L’industrie et les citoyens européens souffrent actuellement d’une crise énergétique sans précédent. L’énergie est devenue chère et rare, en très peu de temps. Dans son ouvrage "Energie, mensonges d'Etat", l'ingénieur Samuel Furfari montre que cette crise est la conséquence directe des décisions politiques irrationnelles prises par les dirigeants européens. Pendant 64 ans, de la création de la CECA en 1952 jusqu’en 2016, l’UE a pourtant mené une politique énergétique prévoyante, protégeant les citoyens et l’industrie. Mais depuis une décennie environ, sous l’influence des ONG écologistes, les organes de direction de l’UE ont fait des choix radicaux : éliminer les ressources fossiles d’ici 2050, interdire la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035, priver à l’inverse le nucléaire de toute aide et de toute planification intelligente. Et la guerre en Ukraine, loin d’être à l’origine de la crise, illustre en fait le désarmement énergétique unilatéral voulu par l’UE, que les citoyens de l’Union vont payer au prix fort : chauffage, transports et production plus chers. Désastres industriels en perspective. A très court terme.
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00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie de Samuel Furfari.
00:11 Bonjour monsieur.
00:12 Bonjour.
00:13 Samuel Furfari, vous êtes ingénieur et docteur de l'Université libre de Bruxelles, spécialisé
00:19 dans les technologies énergétiques et la géopolitique de l'énergie.
00:24 Vous publiez cet ouvrage chez l'artilleur, dont voici la une, "Énergie, mensonge d'État,
00:31 la destruction organisée de la compétitivité de l'Union européenne", comme d'habitude
00:36 à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
00:39 Vous commencez, Samuel Furfari, par un écrit de la Communauté européenne d'avril 59
00:46 que je vais citer, c'est très rapide.
00:48 "Pour le développement de l'ensemble des économies, il est essentiel de leur fournir
00:53 des approvisionnements en énergie à la mesure des besoins, dans les conditions les plus
00:58 économiques, avec la plus grande régularité et la plus grande sécurité".
01:02 On en est loin aujourd'hui.
01:04 Vous dites que vous ne reconnaissez plus votre Union européenne pour laquelle vous avez
01:09 travaillé.
01:10 Dites-vous avec fierté, les Européens sont dans une grande insécurité énergétique
01:15 alors qu'il n'y a jamais eu autant d'énergie, aussi bon marché et abondante dans le monde.
01:21 Quelles sont les causes de la catastrophe que nous vivons actuellement en Europe au
01:25 plan énergétique ?
01:26 Oui, vous faites bien de citer ce texte parce que c'est vraiment invraisemblable.
01:30 Comme on a abandonné le bon sens, la rationalité, le dynamisme pour essayer d'avoir de l'énergie
01:38 abondante et bon marché.
01:40 Et puis on vient vous dire aujourd'hui que ça doit être l'inverse, ça doit être
01:44 la précarité et si possible le plus cher possible pour qu'on réduise nos émissions.
01:48 Le basculement c'est le changement climatique, le basculement c'est l'accord de Paris.
01:54 Vous situez à 2016 soumission de la politique énergétique de l'Union européenne à
01:58 la politique climatique.
02:00 Oui, parce qu'en 2016, pourtant quelques mois après l'accord de Paris de décembre
02:07 2015, en 2016 on publie un corps à la Commission, une communication sur la sécurité d'approvisionnement
02:13 énergétique où on disait qu'il faut assurer la sécurité d'approvisionnement en diversifiant
02:18 les sources d'énergie, en étant ouvert à toutes les sources d'énergie et dans
02:22 l'annexe de ce document il y avait tout un long chapitre sur la production de gaz de
02:27 schiste en 2016.
02:28 Et puis tout ça a été arrêté, c'est même interdit d'en parler et donc c'est
02:34 un revirement total.
02:35 C'est pour ça que je dis qu'est-ce qui s'est passé pour que le bon sens soit complètement
02:39 mis à la poubelle et on en arrive à aujourd'hui être fiers de faire de la précarité énergétique.
02:45 Et dans cette volte-face vous pointez directement la responsabilité de la chancelière Merkel
02:51 et des écologistes allemands.
02:52 Bien sûr, ce sont eux qui nous ont menés dans cette aventure avec l'Energiewende.
