Des militants d'ultradroite venant de toute la France et appartenant au "Comité - du 9 mai"' ont manifesté samedi dans les rues de capitale. Notre journaliste BFMTV Ligne Rouge a réussi à infiltrer cette mouvance politique de plus en plus décomplexée. Un document Ligne Rouge, exceptionnel à découvrir lundi 13 mai sur BFMTV à 20h50.
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00:00 [Générique]
00:05 On en parle avec vous Jean-Yves Camus, vous êtes directeur de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès.
00:10 Bonjour et merci d'être avec nous ce matin face à Mickaël Gagné.
00:14 Bonjour Mickaël.
00:15 Bonjour.
00:15 Grand reporter à BFM TV pour Lignes Rouges et vous êtes la réalisatrice de ce documentaire exceptionnel que vous allez découvrir ce soir sur BFM TV,
00:22 "L'infiltré au cœur de l'ultra droite".
00:26 C'est déjà disponible d'ailleurs sur l'appli RMC BFM Play.
00:29 Rendez-vous ce soir à 20h50 pour découvrir ce document exceptionnel,
00:32 en fait une immersion si l'on peut dire, au sein de plusieurs groupuscules d'ultra droite, notamment à Lyon.
00:40 Lyon considérée comme la capitale de l'ultra droite aujourd'hui.
00:43 On regarde un premier extrait avant de vous retrouver.
00:46 Notre infiltré utilise un enregistreur discret.
00:53 Dans cette réunion, il va entendre des paroles ouvertement racistes.
00:57 Pourquoi est-ce que l'être identitaire qui est pour l'assimilation n'est pas compatible d'un point de vue biologique ?
01:04 On n'est pas là pour dire qu'on n'aime pas les Noirs et les Arabes, ça on le sait.
01:08 Si par exemple, tu as un Noir qui rentre dans ta tête à lui, l'enfant est à moitié de ton sang, pourquoi est-ce que ma tête est à moitié de ton sang ?
01:18 Il ne sera pas forcément dans la même langue que les autres.
01:22 Il est salué par une autre identité.
01:28 C'est cash.
01:30 C'est cash et c'est extrêmement choquant.
01:33 Il y a le discours polissé devant les caméras quand on interview les responsables de ces groupuscules.
01:39 Et puis il y a ce que l'on découvre, qui est un racisme décomplexé, des théories racialistes qui puissent dans l'idéologie nazie et qui rappellent aussi les théories de Vichy.
01:50 On les a vu manifester samedi dernier, je crois qu'on peut revoir ces images.
01:53 Une manifestation autorisée dit du collectif du 9 mai en hommage au décès accidentel d'un militant nationaliste qui s'appelait Sébastien Désueux.
02:02 En 1994, il y avait au moins 800 personnes.
02:05 On va revenir sur cette manifestation autorisée parce que ça pose un certain nombre de questions.
02:09 Mais qui sont ces jeunes gens ?
02:12 J'y étais également, ils venaient de toute la France.
02:15 C'est des groupuscules locaux, ils sont à peu près 3000 en France, 1300 fichés S.
02:19 Et là, ils sont tous venus à Paris.
02:21 1300 fichés S.
02:22 1300 fichés S.
02:23 Et là, il n'y avait pas forcément des fichés S, il y en avait peut-être.
02:27 Mais en tout cas, ils venaient de toute la France pour rendre hommage à quand même un militant antisémite qui appartenait à l'œuvre française,
02:33 qui était un mouvement antisémite ultranationaliste.
02:37 Et c'était vraiment à la fois un hommage et aussi un marqueur politique pour dire qu'ils étaient là.
02:43 Ça vous a surprise que la justice laisse faire ?
02:46 Non, parce que cette année, j'ai assisté à de nombreuses manifestations comme celle-ci en plein cœur de Paris.
02:51 C'est extrêmement choquant à voir.
02:53 Mais d'abord, la préfecture avait interdit en disant qu'il y aurait peut-être un trouble à l'ordre public.
02:58 Sauf qu'effectivement, devant le juge administratif, le juge a jugé qu'il n'y avait aucune raison de l'en empêcher.
