Habitant de Nouvelle-Calédonie, Jean a témoigné dans 180 Minutes info, ce mercredi 15 mai, sur CNEWS. Il s'est exprimé sur la situation chaotique sur place : «Le couvre-feu n'a servi à rien, ils avaient la ville à eux pendant deux jours».
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00:00Déjà c'est une bonne chose pour nous, un gros soulagement, parce qu'encore une fois on n'attendait que ça depuis déjà plus de 24 heures.
00:10Les forces de l'ordre faisaient ce qu'elles pouvaient, mais encore une fois ils étaient bien suffisants.
00:19Donc les renforts sont arrivés, là il y a eu cet état d'urgence de déclarer, c'est très bien, et on attend que tout ça s'enchaîne très très très rapidement.
00:30La situation est déjà tellement catastrophique, l'économie est complètement à plat, s'il fallait compter le nombre de magasins,
00:40ça serait plus simple de compter le nombre de magasins qui n'ont pas été brûlés que plutôt de compter ceux qui ont été brûlés, pillés, détruits, saccagés, etc.
00:51– Racontez-nous Jean, comment étaient les dernières heures ? Est-ce que la journée a été paisible ou pas du tout ?
00:58Est-ce que le couvre-feu globalement est respecté ou justement il y en a qui profitent de ce moment de confusion pour aller encore commettre des exactions ?
01:07– Non, le couvre-feu n'a servi strictement à rien, si ce n'est peut-être administrativement pour permettre des interpellations ou des choses comme ça,
01:17mais sinon le couvre-feu n'a servi à rien, ils avaient toute la ville à eux pendant le jour, de jour comme de nuit.
01:27Les forces de l'ordre, encore une fois, étaient tellement éparpillées de partout,
01:32on ne parle plus à l'échelle d'un quartier ou d'une cité, on parle à l'échelle de la ville de Nouméa,
01:38il faudrait réellement regarder combien il y a d'habitants sur la ville de Nouméa, mais on parle à l'échelle d'une ville, c'est plus la cité.
01:46– Jean, est-ce que vous comprenez, on va parler un tout petit peu plus politique maintenant,
01:50vous habitez en Nouvelle-Calédonie depuis longtemps, vous êtes né là-bas ?
01:55– Non, je suis un métropolitain expatrié, ça fait 30 ans que j'habite en Nouvelle-Calédonie.
02:01– Donc vous pouvez voter, vous faites partie de ceux qui peuvent voter ?
02:05– Je ne peux malheureusement pas voter parce que j'ai dû m'absenter du territoire juste à la mauvaise période.
02:14– Est-ce que vous comprenez ce qu'ils disent, au fond, si on en est arrivé là aujourd'hui,
02:17c'est parce qu'on n'a pas écouté les indépendantistes et leur volonté de repousser le troisième volet du référendum,
02:24ou vous dites que c'est un argument qui n'est pas valable ?
02:28– C'est des prétextes, comme ce qui arrive aujourd'hui, on est arrivé au bout des accords, des référendums,
02:41quelles étaient les solutions pour eux, de toute façon, les indépendantistes les plus extrémistes le disaient ouvertement,
02:55il ne nous reste plus que le chaos, la politique de terre brûlée pour arriver à obtenir notre pleine souveraineté et notre indépendance.
03:06– Une dernière question, est-ce que vous pensez que ce qui se passe là aujourd'hui, en fait j'ai deux questions,
03:11c'est complètement spontané de la part de jeunes qui veulent de toute façon mettre le chaos,
03:15ou d'une certaine manière c'est commandité politiquement derrière ?
03:20– Il y a les deux, bien sûr, comme à chaque fois, il y a une grosse partie de délinquance, de pillage, etc.,
03:30tout ça manipulé, organisé, orchestré par des groupuscules extrémistes.
03:40– Et j'ai une dernière question sur…
03:42– Vous avez tout à fait raison, plein de méranésiens ou kanaks ne sont pas comme ça,
03:52il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac,
03:55mais il y a plein de gens qui viennent en Calédonie, de toutes les communautés, je crois.
04:01– Une dernière question, j'ai entendu des gens dire, de plus en plus de milices depuis plusieurs nuits maintenant s'organisent,
04:10je n'aime pas trop ce mot milice qui est tout de suite très martial,
04:12mais en tout cas des voisins qui s'organisent parce qu'ils ont peur maintenant qu'on s'en prenne à leur résidence privée,
04:18par quartier, armés pour certains, parce que forcément il y a un manque de sécurisation des forces de l'ordre envoyées par l'État,
04:26est-ce que vous confirmez, est-ce que c'est quelque chose qui se passe à grande échelle à Nouméa,
04:30ou c'est encore très cantonné à certains quartiers ?
04:34– C'est cantonné à certains quartiers avec plus ou moins d'organisation en fonction de l'organisation et des agressions qu'il y a en face,
04:50tout n'est pas complètement chaotique suivant les quartiers,
04:59mais il y a de nombreux quartiers où c'est le chaos total, il n'y a plus rien, c'est la misère, on se croirait…
05:10Et donc oui, milices c'est pareil, c'est un grand mot, certains utiliseront ce terme-là parce que ça les arrange encore une fois,
05:18mais la plupart du temps c'est des habitants, on pourrait les appeler des voisins vigilants,
05:23on pourrait les appeler tout simplement habitants de quartiers qui se mobilisent
05:28et qui essaient de sécuriser leurs petits commerces de quartier, c'est souvent ça,
05:33leurs petits commerces de quartier, leurs rues, leurs habitations,
05:37qui essaient de se prévenir entre eux en cas de problème, de trouble.