Bon, Marseille cette semaine c'est assez limpide, c'est un formidable coup de projecteur.
00:50 Ah oui, complètement.
00:51 Marseille effectivement, là c'est la phase visible de ce à quoi peut servir le sport
00:56 dans un contexte géopolitique, en tant qu'instrument de diffusion d'une certaine idée d'une ville,
01:03 d'un territoire.
01:04 On a vu le temps de la cérémonie, la mer Méditerranée, on a vu le port de Marseille,
01:08 on a vu la foule amasser, on a entendu les chants à la gloire de la ville et même de
01:13 l'Olympique de Marseille aussi finalement.
01:14 Et donc on a eu finalement une forme de carte postale de Marseille, le temps de cet événement,
01:21 ce qui a permis et ce qui va probablement permettre dans le futur de parfaire un peu
01:26 plus l'identité de la ville grâce au sport et notamment grâce aux Jeux Olympiques et
01:30 Paralympiques de Paris 2024.
01:31 Une carte postale idyllique, Marseille, connue mondialement pour son Olympique, pour son
01:37 club de foot.
01:38 Est-ce que les JO, on sait que la cité phocéenne abritera les épreuves de voile, est-ce que
01:43 ça peut changer l'image de Marseille ?
01:46 Oui, c'est une possibilité à condition évidemment de bien utiliser ce sport power,
01:52 cette puissance du sport.
01:53 On sait bien que c'est toujours un peu délicat parce qu'il y a certains éléments qui sont
01:57 difficilement contrôlables.
01:59 Vous ne pouvez pas contrôler un résultat sportif, vous pouvez difficilement contrôler
02:05 une sécurité globalement, je veux dire.
02:07 C'est-à-dire que si par exemple il y a un attentat, alors l'image de la ville pourrait
02:12 être perçue de façon plus négative sur la durée.
02:15 Évidemment, on ne l'espère pas et la plupart du temps, le sport est plutôt un formidable
02:19 vecteur pour améliorer l'image d'une ville sur la durée, augmenter potentiellement le
02:23 tourisme, accélérer l'économie locale, etc.
02:28 Alors après, il ne faut évidemment pas prêter toutes les vertus au sport, il faut réussir
02:33 à capitaliser au maximum dessus tout en sachant qu'un certain nombre d'impondérables peuvent
02:39 venir gâcher la fête.
02:40 - Oui, on l'a vu, on l'a entendu, des restaurateurs, des hôteliers ravis de l'arrivée de la flamme
02:45 à Marseille.
02:46 Est-ce que c'est possible déjà de chiffrer les retombées économiques d'un tel événement
02:51 en amont des JO comme ça ?
02:52 - Alors c'est très difficile justement de chiffrer les retombées potentielles.
02:57 C'est tout simplement parce que c'est extrêmement aléatoire en fonction des événements, des
03:02 moments dans l'histoire, etc.
03:03 Par contre, ce qu'on peut dire, c'est que les Jeux Olympiques et Paralympiques n'ont
03:07 jamais été autant regardés qu'aujourd'hui.
03:11 On attend entre 4 à 5 milliards de téléspectateurs pour l'événement Jeux Olympiques et Paralympiques
03:18 de Paris 2024.
03:19 C'est-à-dire que plus de la moitié de l'humanité va passer à un moment donné, une minute
03:25 au minimum, devant sa télé pour regarder cet événement.
03:27 Je ne sais pas si vous imaginez, c'est un formidable accélérateur pour se construire
03:33 une image, une skyline comme on dit, c'est-à-dire pour permettre finalement de diffuser une
03:39 certaine idée de sa ville, de son territoire à l'échelle planétaire.
03:42 - Bon alors on parle de Marseille mais les Jeux de Paris, comme son nom l'indique, ça
03:47 se passe quand même essentiellement à Paris.
03:49 Est-ce que, selon vous, la capitale avait vraiment besoin des JO ?
03:52 - Alors évidemment, pour une ville comme Paris, c'est assez particulier.
03:57 C'est-à-dire que c'était déjà l'une des villes les plus visitées du monde, les
04:01 plus touristiques, si ce n'est parfois la plus touristique en réalité.
04:05 Par contre, il y a un enjeu géopolitique beaucoup plus large actuellement.