02:58 Il ne faut pas oublier que l'Allemagne était à l'époque pendant ces dernières
03:02 quinze dernières années la locomotive de l'Europe avec beaucoup d'avantages économiques,
03:08 beaucoup d'industries qui se développaient, surtout du gaz bon marché qui venait des
03:12 Russies et donc l'Allemagne était le maître d'oeuvre de l'Union Européenne, c'est
03:17 un peu ce qu'elle voulait.
03:18 Et donc puisque eux avaient décidé de faire de l'Energiewende, tout le monde a suivi.
03:23 Moi je me souviens d'un pays que je ne sais très pas, des nouveaux pays membres qui
03:29 m'ont dit "mais non, on sait très bien que ça ne marchera pas mais après tout quand
03:33 on s'en apercevra, nous on ne sera plus là".
03:36 Donc voilà, il y a eu un manque de responsabilité de ceux qui ont succombé à l'Allemagne.
03:44 Vous citez ce vice-président de la Commission Européenne, Franz Timmermans, qui a expliqué
03:50 qu'il fallait rendre l'énergie chère pour obliger les gens à changer de comportement.
03:57 On voit aujourd'hui que les dirigeants de l'Union Européenne forcent les Européens
04:01 à économiser l'énergie toujours plus.
04:03 C'est quoi les conséquences de cette politique sur notre santé et sur notre industrie ?
04:09 C'est le soutissaud du livre.
04:12 C'est la décroissance organisée de notre compétitivité économique.
04:17 Et donc on ne parvient plus à être compétitif parce que notre énergie est trop chère.
04:23 Et vous voyez que même l'industrie chimique allemande, le fleuron de l'industrie chimique
04:27 mondiale est en train de délocaliser.
04:30 On parle de panneaux solaires, mais maintenant tous les panneaux solaires sont faits en Chine.
04:34 Donc on a vraiment abandonné notre avantage.
04:38 Vous savez, l'Europe avait deux fleurons en matière d'industrie.
04:42 L'industrie pharmaceutique et l'industrie automobile.
04:46 Et maintenant on est en train d'abandonner tout cela et l'industrie automobile,
04:50 elle est dans les mains des Chinois, puisqu'on veut absolument imposer la voiture électrique.
04:54 Et ce sont les Chinois qui contrôlent tout le système de batteries et de matériaux particuliers
05:01 dont on a besoin pour la voiture électrique.
05:04 Donc on a vraiment détruit notre économie.
05:06 Et on est seulement au début de la catastrophe.
05:09 Parce que pour l'instant on ne voit pas encore, vous savez,
05:12 il y a toujours un grand temps de retard dans l'économie.
05:16 Et on est au début de ce temps de retard.
05:18 Et donc il faut d'urgence arrêter cela.
05:22 Et les élections du 9 novembre sont le moment pour essayer d'inverser la tendance.
05:27 Et vous rappelez que malgré ces appels des dirigeants de l'Union Européenne
05:32 à économiser de l'énergie toujours plus en 2021,
05:36 la consommation d'énergie finale est la même qu'en 1990.
05:41 Donc tous ces efforts pour rien.
05:43 Tous ces efforts pour rien parce qu'il y a de la croissance et donc forcément on consomme plus.
05:47 Alors bien entendu il ne faut pas gaspiller de l'énergie.
05:51 Gaspiller de l'énergie c'était un non-sens.
05:53 Mais se priver d'une consommation d'énergie parce qu'on voudrait être les maîtres du monde,
05:59 c'est exactement l'inverse.
06:01 C'est en consommant plus d'énergie qu'on devient les leaders du monde.
06:06 Alors Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne,
06:11 promeut un pacte vert avec une neutralité climatique prévue pour 2050.
06:17 On est d'accord ?
06:18 64% de la production d'énergie proviendrait d'énergie renouvelable intermittente
06:25 et nous n'en étions qu'à 2,9 en 2019
06:30 après avoir dépensé 1000 milliards d'euros depuis 2000.
06:35 Donc quels sont les efforts qu'on va devoir encore fournir
06:39 pour arriver à 64% de production d'énergie intermittente renouvelable ?
06:46 Alors vous voyez bien que nos territoires sont déjà couverts d'éoliennes un peu partout,
06:50 en particulier en Allemagne,
06:52 et qu'en France on veut maintenant en mettre tout le long du littoral,
06:56 et on est à moins de 3%.
06:59 Alors pour arriver à 100% de décarbonation,
07:03 qu'est-ce qu'on doit faire ?
07:04 Comment va-t-on faire ?
07:05 On sait qu'on veut en installer déjà sur les plages françaises.
07:08 Oui.
07:09 Sauf au Touquet où M. Macron a installé sa maison secondaire.