03:05 Et quelque part, effectivement, là, il n'y a pas eu de trouble à l'ordre public.
03:09 Il y a d'autres manifestations parfois comme cela, idéologiquement répréhensible, mais qui ont lieu.
03:14 Mais des hommes, des femmes, positionnement, CSP+, plutôt populaire, quel est le profil ?
03:19 Le profil, ce qu'on a découvert, ce qu'il y avait dans cette manifestation et lors de notre enquête,
03:23 ce sont des gens très jeunes, des hommes, très peu de femmes, même si elles sont de plus en plus nombreuses à rejoindre le mouvement.
03:28 Profil sociologique quand même, plutôt des jeunes travailleurs, pas tellement de gens très diplômés, sauf dans les cadres,
03:35 où on peut retrouver d'ailleurs la grande bourgeoisie catholique intégriste à Lyon.
03:39 Et qui assument, on va l'entendre, totalement leur radicalité.
03:43 En plein cœur de Paris, nous les avons filmés lors de cette marche en l'honneur de Sainte Geneviève.
03:49 Leur parole est décomplexée.
03:51 Les rues ne sont plus sûres, on a la mort ! Alors ce soir, on va chanter !
03:56 Parisien, t'es pour toi ! Tu es ici, chez toi !
04:00 Parisien, tu es pour toi ! Tu es ici, chez toi !
04:03 Aujourd'hui, l'âge de Bordeaux est plein de porte, elle est au centre-ville de notre cité,
04:08 car nous sommes le meilleur sport de notre civilisation, et par nos sous-doux, on est chez nous !
04:13 On est chez nous !
04:15 Jean-Yves Camus, on peut parler de positionnement idéologique totalement assumé et totalement désinhibé, j'allais dire ?
04:24 Oui, mais c'est comme ça depuis très très longtemps.
04:28 La nouveauté des dernières années, précisément, c'est que ce rendez-vous où toute la mouvance s'est clairement éclatée,
04:35 d'ailleurs en petits groupes sur tout le territoire, monte à Paris pour un événement donné.
04:40 Mais moi, je ne sens aucune différence entre les slogans qui sont entonnés aujourd'hui et ceux que j'entendais il y a 30 ans,
04:47 l'Europe du Nord, la résolution, est toujours là.
04:50 Et quant à l'indicalité assumée, elle était au moins autant dans les années 80-90, avec en plus, pour le coup, de vrais troubles à l'ordre.
04:59 Rapprochez-vous un peu de votre ordinateur, de votre micro, s'il vous plaît Jean-Yves Camus, parce que la communication est un peu hachée.
05:05 Mais ce que vous voulez dire, c'est qu'un certain nombre de ces groupes ont été dissous, qu'ils se sont reconstitués de façon plus légère,
05:11 et sont peut-être moins faciles désormais à identifier, localiser, suivre ?
05:16 Ils sont assez faciles à identifier parce qu'ils ont tous un canal de télégramme, un compte Twitter, voire un site internet.
05:24 Simplement, l'effet de la dissolution qui avait été présenté comme étant une solution susceptible de venir à bout de ces mouvements,
05:32 s'est révélé assez illusoire.
05:35 Quand vous prononcez la dissolution d'un mouvement, je le répète toujours, c'est un signal politique que vous donnez,
05:40 mais il ne faut absolument pas croire que les militants les plus résolus vont décrocher du jour au lendemain.
05:45 Ils vont retourner l'interdiction légale qui est faite de reconstituer une ligne dissoute, ce qui est un délit,
05:51 mais ils vont se replier sur une structure qui portera un autre nom, qui changera d'échelle,
05:56 qui se rapatriera plutôt sur le local, et qui continuera à travailler en réseau avec les autres mouvements similaires ou proches
06:03 qui ont essayé de répetir toute la France depuis 2019.
06:06 Lorraine.
06:07 Oui, je me demandais, ils sont de plus en plus décomplexés, ils sont de plus en plus visibles,
06:10 mais pour autant, est-ce qu'ils sont de plus en plus nombreux ou est-ce que c'est difficile à quantifier ?
