• l’année dernière
Arnaud Viviant nous parle de « l’esprit indie » des années 90 après la mort, mercredi dernier, du musicien américain Steve Albini, et la sortie, le même jour, du premier long-métrage de Joanna Arnow, « La vie selon Ann ».

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00:00 Clé d'Hitoculture, Arnaud Vivian, aujourd'hui vous nous parlez de l'esprit indie des années
00:06 90, après la mort mercredi dernier du musicien américain Steve Albini, elle est sortie le
00:12 même jour du premier long métrage de Johanna Arnaud, « La vie selon Anne ».
00:17 Oui, cette chronique pourrait s'intituler « Steve Albini est mort et je suis allé
00:22 au cinéma ». Qui était Steve Albini ? Un musicien américain, guitariste et producteur,
00:27 même s'il refusait le mot ainsi que la fonction de l'épitomé de la musique grunge,
00:33 The Pixies, The Breeders, PJ Harvey et Nirvana qui, après le carton mondial de leur album
00:39 Nevermind, avaient choisi Steve Albini pour revenir à la sécheresse et l'économie
00:44 de moyens de leur début. La mort de Steve Albini à 61 ans d'une crise cardiaque dans
00:49 son studio a fait remonter sur les réseaux sociaux le texte qu'il avait envoyé au
00:54 groupe de Kurt Cobain où il exposait ses conditions et ses convictions. Il y écrivait
00:59 notamment « Si un groupe met plus d'une semaine à enregistrer son disque, c'est
01:04 que quelque chose a merdé ». Et aussi cette phrase appelée à demeurer légendaire « Payez-moi
01:10 comme un plombier ». Avec Albini aux manettes, on pouvait voir grésiller l'électricité
01:16 tandis que la batterie était renvoyée à son primitivisme d'os et de peau. Pour mémoire,
01:22 cela donnait ça.
01:23 * Extrait de « She drives me like a Pisces » de Kurt Cobain *
01:45 Et puis vous êtes allé au cinéma Arnaud ?
01:47 Oui, je suis allé cacher mes larmes de boomer qui se souvenait d'un temps où la musique
01:51 n'était pas qu'un taylorisme swiftien. Dans un cinéma où passe « La vie selon
01:56 Anne », premier long métrage de la new-yorkaise Johanna Arnaud. Un film présenté l'année
02:02 dernière à Cannes qu'elle a écrit, réalisé et dont elle est l'actrice principale. Et
02:07 là, miracle dit miracle, j'ai retrouvé cet esprit indie qui dans les années 90 existait
02:13 aussi au cinéma à travers les films de Hal Artley, de Larry Clark ou de Gus Van Zandt.
02:19 « La vie selon Anne » commence par un plan aussi fixe que tous ceux qui vont suivre,
02:24 où une femme nue, Johanna Arnaud donc, se masturbe sur la jambe d'un homme qui dort.
02:29 On vient d'entrer de plein pied, si je puis dire, dans l'ironie pince-sangrire de la
02:33 réalisatrice et ses thématiques qui sont la solitude, l'invisibilité et surtout
02:38 la soumission au travail dans sa famille, des soumissions qu'elle rejoue ou bien qu'elle
02:44 déjoue, allez savoir, dans sa vie sexuelle. En tout cas, c'est bien grunge. À la fin
02:49 du film, un spectateur que j'avais repéré parce qu'il avait changé trois fois de
02:53 siège, un signe qui ne trompe pas, m'a demandé si à mon avis il n'y avait pas un problème,
02:59 il n'y avait pas eu un problème durant la projection parce qu'il avait trouvé le film
03:03 mal éclairé. Cette chronique lui est dédiée.

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