07:14 C'est ça qui est incroyable.
07:16 Bon, je donne les chiffres dans le livre,
07:18 mais il faudrait des surfaces invraisemblables
07:21 pour pouvoir installer ces machines éoliennes ou solaires.
07:25 Mais en plus, ce qui ne va pas,
07:28 c'est que ces machines ne fonctionnent qu'un certain nombre d'heures.
07:33 En fait, ça s'appelle le taux de charge.
07:35 Si vous achetez une machine pour produire 100,
07:38 les éoliennes vont vous en donner 23 et les panneaux solaires 11.
07:42 Donc vous êtes obligé d'avoir à côté le système,
07:45 maintenir le système actuel.
07:47 On a pu développer les éoliennes, les fameux 3%,
07:50 parce qu'on avait déjà un système en place.
07:53 Nucléaire à côté.
07:53 Nucléaire ou gaz dans certains pays.
07:56 Ou charbon.
07:56 Ou charbon, le système était là.
07:58 Mais si vous rajoutez des énergies intermittentes,
08:03 vous êtes obligé d'ajouter en même temps des énergies non-intermittentes.
08:06 Et donc on est dans un système sans fin,
08:07 ça ne marchera pas, c'est cette histoire.
08:09 Ce système sans fin, vous le qualifiez carrément d'éco-dictature.
08:12 Mais alors vous, qui travaillez pour la Commission,
08:17 enfin les institutions européennes,
08:20 est-ce que vous ne voyez pas en leur sein
08:23 des voix qui s'élèvent contre cette éco-dictature ?
08:27 Alors, je travaillais, en fait, je suis retraité.
08:30 C'est pour ça que j'ai plus ou moins de liberté de parole.
08:33 Mais avant, ce n'était pas comme ça.
08:35 Ce sont vraiment ces dernières années qu'on a dérivées.
08:38 Et au sein de la Commission européenne,
08:40 c'est difficile de s'exprimer puisque la hiérarchie a un point de vue,
08:44 et donc dans une administration, vous obéissez ou vous taisez.
08:49 Donc on a certainement des personnes qui pensent différemment,
08:55 et notamment au Parlement européen.
08:57 Je sais qu'il y a beaucoup de députés qui pensent différemment,
09:00 mais ils sont tenus de se taire, même par leur parti.
09:04 Le parti demande aux députés de se taire,
09:06 de ne pas critiquer la politique actuelle.
09:08 Il y en a une, quand même, qui a un petit peu haussé le ton,
09:10 c'est Margret Versteiger, commissaire chargée de la concurrence,
09:13 que vous citez dans votre ouvrage.
09:14 Oui, parce que, bon, elle voulait se positionner pour devenir présidente,
09:18 mais bon, finalement, ça n'a pas marché.
09:20 Mais elle est commissaire à la concurrence,
09:24 et donc elle est sensible, quand même, à tous ces aspects économiques.
09:27 Parce que, voilà, finalement, ce qui arrive,
09:30 c'est qu'on est obligé de subsidier tout cela.
09:33 Le problème des énergies renouvelables,
09:35 c'est que sans subsidie, il n'y a rien qui marche.
09:38 Tout est subsidié.
09:40 La preuve, c'est qu'on a établi une directive en 2009
09:44 qui oblige la production d'énergie renouvelable,
09:46 renouvelée en 2018, et renouvelée encore en 2023.
09:49 S'il n'y a pas d'obligation, il n'y a personne qui fait des énergies renouvelables.
09:53 Les gens ne sont pas sauts, ils ne vont pas perdre de l'argent.
09:55 C'est un peu bizarre, justement, cette multiplication de directives,
09:58 alors qu'on est censé croire que ces énergies sont très efficaces.
10:02 Oui, c'est très paradoxal.
10:03 Elles devraient s'auto-porter, quoi.
10:05 C'est très paradoxal. On n'arrête pas de dire que c'est bon marché.
10:08 Et puis, on oblige leur production.
10:10 C'est qu'elles ne sont pas bon marché.
10:12 Avec la crise énergétique,
10:14 depuis 2022, la Commission européenne a lancé ce plan Repower UE.
10:20 Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?
10:23 Quelles sont les idées porteuses de ce plan ?
10:27 Lorsqu'on s'est aperçu qu'il fallait arrêter l'importation d'énergie depuis la Russie,
10:31 il a fallu politiquement dire quelque chose, pourquoi pas,
10:35 mais finalement, c'est de l'affichage, parce qu'il n'y a pas grand-chose de neuf.
