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La montée de la répression politique en Tunisie a atteint un nouveau cap inquiétant ce weekend avec ces images incroyables de l’arrestation d’une avocate en plein direct sur France24.

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Transcription
00:00 7h21 en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction du quotidien Libération.
00:07 Dov Alfons, bonjour.
00:08 Bonjour Nicolas.
00:09 Dov, la montée de la répression politique en Tunisie a atteint un nouveau cap inquiétant ce week-end
00:15 avec ces images incroyables de l'arrestation d'une avocate en plein direct sur France 24.
00:20 Oui Nicolas, au centre de cette vague antidémocratique, déjà l'obsession du président tunisien,
00:26 Kayess Saïed, contre les migrants subsahariens et contre les Noirs en général.
00:30 Persuadé qu'il existe un plan criminel pour changer la composition démographique du pays,
00:35 sorte de grand remplacement version Maghreb,
00:38 Saïed a instauré un climat anti-migrants et un racisme anti-Noirs au sommet de l'État.
00:43 Ce discours a entraîné une série d'attaques et d'expulsions de migrants à la peau trop foncée
00:48 et plusieurs milliers d'entre eux ont été déplacés vers les frontières algériennes et libyennes,
00:53 mourir en plein désert.
00:55 Lundi dernier, la présidente d'une association tunisienne antiraciste,
00:58 Saadia Mosba, avait été placée en garde à vue.
01:01 Et voilà maintenant qu'éclate cette nouvelle affaire d'une façon on ne peut plus directe.
01:06 Tout commence par un plateau de télévision,
01:07 quand un chroniqueur affirme que ces migrants africains cherchaient à s'installer en Tunisie
01:12 pour coloniser ce pays de rêve.
01:15 Une autre chroniqueuse, l'avocate antiraciste Sonia Darmani, répliqua
01:20 « De quel pays extraordinaire parle-t-on ? Celui que la moitié de nos jeunes veulent quitter ? »
01:25 Pour ces deux questions, elle a été victime d'une véritable campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.
01:30 Elle a choisi de se réfugier au siège de l'Ordre national des avocats tunisiens.
01:34 Et c'est là, samedi à 19h45, que la correspondante de France 24 à Tunis,
01:39 Marilyn Duhamel, effectuait son duplex en direct.
01:43 Et face aux caméras, des policiers cagoulés ont fait irruption,
01:46 embarquant Sonia Darmani hors du bâtiment, dans une panique générale.
01:51 Certaines personnes présentes ont tenté de s'interposer,
01:54 avant d'être bousculées et jetées à terre.
01:56 Il semblerait, Nicolas, que l'avocate soit sous le coup d'un mandat d'arrêt
02:00 pour avoir dégradé l'image de la Tunisie.
02:03 Comme si envoyer des barbouzes cagoulés et arrêter une avocate ne dégrade pas l'image de la Tunisie.
02:08 - Edhoff, pour vous, on oublie trop souvent de parler de la Tunisie dans ce combat ?
02:12 - Nicolas, il faut s'inquiéter de tant de choses,
02:14 et certainement de l'invasion russe en Ukraine,
02:17 de l'offensive israélienne à Rafah, de menaces contre la démocratie partout.
02:21 On pourrait quand même s'attendre à des messages de soutien un peu plus consistants,
02:25 à des combattants courageux contre le racisme,
02:28 qui sont ainsi attaqués par leur gouvernement, et c'est un Tunisien qui vous le dit.
02:32 Est-il normal qu'alors que Sonia Darmani était ainsi enlevée par le régime face aux caméras,
02:37 la candidate El-Effiri Maasane, par exemple, se trouvait à Tunis,
02:41 et n'a pas eu un mot pour ce qui se déroulait sous ses yeux ?
02:45 Alors oui, je sais, l'humanisme est de nos jours plus une question de géographie.
02:50 Mais comme nous l'enseigne un autre Tunisien, Albert Memmi,
02:53 si c'est une folie d'ignorer le poids de nos gros prospectifs,
02:56 c'est aussi une lâcheté d'accepter leurs préjugés.
02:59 - Dove, Alphonse, merci.

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