04:10 Si on parle un peu véritablement de géopolitique, de conflits, etc., on se rend compte que la
04:17 France, l'Occident ont globalement mauvaise presse auprès d'un certain public non-occidental.
04:25 Je pense notamment sur le continent africain, je pense notamment sur le continent latino-américain
04:29 ou même en Chine par exemple et dans certains pays d'Asie.
04:32 Là, ces Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 vont pouvoir être utilisés
04:37 comme une forme de lien entre les pays occidentaux et les pays non-occidentaux à l'heure finalement
04:44 de toutes les difficultés qu'on connaît.
04:46 Alors, je ne vais pas toutes les énumérer mais on peut penser évidemment à la guerre
04:49 entre l'Ukraine et la Russie, à ce qui se passe actuellement à Gaza avec Israël et
04:53 la Palestine, etc.
04:55 - Revenons à nos villes pour ces Jeux 2024, Lucas Aubin.
05:00 Il y a donc Marseille, il y a aussi Lille pour le hand et une partie du basket.
05:06 Il y a les villes qui accueilleront du foot, Bordeaux, Nantes, Lyon, Saint-Etienne, Nice
05:09 et Marseille.
05:10 Châteauroux aussi pour les épreuves de tir.
05:12 Est-ce que ces villes, elles vont vraiment pouvoir capitaliser sur les Jeux ?
05:16 - Alors, tout dépend des villes dont on parle.
05:19 C'est-à-dire que pour les petites et moyennes villes, c'est évidemment plus compliqué.
05:25 Pour les grandes villes, il y a cette idée qu'on a déjà un rayonnement qui était
05:29 préexistant à l'événement.
05:30 Il va falloir créer une dynamique pour que cette image s'améliore sur la durée et soit
05:36 beaucoup plus large qu'avant.
05:38 Pour les petites et moyennes villes, l'enjeu c'est de se créer une identité sportive
05:42 souvent assez spécifique.
05:44 L'idée c'est de chercher un sport, une discipline, un domaine.
05:48 Je pense par exemple, si on sort un peu des Jeux olympiques et paralympiques, mais je
05:52 pense à la Normandie et à Caen par exemple, qui cherchent depuis quelques années à capitaliser
05:57 sur l'hypisme en se disant que finalement ce sport correspond à une identité locale
06:02 et qu'il peut servir la ville à l'international.
06:05 Évidemment, quand vous êtes une petite et une moyenne ville, c'est très difficile
06:08 de rayonner sur l'ensemble de la planète.
06:11 Alors il faut se spécialiser, chercher finalement à se créer une identité via un domaine
06:16 très spécifique.
06:17 - Quand on pense à une ville attachée à un domaine spécifique, on pense par exemple
06:22 à Albertville qui a pu accueillir les Jeux d'hiver.
06:26 Ça c'est l'exemple d'un sport power qui réussit à l'échelle d'une commune ?
06:32 - Oui tout à fait.
06:33 D'ailleurs ça a réussi tellement bien finalement qu'Albertville va accueillir de nouveau les
06:41 Jeux olympiques et paralympiques d'hiver en 2030 via les Alpes.
06:45 On le sait désormais.
06:47 Alors c'est pas tout à fait fait bien sûr, on croise les doigts, mais a priori sauf
06:51 autour d'une certaine situation ce sera le cas.
06:53 Si on élargit un peu le spectre, on peut penser aussi à la GEOCER et à la ville d'Osser
06:58 plus précisément d'ailleurs, qui depuis des années s'est construite une identité
07:03 via le football par rapport à une façon de le pratiquer, par rapport à une école du
07:09 football spécifique.
07:10 Alors on connaît toutes et tous Giroux évidemment, mais il faut savoir que la GEOCER et OXER
07:17 de manière générale sont connus à l'étranger grâce justement au football.
07:21 Et donc c'est là qu'on a des exemples justement de sport power réussis.
07:24 - OXER sur la carte française du foot malgré sa taille 35 000 habitants faut-il le rappeler
07:30 la GIA et Giroux.
07:32 Ce sera le mot de la fin.
07:33 Merci beaucoup Lucas Aubin.
07:34 - Merci à vous.
07:35 - Directeur de recherche à l'IRIS, je rappelle le titre de votre livre "Sport Power aux éditions