10:39 Il y a un renouveau pour les économies d'énergie,
10:43 mais ça, bon, c'est vieux comme les crises pétrolières,
10:46 plus d'énergie éolienne et solaire,
10:48 ça, c'est le point qu'on vient de traiter,
10:51 importer du gaz d'ailleurs,
10:53 évidemment, il faut apporter du gaz d'ailleurs,
10:55 ça, c'est vraiment surprenant,
10:59 importer de l'électricité et de l'hydrogène depuis l'Ukraine,
11:02 vous vous rendez compte ?
11:03 L'Ukraine est un pays en guerre, où il manque de tout,
11:07 et nous, avec le plan Repower, on dit qu'on va importer de l'électricité,
11:11 alors que cette électricité en Ukraine est uniquement nucléaire et à base de charbon,
11:15 et là, on peut l'importer.
11:17 Et puis, le grand... ça, c'est quelque chose qui m'a vraiment effaré,
11:22 il n'y a pas le mot "nucléaire" dans ce plan Repower.
11:26 Alors qu'Emmanuel Macron nous a fait des discours à Saint-Nazaire et à Belfort,
11:31 où il remet le nucléaire en tête.
11:33 – Mais le Repower était au moment où Macron était en train de se convertir au nucléaire,
11:41 et l'Allemagne, comme on disait tout à l'heure, dirige l'Europe,
11:45 et donc on n'a pas mis le mot "nucléaire" dans un texte,
11:49 alors que nous avons un traité qui s'appelle l'Euratom.
11:52 Et donc, la Commission européenne est gardienne du traité,
11:56 c'est-à-dire qu'elle est là pour promouvoir l'énergie nucléaire,
11:59 et le mot "nucléaire" n'apparaît pas dans ce plan Repower.
12:02 – Est-ce que vous pensez que les dirigeants européens pensent vraiment
12:05 qu'ils pourront dominer les économies mondiales
12:09 et détruire la concurrence des grands groupes pétroliers gaziers
12:13 avec une économie seulement basée sur ces énergies renouvelables ?
12:17 – Mais ceux qui le pensent sont vraiment utopistes
12:20 et ils ne connaissent pas la marge du monde, tout simplement.
12:23 Moi, j'enseigne la géopolitique et je suis donc tenu à étudier
12:25 ce qui se passe dans le monde, et je vous assure que...
12:28 C'est pour ça que vous l'avez dit tout à l'heure,
12:30 on n'a jamais eu autant d'énergie abondante et bon marché qu'aujourd'hui,
12:33 tellement il y a des investissements dans les énergies fossiles.
12:35 Partout dans le monde, on investit dans les énergies fossiles.
12:38 Même en Israël, on est en pleine guerre là,
12:41 même en Israël, on produit du gaz et Israël vend du gaz à la Jordanie.
12:45 Et donc, pensez-vous que l'Europe, en disant "on va faire rien que de renouvelables",
12:49 ça va changer la marge du monde ?
12:51 C'est grotesque de penser des choses pareilles.
12:53 Vous évoquez d'ailleurs le cas de l'Inde avec ses émissions de CO2
12:58 qui sont assez importantes, puisque l'Inde utilise beaucoup le charbon,
13:02 et là, à ce moment-là, vous évoquez l'idéologie malthusienne
13:08 comme matrice de l'écologisme.
13:11 Alors, qu'est-ce que ça recouvre, ce malthusianisme ?
13:13 Le malthusianisme, c'est parti d'un Thomas Malthus qui avait peur
13:19 que si la population en Angleterre allait augmenter,
13:23 la surface de l'Angleterre étant toujours la même,
13:25 il n'y aurait plus de quoi manger.
13:27 Sauf que M. Malthus ne savait pas que le monde allait devenir,
13:32 se développer grâce à la technologie.
13:34 Aujourd'hui, si on mange à satiété dans le monde,
13:38 à satiété dans le monde, c'est parce qu'il y a des engrais.
13:42 S'il n'y avait pas d'engrais chimiques,
13:45 il n'y aurait que 3 milliards d'êtres humains qui pourraient manger,
13:48 on est à 8 milliards.
13:49 Et donc, c'est la technologie qui a apporté du bien-être et du développement.
13:53 Et c'est la même chose dans un hôpital.
13:55 Vous allez à un hôpital, vous allez voir
13:57 toute la technologie qu'il y a là-bas pour nos soins de santé.