06:16 Ils sont de plus en plus nombreux.
06:18 Très clairement, quand on a vu la carte et qu'on regarde par exemple les canaux de Télégramme qui appellent à venir au comité du 9 mai
06:26 ou qui montrent des photos attestant qu'ils étaient là, on a davantage de groupes locaux qu'il y a quelques années.
06:32 Au plan de l'étiage, 800 personnes, c'est à peu près le niveau de l'année 2010,
06:38 qui avait été l'année la plus importante avec aux alentours de 750 militants.
06:45 Donc on voit qu'on n'a pas finalement d'exclusion du nombre de personnes appliquées sur la grande période.
06:53 Mais peut-être que sont-ils aussi de plus en plus violents, c'est-à-dire, c'est ce qu'on voit dans votre reportage,
06:57 on va voir un nouvel extrait, en novembre, ils sont une quarantaine à s'attaquer au cœur de Lyon à une conférence,
07:02 une conférence sur Gaza, il y a là une centaine de participants, dont des enfants.
07:08 On a entendu des menaces, vous allez mourir par exemple, très clairement.
07:14 Ils réussissent à fermer la porte à temps pour se protéger des agresseurs.
07:18 Un des participants a filmé l'attaque qui a duré plus de 30 minutes.
07:23 On voit d'ailleurs les mortiers qui éclairent au fond. On entend les barres de fer,
07:30 et c'est l'ultra droite et les nervis qui essayent de casser les fenêtres du haut.
07:37 Il aurait pu y avoir des morts et le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd.
07:45 C'est effrayant. C'est effrayant et c'est ce que remarquent aujourd'hui les spécialistes de l'extrême droite,
07:50 c'est-à-dire qu'ils sont de plus en plus violents, les actions sont de plus en plus violentes.
07:55 Il y a eu 17% d'augmentation de violences en 7 ans et c'est extrêmement préoccupant.
08:00 Je voudrais que l'on jette un coup d'œil à cette photo de Valérie Ayé, tête de liste pour les européennes de Renaissance,
08:06 qui a été prise en photo à côté de militants de l'ultra droite. C'est quoi cette photo ?
08:11 Oui, alors elle explique…
08:12 C'est pas un montage ?
08:13 Non, ça n'est pas un montage. Elle explique que… Elle s'en a expliqué sur X, anciennement sur Twitter.
08:19 Elle explique qu'elle a été prise à partie pour faire une photo et qu'elle n'a pas l'habitude de refuser des photos
08:25 et qu'elle a découvert par la suite que c'était des militants de l'extrême droite.
08:28 On peut juste quand même remarquer que les vêtements que portent les individus,
08:32 le détournement du logo, vous voyez, "The White Race", la race blanche, laisse quand même peu de doute
08:38 sur le pédigré des militants avec lesquels elle a posé. Alors elle s'en excuse, elle dit qu'elle s'est fait piéger.
08:44 Ça témoigne quand même d'une forme de naïveté.
08:46 C'est pas la seule, il y en a eu d'autres avant elle. Et on a l'impression d'ailleurs, M. Camus,
08:50 que c'est une habitude désormais des militants d'ultra droite de piéger ainsi des personnalités politiques, non ?
08:56 Oui, c'est l'habitude effectivement de les piéger. Mais enfin, il faut savoir quand même comment ça se passe dans la vraie vie,
09:01 savoir que ça va très très vite. Tout ça dure moins de 15 secondes.
09:05 Je ne sais pas si vous avez le temps de faire la différence entre le nom de la marque que vous avez mentionné
09:10 et le détournement du nom de la marque. C'est une bêtise de s'être fait piéger ainsi.
09:15 C'est la règle du jeu à partir du moment où les campagnes électorales sont rythmées par des prises assez sombres de selfies
09:22 du premier venu qu'on n'a évidemment pas le temps d'évaluer correctement.
09:27 Il n'y a pas faute sur ce coup-là.
09:30 Merci beaucoup M. Camus, merci beaucoup M. Michael ce soir sur BFM TV et bien évidemment sur l'application RMC BFM Play.
09:38 L'infiltré au cœur de l'ultra droite, 20h50.