14:00 Soins de santé qui exigent beaucoup d'énergie.
14:02 Et donc, aujourd'hui, il y a encore beaucoup de gens qui pensent comme Malthus,
14:06 en disant "on ne peut pas continuer comme ça parce qu'on ne s'en sortira pas".
14:10 Oui, mais ils vont vous dire que voilà, à cause de ces engrais,
14:13 on est en train d'éclater la Terre,
14:16 de faire du mal à ce qu'ils appellent Gaïa, leur déesse nature.
14:20 Oui, c'est ce qu'ils disent, mais moi je prétends que c'est le contraire,
14:23 puisque depuis qu'on brûle des combustibles fossiles,
14:27 la Terre devient de plus en plus verte.
14:29 Parce que le CO2, c'est l'aliment des plantes.
14:32 Et donc, c'est connu, je ne l'ai inventé rien du tout,
14:35 c'est connu qu'on devient de plus en plus verte.
14:38 Et donc, aujourd'hui, il y a vraiment ce Malthusianisme
14:42 qui pénètre dans l'Europe,
14:45 tant et si bien que le 17 mai de l'année dernière, 2023,
14:49 Mme von der Leyen, au Parlement européen, a déclaré que le Club de Rome avait raison,
14:53 nous devons faire de la décroissance économique,
14:56 mais également de la décroissance de la population.
14:58 Donc, elle est en plein Malthusianisme,
15:00 ça ne la regarde pas, ce n'est pas son rôle.
15:02 Le traité de Lisbonne ne parle pas de ça.
15:04 On veut réduire la population mondiale,
15:06 certains parlent d'une réduction à 500 000 personnes sur la planète.
15:10 C'est ça, même le commandant Cousteau disait ça.
15:14 C'est vraiment un leitmotiv de beaucoup de personnes,
15:17 de réduire la population.
15:19 Bon, est-ce que c'est parce qu'ils ne veulent pas quitter les gens,
15:22 ou bien parce qu'ils ne veulent pas toucher aux ressources ?
15:25 Dans tous les cas, les ressources sont hyper abondantes,
15:28 parce qu'on ne se rend pas compte que, jusqu'à présent,
15:30 on n'a exploité qu'une toute petite partie de la surface de la Terre.
15:34 Et alors, aussi, l'autre grand problème,
15:36 c'est de vouloir nous faire croire que nous vivons dans un monde pollué.
15:40 Le monde pollué, c'est où on n'utilise pas d'énergie.
15:43 Allez à Kinshasa, vous allez voir ce que c'est la pollution,
15:45 par rapport à Paris.
15:47 Et donc, la pollution a été maîtrisée
15:50 grâce au développement économique,
15:52 grâce aux nouvelles technologies,
15:54 grâce à l'énergie.
15:55 Et donc, vouloir dire qu'on est dans un monde pollué,
15:57 c'est vraiment un reversement de l'histoire.
16:00 Il suffit d'aller étudier les rapports de l'Agence européenne de l'énergie,
16:03 basée à Copenhague,
16:05 et on va voir, c'est les chiffres qui comptent.
16:07 Et vous verrez qu'on n'est pas dans un monde pollué.
16:09 On l'était, mais plus en Europe.
16:11 On sait que les lobbyistes pullulent au Parlement européen,
16:16 que ces lobbyistes travaillent,
16:18 que ces lobbies travaillent pour les entreprises
16:21 qui créent ces énergies renouvelables,
16:24 en tout cas qui fabriquent ces éoliennes,
16:26 ces panneaux solaires, souvent d'ailleurs construits en Chine.
16:30 Comment ces lobbies opèrent-ils auprès des élus européens ?
16:34 On est en Europe dans des questions éminemment technologiques.
16:39 C'est compliqué, vous savez.
16:41 C'est complexe.
16:43 C'est pas compliqué, c'est complexe.
16:45 Toutes ces questions sont complexes,
16:47 et on a des députés qui ne connaissent pas nécessairement la complexité.
16:51 Il n'y a pas beaucoup d'ingénieurs au Parlement européen,
16:53 il n'y a pas beaucoup de scientifiques au Parlement européen.
16:56 Et donc ces gens sont un peu démunis,
16:58 et ils doivent prendre des décisions très techniques.
17:02 Que font-ils ?
17:04 Ils s'appuient sur leurs assistants, qui eux s'appuient sur des lobbies,
17:08 et voilà, c'est comme ça que ce système est arrivé à ne plus fonctionner,
17:12 parce que finalement ce sont les lobbies qui ont le plus de poids,
17:16 qui parviennent à donner leur impulsion à l'Europe.
17:19 Vous dites ceci, l'UE finance les ONG écologistes,
17:23 qui leur fournissent des rapports pour justifier ces programmes à elles,
17:27 à l'Union européenne, et vous dites au final que les gouvernements
17:30 se retrouvent aujourd'hui otages de ces ONG.
17:33 C'est exactement ça, c'est une endogamie.
17:36 La Commission donne des crédits pour faire des études,
17:41 et le ghetto alentour de Bruxelles et de Strasbourg réalise ces études,
17:48 pour évidemment dire ce que la Commission européenne veut entendre.
17:52 Et donc ensuite on va au Parlement avec ces rapports,
17:55 et on leur dit "regardez ce qu'il faut faire",
17:57 et donc on tourne en rond.
17:59 Et on vit en autarcie, en endogamie,
18:03 et il n'y a plus que ça qui compte.
18:04 Et les États membres sont tétanisés quand on les bombarde de rapports
18:09 qui disent tous la même chose.
18:10 Les États membres ne savent pas résister,
18:13 et baissent la tête parce qu'il faudrait être téméraire pour aller dire le contraire.
18:18 Depuis le début de cette crise énergétique en Europe,
18:21 on entend parler de ce marché européen de l'électricité,
18:25 dont l'Espagne et le Portugal sont sortis, au moins temporairement.
18:30 On entend souvent d'ailleurs le qualificatif de libéralisme débridé,
18:34 à son égard, qu'est-ce que vous en pensez ?
18:36 Oui, on l'entend en libéralisme débridé, ultra-libéralisme,
18:40 on n'entend jamais ultra-communiste, c'est bizarre.
18:43 Il n'y a pas d'ultra, c'est un marché qui a été créé
18:48 avec des raisons tout à fait justifiées,
18:51 je n'ai pas le temps de rentrer dans les détails,
18:54 mais à partir de 2008-2009,
18:59 on a introduit l'obligation de produire des énergies renouvelables.
19:04 Donc vous avez un marché, soi-disant libre,
19:06 et puis on vous oblige de faire quelque chose qui est le plus coûteux.
19:09 Donc ce n'est plus de la libéralisation.
19:11 Et si on vous oblige d'introduire des énergies renouvelables,
19:14 le nucléaire n'a plus de place.
19:16 Et donc qu'est-ce qu'il a fallu faire, notamment au Royaume-Uni ?
19:19 Il a fallu financer le nucléaire.
19:21 Et comme le gaz devient trop cher, on finance le gaz.
19:24 Donc il n'y a plus rien, il n'y a plus de marché.
19:26 Le marché, c'est un vaste mot, il n'y a pas de marché de l'énergie.
19:30 Tout est contrôlé par les États.
19:31 – Quand vous dites "tout est contrôlé",
19:34 c'est-à-dire qu'en fait il y a de la corruption derrière…
19:36 – Non, non, je ne parle pas de corruption,
19:38 je parle de corruption idéologique, oui, mais pas de corruption,
19:41 ce n'est pas ça que je dis.
19:42 Non, non, chacun défend son champion.
19:48 La France défend EDF, l'Italie défend Enel.
19:51 Et tout ça, c'est avec de l'argent public.
19:53 Et donc on est là, dans un système où on devrait,
19:57 soi-disant, laisser le marché décider,
20:00 mais à partir du moment où on vous donne des obligations
20:03 et des contraintes sur les émissions de CO2,
20:05 forcément, ce n'est plus un marché.
20:07 – On a sur TVL souvent entendu des invités nous dire
20:10 que les dirigeants européens avaient voulu la mort d'EDF,
20:14 qu'ils y sont arrivés, et grâce à la complicité des dirigeants français.
20:18 C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé Henri Proglio,
20:20 ancien président d'EDF.
20:22 Qu'est-ce que vous en pensez de ça ?
20:23 – Je ne sais pas si je dois dire…
20:24 – Quand on vous dit qu'on défend EDF, les Français défendent EDF,
20:27 c'est vrai ou c'est faux, ça ?
20:28 – Je ne sais pas si c'est complicité, mais c'est certainement un aveuglement.
20:33 On n'a pas vu venir cette catastrophe,
20:35 ou bien on a fait semblant de ne pas l'avoir.
20:37 – Parce que quand on ferme Fessenheim,
20:39 quand le président nous dit qu'on ferme Fessenheim,
20:41 parce que les Allemands nous l'ont demandé,
20:42 alors que Fessenheim est en France.
20:44 – Mais on revient à ce qu'on disait tout à l'heure avec l'Allemagne.
20:49 L'Allemagne a dirigé la politique énergétique,
20:51 ça s'appelle l'Energiewende,
20:53 ils ont dirigé la politique énergétique
20:54 et ils ont imposé un moratoire sur le nucléaire.
20:57 Mais qui a accepté le moratoire sur le nucléaire ?
21:00 C'est M. Hollande, suivi de M. Macron pendant tout son premier mandat,
21:04 et une partie du deuxième mandat.
21:06 Donc l'Allemagne a donné l'impulsion, mais tout le monde a suivi.
21:11 Donc tout le monde est responsable dans cette histoire,
21:14 on ne peut pas dire "moi je n'ai rien fait".
21:16 Non, la destruction presque totale d'EDF
21:21 est voulue par des dirigeants politiques
21:23 qui n'ont pas compris le piège de l'Allemagne.
21:27 Vous dites que cette transition énergétique
21:29 dans laquelle on est entraîné de force
21:31 n'est possible qu'avec de l'argent gratuit.
21:34 L'argent gratuit il est fourni par quoi ?
21:36 Par la planche à billets.
21:37 Est-ce que vous pouvez nous en rappeler les conséquences de cette planche à billets ?
21:41 Regardez ce qui s'est passé avec la crise de la Covid.
21:44 On a voulu relancer l'économie,
21:47 on a mis sur la table 730 milliards d'euros.
21:54 Et puis sur le "repower" c'était 300 milliards d'euros.
21:58 Le "repower" dont vous avez parlé tout à l'heure.
22:00 C'est de l'argent qu'on n'a pas.
22:02 Donc c'est la planche à billets qui tourne
22:04 et on va devoir le rembourser dans 40 ans, 50 ans.
22:07 Donc cet argent, l'argent gratuit n'existe pas.
22:09 Il faudra toujours le rembourser un jour ou l'autre.
22:11 Et donc on a créé une bulle qui n'apporte rien à l'Europe
22:17 puisque finalement on est perdant dans tous les sens.
22:20 Et surtout que ça ne sert absolument à rien du point de vue émissions de CO2
22:24 puisque les émissions de CO2 ne cessent de croître dans le monde.
22:28 Donc on a dépensé de l'argent inutilement.
22:31 De l'argent qu'on n'avait pas.
22:32 Et c'est cette injection de liquidité dans les économies
22:36 qui contribue à affaiblir la valeur des monnaies.
22:41 Aussi, tout à fait.
22:43 Alors vous évoquez aussi les liens entre les grands gestionnaires d'actifs américains,
22:49 on en parle beaucoup sur TV Liberté comme Black Rock,
22:54 State Street, Vanguard et la transition énergétique.
22:58 Comment ça fonctionne tout ça ?
23:00 Alors il y a un petit changement.
23:02 C'est-à-dire que ces grandes compagnies qui avaient lancé la notion de EGS,
23:09 c'est une notion qui oblige les entreprises à faire attention à leur impact environnemental,
23:15 à la question de genre et aux questions sociales.
23:18 Aujourd'hui, des états des États-Unis sont en train de réagir
23:25 et donc les compagnies que vous avez mentionnées sont en train de faire un peu marche arrière.
23:28 Mais en Europe, pas encore.
23:30 On continue à dire, à contrôler les entreprises, à leur dire
23:33 "si vous investissez dans tel domaine, on ne vous finance plus".
23:36 Par exemple, Total était en train d'investir en Guinée-Papouzie
23:40 pour un beau projet d'asile.
23:42 Et bien la semaine dernière, Credit Agricole a dit "je ne vous finance plus".
23:47 Et donc, M. Pouyanné a été obligé de mettre en suspens son projet.
23:51 Pourquoi ? Parce que c'est un projet brillant, intéressant,
23:55 mais qui allait financer la production de gaz.
23:58 Et donc, qu'est-ce qui va se passer ?
24:00 Ça va être une banque russe, une banque asiatique, une banque chinoise,
24:06 qui va les investir, bien entendu.
24:08 Alors, l'augmentation des températures, on nous en rebat les oreilles depuis des années.
24:14 Cette augmentation des températures alrime, souvent avec apocalypse,
24:18 est-ce qu'il y a des raisons objectives de croire à ce catastrophisme ?
24:22 Non, je ne crois pas au catastrophisme.
24:25 Vous savez, vous vous souvenez peut-être qu'on a appris,
24:30 lorsque vous étiez à l'école, la querelle du filioque.
24:34 Le filioque, oui.
24:36 Oui, vous vous souvenez de ça.
24:38 Et ça a duré des siècles de discussion.
24:40 La séparation entre les orthodoxes et les catholiques.
24:42 Ça a duré des siècles.
24:44 C'est Charlemagne qui a mis fin à cette discussion.
24:47 Ici, avec cette question du changement climatique, c'est la même chose.
24:51 Il y a des gens qui disent qu'il y a un changement climatique dû à l'homme,
24:55 très important, il y en a qui disent que c'est un changement climatique dû à l'homme,
24:59 pas important du tout, et d'autres qui disent qu'il n'y a pas de changement du tout dû à l'homme.
25:03 Et donc, je ne veux pas rentrer dans ce débat, mais ce qui compte,
25:07 j'ai géré ce dossier à la Commission européenne entre 1994 et 2000,
25:12 ce qui compte c'est de savoir que l'Europe veut décarboner,
25:16 et le reste du monde ne fait rien.
25:18 La preuve, c'est que depuis qu'on dit qu'il faut décarboner,
25:22 la conférence de Rio en 1992,
25:24 les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 62%.
25:28 Grâce à la Covid, parce que pendant la Covid on a arrêté l'économie,
25:32 sinon on serait à 65%.
25:34 Donc il y a eu un boom des émissions de CO2,
25:36 tandis que nous on dit qu'on veut que les autres nous suivent.
25:38 Les autres ne nous suivront pas.
25:40 Parce que sans énergie, vous n'avez pas d'économie,
25:42 et vous n'avez pas de croissance,
25:44 et donc la population restera dans des difficultés.
25:47 Pour terminer, Samuel Forfari, est-ce que vous pourriez nous dire
25:50 quelles devraient être les mesures sociales pour permettre aux citoyens
25:55 et à l'industrie de survivre après cette crise si elle prend fin ?
26:00 Il faut arrêter l'obligation de produire des énergies renouvelables.
26:04 Si les énergies renouvelables ont une place, le marché décidera.
26:08 Mais l'obligation est contraire au bon sens.
26:12 On oblige de faire quelque chose qui n'a pas de sens.
26:14 Depuis maintenant, trop longtemps.
26:16 On pouvait imaginer qu'en 2009 il fallait le faire,
26:19 pour essayer d'embrayer la machine.
26:21 Mais maintenant, pourquoi en 2024, on continue à obliger la production d'énergie renouvelable ?
26:26 Donc il faut revenir à la liberté de marché,
26:28 et à mettre fin au manichéisme.
26:32 Le manichéisme, c'est dire "je ne veux pas de ça, et je ne veux pas de ça".
26:36 Il faut accepter toutes les énergies.
26:38 Nous avons un défi énergétique mondial, gigantesque.
26:43 Apporter de l'énergie au monde entier va demander des efforts énormes.
26:47 Et donc on ne peut pas se permettre de dire "je ne veux pas ça" ou "je ne veux pas ça".
26:50 Il y a de la place pour tout le monde.
26:52 Il y a même de la place pour l'électricité solaire et éolienne.
26:55 Mais pas avec des obligations.
26:56 Donc il faut laisser de nouveau la liberté aux opérateurs pour développer l'énergie.
27:01 C'est pour ça que j'ai mis en exergue cette phrase que vous avez citée,
27:04 merci d'avoir fait, parce que c'était la vision qu'on avait avant.
27:08 Il faut qu'on ait l'énergie pour pouvoir fonctionner.
27:10 Et aujourd'hui, non seulement on a l'énergie pour fonctionner,
27:13 mais on a également les moyens d'éviter la pollution.
27:17 Parce qu'il ne faut pas croire que j'ignore les problèmes de pollution.
27:22 Les problèmes de pollution, on les maîtrise.
27:24 Comment ? Avec de la technologie.
27:26 Et donc on doit avoir une vision beaucoup plus positive du monde.
27:29 Mettons fin à l'éco-dictature, dites-vous.
27:32 Samuel Furfari, je rappelle le titre de votre ouvrage
27:35 "Énergie, mensonge d'État, la destruction organisée de la compétitivité de l'Union européenne"
27:41 à retrouver sur la boutique de TVN.
27:43 Merci monsieur, à vous.
27:44 Merci à vous.
27:45 [Musique]
27:47 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org